Catastrophes naturelles & risques majeurs

par Desmaretz Gérard
vendredi 19 octobre 2018

Dans la nuit du 14 au 15 octobre, un épisode cévenol ou méditerranéen intense s'est installé sur tout l'est du Midi-Pyrénées vers le Roussillon et l'est du Languedoc. Le département de l'Aude placé en vigilance orange est passé en alerte rouge à 6 h après avoir reçu l'équivalent de trois mois de précipitation en quelques heures seulement ! L'état stationnaire de la dépression orageuse, un sol déjà saturé par des pluies antérieures et un manque de réactivité de la chaîne d'alerte sont à l'origine de 14 morts et 74 blessés. Un phénomène similaire s'était déjà abattu sur le Roussillon le 17 octobre 1940 faisant une centaine de victimes.

Les orages et les épisodes « cévenols » frappent régulièrement les départements méditerranéens de septembre à décembre. Celui d'octobre 2015 survenu dans les Alpes-maritimes y fit 20 morts, huit victimes s'étant noyées en cherchant à rejoindre leur véhicule dans un parking souterrain ! Ces précipitations sont caractérisées par des précipitations d'au moins 150 millimètres (150 litres/m2) en 24 heures ; certains pics peuvent atteindre 100 mm/h ! Ce phénomène : « est provoqué par la concomitance d'une remontée d'air chaud humide qui traverse la Méditerranée qui vient buter sur le relief du Massif central et de la Montagne noire ».

La terre connait des catastrophes depuis la nuit des temps, elle même est apparue après un cataclysme survenu il y a plusieurs milliards d'années. La chute d'un astéroïde d'une taille estimée entre 20 et 100 kilomètres de diamètre aurait entraîné un réchauffement de l'atmosphère de 600 °C pendant plusieurs semaines. Les matériaux les plus denses s'enfoncèrent lentement, tandis que ceux plus légers formèrent l'écorce terrestre qui donna naissance aux plaques et à la dérive des continents que nous connaissons actuellement. La condensation de gaz et de vapeur d'eau libéra une atmosphère pauvre en oxygène et des pluies dont l'accumulation sont à l'origine des océans.

En l'an 79, une « montagne » située dans le golfe de Naples entre les cités de Pompéi, Herculanum et Stabies entre en éruption. Les Romains ignorent le volcanisme. L'éruption propulse des milliers de tonnes de poussières et de cendres dans l'air, créant un énorme nuage occultant le soleil avant qu'une pluie de nuées ardentes s'abatte sur les alentours. Plus de 17 000 personnes meurent étouffées et ensevelies sous des pluies de cendres du Vésuve. L'énergie libérée lors de l'éruption du Krakatoa (Indonésie) en 1883 équivalait à 10.000 fois celle de la bombe atomique d'Hiroshima ! L'onde de choc fit plusieurs fois le tour de la terre, les cendres furent projetées à plus de 82 kilomètres d'altitude, les coulées se déversèrent à 800 km/h et la température chuta de 1.2°C dans l'hémisphère nord. Cette éruption suivie d'un raz-de-marée qui fit 36.000 victimes, était cinq fois moins puissante que celle de Santorin qui entraîna la disparition de la civilisation minoenne !

Les catastrophes naturelles tuent vingt fois plus que les accidents industriels et technologiques, leur coût dans le monde est estimé à 150 milliards de dollars par an (2017), et les risques augmentent avec la densimétrie de la population. Le risque majeur met en jeu un grand nombre de personnes, occasionne des dommages importants et dépasse les capacités de la réaction de la société : éruptions - inondations - feux de forêt - séismes - mouvements de terrain - phénomènes météorologiques. L'atténuation des conséquences repose sur la connaissance des phénomènes, des aléas, des lieux répertoriés dans le Plan de Prévention des Risques, et sur l'organisation préalable de la chaîne des secours : plan de sauvegarde activé par le maire de la commune et le plan Orsec déclenché par le Préfet.

