Bruno Roger Petit. Très très petit

par Jules Elysard
mardi 11 février 2014

Bruno Roger Petit a décidé de s’attaquer bassement à plus grand que lui. Certes, il s’est fait connaître, parait-il, le 19 octobre 1997, quand il termina son journal de la nuit sur Antenne 2 « en jetant ses fiches par terre ». Mais là, c’est plus bas que terre qu’il se jette, le cuistre, en voulant mordre les mollets de Frédéric Taddéï et de tous ceux qu’il ose inviter sans lui demander la permission.

La première bassesse, c’était le 20 janvier et la deuxième, le 28.

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1131591-dieudonne-invite-de-taddei-ce-cauchemar-tele-que-la-direction-de-france-2-n-exclut-pas.html

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1136932-frederic-taddei-dieudonne-et-jour-de-colere-une-convergence-intrigante-et-ambigue.html

Dans la première, le tribun prétend dénoncer « toutes les fachosphères de France, rouge, brune, rouge et brune » et s’en prend donc à une émission de télévision où « tant et tant d'ennemis de la République, en majesté, sans réels contradicteurs, insérés dans des plateaux subtilement castés dont ils ne pouvaient que sortir vainqueurs, (ont) pu venir répandre sans contradicteurs véritables leur venin à effet lent ? »

Quelques lignes plus loin, le philosophe précise sa pensée disant que ces « contradicteurs honorables (sont) peu ou pas habitués à la mécanique du petit écran, et balayés comme des fétus de paille par des bêtes de télé. »

 Je suis un habitué de Ce soir et jamais et, personnellement, je me souviens surtout d’y avoir vu Emmanuel Todd, Jean Didier Vincent, Romain Bouteille et même Frédéric Lordon. J’ai aimé retrouver ces « cerveaux malades », plutôt « de gauche » et volontiers « anarchistes », qui ne passent pas souvent « dans le poste ». J’ai même aimé voir les prestations hallucinées de quelques « cerveaux malades », plutôt « de droite » et qui se déclarent parfois « anarchistes » tant ils ont en horreur l’Etat : Pascal Salin, Charles Gave, Philippe Nemo et Guy Millière.

J’ai souvenir de débats animés et intelligents. Frédéric Taddéï assure qu’il n’a jamais été contraint d’intervenir pour rappeler à l’ordre un contradicteur. Il s’avance un peu. Je l’ai vu s’offusquer un peu lorsque, dans un élan poétique, Emmanuel Todd traita Nicolas Sarkozy de « machin à la tête de l’Etat ». (Jacques Attali était effondré. Nicolas est un ami. Les grands yeux d'Agnès Verdier-Molinié semblaient dire : « C’est vraiment un cerveau malade, ce Todd. Ne serait-il pas bolchevik ?)



Cette année, les « cerveaux malades », ce sont d’abord Alain Soral et Dieudonné Mbala Mbala. Et Bruno Roger Petit décide d’employer les grands moyens. Il s’adresse au patron de Frédéric Taddéï et ce patron est lui aussi suspect à ses yeux de censeur sévère :

« Non. Non. Et non. Dieudonné sur France 2, jamais. Même chez Taddeï. Encore moins chez Taddeï. Voilà ce que Thierry Thuillier devrait dire et assumer. Avec fierté. Mais il ne le fait pas. Il ''doute'', sans se rendre compte que ce "doute", terrible "doute", abominable "doute", pour ce qu'il révèle du rapport à l'indicible d'un haut dirigeant de la télévision publique, peut être jugé comme un crime contre l'esprit, et condamné pour tel. »

On voit que l’inquisiteur n’a pas peur des mots : le doute est un crime.

