Celui que personne n’a vu venir...

par Dante
samedi 1er avril 2017

Le héros de Hegel est celui qui a su comprendre, ou plutôt intérioriser l’âme du temps, le Zeitgeist. Il est en parfaite adéquation, souvent à son insu, avec les circonstances et les aspirations, conscientes ou inconscientes, d’un peuple à un moment donné. Il surgit dans son histoire par la ruse de celle-ci, parfois de nulle part, mais il surgit pourtant parce qu’il a un sens. Croyant façonner l’histoire, il n’en est en réalité que l’instrument. Si Hegel avait pu assister de son vivant à l’incroyable épopée de Gandhi, nul doute qu’il eût classé celui-ci au rang de ses héros.

Ces crises incessantes qui ont scandé ces dernier mois le temps politique dans le cadre d’une présidentielle qui ne ressemble à aucune autre, ces masques qui tombent, ces défections et revirements, ces politicards de la haute sphère qui apparaissent sous leur vrai jour, ce temps qui s’accélère, ne sont pas sans rappeler certains chapitres typiques de l’histoire ; ils ne sont en aucun cas anodins. Cette époque est celle d’une crise terminale. Celle où Jean-Sans-Terre, trônant benoîtement entre son scooter et sa maîtresse hystérique au nom de bulldog allemand, se voit imposer la Magna Carta.

Il s’agit en l’espèce de la désintégration du courant idéologique qui a essentiellement structuré toute la vie politique, française et dans une certaine mesure occidentale, de ces dernières décennies, à savoir une certaine gauche franc-maçonne, anticléricale, mondialiste ou encore terranoviste, selon ses divers parures et avatars, allant de Jules Ferry à notre cher pensionnaire de l'Elysée, en passant par Delors, Mitterand, Manuel Valls et tant d’autres, celle-là même qui, la Charte des droits de l’homme pour arme d’évangélisation et l’hypocrisie crasse pour art de vivre, a fourni les soubassements idéologiques à de petites merveilles telles que, pêle-mêle, la colonisation, la privatisation massive, le libre-échangisme, la dérégulation financière, la suppression de toute référence au sacré, l'individualisme comme fin en soi ou encore la marchandisation de l'humain. Elle est en train de crever et on ne la pleurera pas…

Ainsi que Nietzsche à l’avènement de la modernité se demandait par quoi remplacer Dieu, la question à présent est de savoir ce qu’on va bien pouvoir mettre à la place d’un UMPS en putréfaction, dont les apparatchiks se vautrent dans le fric et la cupidité, traînant leur sénescence de Siècle en Siècle, de dîner de CRIF en dîner de CRIF, et de Davos en Bilderberg pour les plus chanceux et les plus doués d’entre eux, et ne tirent plus leur légitimité que de leur appartenance à telle loge, à tel cénacle, à tel réseau para-mafieux.

Si mécaniquement et dialectiquement, le pouvoir finit toujours par revenir à celui qui le mérite, face à cette nomenklatura décadente et sclérosée, la force et le renouveau sont aujourd’hui incarnés par tous ceux qui ont continué à porter leur vision envers et contre tout, aguerris par des années à prendre dans la gueule toutes les forces vives du système. Ce sont ceux qui doivent endosser la charge de la preuve vis-à-vis d’un système qui démontre pourtant, jour après jour, sa nature délétère et son inefficacité. Forcés de se surpasser, ils sont devenus par la force des choses autrement plus compétents, persuasifs, dignes et cohérents que leurs adversaires. Il suffit de comparer Jacques Sapir à Alain Minc ou Dupont-Aignan à Cohn-Bendit. Toutes ces voix dissidentes semblent in fine appuyer leur légitimité sur un atout rare qu’a la France par rapport à beaucoup d’autres nations tentées par l’expérience souverainiste, et qui lui permettra peut-être, contrairement à d’autres comme l’Espagne par exemple, d’y parvenir : une référence pratiquement incontestée, celle de de Gaulle.

La thèse souverainiste-identitaire a d’ores et déjà triomphé dans la nouvelle génération. Disons de manière très caricaturale que l’icône Marion-Maréchal a déjà pris le pas sur l’icône Nabilla. Les entertainers Canal+, se ringardisant à vue d’œil, la connerie facile n’ayant qu’une vie limitée, s’accrochent désespérément à leur fauteuil. Ils ne se seront jamais vraiment remis en fait du retrait du vieux Le Pen de la vie politique, ne pouvant désormais plus dissimuler, à mesure que la mer se retire, que leur mission publique et solennelle de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne masquait qu’une inanité pathétique.

