C’est arrivé un lundi 12 juillet. La France à terre. Les Français debout ?

par Alexandre PAGE
jeudi 15 juillet 2021

La vaccination obligatoire est donc actée pour les soignants (dans l’attente d’un raz-de-marée de manifestations, de démissions, d’arrêts de travail et de fraudes savamment calculées), et pire encore, une première depuis des temps immémoriaux hors guerre, les Français n’auront plus les mêmes droits en fonction de leur (rayez les mentions inutiles) : couleur/religion/origine ethnique/appartenance politique/statut sanitaire. Chacune de ces discriminations appartient ou a appartenu à un état totalitaire. Ceux-ci aujourd’hui disent bienvenue à la France dans leur cercle plein d’avenir.

Car c’est là une réalité qui ne se discute plus. Un pays où des citoyens nés avec la même nationalité, avec les mêmes droits et devoirs se retrouvent à être différenciés pour une raison quelconque est un état foncièrement totalitaire, fût-il au début de sa fulgurante ascension. La France a basculé, et ce n’est pas anodin si le même jour le Québec réaffirmait une position en radicale désaccord avec elle, suivi de peu par l’Allemagne, lorsque de leur côté les Suisses découvrent avec effarement qu’ils voisinent avec un pays aussi dur à l’égard de ses citoyens non vaccinés que le Turkménistan et plus sévère que l’Arabie Saoudite !

 

Ce qui a été dit lundi 12 juillet est une honte, une tâche indélébile sur le drapeau français. Le seul fait que ces mots aient résonné sur le sol de France jette sur elle la fétide pourriture du totalitarisme. A fortiori quand ils sortent de la bouche d’un chef d’État qui, à l’ignominie de ses déclarations qui bafouent l’héritage des valeurs françaises dont il est le garant, a ajouté le parjure. Quant on donne sa parole devant les Français, on ne la retire pas, et ce quelle que soit l’évolution d’une situation, car c’est sur la confiance entre le peuple et son représentant élu que repose la stabilité d’une nation.

 

Ce qui a été dit lundi bafoue les droits des soignants. Réduits à leur stricte fonction professionnelle et utilitariste, ils ne sont plus citoyens français. Leurs droits de citoyens leur sont retirés. Ainsi leur corps et leurs esprits ne sont plus leur propriété, mais celle de la collectivité qui peut leur imposer tout et surtout n’importe quoi. Non, un soignant est d’abord un citoyen français avec les mêmes droits que n’importe quel citoyen français, et si un patient exige d’un soignant qu’il bafoue ses droits pour lui, ce patient, empli d’égoïsme, ne mérite aucun soin de ce soignant qui pourtant les lui donnera. Il les lui donnera, car la vocation c’est de soigner malgré les invectives, malgré la haine, malgré le danger. La vocation ce n’est pas renier son pays et ses valeurs et aucun homme, aucune femme, quelque fût sa vocation, ne devrait à cause de l’égoïsme d’autrui se voir priver de ses libertés fondamentales. C’est au patient mécontent de prendre ses cliques et ses claques (surtout ses claques). Ajoutons que ces mêmes patients bien souvent, ainsi que l’État qui crache sa détestation des soignants depuis des temps antédiluviens (avant même la covid rappelons les conflits colossaux qui existaient) suppliaient ces mêmes soignants d’être sur la barricade qu’ils fussent sains ou malades, qu’ils toléraient d’être soignés par des soignants habillés de sacs poubelles sans s’émouvoir. Ceux-là qui applaudissaient hier leurs héros leur dénient aujourd’hui des droits légitimes. Autant dire qu’il va falloir sortir autant les sacs à vomi que les sacs à ordures tant l’indécence pour ne pas en étouffer certains est à rendre malade ceux qui ont un minimum d’éthique et de respect.

