Ca y est l’Unique a (re)frappé avec ses petits poings sur la table, les banquiers sont (re)effrayés
par Imhotep
mercredi 26 août 2009
Hier Nicolas the first y allait de son martinet (celui-ci, pas celui-là). Il a fait la grosse voix, a froncé les sourcils et les banquiers, ce matin tout ébahis, en tremblent encore. Les vitres du salon Murat ont vibré des hautes paroles du Timonier de l’Economie et de la Finance. Cette fois-ci, croix de bois croix de fer ils s’engagent. Ca va plus rigoler !
Hier donc notre Grand Navigateur sur les eaux tourmentées des hautes finances a convoqué les banquiers pour leur faire, les yeux dans les yeux, la leçon. Ce ne sera que la 7ème fois, autant que de jours dans la semaine. Il est vrai que dans ce monde sans foi ni loi, la règle est évidemment de dire oui et de faire ce que l’on veut. Nos amis les traders ont fait perdre à l’économie mondiale quelque mille milliards de dollars avec à la clef vies brisées, suicides, chômage et pauvreté, mais rassurez-vous notre Père Fouettard International va les gronder. Bon, il l’avait déjà fait. Bon, les banquiers s’étaient déjà engagés.
Il paraît qu’on leur prêtait nos picaillons à condition qu’elles relancent l’économie, qu’ils mettent donc à disposition des particuliers et des entreprises ces milliards. Et qu’ont-il fait alors que déjà ils tremblaient de peur devant les colères homériques du Petit Père des Peuples ? Ils n’ont prêtés que 1 % de plus au lieu de 3 promis et avec le reste ils ont encore spéculé. Et pourtant le G20 avait été « du jamais vu ». N’est-ce pas notre Premier Flic de France qui discourait sur le multirécidivisme et qui demandait que la seconde faute soit plus punie que la première ? Alors là il se fâche tout rouge ! Gare à vous !
ET cette colère himalayenne va déraciner les arbres. Les mêchants traders vont être punis. Bon c’est trop tard. Ils ont fait perdre des centaines de milliards mais ont gardé leur bonus. C’est le fameux jeu : je fais gagner donc je gagne, je fais perdre donc je gagne. La bourse s’effondre, les gogos de service, nous, nous y laissons notre culotte quand nous avons quelques sous en actions et nous remettons au pot par les finances nationales. Les banquiers sont sauvés et hop là avec ce qui doit aider ceux qui sont en difficulté ne sert qu’à spéculer à nouveau. Mais les choses ne vont pas en rester là. le Pouvoir veille et avec son tazer économique il va frapper ! : Le chef de l’État, qui s’est dit « scandalisé » que les leçons de la crise n’aient pas été tirées, est passé aux actes.
Tudieu, ça chauffe.
Voilà une usine à gaz nouvelle mise en route. Tant pis pour le réchauffement climatique. C’est un peu compliqué :
- le bonus est divisé en deux ; une partie (là cela se corse) est versée tout de suite et le reste moins de la moitié pour ceux qui gagne le moins (combien ?) et les 2 tiers pour ceux qui gagent plus (combien ? Quel est le seuil ?). Cette moitié ou ces deux tiers (soit 1/6 ou 1/9) ser(a)ont versé(e)s en action de la société ce qui veut dire que ceux qui touchent le moins sont proportionnellement plus soumis aux aléas boursiers (pourquoi ?). Il faut attendre deux ans pour toucher le solde du bonus (Le Figozky). « Quand un trader a droit à un bonus, il n’en percevra qu’une partie. L’autre partie sera mise en risque : si l’année suivante il réalise une mauvaise opération, cette partie différée est perdue pour lui », a précisé Christine Lagarde sur LCI. On n’a aucune modalité, aucun seuil. Par exemple une année l’activité gagne 100, le trader a un bonus. Si l’année suivante elle perd 1, le trader perd son bonus. Pas très juste dans le raisonnement. Si l’activité perd 1 000 le trader perd son bonus, pas très moral car il garde son tiers et ou sa grosse moitié d’avant. Les bonus s’ajoutent aux salaires il ne faut pas l’oublier. Et parler de malus quand cela n’est en regard d’aucun chiffre qu’il est énoncé une simple règle couperet sans rapport économique ni mathématique n’est qu’un machin bricolé et idéologique. Juste de la pâture au peuple. Et à cela s’ajoutent quelques obstacles de taille : quid des contrats en cours ? Quid des sommes déjà versées ? Il faut se rappeler que Lagarde disait qu’il ne fallait pas légiférer. Tiens la colère de la foule la ferait-elle changer d’avis ?
Voilà que notre Conseiller Financier National a un très gros bâton : L’État n’accordera plus « aucun mandat » pour monter des opérations financières aux banques qui n’appliqueraient pas les nouvelles règles du jeu énoncées mardi. « Je ne veux pas que plane la moindre suspicion sur l’emploi des fonds publics. Si l’État est intervenu, c’est pour que les banques soutiennent les entreprises et prêtent aux ménages, pas pour qu’elles spéculent », avait dit le chef de l’État aux banquiers en préambule à leur réunion.