En cas d'un danger imminent, les sirènes permettent 'd'alerter les habitants et de prendre les mesures de protection d'urgence. Le déclenchement du Système d'Alerte et d'Information de la Population (4500 sirènes sur le territoire) est de la compétence du Maire ou du Préfet, voire du ministre de l'Intérieur. Les sirènes émettent trois signaux successifs chacun d'une durée de 61 secondes qui se décompose de cinq hululements suivis d'une diminution du signal de 40 secondes, le quatrième signal continu d'une durée de 30 secondes marquant la fin du signal sonore. Le système d'alerte sonore est testé le premier mercredi de chaque mois à 12 heures pendant une minute. Si l'alerte est avérée, ce signal est relayé par l'émission d'un message sonore diffusé par les véhicules des services de secours et transmis par les stations radio. Les États-Unis ont mis en place, en 2012, un système d'alerte avertissant les citoyens par un message sur leur téléphone cellulaire. L'alerte « pop-up » supplante les autres SMS, elle n'est pas ralentie en cas de surcharge du réseau téléphonique et elle permet de cibler une zone géographique. En France, toute personne peut alerter en appelant le 112 à partir d'un portable : je suis (identité et lieu) - je vois... (nature de l'événement, nombre de victimes) - je fais (premières mesures prises) - je demande (l'envoi sapeurs-pompiers, SAMU, etc.).

Une inondation correspond à une montée soudaine des eaux dans une zone habituellement sèche. La montée des eaux peut être assez lente (plaine), torrentielle ou par ruissellement urbain (le débit excède les capacités d'évacuation des réseaux). Les Plans de Prévention des Risques Inondation stipulent les mesures d'urbanisme, zone bleue, possibilité de construire en respectant des prescriptions techniques adaptées au risque estimé ; zone rouge : interdiction de construire. La surveillance des cours d'eau est renforcée par un suivi de la situation météorologique. Lorsque des précipitations exceptionnelles sont prévisibles, un bulletin d'alerte météo est diffusé et les cartes de vigilance crues signalent le risque de crue : Orange, risque de débordements importants - Rouge, risque de crue majeure (www.vigicrues.ecologie.gouv.fr).

Consignes : choisir des matériaux imputrescibles - mise hors eau du tableau électrique, du chauffage, de la ventilation et de la climatisation - batardeaux pour occulter portes et bouches d'aération - clapets anti-retour sur les canalisations - amarrage des cuves - aménagement d'un point haut permettant de quitter la maison. Si une alerte est annoncée : placez vos vivres, meubles biens en hauteur, installez les batardeaux et gardez à portée de main un flotteur. Si la catastrophe survient : informez-vous - n'empruntez pas un chemin inondé (une cinquantaine de centimètres de hauteur d'eau suffit pour emporter un véhicule de tourisme) - réfugiez-vous dans un point haut - signalez-vous - portez assistance - suivez les consignes des sauveteurs.

Le feu de forêt est un incendie qui atteint une formation forestière ou subforestière (friches, maquis, garrigue) dont la surface est supérieure à un hectare (10.000 m2). Le feu de forêt peut être aggravé par : le vent, la sécheresse, la nature de la végétation, le relief du terrain, l'urbanisation, dépôts sauvages. Des arrêtés préfectoraux règlementent l'usage du feu (écobuage, barbecue, etc.), période rouge voire son interdiction. En vue de réduire les risques et pour limiter la propagation d'un incendie, le débroussaillage des terrains situés à moins de 200 mètres d'une zone boisée est rendu obligatoire, à 50 mètres autour des constructions et à 10 mètres de part et d'autre des voies d'accès et chemins privés.

Consignes : ne stockez pas de matériaux inflammables (peinture, bois, essence, etc.) proche des lieux de vie, prévoyez des moyens de lutte anti-incendie surtout si votre demeure est isolée : points d'eau, motopompe, extincteurs, « couverture », décidez d'un plan de protection et d'évacuation. En cas de risque : fermez le gaz et la cuve, s'il s'agit de bouteilles, éloignez les - remplir d'eau les baignoires, sceaux et poubelles - ouvrez votre portail - déplacez les matériaux combustibles - fermez les volets et arrosez les panneaux de menuiserie - bouchez les aérations avec chiffons humides - n'oubliez pas de prévenir les services de secours, et si le temps vous le permet, de revêtir des vêtements en textile. Si vous ne pouvez évacuer le site, réfugiez-vous à l'extérieur sur une zone déjà consumée par le feu.