Avec sa deuxième intervention, il fait un pas de plus dans l’indignation vertueuse. Il prend pour point de départ « une convergence intrigante et ambiguë » entre le sinistre Jour de colère et le suspect Frédéric Taddéï. Avec le style inimitable qui le caractérise, il précise tout en finesse :

 « les premiers réclamant une ''liberté d'expression'' sans limite, pour défendre Dieudonné, et proférant de terribles slogans pour bien monter ce qu'il en est de leur usage de cette ''liberté''. Le second réclamant, pour son émission de France 2, le droit à une ''liberté d'expression'' sans limite. Singulière convergence entre le thème, ''la liberté d'expression'', et la posture, ''la liberté d'expression doit être sans limite car une parole en vaut nécessairement une autre''. »

Il prend cependant aussitôt des précautions oratoires :

 « Un observateur des choses de la vie publique ne peut que constater cette coïncidence et en tirer matière pour son travail.
 Mais quel rapport, se demandera le lecteur, entre Frédéric Taddeï et les manifestants de "Jour de colère" ? Juste interrogation, qui est précisément le sujet de ce billet. »


Avec une objectivité sans pareil, l’observateur qui s’interroge revient donc sur "Supplément" de Canal Plus, où,

« pour la première fois (enfin !), Frédéric Taddeï a été interrogé avec précision et sans connivence aucune, grâce en soit rendue à Maïtena Biraben qui a ainsi mis en relief les inquiétants non-dits de l'animateur. »
« Pour justifier sa programmation à base de Dieudonné, Ramadan, Nabe, Soral, mais aussi de Zemmour, Lévy et autres Polony, soient (sic) tous les vecteurs de clivages disponibles dans la France d'aujourd'hui, le présentateur de "Ce soir ou jamais", se pose en distance, en neutralité et en objectivité.
 ''Je n'ai pas à commenter l’œuvre des invités, dit-il, car alors je ne serai plus neutre''.
 Interpellé alors par Maïtena Biraben (excellente sur le coup) au sujet de la présence, dans la désormais célèbre émission consacrée à Dieudonné, de Jean Bricmont, essayiste qui demande l'abolition de la loi Gayssot, et envers lequel le site d'Alain Soral, Égalité et Réconciliation, se montre sympathique, Taddeï répond :
 ''Vous vous rendez compte, la prochaine fois que je vais recevoir Alain Finkielkraut, je vais lui demander 'On vous a accusé sur mon plateau d'être un raciste'''.


 Puis il ajoute, au sujet de Jean Bricmont : ''Il n'a jamais été condamné pour quoi que ce soit...'' »

J’ai cité un peu longuement le pisse-copie, avec ses fautes et ses tics de langage. Je n’ai pas vu en direct l’émission sur Dieudonné, mais seulement quelques extraits. J’en retiens deux :

Celui avec Nabe qui se démarque clairement de Dieudonné et Soral

Celui avec Bricmont qui fait une remarque de bon sens : mettre sur le même plan Hitler et Dieudonné, c’est banaliser Hitler.

Bruno Roger Petit ne s’embarrasse pas de tels détails. « Sans connivence aucune », il envoie des fleurs à sa consoeur qui a « interpellé » Frédéric Taddéï, avant de lui tendre un « piège révélateur ». Par son langage, il s’affirme en auxiliaire de police et rappelle à qui l’aurait oublié que naguère sur BFM il « animait une émission intitulée « Langue de p… ».
Bref, car on ne peut pas passer plus de temps sur ce sinistre personnage, ce journaliste mérite de prendre la direction d’un service portant ses initiales : Bureau de Répression de la Pensée.

Evidemment, la zone d’influence de cette police de la pensée peine à s’étendre au-delà des quartiers chics et des milieux autorisés. L’émission de Taddéi sera peut-être reportée à une heure plus tardive ainsi que le réclament les dames patronnesses. Mais la campagne de répression et de régression entamée par Manuel Walls et poursuivie par des petits Bruno Roger a fait long feu dans les milieux non-autorisés qu’on a voulu rééduquer. Vraisemblablement ils voteront avec leurs pieds au printemps prochain, tous ces « cerveaux malades", s’ils ne votent pas pour des fâcheux.
 


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