Casse toi pov’c..., version suédoise

par Yohan
mercredi 19 novembre 2008

Refuser de serrer la main de celui qui vous la tend est une arme bien acérée qui s’avère, in fine, aussi blessante qu’une arme légère, parfois...

Lorsque dans la vie courante, nous sommes confrontés à pareille situation, il y a un sérieux risque que l’affaire dégénère et c’est peut-être bien ce qui est recherché par ceux qui se livrent à ce genre d’exercice déplaisant.
 
Notre Président lui-même s’y est laissé piéger il y a peu, en dépit de l’expérience accumulée dans l’exercice politicien risqué du serrage de paluches.
 
Aujourd’hui, c’est au tour de Carl Hamilton, journaliste économique au journal Aftonbladet, de subir cet affront.
 
Devant participer à une toute nouvelle émission de télévision suédoise de réputation déjà sulfureuse - Halal TV – cela ne s’invente pas – l’économiste s’est vu refuser sa poignée de main par l’une des animatrices, au nom de la perception « musulmane » du caractère impropre de certaines coutumes, à savoir qu’une femme ne devrait pas serrer la main d’un homme.
 
Bien que salué par le rituel de la main sur la poitrine, l’homme s’est vexé, puis le ton est monté sur le plateau avant l’envoi de l’émission.
 
Au « retourne d’où tu viens », aussi réactionnel qu’un « casse toi pov’c… », l’animatrice, suédoise d’origine iranienne, rétorqua à ceci près dans l’esprit « je suis née ici en suède et libre à moi de ne pas serrer votre paluche si ça me chante ».
 
L’homme tentera en vain de faire comprendre à l’intéressée qu’en Suède, accepter une main qui se tend est un principe important, car « c’est ainsi que les suédois vivent en société ».
 
Ce à quoi, l’animatrice - un tantinet provocatrice - répondra « c’est écrit où dans les livres suédois ? »
 
Un beau dialogue de sourd comme on en voit de plus en plus souvent, ici comme ailleurs…
 
L’affaire - on s’en doute – fait grand bruit dans un pays qui s’honore de respecter les différences, plus qu’ailleurs.
 
A la base de cette affaire, la chaîne publique suédoise SVT qui s’est lancée dans un périlleux exercice, en diffusant Halal-TV, une émission qui entend passer au crible les mœurs de la société suédoise.
 
Ce programme animé par trois jeunes femmes voilées, des musulmanes présentées comme profondément croyantes, s’attaquait dans son premier sujet aux différences de classe au sein de la société suédoise.
 
En tout cas, il semble bien que la pilule ait eu d’autant plus de mal à passer que l’une des présentatrices s’était déclarée favorable à la lapidation des femmes adultères, tout en se prononçant plus tard contre la peine de mort.
 
Derrière ce fait, au demeurant assez anodin, pourrait surgir un travers par la symbolique de la chose.
 
A la première main tendue aux parents étrangers succède une main qui se refuse venant d’un enfant né sur le sol suédois, suédois donc, pour un motif que l’homme de la rue ne prendra pas le temps d’analyser.
 
La forme n’étant pas mise et le dialogue devenu sourd entre les deux protagonistes, l’affaire prend du coup une autre tournure.
 
Pourtant, à la base, il n’y a que la réaction d’un homme blessé, se sentant tout bête avec sa main suspendue dans le vide, qu’une parole empathique, une excuse, une explication, aurait pu faire rentrer dans la poche.
 
Car cette femme, n’a-t-elle jamais par le passé serré la main d’un camarade de classe, d’un ami, d’un collègue de travail ?
 
Facile de se réfugier ensuite derrière les coutumes, alors qu’il s’agit d’une règle qui s’applique en général avec beaucoup de souplesse dans les grandes villes iraniennes.
 
Une anecdote qui en dit long sur la future cohabitation entre suédois de souche et "certains" suédois d’adoption.
 

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