Cécilia Sarkozy sur les pas de Lady Di et Jackie Kennedy

par Sparte Furia - Cherry Etoile LRT for Luc Binsinger
jeudi 26 juillet 2007

Dans l’affaire des infirmières bulgares, Luc Binsinger, maire de Saint-Nicolas-de-Port, ose dénoncer le chantage du colonel Kadhafi, tandis qu’il fait un parallèle intéressant entre Cécilia Sarkozy et Jackie Kennedy.

Emprisonnés depuis huit ans, torturés, puis condamnés à mort, à tort, pour avoir prétendument inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants de l’hôpital de Benghazi, les cinq infirmières bulgares et le médecin d’origine palestinienne ont été libérés par la Libye ce mardi 24 juillet. Les ex-prisonniers se sont immédiatement envolés pour l’Europe à bord d’un avion de la présidence française en compagnie de Cécilia Sarkozy, épouse du président français, du secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, et de la commissaire européenne aux Affaires extérieures, Benita Ferrero-Waldner.

Rappelons que le Haut Conseil judiciaire libyen avait commué la semaine dernière en prison à vie la condamnation à mort des six accusés. C’est cette décision qui a pu permettre leur rapatriement en vertu d’un accord de 1984 sur les échanges de prisonniers. À leur arrivée à Sofia, les condamnés ont été aussitôt graciés par le président bulgare.

L’escalade au chantage de Kadhafi

Derrière cette heureuse nouvelle se cache une réalité plus abrupte tant les négociations ayant permis cette libération n’ont pas été simples et restent obscures.

Si Nicolas Sarkozy, président français, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne saluent aujourd’hui « le geste d’humanité de la Libye et de son plus haut dirigeant et s’engagent à tout faire pour aider les enfants atteints du sida“, ils ont eu maille à partir dans cette guerre des nerfs et ce n’est pas là le moindre de leurs mérites que d’avoir su résister. Le chantage exercé par le chef d’État libyen, Mouammar Kadhafi, ne dupe d’ailleurs personne sur la sincérité de sa soudaine « humanité ».

Au-delà du million de dollars attribué pour chaque enfant contaminé, et que nous pouvons comprendre, soit 400 millions de dollars au total, le colonel Kadhafi, à la diplomatie très singulière, n’a eu de cesse de renchérir sur les conditions de libération des otages, exigeant toujours plus et réussissant finalement à obtenir les engagements de la France et de l’Union européenne sur une aide à l’équipement de l’hôpital de Benghazi et aux enfants atteints du sida, mais aussi sur le renforcement des relations économiques et commerciales entre la Libye et l’Europe.

Chantage et marchandage de vies humaines particulièrement sinistres, quand on sait que la vie de six innocents en dépendait, que la communauté internationale s’était mobilisée en leur faveur, et que le colonel Kadhafi a été impliqué - par le passé - dans des actes terroristes. Après avoir fait de ses prisonniers des otages politiques et réussi par la même occasion à faire plier l’Occident, le colonel Kadhafi sort de cette histoire en héros bienfaiteur, mais un héros sans gloire et sans éclat.

Cécilia Sarkozy sur les pas de Lady Di et Jackie Kennedy

Il est des décisions, dont on ne sait si elles sont bonnes ou mauvaises que lorsqu’on en voit le résultat. L’intervention de Cécilia Sarkozy en Libye et sa légitimité à intervenir ont été vivement critiquées. Mais la stratégie a été payante et l’histoire lui donne raison. Les otages innocents ont été libérés et n’est-ce pas là tout ce qui compte ?

Que l’on soit pour ou que l’on soit contre, elle donne aussi raison à un président de la République éclairé, qui a su voir l’intérêt d’une opération séduction sur une opération commando. Car c’est bien un tour de magie qu’il fallait réaliser, plus qu’un tour de force.

Que l’on soit pour ou contre, elle donne encore raison à un Nicolas Sarkozy qui a osé moderniser les fonctions de la première dame de France, de surcroît dans un rôle humanitaire qui lui réussit et qui n’est pas sans rappeler ceux qu’occupaient Lady Diana et Jackie Kennedy.

Pour autant, cette réussite personnelle dans cette affaire grave ne doit pas nous faire oublier le travail collégial et remarquable accompli pendant huit ans par les médias, les institutions, le président bulgare Georgui Parvanov, l’Union européenne et Benita Ferrero-Waldner, les ONG telles qu’Avocats sans frontières ou celles de défense des droits de l’homme, les chefs d’État, les 114 lauréats du prix Nobel qui ont adressé une lettre ouverte au colonel Kadhafi dans le magazine Nature, les scientifiques, notamment les professeurs français Luc Montagnier (codécouvreur du sida) et italien Vittorio Colizzi qui, par une enquête, ont pu conclure que la contamination résultait essentiellement des mauvaises conditions sanitaires, et qui observaient également que cette contamination avait débuté bien avant l’arrivée des infirmières bulgares (certains enfants n’avaient d’ailleurs jamais été soignés dans leur service), ainsi que les nombreux réseaux de soutien à travers le monde dont la liste est trop longue pour être citée.

Moi, Luc Binsinger, je n’ai qu’un seul mot à dire : MERCI.


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