C’est la rentrée : le Ben Laden nouveau est (déjà) arrivé (I) ! - le syndrome de Jericho

par morice
lundi 6 septembre 2010

Plus fort que le modèle précédent, voici qu’arrive sur le marché le nouveau Ben Laden, poussé par ses sponsors habituels et les mêmes agences de com’, à savoir Le Memri, SITE Group et IntelCenter, qui ne tarissent pas d’éloges sur ses capacités. Il était temps, à vrai dire, de renouveler le stock, le modèle précédent ne faisant plus vraiment recette dans les médias. Son remplaçant est déjà disponible, et a déjà été disposé en rayon médiatique, visiblement. Un clou chasse l’autre, et c’est pourquoi, vous avez aussi remarqué j’espère, la retraite de son prédécesseur a été évoquée à plusieurs reprises par ceux censés chercher après lui. Après une bonne dizaine d’années de bons et loyaux services, Ben Laden est enfin parti à la pêche, sans doute, en plein désert comme il se doit chez cet homme qui ne fait rien comme les autres : il a bien droit à la retraite, lui aussi, sans cotisations il est vrai, mais avec un joli pactole d’entrepreneur et de trafiquant d’armes et de drogue. La rentrée s’annonce donc chaude avec le nouveau produit de marketing lancé depuis quelques temps déjà par les médias US. L’homme risque d’occuper la une des journaux dans les semaines à venir : devenu lui aussi le nouveau numéro 2 (ou 3, ça dépend du numéro 1 !), c’est un produit d’avenir, à un seul défaut près : son nom imprononçable en occident. Il va vite lui falloir lui trouver un surnom, si on veut qu’il perce autant que son prédécesseur ! 

Mais notre superman du terrorisme serait doté de superpouvoirs : à lui, seul, pensez donc, il serait capable de vous faire une bombe sale, "sa spécialité" selon le site Debka : à croire que n’importe quel assistant en radiologie comme son ancien ami peut finir comme chercheur à Saclay. Depuis que je le sais, je surveille de près mon voisin, qui fait passer les radios chez mon spécialiste du mal de dos, le mal du siècle. Comme en plus il a une tête d’étudiant iranien, pensez-donc. Cette fois, suivez bien, ce n’est pas le trio médiatique habituel quoi nous présente la nouvelle star du terrorisme, mais guère mieux, puisqu’il s’agit d’un site... israélien qui s’est ouvert en l’an 2000 avec à sa tête deux vétérans du journalisme Giora Shamis et Diane Shalem, qui a pour principal défaut de ne jamais citer ses sources : tous deux vieux routiers de la connivence avec les services secrets, ils laissent entendre un peu trop que l’origine des fuites provient justement de là.
 
En fait, Debka représente la pensée de droite, sinon d’extrême droite israélienne et lui sert de relais dans les médias. C’est donc logique de voir apparaître un portrait du nouveau candidat qui correspond à ces idées. L’homme serait un hyperdoué capable de réaliser une bombe atomique dite " sale" (a savoir dont la divergence menant à la réaction en chaîne est à moitié ratée) tout en travaillant seul : la vieille menace de Dick Cheney faite par une sorte de Superman solitaire : difficile à croire... "Selon une fiche du site DEBKA, Al Shukrijumah est décrit comme « ... une cellule réduite à un seul homme entraîné à fabriquer des bombes radiologiques capable de contaminer l’environnement. C’est de Cheikh Mohammed, que les organismes de lutte contre le terrorisme aux Etats-Unis ont appris l’existence pour la première fois sur de cellules d’un seul homme d’Al Qaïda, spécialisées dans les attaques biologiques et nucléaires. Les experts avait supposé auparavant que chaque cellule non conventionnelles comportait plusieurs membres étaient soutenues par une large logistique d’équipages de sauvegarde [comme le réseau qui a effectué les attaques du 11 septembre". Tout le monde aura remarqué l’autre élément entièrement fabriqué de cette présentation : celui du lien avec le recordman du waterboarding, qui a dû finir par avouer avoir tué sa propre mère avant sa propre naissance. Mais c’est le seul moyen trouvé, semble-t-il pour faire d’Al Shukrijumah le digne héritier d’un système mythique. "Labellisé" par Sheik Mohammed, estampillé donc digne descendant de Ben Laden, et donc aussi capable de reprendre le flambeau : c’est une passation de témoin de la course olympique terroriste.
 
