Carola Rackete : « Agir au lieu d’espérer »

par Patrice Bravo
mardi 5 novembre 2019

Carola Rackete, la capitaine du Sea-Watch 3, coiffée de Dreadlocks, a présenté à la fin du mois d'octobre à Berlin son livre Agir au lieu d'espérer-Appel à la dernière génération. Carola Rackete est devenue, comme elle le dit « une star médiatique » après avoir foncé en juin dernier sur une vedette de la police italienne dans le port de Lampedusa pour débarquer des migrants. Durant la conférence de presse, la militante écologiste d'extrême gauche d'Extinction Rebellion et de Fridays For Future de 31 ans a expliqué, avec verve, vouloir utiliser son nom pour agir sur la politique climatique et pour dénoncer les nations industrialisées. Nadja Charaby de la fondation Rosa Luxemburg (RLS), responsable d'unité en politique climatique, qui fut la directrice de RLS Southeast Asia, a réalisé la modération et annoncé d'entrée de jeu : « L'argent de la vente du livre sera donné à l'association Borderline-Europe » https://www.borderline-europe.de/ qui défend notamment Cedric Herrou.

Carola Rackete, qui a fait « des études de gestion de la conservation de la nature », a expliqué, avant de s'élancer dans l'exposé de son engagement, qu'elle a « travaillé depuis 2011 dans la recherche polaire », « observé le pôle Nord avec les scientifiques », « que les glaciers fondent dans l'Antarctique » en insistant sur le fait qu'elle est « ancrée dans un autre domaine que le sauvetage en mer » : « Je l'ai fait car je considère que nous devons absolument protéger les droits de l'homme là où ces droits sont violés ». « Au Tchad, la température est montée de 1,5 ºC en plus. Le niveau des lacs baissent constamment. Ce n'est pas une solution pour la société que les gens quittent leur village. Je vous invite à écouter l'histoire des migrants et de donner un podium à ceux qui parlent de leur expérience. Je ne peux pas parler pour eux. Je trouve que c'est de notre devoir de les écouter. En parlant avec ces gens, on peut comprendre ce qui se passe et saisir notre responsabilité en tant que nation industrialisée » a déclaré la militante.

« Actuellement, il se fait très peu de choses en politique pour affronter la crise du climat, pour protéger les droits fondamentaux ou pour réduire la destruction de l'environnement. Les scientifiques disent que si nous ne faisons rien la température pourrait augmenter de 3 à 5 degrés à la fin de ce siècle. Cette augmentation de la température provoque plus de catastrophes climatiques, en particulier dans les pays qui sont peu responsables de l'émission de CO₂ » a dénoncé l'activiste écologique avant de faire un lien entre les guerres et le climat : « Des chercheurs disent que la sécheresse en Syrie a provoqué la guerre civile. Nous savons que les conflits armés augmentent. Il y aura de plus en plus de conflits armés pour les ressources. Nous savons qu'en 2050 environ 25 % de l'humanité n'aura pas assez d'accès à l'eau. Il y aura des conflits et les hommes vont être déportés car ils ne pourront plus rester chez eux. L'activiste d'Extinction Rebellion a employé un discours anxiogène : « Avec cette prédiction catastrophique pour notre futur, il n'y a qu'une seule possibilié pour nous en tant qu'être humain sur cette planète. Soit nous entamons une transformation radicale de notre société -c'est à dire nous nous demandons comment vivre sur cette planète dans l'espace des limites planètaires- ou cela va déboucher sur un effondrement de la société car il va y avoir des conflits pour les ressoures et que nous ne pouvons pas le faire autrement ».

La militante marxiste a exigé de voir, de nouveau, des valeurs dans la société comme « nous devons être inclusifs et antiracistes » en se demandant ce qui est important dans la vie : « Il ne faut pas vouloir toujours plus, toujours consommer plus. La caractéristique de notre vie ensemble fait que nous sommes des êtres sociables. Nous vivons en communauté » et il faut « savoir quand nous avons assez pour nos besoins en tant qu'être humain » car « la question du futur est de savoir si nous pouvons partager de manière égalitaire ce que nous avons sur la terre avec tous ? Sur la question de la légalité de son action en mer, la capitaine a rétorqué que « le droit de la mer contraint de secourir des personnes et de les amener à un port » et que « le problème n’est pas le droit de la mer, c’est le racisme » car « tous les gens sont pareils ».

Jean Prouvost

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1208


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