Carte bleue
par alinea
lundi 13 février 2017
Enfoncer le clou
Oui, je voudrais enfoncer le clou et je vous donnerai à lire un article puisqu’il faut toujours, non pas donner ses sources puisque ce n’est pas ma source, mais appui sur un point de vue d’expert, qui a pignon sur rue.
Dans ma lettre aux insoumis, je les enjoignais de jeter aux orties leur carte bleue, et ceci quoi qu’il se passe aux élections. Beaucoup ont répondu « mon dieu quelle horreur ! ».
Et pourtant.
Faire croire que les gens sont libres en les tenant en laisse, ça a l’air de fonctionner très bien. Que chacun qui le vaut bien se sente, d’un côté très important, et de l’autre insignifiant puisque aucune désobéissance ne lui paraît, à son niveau, significative.
Mais le pire, c’est que nous sommes déjà empégués, et que notre liberté est réduite chaque jour qui passe.
Je n’ai pas de carte bleue, je ne veux pas de carte bleue, pas parce qu’elle me trace, mais parce qu’elle me coûte ; parce que quand je sors des billets, je sens le prix ; j’ai changé de station d’essence, parce que celle où j’allais depuis quinze ans n’acceptait plus les chèques et qu’un plein représente beaucoup de billets et que ma mauvaise volonté va jusqu’à ne pas m’astreindre à aller au distributeur avant de faire le plein.
Mais je viens de vivre un truc qui m’a beaucoup énervée : comme je voulais envoyer un peu de fric à la campagne de la FI, je me suis vue dans l’incapacité de le faire, parce que l’on a beau cliquer « paiement par chèque » en en-tête, on se retrouve devant le choix de la carte bleue que l’on possède. C’est récent ! Il y a quelques semaines ( ou mois) j’ai pu envoyer ma maigre contribution.
Sannat explique bien tout ça ; il prend l’exemple de la Grèce mais couvre aussi le risque de céder au tout argent virtuel !
Je vous ferai remarquer, si vous ne l’avez pas fait vous-même, qu’un paiement par chèque au petit supermarché du coin, prend moins de temps qu’un paiement par carte ! Le même temps si l’on omet les incidents techniques, le code mal tapé...Ceci, pour les plus pressés !
Mais, en plus, il est question, nous le savons, de supprimer les billets, le liquide ! Je suis peut-être conservatrice ( je suis déjà réactionnaire je peux bien accepter d’être conservatrice… des libertés), mais que vous laissiez faire ce qui arrange, tellement, les banquiers, les néolibéraux et toute l’oligarchie que vous vous plaisez, pour beaucoup, à conspuer par ailleurs, cela me laisse sans voix. C’est comme si vous viviez sans avoir conscience de tout ce qui se trame autour de vous, comme si, pris dans le courant, vous n’aviez ni regard, ni conscience, ni énergie, pour en détourner le cours. Comme si, tellement heureux de payer votre dernière BD sur Amazon – c’est tellement plus plaisant de ne voir personne- vous occultiez le monde que vous êtes en train de construire. J’en connais qui se sont fait pirater leur carte bleue sur internet, donc la sécurité ne peut être donnée comme argument.
Quand vous voulez acheter par correspondance, sans carte bleue, c’est le parcours du combattant ! Alors quoi ? C’est le progrès ? Ou bien l’imposition d’un confort pour les banquiers, et la démoralisation de ceux qui ne veulent pas participer à ce confort ? Si vous n’étiez pas des millions à avoir foncé dans cette brèche venimeuse, si vous n’aviez pas laissé faire, il resterait quelque chose qui ressemble à la liberté !
Et, je ne parle pas de la plus grande propension à dépenser quand rien de matériel se palpe ! Et je ne parle pas non plus, du pourboire, du billet glissé aux pompiers pour leur calendrier, du petit billet donné au voisin qui vous a bien rendu service !
Certes, on ne pourra pas obliger le petit marchand de légumes sur le marché à avoir une machine à capter les cartes bleues, mais on pourra interdire les marchés ! Souvenez-vous, c’était le souhait de l’UE qui a contrarié beaucoup de Français qui y tiennent. Mais, le jour où l’on n’a plus de chèque ni de liquide ?
Ne faites pas faire des économies aux banques, ne simplifiez pas leurs affaires, ne les payez pas pour payer. C’est tout bête, c’est à notre portée.
Cinq, dix millions de Français qui prennent conscience de ce qu’ils font, et ne le font plus, tirent au guichet leurs dépenses quotidiennes et font un chèque pour le reste, cela remettra peut-être les yeux en face des trous de tous ceux qui avancent à grands pas en s’appuyant sur votre volontaire docilité. Et pensez-y bien, la carte bleue, outre qu’elle devient incontournable, et que lutter contre l’incontournable obligé, est un acte, volontaire, donc qui coûte, a-t-elle été un véritable progrès, une aise indispensable ? Ou bien le fait d’enfantillage qui se rue sur tout ce qui est nouveau ? Tout ce qui est « technologique » ?
En tout cas, les rapports marchands « underground » dans certaines campagnes, dans certains milieux, sont un mode de contacts, de rapports, humains. Peut-être bien un travail au black, mais pas d’exploitation, juste d’arrangements parce que celui-ci sort des cases imposées.
Non contents d’être tracés dans tous vos mouvements, ce qui n’est pas un a priori agréable, le fait de pouvoir agir à sa guise au gré des occasions – quid de l’aumône ?- est une liberté qu’il ne faut pas céder.
On y va, mais assez tranquillement pour venir à bout des réfractaires tels que moi ! et venir à bout par la force, pas par la persuasion ; celle-ci a déjà emballé une énorme majorité !