Pour fabriquer un remplaçant présentable à l’homme le plus recherché au monde, on lui a donc taillé un CV conséquent. Notre terroriste putatif serait une menace de taille... car, d’origine d’Arabie Saoudite, né en 1975 (il est jeune et a donc aujourd’hui seulement 35 ans) il est a vécu à MIramar en Floride (tiens tiens ce n’est jamais l’Alaska, vous avez remarqué), et mieux encore : il a été enseignant (ce qui aggrave son cas, tous les enseignants étant des critiques du système, c’est bien connu) ! Pire encore, pour aggraver son cas ; son père était un imam ! Bref, il a déjà tout pour faire peur, notre candidat ! Bien entendu, une partie de sa vie est floue : celle de la fin des années 90, où il se serait rendu dans des camps d’entraînement d’Al-Quaida.. à vingt ans ou un peu plus, alors qu’Al-Quaida est encore dans les limbes (et surtout organisé avec les subsides de la CIA !), mais bon, faut bien croire à ce qu’on nous raconte à son sujet. Revenu en Floride, le voilà devenu informaticien (en voilà un Ben Laden à la mode, ça nous change de sa Casio !). Mais ça ne suffit pas encore pour en faire un monstre véritable pire que Ben Laden : faudrait pour ça qu’il puisse, potentiellement, faire "mieux" que le 11 septembre : vous avez deviné, c’est d’un attentat nucléaire dont il s’agît... Pour ça, on va lui créer une filiation assez tordue....
 
Car évidemment, comme par hasard, sur son chemin, notre homme va croiser un américain qui sera enfermé pour avoir soutenu les terroristes : José Padilla, simple assistant en radiologie déjà accusé de vouloir faire une "bombe sale", ça tombe bien, et ancien chef de gangs de rues. Ce qui fait dire à certains que Padilla a été manipulé par la CIA, ou a accepté de travailler avec elle pour bâtir ce fameux mythe de la bombe sale. De même qu’on a jamais expliqué comment il avait réussi, lui, simple opérateur de rayons X à voyager en Egypte, en Arabie Saoudite en Afghanistan au Pakistan et en Iraq. Il s’est certes converti à l’Islam et a épousé une femme en Egypte, et se faisait appeler Abdullah al-Muhajir désormais. Mais bon, le cas Padilla est tellement risible aussi : bombardé "ennemi combattant" (sans aucune preuve tangible) par le gouvernement Bush (et notamment par John Ashcroft, qui en fera un portrait de poseur de bombes nucléaires et par l’incroyable faucon John Bolton, qui l’accusera d’avoir des plans d’attaques de villes des Etats-Unis, des documents qu’on ne trouvera bien sûr jamais !) , arrêté en 2002 interrogé pendant plus de six ans avec les méthodes que l’on sait, il passe difficilement pour ce qu’on voudrait bien faire croire de lui. Seulement, ce serait lui qui aurait formé notre nouveau terroriste en chef sur le nucléaire !!!
 
En 2005, les charges contre Padilla s’amenuisaient sérieusement pourtant : "Il n’est pas fait mention dans l’acte d’accusation de complot présumé de Padilla à utiliser une « bombe sale » aux États-Unis. Il y a aussi une mention comme quoi il n’avait jamais prévu de mettre en scène toutes les attaques à l’intérieur du pays. Et il n’y a aucune mention directe d’Al-Qaïda. Au lieu de l’acte d’accusation d’origine, on énonce une affaire impliquant cinq hommes qui ont aidé à amasser des fonds et recruter des bénévoles dans les années 1990 pour aller à l’étranger, y compris en Tchétchénie, en Bosnie, en Somalie et au Kosovo. Padilla, en fait, semble jouer un rôle mineur dans le complot. Il est accusé d’avoir aller à un camp d’entraînement du jihad en Afghanistan, mais ses avocats a déclaré l’acte d’accusation ne fournit aucune preuve qu’il n’ait jamais été engagé dans des activités terroristes." Bref, en 2005, la machine à mensonges Bushienne a été forcée de faire machine arrière à son égard son dossier étant particulièrement vide et l’homme présentant déjà visiblement les signes d’un dérangement psychiatrique évident....
 
