CBD, tatouage... bienvenue dans l’Europe du business et du flicage

par Elric Menescire
jeudi 6 janvier 2022

 

Allez, on va finir par le dire rapidement, et avec les précautions habituelles : bonne année 2022, etc. etc.

Ceci étant fait, le 1er janvier étant aussi traditionnellement l'occasion, pour les "journalistes" qui oeuvrent dans nos "médias" français, de nous rappeler "ce qui change cette année", nous avons retenu deux faits particulièrement significatifs.

 

CBD vs LBD

Tout d'abord l'interdiction des fleurs de CBD.

Pour les retardataires du fond de la classe, sommairement le CBD (ou Cannabidiol de son nom scientifique non abrégé) est une des molécules présentes dans le chanvre indien, c'est à dire le cannabis. C'est ce qu'on appelle un "cannabinoïde", mais, à la différence du THC, autre molécule présente dans la plante et ses dérivés, le CBD est reconnu par la communauté scientifique et médicale non seulement comme non psychotrope, mais aussi comme molécule aux multiples effets thérapeutiques. Citons entre autres des effets documentés sur le système nerveux (traitement de l'épilepsie), mais aussi certaines propriétés pouvant aider à soulager les insomnies, ainsi que des effets anti inflammatoires, très précieux pour les personnes victimes de douleurs chroniques (la sciatique de votre serviteur le confirme). Même l'OMS y est allée de son petit avis, qui va dans le sens du consensus scientifique ambiant.

Tout ceci sans effets secondaires ni "défonce" donc. Le capital ne s'y est pas trompé, un tout nouveau marché très juteux s'est ainsi ouvert depuis quelque temps. En effet, en novembre 2020 un tournant s'est opéré dans l'UE : un arrêté qui a fait jurisprudence (arrêt "Kanavape") a eu pour effet de légaliser la molécule au niveau européen, après des années de bataille juridique de plusieurs producteurs et fabricants, contre un état Français aux positions bloquées et fleurant bon l'illégalisme borné.

Et on a donc vu fleurir ces derniers temps plusieurs centaines de boutiques sur tout le territoire : l'Usine nouvelle précise que le CBD est "principalement décliné en produits alimentaires, cosmétiques, e-liquides pour les vapoteuses et même alimentation pour animaux. Mais c’est sous sa forme la plus simple, les fleurs séchées, qu’il s’écoule le plus, avec 70 % des ventes des CBD shops, selon l’Union des professionnels du CBD qui rassemble 400 membres.Officiellement, les fleurs servent à être infusées, car il est interdit de les fumer. Officieusement, elles sont pour de nombreux consommateurs le moyen de combattre la dépendance au tabac ou au THC, par substitution totale ou partielle. "

Sont-ce les effets -là aussi bien documentés- des confinements et mesures liberticides successifs, que la population subit depuis deux ans, qui font que ce marché a littéralement décollé depuis 2020 ? Il semble bien que oui : « La croissance du chiffre d’affaire est impressionnante, explique Ludovic Rachou, président de l’Union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre (Uivec), qui compte une trentaine de membres. Depuis le début de l’année 2021, le secteur a engrangé entre 100 et 150 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cela devrait monter à 700 millions pour l’année 2022. »

On comptait ainsi plus de 1700 boutiques vendant du CBD en france en septembre dernier. Et, détrompez-vous, pas uniquement à des jeunes en manque de haschish ou de sensations fortes, : de nombreuses personnes âgées l'adoptent.

Un nombre considérable et en constante expansion, générateur d'activité et d'emploi. Et ne parlons même pas de la filière de production française, à la traîne par rapport à la Suisse par exemple, qui commençait à se structurer, avec des centaines de producteurs dûment certifiés, malgré une pression policière et parfois judiciaire confinant au délire : perquisitions itératives dans les CDB shops, voire procès, via des arrêtés préfectoraux changeant d'une région à l'autre, criminalisant tel commerçant, ou légalisant tel autre...en totale contradiction avec le droit européen, d'ailleurs..

Surprenant, de la part d'un gouvernement aussi européiste que celui que nous subissons depuis cinq ans, non ?

Mais ceci n'était qu'un avant-goût hélas : un arrêté du 30 décembre 2021 portant application de l'article R. 5132-86 du code de la santé publique, passé très rapidement à la fin de l'année, interdit totalement la vente de fleurs de CBD aux particuliers en France.

Les motifs invoqués ?

"la France, contrairement à l'Europe, justifie « par des motifs d'ordre et de santé publique » cette interdiction, car il serait "impossible de savoir si le consommateur détient du cannabis stupéfiant ou du chanvre bien-être."

On croît rêver : les chantres de l'européisme, ceux qui disaient qu'il n'y avait aucun recours contre les traités européens, se mettent aujourd'hui délibérément hors-la loi, pour des motifs aussi futiles que l'impossibilité de distinguer le vrai cannabis (qui défonce) du faux (qui détend). Alors que de nombreux exemples nous prouvent que, bien sûr, c'est totalement faux : lors des contrôles en suisse par exemple, il suffit de quelques secondes aux policiers pour déterminer, à l'aide d'un simple test peu coûteux et très efficace, s'il s'agit d'une fleur contenant du THC ou du CBD. Et ce depuis ...2017. Mais bien sûr, pour ça, il faudrait investir.

