C’est la fin du monde que nous avons connu (« And i feel fine » REM)

par jjwaDal
lundi 18 avril 2022

Nous sommes en guerre avec la Russie depuis un bon moment déjà mais bien plus encore depuis l'invasion de l'Ukraine par ce pays.
Cela a probablement commencé avec le parjure du président Clinton revenant sur la promesse formelle faite à Gorbatchev que l'OTAN ne s'étendrait pas au delà des frontières de l'ex RDA après la réunification allemande, parjure acté en 1999. Après l'adhésion de six nouveaux pays en 2002, Poutine déclare "que l'extension de l'OTAN est une sérieuse provocation" dès 2007.
En avril 2008 se scelle les prémisses de la crise que nous vivons actuellement avec le sommet de l'OTAN à Bucarest, où les USA déclarent que l'Ukraine pourra entrer dans l'OTAN contre l'opposition forte des allemands et français.
Qui commande ? Qui a plus d'intérêts à la défense des intérêts européens que les USA ? Il vaut mieux en sourire...
  Le passé de cet Etat improbable que nous nommons "Ukraine" est connu. L'idée qu'il ne puisse être partitionné comme le furent la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, l'URSS est risible. Il l'est déjà virtuellement, des sondages occidentaux ayant montré dès 2004 et 2010, que grossièrement, à l'ouest du Dniepr on louche vers l'U.E. et à l'est vers la Fédération de Russie.
  Le point de friction majeure avec la Russie tient au fait qu'une Ukraine dans l'OTAN impliquerait à terme pour Moscou d'avoir des missiles US sous son nez, toute réciproque étant bien sûr impossible. Kroutchev l'a pensé en 1962, quand pour répondre à l'installation de missiles US en Turquie il a envoyé des missiles vers Cuba déclenchant une crise qui aurait pu conduire à une guerre nucléaire.


  Kennedy pensait en 1962 que c'était une "menace existentielle" pour les USA, mais on balaie d'un revers de main l'idée que cela puisse être perçue comme tel par un individu dépeint comme un dangereux psychopathe, paranoïaque, un Hitler du 21ième pas moins, avec un arsenal nucléaire incomparable avec celui des années 1960.
  Nous venons de séquestrer la moitié des avoirs Russes et nous envoyons des armes à l'Ukraine, nous sommes donc en guerre avec la Russie.
  Sur quelles bases ? Quand les USA ont envahi l'Irak en 2003 sous un prétexte que nous savions mensonger, avons nous séquestré la moitié des avoirs US ? Avons nous envoyé des armes aux Irakiens pour qu'ils puissent défendre leur pays ? Avons nous parlé d'un tribunal international pour juger des crimes de guerre ? Non, bien sûr. La pratique asymétrique est chose connue en politique étrangère, le "faites ce que je dis, pas ce que je fais" est notoire. La loi du plus fort est toujours la meilleure, dit-on.

  La Russie et le pouvoir russe sont le dos au mur. Ils ne peuvent pas perdre cette guerre ni renoncer à leurs objectifs. Mais nous nous sommes mis aussi le dos au mur en refusant toute idée de négociation (aucune pression significative sur l'Ukraine pour respecter les accords de Minsk II qui maintenaient les frontières de l'Ukraine en l'état) et nos dirigeants montent les aides et les sanctions d'un cran chaque semaine.

  On avait le choix d'une Ukraine, état neutre et donc ne faisant jamais parti de l'OTAN avec une région largement autonome en son sein (car russe pour le dire crûment), moins la Crimée qui a, à minima autant de droit que le Kosovo à choisir son destin qui est clairement en Russie, ou la guerre et on a choisit la guerre. On l'a choisie pour nous, j'entends bien.
  Cette course à l'escalade, laisse pantois les spécialistes de la question, car à partir du moment où on envoie un signal clair au président Zelensky, qu'il n'a rien à négocier et que le pouvoir russe n'acceptera pas une défaite, ni les USA et l'U.E. une défaite "symbolique" (ils ne sont pas officiellement belligérants ni liés par une alliance militaire à l'Ukraine), alors tout peut arriver, y compris le pire.
  Un conflit prolongé aurait des conséquences économiques directes dévastatrices pour l'U.E. (la Russie aussi mais on comprend bien que tout le monde s'en fout ici). Le prix à payer pour avoir été incapable d'obliger l'Ukraine à accepter les accords de Minsk, qui rétrospectivement sembleront évidents de sagesse en lieu et place de ce que nous allons vivre, nous européens et une bonne part du monde.
  Mais au delà, c'est le rôle de monnaie mondiale du dollar qui va être dans le viseur de très nombreux pays, qui à défaut d'avoir une planche à billets capable d'acheter la planète, ont les ressources, sans lesquelles notre monnaie n'est que du papier toilette.
  Deux ressources essentielles sur Terre : les ressources naturelles et les ressources humaines. Nous n'avons comparativement à la majorité des pays ni les unes ni les autres. En nombre d'humains comme en ressources naturelles, nous sommes marginalisés déjà et si nous perdons le crédit attaché à nos devises, c'est une très mauvaise nouvelle.
  Certes, nous avons la haute technologie. Se souvenir que nous sommes allés sur la Lune avec la technologie des années 1960. Le monde peut se passer de nos gadgets et vivre sinon sans nous, du moins sans dépendance à nous.
  Nous avons ouvert la boîte de Pandore et personne ne sait ce qui va en sortir. Ce ne sont pas les idées qui manquent.

 

L'avis d'un journaliste connaissant bien la russie sur l'évolution de Poutine (Anglais sous-titré)

Les causes de la situation en Ukraine il y a quelques années par un géopolitologue US (Sous-titré français)

Situation actuelle débattue (Anglais)

La possible arrivée d'un nouvel ordre économique mondial et ses modalités (lecture anglais)


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