Mais cela va devenir plus grotesque encore : Guantanamo devenant un peu trop connu, il est remis par les militaires à un tribunal pour un jugement civil, Padilla et son avocat parlent alors des tortures qu’il a subies : le Pentagone répond par une analyse comme quoi il n’a pas toutes ses facultés mentales... ruinant ainsi ce pourquoi on l’a jeté en prison : un malade mental qui serait capable de faire une bombe atomique ? Voilà qui n’est pas commun ! "La psychiatrie Angela Hegarty, qui a passé vingt-deux heures à interviewer Padilla en a conclu qu’il était mentalement inapte à passer en jugement, et a déclaré que son esprit avait été pratiquement détruit par ses années d’interrogatoire". Bref, on a affaire sinon à un demi-fou, du moins à un irresponsable, dont les multiples waterboardings n’ont pas amélioré le discernement. Qu’à cela ne tienne, le 22 janvier 2008, un jury bien choqué par les menaces d’une attaque nucléaire en territoire américain, entretenue par une presse aux ordres du pouvoir, le déclare quand même coupable et lui inflige 17 années de prison ! Depuis, un appel est en cours... et depuis, Al Shukrijumah aurait repris le flambeau de la fameuse bombe sale héritée de Padilla, dont on n’a jamais vu le moindre plan ni la moindre réalisation... Bref, un dossier complètement bidon, émanation directe des bureaux d’un Dick Cheney qui n’en démord pas !
 
Une hystérie de l’attaque nucléaire façon Jericho qui va obtenir un soutien médiatique de choix. En septembre 2005, sort un livre de Paul Williams,"The Al Qaeda Connection" qui clame haut et fort que Ben Laden cherche à en fabriquer une de bombe de ce type. Et sort de son chapeau l’agent dormant idéal pour la balancer aux Etats-Unis : c’est bien sûr Adnan Al Shukrijumah ! Le lapin Al Shukrijumah sort en fait directement du chapeau du directeur du FBI, Robert Mueller et de... John Ashcroft ! Encore lui, qui devrait plutôt tenter une carrière de scénariste à Hollywood ! Nos deux sbires s’efforcent en effet de broder pas mal en le présentant comme le nouveau Padilla, qui, à ce moment là de l’histoire est plutôt déjà grillé : "attention, voilà le nouveau diable en personne nous disent-ils" en chœur : "Adnan El Shukrijumah, un technicien formé nucléaires et pilote un accompli, a été choisi par Ben Laden et Ayman al-Zawahiri pour servir en tant que commandant sur le terrain pour la prochaine attaque terroriste sur le sol des États-Unis, un événement nucléaire qui est présenté parmi les planificateurs d’Al-Qaïda comme étant l’Hiroshima américain". Ouah,on ne badine pas avec le nouveau Superman du terrorisme, intronisé par le chef suprême en personne ! Après les tours, la bombe, la vraie !
 
Mieux encore : tant qu’à créer une fable, autant en faire une bonne. On l’aurait même vu en train de transporter sa bombe, essayent-ils de nous fourguer ! Un terroriste, c’est bien connu, se laisse facilement "voir".... "Le terroriste a été vu la dernière fois au Mexique, le 1er novembre 2004, où il aurait détourné un Piper PA Pawnee cropduster de Queretaro Ejido, près Mexacli, pour le transport d’une arme et de matériel nucléaires aux États-Unis. L’immatriculation de queue de l’avion était XB-CYP" nous dit même gentiment le site... qui n’est autre que celui qui a passé un contrat d’échanges d’infos avec... DEBKA ! On retombe sur le même plombage d’info ! L’avion cité existait bien (mais pas son immatriculation) il avait été effectivement volé le 1er novembre 2004 à l’endroit indiqué, très certainement par un cartel quelconque pour en faire un passeur de drogue idéal, ou même carrément par la CIA elle-même. Car ce qui est symptomatique avec ce banal vol de tracteur du ciel, c’est qu’à peine arrivé, il va avoir droit aux téléscripteurs, fax et e-mais en provenance du Homeland Security comme quoi il pourrait avoir été volé par des terroristes "pour transporter une bombe" ou "épandre des gaz toxiques sur le pays".... on conçoit mieux, à cette heure, pourquoi le pouvoir s’amuse comme avec les OVNIS en Utah à venir régulièrement entretenir l’autre fable des "chemtrails"... pour s’en servir le cas échéant pour en faire une menace terroriste potentielle !
 
Mais la mayonnaise médiatique, lassée des rodomontades de Cheney ne suit pas vraiment la piste, alors on se décide à trouver un autre "label" à notre prétendu voleur de Pawnee. "Préoccupé par le séjour el-Shukrijumah au Mexique a été accrue en novembre 2004 avec l’arrestation au Pakistan de Sharif al-Masri, une des clés d’al Quaida. Al-Masri, un ressortissant égyptien ayant des liens étroits avec Ayman al-Zawahiri, a informé qu’ Al-Qaïda a passé des accords pour transférer de petites armes nucléaires tactiques au Mexique. Du Mexique, les armes devaient être transportées à travers la frontière avec l’aide d’un gang de rue Latino". Info reprise par le WoldNetDaily (relié étroitement à Debka !), qui relie la bombe a l’ingénieur Khan, au Pakistan... Al-Masri, au 23 juin 2008 faisait partie des 39 personnes de Guantanamo qui ont "disparues" dans la catégorie "Individus au sujet desquels il y a des preuves du secret de la détention par les Etats-Unis et dont le sort et le lieu où ils se trouvent actuellement sont inconnus. " Voilà qui va être plus difficile en effet pour vérifier ses dires... et couvrir les inventions des néocons affoleurs de citoyens américains.
 