Un séisme provient d'une fracturation soudaine du sol due à une énorme accumulation d'énergie qui se libère. La secousse peut entrainer des fissurations des cheminées, des murs, des sols, voire des effondrements de bâtiments. La secousse principale est suivie de répliques liées au réajustement des blocs. L'échelle de Richter mesure l'amplitude des ondes sismiques selon une échelle logarithmique. Chaque degré représente une magnitude 10 fois plus élevée que le degré précédent. Un séisme de magnitude 6 est 10 fois plus fort qu'un séisme de magnitude 5 et 1000 fois plus fort qu'un séisme de magnitude 3.

Consignes : respecter les normes parasismiques - fixez les appareils et le mobilier lourds - repérez les endroits où vous réfugier : près d'un mur et non d'une cloison, sous une poutre ou colonne porteuse, sous une table solide en vous protégeant la tête avec les bras afin d'éviter d'être atteint par un objet ou des gravas - vous tenir éloigné des fenêtres - n'allumez aucune flamme (risque d'explosion en cas de rupture d'une canalisation). S'il s'agit d'un immeuble, n'empruntez pas l'ascenseur, à l'extérieur, tenez-vous éloigné des bâtiments et lignes électriques, en région côtière, éloignez-vous en direction des terres en raison du risque de ras-de-marée.

Le mouvement de terrain est un déplacement plus ou moins brutal du sol ou du sous-sol d'origine naturelle ou résultant d'une activité humaine. Les déplacements de terrain (faille, éboulement) peuvent être lents ou rapides selon la nature géologique (ravinement, effondrement), le relief (éboulement), la présence d'anciennes carrières (affaissement), l'action éolienne, maritime, et l'érosion pluviale (glissement de terrain, coulée de boue). Le PPR réglemente les zones à risque. La construction est interdite dans les zones à risques d'éffondrement (zone rouge), permises dans les zones à risques modérés après autorisation d'occupation de sol précédée d'une expertise géotechnique et travaux de sécurisation.

Consignes : assurez-vous des risques encourus - vérifiez l'état des murs et des fondations - de la stabilisation des talus - du réseau de collecte des eaux pluviales. En cas de menace : coupez gaz et l'électricité - éloignez-vous de la zone dangereuse sans revenir sur vos pas, et latéralement - rejoindre un point haut - ne pénétrez pas dans un bâtiment sinistré. Si vous ne pouvez quitter le lieu, abritez-vous sous un meuble éloigné des fenêtres.

Cyclone (dans l'Océan Indien), ouragan (dans l'Atlantique), typhon (dans le Pacifique), tornade (au dessus des terres), autant de termes génériques pour désigner une tempête tourbillonnante autour d'un axe vertical. Des vents extrêmement violents de 118 à 350 km/h soufflent de manière circulaire parfois accompagnés de pluies diluviennes. L'arrivée d'air froid sur un sol plus chaud provoque une élévation d'air en spirale créant une forte turbulence. Le cyclone est caractérisé par une masse nuageuse pouvant s'étendre sur un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Son énergie provient de l'évaporation de la masse d'eau chaude, avec un pic de juin à novembre dans l'hémisphère nord, et novembre à avril dans l'hémisphère sud. La rotation des tourbillons est influencée par celle de la terre (force de Coriolis) ; dans l'hémisphère nord, les vents tournent dans le sens antihoraire et dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère sud. La trombe est quelque peu différente, elle présente un « entonnoir » d'un diamètre de quelques centaines de mètres sur une hauteur dépassant à peine 1000 mètres qui aspire l'eau, le sable, et les débris.

Seulement 3,5 % des communes n'ont jamais été touchées par une catastrophe, et 4.720 par an font l'objet d'au moins un arrêté de reconnaissance de catastrophe naturelle. 29.506 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle en 1999 (caisse centrale de réassurance). On peut être confronté à une catastrophe naturelle n'importe où et à n'importe quel moment. La préparation à leur survenance joue un rôle décisif dans les chances de survie : renseignez-vous sur les risques inhérents à l'endroit - conservez les numéros d'urgence, assurance rapatriement - anticipez une évacuation en catastrophe et le matériel nécessaire (cordes, échelles, flotteur, pic, etc.) à sa bonne exécution - prévoyez des vivres, des produits de première nécessité et des vêtements adaptés à la saison. Une catastrophe naturelle peut être à l'origine d'une rupture de moyens de communication, entraver les déplacements, d'une épidémie, d'un désastre économique, d'une pollution, d'une catastrophe industrielle, etc., raisons supplémentaires pour s'y être préparée.

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