Ce que cache la posture identitaire en démocratie française

par Phileas
lundi 2 août 2010

Lorsqu’une société ne parvient plus à résoudre ses problèmes économiques ou se refuse à entrevoir de véritables issues ; la solution qui s’en suis généralement est la fuite à la recherche de boucs-émissaires.

Ainsi lorsque Nicolas Sarkozy a lancé cette thématique sur l’identité nationale, à travers son ministère de l’immigration, il a révélé une certaine forme d’échec et montré son incapacité à répondre à la crise financière. Le tout libéralisme ayant fait long feu, comme le volontarisme politique, son corollaire.

Aujourd’hui, il poursuit ses effets d’annonce avec le dernier en date : la suppression de la nationalité française pour certains délinquants criminels d’origine étrangère, n’hésitant pas à parler de "guerre nationale" ; une proposition quasiment impossible à mettre en oeuvre dans une démocratie moderne.

Hier on s’en prenait au football et à l’équipe de France qu’on trouvait pour la moins trop colorée et qu’on qualifiait de racaille (Porte-parole des jeunes UMP). La même équipe de France qu’on avait loué en 1998, au point de projeter le visage de Zidane, un algérien de souche, sur le frontispice de l’Arc de Triomphe.

Des politiques sans imagination, s’engouffrent dans la brèche et affirment que l’état de notre pays est similaire à celui de l’équipe de football censée nous incarner.

Des constructions de ce type, montrant une incapacité politique des pouvoirs en place à faire face aux crises, sont nombreuses dans l’histoire et particulièrement en Europe. On sait généralement où cela mène. Dès 1914, la stigmatisation d’un pays étranger ennemi comme responsable des maux de la Nation expérimenta la guerre totale et eu comme conséquence la fin tragique que l’on connait. La stigmatisation de l’étranger et du Juif à la fin des années 20 déboucha sur le succès du nazisme en Allemagne.

Ce qu’on observe dans la société française de ce début de siècle est très dangereux et Nicolas Sarkozy, d’un point de vue politique, en est l’un des responsables. En voulant récupérer le socle traditionnel des voix frontiste, il lui donne une légitimité nouvelle, une caisse de résonnance sans précédent et fait de leur idéologie une cause nationale. C’est très dangereux d’un point de vue politique. Car s’il échoue en 2012 à retrouver une nouvelle thématique de campagne, il est presque inévitable que les prochaines élections prendront comme thème principal et récurent, le débat identitaire. Il rendra alors légitime la parole d’exclusion portée par Marine Le Pen et de cette nouvelle droite incarnée par Eric Zemmour. La fameuse expression à l’emporte-pièce « sans tabou » que Nicolas Sarkozy affectionne tant, prendra alors tout son sens.

Cela ne coûte jamais très cher de parler de l’immigration et de stigmatiser une partie de sa population. Lorsqu’on agite ces problèmes identitaires-ci, on risque de faire lever des forces monstrueuses qu’on ne peut plus arrêter. C’est ce qu’a fait Nicolas Sarkozy et ses sbires en plaçant les problèmes de l’insécurité et de l’identité au centre du débat électoral

Souhaitons que les électeurs qui sont des gens raisonnables et qui aiment leur pays ne marchent pas dans la combine.

 


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