Cameron, Brexit, Arsenic et vieilles chiffes

par Nicole Cheverney
mardi 1er mars 2016

Les Anglais vont-ils sortir de l'UE ? La réponse, nous l'aurons le soir de la proclamation des résultats du référendum promis par Cameron, lors de sa ré-élection.

Il faut dire que les Anglais ne font pas partie de la zone Euro, ce qui facilitera les choses si le "No" l'emportait. Nous connaissons tous le pragmatisme légendaire des Britanniques qui ont toujours oeuvré pour leurs propres intérêts, les intérêts de l'Albion. Bien perfides serions-nous, d'aller leur reprocher de réfléchir à deux fois avant de renoncer à leurs particularismes. S'ils n'ont pas voulu de l'Euro, c'est qu'ils ne lui ont pas trouvé toutes les qualités vantées et se sont dit : - Il n'y a que les bouffeurs de grenouilles d'en face, pour avoir les yeux de Chimène envers cette monnaie de singe basée sur du vent, un fort vent en rafales d'outre-Atlantique et qui sent l'arnaque jusqu'aux côtes les plus reculées des îles Ferroé et en ramant un peu plus, jusqu'aux plus lointains condominium de sa très grâcieuse Majesté. By God !

Mais attendons patiemment le résultat sorti tout frais des urnes, dans quelques mois seulement, pour clabauder. Et qui ne manquera pas, si Brexit il y avait, vu l'importance de l'Angleterre dans l'Europe et internationalement parlant, de créer d'énormes remous.

D'ailleurs, la presse, du côté des bouffeurs de grenouilles a commencé son petit prêchi-prêcha, en affirmant ubi orbi qu'un Brexit mènerait à la désintégration de l'UE ! Pas moins ! Et d'annoncer une catastrophe à venir pour la GB, et accessoirement pour ses voisins, les mauvais augures se bousculant pour en rajouter.

Pour les fanatiques pro-UE, ce sera un nouveau Trafalgar.

Pour les Eurosceptiques, un beau bras d'honneur de Nelson, au Manneken-Piss ! Car depuis Bruxelles et son Parlement européen, la longue-vue est déployée pour lorgner du côté du Channel et des côtes crayeuses de la joyeuse Albion qui n'aura pas oublié que, depuis deux siècles, la City fait des siennes, son beurre, jongle avec les Finances, et que le Jack Pot n'est jamais bien loin. Nous connaissons tous l'amitié sincère et solide qui lie l'Albion à Washington !

Alors, au sortir de ce suspense hitchcockien, nous pourrons dire, si le "No" l'emportait et nous inspirait à notre tour, pourquoi pas nous ?

Sommes-nous plus concons que les Albions ?

L'UE, qu'est-ce qu'elle peut bien nous apporter de bénéfique ? Elle nous prend tout ! Elle rafle tout ! Elle rapte tout ! Et nous aurons mis plus de 20 ans, depuis Maastricht à nous en apercevoir ?

Les Euro-fanas, eux, ont bien compris qu'il fallait réagir vite, avant que de bien mauvaises idées nous transforment en "Brexitteurs" made in Hexagone.

Comme le savon découvre l'eau chaude, l'on a droit aux plus belles bulles des médias tricolores. Il parait que l'Elite en Angleterre s'est réveillée un beau matin, eurosceptique ! Mais ouf ! seulement 2 % des Anglais. Je vous l'avais dit que la pratique régulière du cricket et du polo, pouvait chez certains favoriser quelques bonnes vieilles recettes de bon sens.

Alors, biffant ce qui ne leur convient pas, nos gentlemen de la presse tricolore, les journaleux serviles de service, si prompt à décaniller les gueux, fussent-ils britanniques, se mettent à les considérer, tout d'un coup, très fréquentables. Et pourquoi ? Parce que les gueux ne pensent pas au "Brexit", il pensent à tout autre chose. A leur porridge quotidien ! Vous comprenez, ils sont bien loin de ces finasseries intellectuelles, l'UE ! Dame, il y a des domaines exclusifs, seulement réservés à l'Elite. Et comme les Médias prennent généralement les gens pour des neuneus, ils s'enfoncent...

Ils ne comprennent pas la fixette des Anglais sur les questions vitales de chômage, des inégalités sociales, de la baisse des salaires, des retraites, toutes ces réformes cameronesques et UEsques, genre arsenic et vielles chiffes qui pourrissent la vie quotidienne des Anglais. Vous me direz, ils en ont vu d'autres, depuis le blitzkrieg, mais avec l'UE c'est bien pire !

La France aussi viendra à se séparer de cette excroissance anormale et illégitime qu'est l'UE. Cependant, elle a un handicap et de taille. Car nous avons le paquet Bonus et son petit cadeau, l'Euro, la mère de tous les vices. Un boulet, que les Français traînent derrière eux comme des bagnards. On l'a dit et redit, depuis Bruxelles, siège de tous les cerveaux qui pensent. Oui, il pensent...Et même à tout ! Siège de toutes les calebasses qui se décarcassent pour produire des verbatim censés "booter", le moral des Eurosceptiques, bientôt une majorité ?

Aïe, aïe, aïe ! comme aurait dit le Fernandel, tout ça ne me dit rien qui vaille !