Et que fera l’Etat si toutes les banques sans exception ne respectent pas ces règles ? Cet état exsangue qui a besoin de financer ses énormes déficits (merci qui ?) ? Et il est fort amusant (enfin manière de dire) que notre Unique dise qu’il ne veut pas que plane la moindre suspicion sur l’emploi des fonds mis à disposition par l’Etat. De qui se moque-t-il ? Cela fait un an que ces fonds ont été mis à disposition et cela fait des mois que les banques ne prêtent pas mais spéculent. Ce n’est pas de la suspicion mais un était des lieux. C’est fait. C’est trop tard. Les banques se sont fait du gras en spéculant. Le gras est là. Sarkozy parle d’avenir quand il s’agit de passé. Il se moque de nous.
Mais il n’a jamais cessé de se moquer de nous. Lisez cette phrase : « Je ne ménagerai pas mes efforts pour faire émerger sur ce sujet une approche européenne », a dit hier Nicolas Sarkozy. Oui vous n’avez pas rêvé. Notre Economiste Français, Européen, International et Intergalactique n’a t-il pas été, comme il aimait à le dire, « président » de l’Europe ? Que n’a-t-il réussi en son temps à mettre en route une réponse européenne à la crise, une moralisation immédiate, un contrôle des bonus, un encadrement des fonds mis à disposition ? Pourtant cette présidence n’a-t-elle pas été un succès séculaire et planétaire ? Nous aurait-on menti ? Faudrait faire maintenait ce qui aurait dû être fait sous l’impulsion du Manager Suractif à six cerveaux ?
Tenez, voilà un exemple que cette crise financière n’est pas finie (Libération). La banque Natixis sur le haut conseil de Pérol, ami intime de Sarkozy et mis contre toute déontologie à la tête du groupe des Caisses d’Epargne et des Banques populaires (quoique la fusion est actuellement bloquée) a encore perdu 880 millions d’euros pour une perte cumulée de plus de 5 milliards d’euros va devoir être garantie par les fonds de ce nouveau groupe à hauteur de 35 milliards (l’argent de l’Etat aura donc servi à cela garantir les subprime pourris, ces subprime que notre Financier Universel voulait imposer à la France). Ceci est l’exemple concret que l’argent de l’Etat n’a pas servi à financer l’économie mais à empêcher la faillite des casinotiers et à continuer la spéculation.
Mais évidemment Sarkozy fait de la communication. La grand raison des prêts faits aux banques, hormis de les sauver, étaient de faciliter les crédits. N’oubliez pas le tôle de René Ricol. Or (Le Monde) : En octobre 2008, les banques s’étaient en effet engagées à faire progresser de 3 à 4 % le volume de crédits en contre-partie de l’aide publique dont elles ont bénéficié au plus fort de la crise financière, "alors que leur pérennité était en jeu", souligne-t-il. Quelques mois plus tard, les banques reconnaissent elles-mêmes qu’elles ne tiendront pas leurs promesses et tablent désormais sur une hausse comprise entre 1 et 2 %.
Une nouvelle projection d’ores et déjà mise à mal par les derniers chiffres de la Banque de France : les prêts aux entreprises sont en effet passés de 313 milliards d’euros en juin 2008 à 259 milliards en juin 2009. Les banques se défendent en arguant du fait que les demandes de crédits des entreprises sont en baisse, une affirmation là encore démentie par le médiateur du crédit, René Ricol, qui affirme avoir reçu plus de 15 000 dossiers de sociétés à la recherche d’un crédit.
Comme d’habitude, chanterait Lama, on jette en pâture au bon petit peuple une grosse colère quand il est trop tard et qui est la 7ème il faut rappeler (là aussi Sarkozy est aussi efficace que comme Premier Flic de France) contre les bonus en faisant un salmigondis incompréhensible de moitié, tiers, différé, action, perte sans chiffres et on ne règle pas le problème essentiel.
Pour Serge Maître, le président de la République a laissé passer une occasion en or d’obliger les banques à faire "leur métier de prêteur". "Les banques ont réalisé d’énormes bénéfices au premier semestre, BNP Paribas a par exemple dégagé trois milliards d’euros, en grande partie grâce à des produits comparables aux subprimes. Il était donc possible de leur demander d’orienter une partie de ces profits vers l’économie réelle".
Voici aussi ce que disait un trader à Marianne : Avec ces liquidités qui ne circulent pas, les banques peuvent donc renouer avec des activités à risque, très lucratives : au 1er semestre 2009, la « value at risk », qui représente la prise de risque dans les placements, a explosé dans les bilans des banques américaines. Elles ont renoué avec les positions de marché. »
La spéculation a de beaux jours devant elle.
Vignette Bourse de Paris (Wikipédia)