Le fait que l’info soit reprise par le faucon femelle israélien Atlas Shrugs en juin 2009 encore est une preuve supplémentaire : on est bien dans une désinformation d’extrême droite venue en grande partie d’Israël ! Selon elle, qui en rajoute une couche, Al Shukrijumah, trafiquant de drogue, avait même caché sa bombe dans l’île de Trinidad ! "Au nord-est" se sent-elle obligée de préciser ! Et d’ajouter aussi que pour l’attentat présumé sur l’aéroport Kennedy, que l’on vient juste alors de découvrir (quel formidable hasard !) on avait aussi "capturé" une bombe nucléaire ! " Et elle d’ajouter même, vraiment sûre d’elle : "une autre source, que je connais personnellement, m’a dit que au moins un bombe nucléaire a été capturé dans le cadre du complot de JFK". On a beau lire des comptes-rendus de l’enquête, ou des éléments supplémentaires ; le coup de la bombe nucléaire sur l’aéroport JFK est bien du pipeau complet. le FBI avait introduit son informateur dans l’équipe, Russell Defreitas, et savait exactement où ça en était lors du coup de filet final, qui capture une bande de branquignols retraités faisant plus pitié qu’autre chose. Au final, le "complot" de 2007 deviendra une "autre menace gonflée artificiellement" chez beaucoup d’observateurs.
 
"Comme d’habitude, les tabloïds de New York ont excellé dans ce sensationnalisme. Le New York Sunday Post de Rupert Murdoch parlait du complot présumé avec en titre "un plan d’enfer "et a publié un éditorial affirmant que le plan prévu était "de causer des dommages catastrophiques à l’ aéroport international JFK et aux quartiers résidentiels environnants en soulignant encore la menace globale du terrorisme islamiste posée à l’Amérique. " Le New York Daily News allant plus loin encore en parlant du "diable assis à la table huit" de la cafétéria : la description de Russell Defreitas, justement, présenté comme chef des terroristes. "Pourtant, le profil de Defreitas, un citoyen 63-ans États-Unis qui émigré de la Guyane il y a 25 ans, suggérait péniblement être le "Cerveau" d’un groupe terroriste. Un ancien ami le décrit comme quelqu’un qui, avant devenir musulman, s’était déclaré Rasta et laissait pousser ses dreadlocks. Il rappelait aussi ses différents projets de métiers, comme expéditeur de climatiseurs ou de réfrigérateurs au Guyana, qui n’ont jamais menés à rien. "Il ne pouvait même pas fixer des freins », a déclaré l’ancien ami. "Il n’a jamais construit de bombes. " Et pour cause : il informait la police ! Defreita avait travaillé quelque temps au JFK Airport comme "superviseur" pour la compagnie de Cargos volants Evergreen Eagle.. nous dit son accusation. Or tout le monde connaît les liens entre cette société et la CIA. 
 
Le projet d’attentat visait à fixer des explosifs classiques sur un pipe-line alimentant l’aéroport. Techniquement, cela aussi ne menait à rien : "Les deux responsables de la sécurité de l’aéroport et d’experts a rejeté l’idée d’une catastrophe qui aurait été prétendument déclenchée en faisant exploser un pipeline de carburant ou des réservoirs de stockage. Bien que le acte d’accusation fédéral a proposé qu’une telle explosion pourrait se propagerle long des oléoducs reliant les réservoirs de Linden, dans le New Jersey à Brooklyn, New York et à travers le quartier du Queens, c’est impossible, à la fois parce que les pipelines sont équipés de vannes de sécurité pour arrêter l’écoulement de carburant dans le cas d’une fuite et car il n’y a pas assez d’oxygène à l’intérieur des tuyaux pour soutenir un incendie." On était loin, très loin, d’une bombe atomique ! Le projet d’attentat sur l’aéroport JFK était stupide et ce qui l’avaient fomenté des petits vieux enregistrés à leur insu en plein délire lors de soirées arrosées. Mais leurs délires, entretenus et même alimentés par le FBI et la CIA étaient tombés au bon moment : celui d’une élection en vue où on n’avait plus qu’un Ben Laden raide comme un poteau, la barbe teintée, en train d’appeler à voter... Bush.
 