 

Ce qui a été dit lundi bafoue la citoyenneté française. Ainsi donc, il y aura demain deux catégories de citoyens. Les bons citoyens qui auront choisi «  librement  » — lisez l’ironie  ! — de se faire vacciner. Amélie de Montchalin pavoisait encore ce matin du 14 juillet en disant «  Mais oui, regardez, 2 millions de nouveaux inscrits sur Doctolib, les gens adhèrent aux propos du président  ». Évidemment, c’est à peu près digne d’un chef d’État d’une république bananière se félicitant d’avoir été élu avec 99 pct des voix. Quand on conditionne la vie de ses concitoyens à un papelard, beaucoup de ces concitoyens n’ont pas le choix. Combien se sont vraiment inscrits de leur plein gré, respectant l’éthique médicale voulant que le consentement à l’acte soit libre et éclairé  ? C’est ce chiffre-là et uniquement celui-là qui peut déterminer de la véritable portée des mots du président Macron.

Il y a donc les bons citoyens, détenteurs du pass (le papelard parfois numérique), et les mauvais, ceux qui tout en usant d’un droit de refus vaccinal que leur permet la France ont malgré tout fait le mauvais choix aux dires des petits potentats plus ou moins élus (plutôt moins que plus à l’heure d’aujourd’hui). Non. Chacun dispose librement de son corps et de son esprit, et en la matière il n’y a ni bon ni mauvais choix, seulement celui que l’on fait pour soit, car au risque de me répéter (mais ça a du mal à rentrer dans certains cerveaux), corps et esprits ne sont pas propriétés de la collectivité. Je sais bien, certains comparent ça au permis de conduire par exemple… Le ridicule ne tue pas  ! Non seulement tous les citoyens sont dans le même bateau avec le permis, mais en plus ni leur corps ni leurs esprits ne sont pris en otage de la société. Non, il existe deux libertés fondamentales, non pas individuelles, mais fondamentales : celle de penser et celle de disposer librement de son corps. Si elles sont bafouées, l’état totalitaire est tout proche de germer, et si cette infraction conduit en plus à une citoyenneté à deux vitesses, alors il est bien mûr. Citoyenneté à deux vitesses, ainsi est la situation des Français. Imaginez seulement, vous lecteurs qui ne vivez pas sous le soleil noir de la France — l’Hexagone puisqu’elle n’a jamais si bien porté ce nom vulgaire et fondamentalement soviétique dans sa rigueur géométrique —, ne pas être vacciné vous prive de transports (impossibilité de quitter sa région  !), vous prive de culture, vous prive de restaurants, de bars, d’hôtels, de supermarchés et même d’hôpital  ! Il vous reste votre chez vous, l’amour et l’eau fraîche. En soi cela est presque suffisant, mais ces interdits sont une honte, car ils violent des valeurs longuement muries et arrachées de haute lutte par tout un peuple. Le mot ségrégation fait peur, effraye, pourtant c’est là le seul qui convient à cette situation. Une ségrégation hygiéniste s’étend en France, nécrosant sa lumière déjà ternie et finissant d’en faire définitivement un phare éteint des droits de l’homme.

 

Bien sûr, il y aura des résistances. Des soignants vont lutter bravement, peut-être abandonner leur métier et jamais je ne leur en tiendrai rigueur. Des commerçants, des restaurateurs, des vaccinés tout simplement vont rejoindre la désobéissance civile qui n’est pas seulement civile mais légitime. Être vacciné est une chose, défendre la vaccination également, mais cautionner un pass sanitaire qui a déjà pleinement mérité son sobriquet de «  pass de la honte  » en est une autre  ! Le brandir est en lui-même un geste invraisemblable sur le sol français. Des gens vont se battre, d’autres vont souffrir, combien de temps, cela même est inconnu. Plus que tout la solidarité aura son importance, la convergence des luttes également (comment ignorer le reste des projets de lois iniques mis en action dans l’ombre de la covid  ?) et seule une pression digne de ce que le peuple français a pu produire par le passé pourra ramener la France dans le droit chemin des valeurs qui ont toujours été les siennes.

 

J’ose terminer cette tribune en signant de mon nom et de mon prénom, de ma profession et de ma condition sur le sol de ma patrie, car ce qu’un gouvernement pense être une honte est une fierté dans un état bafoué.

 

Alexandre Page, écrivain, paria en son propre pays.


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