Cela ne veut en aucun cas dire que le FN a plus de chance que Macron de gagner dans la configuration du 2e tour qu’on essaye par tous les moyens d’imposer, loin s’en faut, si on tient compte de la très grande force d'inertie qui caractérisent les changements idéologiques et paradigmatiques, le point de basculement ayant été franchi assez récemment. Pour reprendre le cas de Nietzsche, entre l’époque où celui-ci déchaînait les passions avec ses discours sur la mort de Dieu et le moment où cette réalité est arrivée à pleine maturité en mai 68, pas moins d’un siècle s’est écoulé. Aujourd’hui tout va beaucoup plus vite bien sûr, mais il faudra le temps que les gens prennent acte du changement et reconnaissent l’avant-garde, que les professionnels du retournement de veste comprennent que le vent a tourné et migrent massivement vers ce qui représente l’avenir, complétant ainsi le basculement définitif. L’énorme chantier de redéfinition identitaire s’ouvrira alors dans toute son ampleur, et d’innombrables nouvelles voix viendront s’y joindre. Mais pour l'heure, pour qu’elle ait une chance de l’emporter, Marine Le Pen devrait en gros changer son nom et celui de son parti, et surtout Il faudrait que, sur la classique ligne droite-gauche – qui n’a plus de pertinence que dans l’imaginaire collectif – elle trouve à sa droite un candidat véritablement d’extrême-droite. Il existe pourtant en la personne de Henry de Lesquen, mais malheureusement pour elle, ce dernier ne s’est pas qualifié et personne ne le connaît. Et quand bien même elle venait à passer le premier tour, on lui ressortira une petite affaire qu'on a gardée sous le coude, bien au chaud, suivant un timing très précis, probablement vers le début de l'entre-deux-tours.

Voilà en tous cas qui explique l’apparition soudaine d’un Macron jouant la carte du post-politique hors parti, ayant bien compris que, pour mener une dernière fois les politiques libérales-mondialistes dont plus personne ne veut, il était nécessaire de s’affranchir du paravent des partis politiques auxquels cette idéologie reste fortement associée dans l’esprit des gens. Mais la mayonnaise peine à prendre ; à son grand dam, les électeurs se sont assez vite rendu compte de l’arnaque. Aussi son seul noyau dur électoral plausible est-il constitué aujourd’hui, d'une part, du premier de classe HEC iPhone7isé et bien propre sur lui, suintant la suffisance, intéressé et surtout très naïf quant aux possibilités de faire prospérer une start-up en ce stade terminal du capitalisme financiarisé, et d'autre part, de l'éternelle Madame Michoux, celle qui enregistre Dynastie quand elle amène Brigand (le toutou à sa maman) chez le coiffeur canin, qui trouve « qu'il parle quand même bien », et qui ne lui sera jamais assez reconnaissant de venir alimenter ses fantasmes flasques aux côtés de Jean-Marc, le prof d’aqua-gym. Une minorité donc, mais qui pourrait très vite se muer en majorité s’il était rejoint par la masse que se disputent les autres candidats « du système », une catégorie essentiellement âgée et/ou accrochée à son patrimoine, qui ne redoute rien de plus que le changement brutal que signifierait, par exemple, une sortie de l’euro. En tous les cas, au vu des efforts impressionnants déployés par l’oligarchie dans la défense du projet Macron, il est difficile de ne pas y voir un plan allant au-delà du simple quinquennat : le sens et l’apothéose du produit Macron pourrait être, dans ce contexte, la revente d'Areva, en faisant sauter un par un les puissants cadenas de son actionnariat grâce à des complicités à tous niveaux, à quelque fond souverain déguisé, israélien peut-être, par le truchement de quelque BlackRock de circonstance, ou alors une privatisation de l’armée et sa transformation en divers Blackwater à la française, à l’occasion de laquelle celui-ci se vanterait sous l’air des tambours des économies ainsi réalisées par l’Etat ; de quelque coup d’éclat qu’il s’agisse, ce sera en toute logique un acte destiné à dissuader définitivement la France de toute velléité d’indépendance.

Qu’en est-il des autres « grands candidats » ? En dehors de son grain de voix sympathique, Hamon n’a guère à apporter que le fameux revenu universel qui – au-delà de son bien-fondé largement contestable et contesté, puisque financé en principe par la base active, pour changer, et certainement pas via une quelconque taxe Tobin –, s’il venait à être adopté, terminerait tellement amendé que, dans la pratique, rien quasiment ne changerait par rapport à la situation actuelle.

