Carton rouge pour Uber à Londres

par Clark Kent
dimanche 24 septembre 2017

Londres, la Mecque de la « gig economy » – littéralement « économie des petits boulots », et sur le fond « l’économie à la tâche mondialisée ») - est la première grande capitale à interdire Uber dans ses rues : le vendredi 22 septembrele les autorités de la ville ont refusé de renouveler sa licence au plus gros service de taxi en ligne.

Les dirigeants de « Transport for London » (TfL) ont rejeté le renouvellement de la licence d'Uber - qui expire le 30 septembre - au motif que cet opérateur de location de voitures privé ne répond pas aux critères de « compétence et d’honorabilité ».

Le syndicat des chauffeurs routiers et taxis « GMB » qui avait organisé une manifestation de 100 000 personnes lundi dernier devant l’Hôtel de Ville pour demander à la compagnie de VTC de respecter les droits des travailleurs ou de quitter Londres a salué la décision en la qualifiant de « victoire historique pour les droits des travailleurs et de la sécurité des passagers ».

Uber conteste cette décision et met en avant le fait que son activité consiste simplement à gérer une application de téléphonie mobile qui permet aux utilisateurs de réserver des voitures depuis leurs smartphones dans diverses villes à travers le monde et les chauffeurs sont des travailleurs « indépendants », mais le syndicat GMB avait gagné un procès important l'année dernière aux « prud’hommes anglais » considérant que les conducteurs « indépendants » d'Uber étaient en réalité des salariés déguisés ayant les mêmes droits que las autres salariés, à commencer par un salaire minimum garanti et des salaires réguliers.

Un porte-parole de « Transport for London » a déclaré que les responsables de l’autorité londonienne considéraient que les conceptions et les méthodes des gestion d'Uber « faisaient apparaitre une absence de responsabilité d'entreprise » en ce qui concerne la déclaration d'infractions pénales graves, l'obtention de certificats médicaux et la vérificationsa des antécédents des chauffeurs. Il a également mis en cause l'utilisation par la société du logiciel "Greyball", spécialement conçu pour échapper aux radars et à la police.

Mme Frances O'Grady, la sectrétaire générale du « Trades Union Congress (TUC) », l'organisation fédératrice des syndicats britanniques , a déclaré que « le sort d'Uber était entièrement entre ses mains et devrait être considérée comme un avertissement pour les employeurs de l'économie GIG. Ces entreprises ont le choix. Ils peuvent négocier avec nous et trouver un accord équitable pour les travailleurs. Ou ils peuvent se retrouver devant les tribunaux et faire la Une des journaux. La décision d'aujourd'hui montre le pouvoir de l’action syndicale."

Le maire de Londres, M. Sadiq Khan, a déclaré qu'il « appuie pleinement » la décision de « Transport for London » et a annoncé que « toutes les entreprises ayant une activité à Londres devaient respecter les règles et respecter les règles, en particulier en ce qui concerne la sécurité des clients ».

Le responsable travailliste M. Andy McDonald, a accusé les conservateurs de n’avoir pas suivi les recommandations de la Commission des Transports pour une réforme du secteur réalisée il y a plus de trois ans. Il a déclaré que les pratiques d'Uber semblaient être conçues pour contourner la réglementation et fuir ses responsabilités « compromettant la sécurité des passagers et les droits des travailleurs du secteur ».

Uber a déclaré qu'il allait immédiatement faire appel de la décision et a déclaré que « les 3,5 millions de Londoniens utilisateurs de ses services ainsi les 40 000 chauffeurs franchisés dont c’est le gagne-pain seraient étonnés par cette décision ». Dans un communiqué, la société a déclaré que cette prise de position « montrerait au monde entier que, loin d'être ouverte, Londres est fermée aux entreprises innovantes ».

Mme Maria Ludkin, l’avocate représentante juridique du GMB, a promis que le syndicat s’opposerait toujours à « l'emploi soi-disant autonome et à l'exploitation abusive » . Elle a déclaré que la décision prise à Londres était « une piqûre de rappel à une entreprise qui a été trop longtemps dans le déni ».

Le président régional de « Unite London », M. Jim Kelly, de la section des « black cabs » (taxis londoniens), a félicité M. Khan et TfL  »d’assurer la sécurité des passagers et des londoniens face aux gros intérêts d'Uber, en refusant que Londres devienne le far-west du commerce des taxis. »

M. Michael Joseph Cash, secrétaire général du « National Union of Rail, Maritime and Transport Workers » (RMT) a déclaré que la décision était un "tremplin" pour mettre fin à la déréglementation dans l'industrie des transports et a appelé à soutenir le projet de loi d'initiative parlementaire du député Daniel Zeichner pour la réforme de l'industrie du taxi et de la location privée.

Il faut s'attendre maintenant à une longue bataille juridique truffée d'experts !


Lire l'article complet, et les commentaires