Or, on ne peut pas commander pour des millions d'euro de matériels de "gestion démocratique des foules" pour la police, et, en même temps ne mettre que quelques centaines de milliers d'euros dans des tests permettant de pérenniser une filière génératrice de bien-être pour la population, autant que de dizaines de milliers d'emplois directs et indirects.

Manifestement, le gouvernement a choisi ses priorités.

Pour résumer, nous avons un gouvernement qui condamne à mort des milliers de commerçants, qui refuse aux citoyens les bienfaits d'une substance reconnue comme non addictive (à la différence des antidépresseurs et autres saloperies qui sont vendues en quantités industrielles et remboursées par la Sécu) et ce d'un trait de plume, en s'asseyant sur un droit européen qu'il met en avant à tout bout de champ par ailleurs, comme par exemple pour justifier la destruction/privatisation des Services Publics de la Santé, de l'éducation et j'en passe.

Et vous n'avez encore rien vu !

 

Tatoue pas compris

Autre exemple pas moins éloquent : les encres de tatouage.

Cette fois, c'est un nouvel arrêté européen qui entre en application en janvier : l'interdiction pure et simple, pour des motifs "de santé publique", de 27 pigments de couleur utilisés dans la plupart des salons de tatouage, ainsi que de plus de 4000 substances entrant dans la composition et l'utilisation de ceux-ci.

Les profesionnels du secteur n'ont-ils donc pas attendu avec fébrilité l'annonce du gouvernement, comme quoi il contreviendrait, comme il l'a fait pour le CBD, à ce nouvel arrêté européen ?

Vous vous en doutez, dans ce cas précis, que nenni : l'arrêté sera bien appliqué.

Vous comprenez, c'est la santé de nos concitoyens, et uniquement celle-ci, qui nous préoccupe. Rien d'autre !

Peu importent à ce gouvernement d'amateurs les plus de 5000 salons français de tatouage qui vont devoir légalement mettre la clé sous la porte. Je dis légalement, et c'est ici le mot important : nombre d'entre eux vont pratiquer une activité qui tendait déjà à augmenter, j'ai nommé le tatouage au black, dans un cadre privé, de la main à la main quoi. Donc sans aucun contrôle, avec des encres importées encore plus nocives que les encres incriminées...et même si le consensus scientifique est relativement acquis sur ce sujet, les alternatives demandées par des tatoueurs reconnus ne semblent exister...que sur le papier à en-tête de l'UE, pas dans la réalité. 

Car un autre problème pointe le bout de son nez ! La mise aux normes qu'on exige des tatoueurs demande du temps. Un temps qu'ils n'auront pas, eux. A l'inverse d'autres domaines où les favorisés pullulent : on a ainsi laissé considérablement plus de temps aux acteurs de la filière internet pour se retourner, lors de la mise en place du RGPD venu d'europe là aussi, qu'on en laissert aux tatoueurs et autres boutiques de CBD. Le retard de mise en application du règlement RGPD sur la protection des données personnelles, qui concerne des millions de sites marchands, pour des milliards de chiffre d'affaires, n'est pas anecdotique. Le délai initial de deux ans, a été repoussé aux calendes grecques, pour que les sites se mettent en conformité, et les contrevenants sont peu voire pas contrôlés du tout par le gouvernement, au travers de la CNIL, et par l'UE, promotrice du texte. Pour les tatoueurs, c'est allé bien, bien plus vite et plus fort : en moins de six mois leur sort était réglé.

Mais que pèsent quelques milliers de punks à chiens (ou pas) tatoueurs et tatoués, face au business florissant des GAFA et autres mastodontes du numérique ? 

Ceci nous amène à la conclusion suivante..

 

Le prétexte de la Santé pour un flicage généralisé

On assiste aujourd'hui à une dérive plus qu'inquiétante de l'UE des marchés et de la finance. Une dérive reprise consciencieusement par le gouvernement français, qui consiste à prétexter la santé publique pour ratiboiser, détricoter, limiter, féodaliser, lier des secteurs entiers de l'activité aux mains des marchés et de la finance...

De la même manière que le prétexte de la Santé Publique a imposé un pass sanitaire qui a démontré son incroyable efficacité (pensez donc : + de 300 000 contaminations par jour, c'est que ça doit marcher, non ?), et que bientôt on imposera un pass vaccinalpour la même raison officielle... on prétexte de la santé publique sur les routes pour augmenter exponentiellement les radars (augmentation alors que le chiffre des morts sur la route stagne depuis 8 ans) , ou on prétexte de la Santé publique pour les encres de taouage pour les interdire ...