L’attentat de JFK Airport, ou pire encore, donc : pour faire peur aux gens, le livre de Williams n’y allait pas en effet avec le dos de la cuillère : "Williams révèle des preuves convaincantes que al-Qaïda a maintenant établi des liens avec la mafia sicilienne, qui l’aide à financer le terrorisme grâce à la vente de l’héroïne, la drogue-cadeau de choix en Europe et aux États-Unis. De plus, grâce à ses liens avec la mafia tchétchène, le groupe responsable de l’odieux attentat contre une école russe, Al-Qaïda a réussi à obtenir des armes nucléaires mal protégées et négligemment gardées dans des bases en Russie". Ouah, effectivement, c’est le grand jeu : bidon de A à Z lui aussi : le coup des armes russes a déjà été tenté moult fois, et les russes sont comme les américains : ils ont eux aussi une méthode de protection de leur armement nucléaire qui rend les engins inopérants en cas de vol : tenter de laisser croire le contraire dans le grand public relève du mensonge pur et simple. Une arme nucléaire ne se déclenche pas à la gâchette et n’est jamais entreposée en état de marche. Il lui manque toujours un élément vital impossible à réaliser au fond d’un garage. Mais il n’empêche : au sortir du livre, beaucoup d’américains craignent un Jericho sur leur pays.
 
Comme X-Files avait servi à introduire l’idée perverse dans le grand public d’un pouvoir occulte qui dirigeait véritablement le pays, une notion fort pratique pour excuser les coups tordus du pouvoir en place, un feuilleton apparu au même moment avait en effet déjà préparé le terrain d’une (ou plusieurs !) explosions nucléaires terroristes en territoire américain. Sortir le 20 septembre 2006 (la chaîne CBS avait un moment envisagé de le faire neuf jours avant...), la série préparait en effet le public à l’éventualité, celle d’un terrorisme de l’intérieur ruinant la sacro-sainte unité du pays, scindé en deux parties (argument très fort dans les consciences américaines !), tout en accusant un pays étranger de manipuler ces mêmes terroristes à qui ils auraient fourni la bombe."Le gouvernement de Cheyenne a lancé une riposte nucléaire sur la Corée du Nord et l’Iran, accusés d’avoir financé les attentats nucléaires de la première saison. "
 
Des arguments grossiers, mais une opération de psy-ops réussie : même si la série ne va pas dépasser la saison 3, elle a suffisamment marqué les consciences et tombe à pic pour faire peur à la masse avachie de téléspectateurs US. On est à la veille alors d’une élection présidentielle, et les médias n’ont plus qu’un Ben Laden bien raidi posé devant une toile de décor, la barbe teintée, pour rappeler qu’il existe et qu’il peut toujours menacer le pays : l’apparition du zombie sent tellement la manipulation de studio numérique que Jericho tombe à pic pour relancer l’idée d’un terrorisme sur le territoire US à coups de bombes atomiques cette fois. L’objectif étant de faire davantage peur encore qu’avec le 11 septembre.... ce à quoi s’acquitte avec obstination Dick Cheney depuis l’élection d’Obama, qui ne rate aucune occasion de venir sur un plateau télé évoquer la menace d’une menace terroriste nucléaire sur le sol même des Etats-Unis... c’est le même discours qu’en janvier 2005, mais personne s’en aperçoit. Et il ne faut surtout pas compter sur Cheney pour nous dire où est passée la bombe manquante qui n’a pas été accrochée au B-52 de la base de Minot... ou pourquoi autant de morts jonchaient le parcours étrange de l’octoréacteur, notamment celles du capitaine John Frueh et de Charles D. Riechers.
 
Notre homme a déjà franchi un pas gigantesque dans ce genre d’opérations ; depuis plusieurs années, sa tête est mise à prix 5 millions de dollars, et figure dans les "most wanted" du FBI. Sur une page où trône l’effigie d’Adam Gadahn, ce qui lui procure aussitôt le titre de pantin supplémentaire.... le coup du "vieillissement", déjà fait de manière risible pour Ben Laden et cette fois tout aussi grotesque. Etrangement, la seule charge reconnue contre lui est l’organisation en 2010 d’un attentat contre le métro de New-York sur lequel nous reviendrons demain si vous le voulez bien.
 

Documents joints à cet article


Lire l'article complet, et les commentaires