Un vol de noir de corbeaux sur Bruxelles s'est posé. La France, elle, se replie... sur sa position habituelle et préférée. Celle du coq qui, les deux pattes dans la mouscaille, un tas d'engrais OGM... et de Monsanto s'il vous plaît, on ne se refuse rien ! a entonné son sonore cocorico pour réaffirmer haut et clair que l'UE ne lui apporte rien que des méfaits, du malheur agricole, social, industriel et environnemental ! Et il chante, le volatile, jusqu'à s'égosiller, mais personne ne l'entend ni ne l'écoute. Les corbeaux bruxellois lui couvrent la voix. Alors, le coq gaulois se tait... Ciriquiqui ! Couic ! On lui a coupé l'sifflet.

A contrario, les corbacs, entre deux frites/moules annoncent : "The situation is under our control". Yes ! my friend !

Je pourrais l'écrire dans la langue de Verlaine, mais c'est plus tendance en Shakespeare. A Bruxelles, il n'y a pas que des Belges, il y a aussi des hommes et des femmes de toutes nationalités, de toutes obédiences qui font marcher le Chmilblic ! Un petit chouia par ci, un par là, après le passage de l'arroseuse, et boostés à leur tour, ils se mettent à plancher sur les textes des traités pour que justement, ces traités ne soient pas lus dans le texte, mais entre les lignes et que, de ces chefs-d'oeuvre de prose il ne reste que nib pour la compréhension du pékin moyen qui se sera aventuré au-delà des dix premières lignes desdits textes jargonneux et aura eu, la moindre des choses, l'idée de tenter décrypter les messages codés des traités constitutionnels de ladite UE. Imbue de ses directives, ladite UE les postillonnera, ces textes, à travers son morse à tous les dirigeants des Etats, venus se réfugier sous les ailes protectrices de cette vautour femelle.

C'est ainsi que cette grande pondeuse nous pondit, au plus fort de sa fécondité, l'AGCS, le TSCG, les directives Bolkhenstein rime avec Franckenstein, le Traité d'Amsterdamm, de Lisbonne, etc... etc... Toute une littérature d'exception et non moins enrichissante pour le lecteur, mais tellement apprauvissante pour les Etats qui ont eu le malheur de gober les oeufs pourris de dame Vautour.

Le plus chouette d'entre tous, ce sera assurément TAFTA, futur prix Nobel de littérature européiste ? Qui sait !

Les oisillons sortis du nid de femelle vautour, sont allés de leurs propres ailes mais en suivant les vents et courants d'outre-Atlantique, emportés à l'unisson par leur enthousiasme juvénile, appliquer leurs chiures indélébiles sur le papier sacro-saint de l'UE et couronner toute cette expédition aérienne par un vol d'ensemble, tous ensemble, tous ensemble pour TAFTA ! , oui, oui, yes, yes, ya, ya ! Et comme les hirondelles nous annoncent le printemps, les oisillons nous annoncent la peste, le choléra, la mixomatose. Mais le texte original de TAFTA reste dans les cathacombes de l'UE, invisible, secret, le manuscrit sacré, le "oui de la Rose" ! Pourtant cela commence à sentir furieusement la Taftaline, partout, partout, en Europe, jusque dans les moindres chiottes ! Son parfum évanescent commence à asphyxier sérieusement le pékin moyen qui lui, ne cherche même plus à décrypter les hiéroglyphes, n'est pas Champollion qui peut !

TAFTA, enfin, pourra s'épandre, comme les boues rouges en Méditerranée, s'étendre et s'éprende de notre agriculture, de notre industrie, de notre vie de tous les jours, ses tentacules serrant tant qu'elles le pourront ce qu'il restera de la pauvre Marianne et de la croulante Europe. Mais j'ai tout de même une bonne nouvelle à vous annoncer : nous sommes sauvés ! Nous avons parmi les sémaphores en action de Bruxelles et qui veillent scrupuleusement au strict respect de la Constitution européiste, quelques gesticulateurs qui, tout comme femelle Vautour et ses oisillons, sont pris de temps à autre de diarrhées rédactionnelles et nous pondent des traités aussi abscons que cons, pour le plus grand bonheur des décrypteurs. Scotchés donc à de vespérales émotions, les décodeurs décodent. Et traduisent ces pontes absconses qui justifient pleinement les confortables émoluements de ces méritoires gesticulateurs, fonctionnaires, ces zélus et non-zélus de Bruxelles et d'ailleurs. Tout un aréopage du meilleur acabit et qui nous prépare l'an 2100. Aïe, aïe, aïe !

Je ne vais donc pas m'étendre sur l'article 50, certains le feront bien mieux que mois, pour sortir de l'aire des vautours. Article 50, un fourre-tout qui de la propre bouche de son pondeur, un dénommé Lamassoure aura été conçu dans le dessein gémellaire de combler le vide laissé par la formule "retrait unilatéral" remplacé par le terme "retrait volontaire". Qu'es aéco ? se serait demandé le Fernandel. C'est un peu maigrelet, monseigneur, ça mérite quelques explications, té !

Et Monseigneur, de nous expliquer en européiste convaincu et soucieux de notre bien être à tous, que ce terme de "retrait unilatéral" laissait un vide "dangereux" pour l'UE et qu'il fallait combler le trou, etc... bla,bla, bla. Au tracto-pelle de préférence.

Moralité de mon fabliau : Que les English s'enragent au référendum, qu'ils s'exitent au Brexit ! Et nous accueillerons avec tambours et trompettes, le verdict des urnes. Et nous aurons en prime, sur tous les écrans plats de l'Albion, de France et de Navarre et de toute la planète entière, la bobine de Cameron, tout sourire ou en pleurs, c'est selon ; Cameron, la fierté de ses ancêtres barronnets. Rule, Britannia ! Rule !


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