Mélenchon, quant à lui, semblait déjà acter sa défaite à l’issue du « grand » débat, prisonnier d’une composante électorale bobo-sociétale réfractaire à toute remise à jour, dont le GPS restera éternellement bloqué sur les cartes des années 50, pour qui l'ISESCO est soit une fiction de l'imaginaire fasciste, soit une œuvre de bienfaisance, ou encore d’antifas et assimilés, jamais issus des quartiers difficiles, très fiers de n’avoir que 14 fascismes de retard, pour qui Pasolini n’est sans doute qu’un acteur porno de plus, et qui, en fait de fascisme, n’ont sûrement aucune connaissance de la volonté de la Commission d’imposer la fin de l’argent liquide pour l’année prochaine. Sa crédibilité annihilée par des bisounourslandais qui se font violence pour adapter la réalité à leurs idéaux, il ne lui sera pas permis en l’état de peser dans le débat et de porter la réincarnation de Georges Marchais.

Eminemment regrettable, la lutte des classes étant plus que jamais d’actualité, la prédation financière et les inégalités sans précédent plus que jamais à dénoncer, et la planification écologique, qui n’est certes pas l'invention de Mélenchon, mais dont il porte la formalisation politique, constituant probablement la seule et unique voie de salut pour la planète. Sans compter la réinvention d’une démocratie réellement participative avec pleine implication de la société civile, l’appropriation de la constituante par la base ou l’introduction – même timide – du principe du tirage au sort. Quand bien même il se retirerait de la politique comme certains le croient, Mélenchon aura de toute façon réussi le tour de force de faire bondir la véritable gauche de 20 ans en avant, à faire accepter, par exemple, qu’une armée est nécessaire pour assurer sa protection. A la prochaine présidentielle, son successeur arrivera même peut-être par faire accepter que ledit multiculturalisme n’est pas uniquement une richesse pour la France, mais ce sursaut quantique qui leur permettrait de passer des années 70 au XXIe siècle pourrait-il survenir sinon à la faveur d’une guerre civile, quand il sera déjà trop tard ?

En résumé, avec deux candidats se disputant le cadavre de la gauche mondialiste, l’un au volant du corbillard PS, l’autre d’une rutilante limousine, qui ne cessent de se tirer mutuellement dans les pattes, un troisième candidat globalement sur la même ligne à quelques nuances près au niveau de la politique étrangère, ayant désormais perdu toute légitimité, un Mélenchon résigné portant sa croix, c’est-à-dire un électorat incapable de surmonter ses propres contradictions, et une Marine Le Pen dont l’heure ne pourra venir que devant l’imminence d’une guerre civile, il n’est pas du tout exclu que les « petits candidats » puissent à cette occasion connaître leur heure de gloire.

Or, parmi ces petits candidats, pratiquement personne ne pourrait faire l’unanimité : Asselineau, fort d’un clair héritage gaulliste, d’une sincérité et d’une intégrité difficilement contestables, excellent pédagogue portant une dénonciation tout à fait légitime, se trouve dépourvu de charisme et incapable de produire un discours ne contenant pas le mot « article ». Une politique presque entièrement basée sur la sortie de l’UE, de l’euro ou de l’OTAN, quelle que soit la pertinence de ce choix, ne parle sûrement pas à Madame Michu. Enfin, son programme épars, sans grande vision d’ensemble – en dehors du thème de la souveraineté –, tout particulièrement sur la question écologique, pourtant fondamentale, constitue une lacune quasiment rédhibitoire. Sa base électorale pourra difficilement s’étendre au-delà de son cercle d’ex-abstentionnistes cultivés et dévoués pour lequel il ferait du reste un excellent président. Dupont-Aignan, quant à lui, très crédible dans son intégrité, son efficacité gestionnaire et son potentiel de restructuration de la droite traditionnelle gaulliste, voudrait récupérer les voix de droite rangées derrière Fillon, lesquelles, comme dit précédemment, ne le rejoindront probablement pas, vu sa remise en cause de l’euro, quand bien même il promet de n’aller qu’à mi-chemin dans la désolidarisation. Enfin, Jacques Cheminade, trop atypique, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, qui ne s’adressent qu’à des catégories très spécifiques, ne pourront faire, sauf miracle, que des scores anecdotiques.