Mais mais mais, quand ça heurte les convictions réactionnaires du président des ultra riches, plus question de prétexter "la préoccupation de l'état de santé de nos concitoyens" pour faire le ménage : que ça soit sur la tabac (jamais interdit, malgré le nombre hallucinant de morts chaque année, ving fois minimum celui des accidents de la route), l'alcool (idem, c'est un fléau bien documenté mais de moins en moins régulé, la preuve, ils ont même rétabli la publicité alors qu'elle était interdite durant des décennies !), on a de ce côté droit à minimum 1 covid par an en nombre de morts  et ce, sans aucune autre mesurette que celle d'augmenter le prix de la cigarette (histoire de plus se gaver parce que vous comprenez, autant être faux-cul jusqu'au bout !) ou de dire aux centaines de chauffards alcoolisés qui tuent des familles entières chaque annnée que "c'est pas bien ça hein, vous ne le referez plus !", ainsi qu'éventuellement leur filer quelques années de taule, et de continuer à autoriser la conduite avec de l'alcool dans le sang...

Il s'agit bien ici des deux mamelles de l'état français, et de son donneur d'ordres, l'UE des marchés et de la finance : business et matraque.

Quand l'un est trop important, il n'y a en fait aucune raison d'arrêter quoi que ce soit. 

Mais quand l'argument idéologique (ou électoral, comme avec le CBD) entre en jeu, là c'est l'inverse qui se passe : on use des pires méthodes réactionnaires, voire on se met dans l'illégalité au mépris du droit européen, qu'on encense par ailleurs. Mais surtout, on use et abuse des méthodes les plus modernes, celles qui nous pendent au nez depuis que nos dirigeants lorgnent avec un intérêt de moins en moins dissimulé vers le crédit social mis en place en Chine, qui n'a plus de "communiste" que le nom. 

Un flicage brutal, avec les moyens gigantesques offerts par la puissance combinée de l'IA, des GAFA, et de tout ce que le petit monde du numérique connecté ultra branchouille en permanence dans le coup, nous "innove" à longueur de temps. La 5g, les objets connectés, du rouleau de papier cul au trousseau de clés (et je n'invente absolument rien !), en passant par le frigo et les caméras à tous les coins de rue.

Un flicage généralisé, un iceberg du contrôle de population gigantesque, dont le Qr Code et le pass vaccinal ne sont que la partie émergée...et qui a vocation, bien sûr, à se généraliser, comme nous l'apprend ce document édifiant issu directement du site officiel du gouvernement canadien. On y apprend que "dans le cadre des efforts déployés par la Chine en faveur d'une gouvernance axée sur les données, le système de crédit social pour les entreprises (SCSE) doit être un système unique et normalisé fondé sur la réputation pour les entreprises locales et étrangères qui font des affaires en Chine, garantissant leur conformité réglementaire et améliorant leur comportement d'entreprise."

En gros, le crédit social à la chinoise se doit dêtre appliqué par les entreprises qui veulent faire du business avec le nouvel eldorado mondial, ni plus ni moins. Mais aussi par les entreprises chinoises qui viennent s'installer dans le pays ciblé (ici le canada) !

Et inutile de dire que "ça ne se passera jamais en france". Quand j'entends ça, en général j'ai tendance à me préparer physiquement (resserrage des sphincters) et moralement (achat de sucreries) car je sais qu'on y aura droit dans quelques mois. N'oublions pas que dans un récent rapport issu du Sénat, plusieurs parlementaires issus de la "délégation sénatoriale à la prospective" se félicitaient du pass sanitaire, de "son acceptation par 60% de la population", et préconisaient, en cas de "nouvel épisode de crise", tenez-vous bien :

"de recourir bien plus fortement aux outils numériques dans le cadre de la gestion des crises sanitaires ou des crises comparables (catastrophe naturelle, industrielle, etc.), notamment en vue de contrôler au niveau individuel le respect des mesures imposées par la situation, et y compris si cela implique d'exploiter des données de manière intrusive et dérogatoire.(...)

Dans un tel exemple, des technologies intrusives sont nécessaires, et des traitements de données dérogatoires aussi : il s'agit en effet de croiser des données personnelles, y compris des données sensibles relatives à l'état de santé, avec des données de géolocalisation et des données bancaires. Rien d'impossible techniquement, et rien de très exceptionnel en comparaison de ce que font les GAFA à des fins purement commerciales mais, s'agissant de l'État, de l'intérêt général et de la santé publique, il s'agirait d'une grande nouveauté.

Il ne s'agit là que d'un exemple parmi de multiples possibilités(...)

On voit le schéma général qui est en train de se dessiner, non ?

 

Conclusion : bonne année 2022, et profitez-en bien

Comme le dit si bien Emmanuel Todd : le gouvernement n'ayant plus aucun pouvoir économique, on joue tous les cinq ans une pièce de théâtre pour faire croire aux gens qu'ils décident quoi que ce soit en élisant un président qui fera, au final, comme ses prédecesseurs. Qui fera passer l'appauvrissement de la population par la force, en usant de toutes les méthodes possibles et imaginables, pour détourner l'attention de son impuissance, à changer réellement le seul quotidien qui vaille des français : celui de leur situation économique.

Nous en sommes là, et bientôt, quelque chose me dit que nous regretterons amèrement le temps où nous pleurions seulement nos fleurs de CBD et nos tatouages...

Alors, pour ce que ça vaut à toutes celles et ceux qui me liront (ou pas) : bonne année quand même !


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