Pratiquement personne donc, sauf celui que personne n’attendait : Jean Lassalle. Un homme dont il est difficile de ne pas rapprocher la trajectoire de celle de Gandhi. Il ferait même en l’occurrence un peu plus fort que lui, dans la mesure où Gandhi était issu d’une certaine bourgeoisie et avait été formé dans une école d'avocats en Angleterre, alors que Jean Lassalle provient de la plus profonde ruralité et exerçait à ses débuts l’un des métiers les plus humbles, nobles, traditionnels et mythiques. Il s’est nécessairement forgé durant ces années de gardiennage des capacités d’observation hors du commun, une acuité au vent qui se lève, aux orages qui se forment et aux insurrections qui montent…

Force est d’admettre que Lassalle domine les confrontations avec les journaleux. Rompus à l'exercice de la désinformation et de la décrédibilisation, ils n’arrivent pourtant pas, à leur grand désespoir, à l’attirer dans leurs pièges éculés, le bien sûr célébrissime « pour qui vous voterez au second tour, Macron ou Le Pen ? », mais également les autres, légèrement plus subtils et pernicieux, qu’il déjoue naturellement, non pas en esquivant, en affrontant ou en dénonçant, mais en les dépassant par le haut. Même Yann machin, la légendaire pervenche frustrée qui sanctionne d’un impitoyable « odieux », « choquant », « nauséabond », « abject », « immonde », « exécrable », « infâme » tout écart du cadre réglementaire de la pensée, n’est pas parvenu à lui exécuter son énième numéro de bien-pensance bon marché sur le thème de la Syrie. Il est vrai qu’un de leurs grands patrons l’a légitimement classé parmi les personnalités dangereuses et irrécupérables après qu’il a eu l’indélicatesse de refuser son enveloppe, pourtant conséquente. Devant cette singularité inédite, ces malheureux chroniqueurs, définitivement terrassés par leur incapacité à le classer dans leurs petits tiroirs, ont malencontreusement « oublié » de l’inviter ou d’y faire la moindre allusion pendant les premiers mois de la campagne. Rien dans leurs écoles de journalisme, ni dans leurs fiches reprenant les questions faussement embarrassantes pour le candidat à mettre en avant et les chiffres bidons à balancer à celui à éliminer, ne les avait préparés à se confronter à un personnage sincère qui exprimerait des vérités simples et péremptoires et distillerait une sagesse ancestrale sur un mode lyrique. Là où Macron – formé par du coaching en communication à l’américaine et émerveillé par son idole Obama, à côté duquel il reste néanmoins qu’un mignon petit bleu – séduit et confond par la PNL et les inductions hypnotiques, Lassalle impose le respect par l’autorité spirituelle qu’il a conquise pas après pas. 

A ceux qui répliquent qu’il manque d’expérience, je ferai remarquer deux choses : tout d’abord qu’un certain inspecteur général de la finance – qui, en fait d’expérience politique, a passé au minimum une vie entière dans les coulisses du pouvoir, au point que celles-ci exhaleront encore quelques années durant les relents de la fondue bordelaise avariée qui croupit sous son crâne dégarni – ne savait pas si shadow banking était l’album live de Lady Gaga ou le nom d’un chapitre des Hell’s Angels, et n’y avait-il pas aussi un autre super expert, du Medef cette fois, qui avait juré sur la Bible, pin’s à l’appui, que les emplois seraient aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer si l’on suivait les super politiques élaborées dans des super cabinets par des super conseillers qui s’y connaissent super bien ? Ensuite que Jean Lassalle, qui est devenu le plus jeune maire de France à l’âge de 21 ans (toujours réélu depuis) puis le plus jeune député, ainsi que président d’une association d’envergure mondiale, a tout de même quelques expériences sérieuses à son actif.

Ce sont précisément ces pseudo-experts auto-proclamés monopolisant la légitimé de la parole publique que le peuple veut aujourd’hui envoyer à la décharge. Dans les meetings Mélenchon et ailleurs, le message est on ne peut plus clair : les Français veulent dégager la caste sclérosée des professionnels de la politique et déverrouiller le système, ça a été sans cesse confirmé, ne serait-ce que par les résultats des primaires à gauche et à droite sur lesquels les sondages réputés infaillibles se sont plantés comme à leur habitude. Et l’interminable chapelet de scandales Fillon ne changera certainement pas cette réalité. Ce n’est pas prendre un risque démesuré que d’affirmer qu’aujourd’hui ce dont a besoin par-dessus tout la plus grande partie des Français, c’est de quelqu’un d’honnête, intègre, vrai, fort, en qui ils puissent confier la défense de leurs intérêts sur la scène internationale, capable de tenir tête aux puissances occultes et moins occultes et qui ne délaissera pas la France dite périphérique, les laissés-pour-compte de la mondialisation, comme l’ont fait tous les prédécesseurs. Un chef d’Etat plus qu’un simple chef de gouvernement, qui imprimera une force morale et ressuscitera l’optimisme. Or Lassalle réunit ces qualités plus que tout autre : issu de la plus profonde ruralité, il est imbattable sur les questions d’écologie et de France périphérique. Il a une connaissance très profonde de la population et de l’environnement. Par ailleurs aucun autre candidat n’a eu le courage de mettre sa vie en jeu pour la défense de son territoire ni de regarder Bachar Al-Assad droit dans les yeux. Quant à l’intégrité, il a même une longueur d’avance sur Dupont-Aignan, à qui on pourrait toujours brandir – sans grande pertinence – une ancienne fiche d’inscription à la French-American Foundation. Quant à la loyauté, le fait d’avoir accompagné pendant 30 ans le boulet Judin Bridou, champion toute catégorie de l’inintérêt, au sein du parti le plus insignifiant, bien souvent au mépris de ses propres convictions, a valeur de preuve inattaquable. 

Malgré les effets nuisibles patents des politiques européennes, force est de constater que les gens restent extrêmement divisés sur la question, en grande partie parce qu’ils ne sont pas en possession des véritables clés de compréhension. Aujourd’hui donc, ils n’ont pas tant besoin de quelqu’un qui promettra de sortir ou de rester dans l’UE, que de quelqu’un dont ils peuvent être sûrs qu’il appliquera les décisions qui s’imposent dans une logique de défense de l’intérêt général. Il n’a jamais du reste promis de rester coûte que coûte dans l’UE, mais bien d’engager un véritable débat national sur la question, à l’issue duquel il appliquerait la volonté de la majorité, ce qui n’est pas très loin finalement des propositions de Dupont-Aignan ou de Marine Le Pen. Aussi, en cette période troublée de transition idéologique où, affolés, les apparatchiks de partis moribonds courent comme des poulets sans tête en jouant à qui trahira le premier, la grande majorité des citoyens aspire-t-elle probablement à l'apaisement et à l'unité avant tout, plus qu'à une reprise en main énergique, et la priorité est-elle à prévenir une guerre civile vers laquelle on nous précipite, tant qu’il est encore temps. Et une fois encore, Lassalle est à l'heure d'aujourd'hui à peu près le seul à pouvoir unir l'ensemble du spectre, de l’électorat mélenchonien aux lepenistes en passant par les écolos, exception faite peut-être du noyau dur affairiste de Macron, qui reste somme toute très minoritaire.

Le chemin qui lui reste à parcourir est énorme, mais si l’on tient compte du fait qu’il est arrivé jusqu’ici pratiquement sans budget, sans parti et avec le seul soutien de sa famille et d’une poignée de bénévoles de la première heure, malgré des règles de qualification durcies, rien ne lui est désormais hors de portée, d’autant qu’il a montré à plusieurs reprises qu’une volonté implacable finissait toujours par triompher des défis les plus invraisemblables. C’est cette leçon d’optimisme que Gandhi a démontré en son temps, et plus récemment Lassalle avec sa grève de la faim, et qui se manifeste comme l’arme de destruction massive absolue que les médias ont tout intérêt à faire taire. Etant l’un des plus petits candidats à l’heure actuelle, il serait de ce fait l’un des plus improbables, si ce n’était la masse, probablement écrasante, des abstentionnistes. Il serait donc temps que ces abstentionnistes, qui n’auront que leurs yeux pour pleurer lorsqu’on leur aura imposé le choix Macron-Le Pen qu’ils redoutent tant, comprennent qu’ils ont tout intérêt à se bouger maintenant que cette opportunité, tout à fait extraordinaire si l’on tient compte du degré de verrouillage du système électoral, leur est servie sur un plateau. Il y a certains indicateurs qui ne trompent pas : tout d’abord, tout le monde connaît Lassalle en dépit de l’omertà médiatique à son encontre, ensuite une majorité écrasante des citoyens qui ont eu l’occasion de le voir, de l’écouter ou de le rencontrer directement ont été conquis par sa sympathie, sa simplicité et sa singularité. Les Français l’adorent et lui font confiance. Enfin, un second tour Macron-Le Pen c’est ce qu’affirment les sondages (et surtout ce qu’espère le système), et s’il est bien une chose dont on peut être certain, c’est qu’ils se planteront comme toujours. Si Lassalle parvient à se hisser au second tour, il est à peu près sûr de le remporter, et ce quel que soit son adversaire. C’est peut-être le seul candidat d’ailleurs pour qui on peut en dire autant. Un second tour Lassalle-Macron aurait un sens historique au sens de Hegel, et une dimension proprement métaphysique : l’esprit contre la matière…

La prochaine France sera-t-elle donc spirituelle ou ne sera-t-elle pas ?


Lire l'article complet, et les commentaires