Center parc à Roybon : les élus sont-ils tous bien informés ?

par liebe
vendredi 12 décembre 2014

Que penser de l’engagement des élus, entre 600 et 700, qui se sont déplacés pour se rendre à ST Etienne St Geoirs pour soutenir le projet de center parc à Roybon ?

Pour pouvoir trancher dans ce genre de dossier épineux, il faut être un temps soit peu informé par les deux partis. Ce qui est rapporté par les média n’est absolument pas propice à la prise de bonnes décisions.
Que lit-on dans les média ?

 Que les écologistes, appelés zadistes, car ils occupent des Zones A Défendre viennent de toute la France et ne connaissent rien à la politique des Chambaran. Que ce projet ne représente aucune perte au niveau environnemental, car seulement 0.4% de la forêt sera impactée, et que cela représente 700 emplois à la clef à l’issue du chantier (qui devrait lui monopoliser 1000 emplois pendant la construction). C’est ainsi que nous le présente, le fervent Alain Cottalorda, défenseur du projet.

Avouez, que présenté ainsi le projet est alléchant pour la plupart des élus, même s’ils ne sont pas politisés. Seulement la situation est-elle aussi simple ? J’ai commencé à mener ma petite enquête. Rapide, pas besoin d’aller bien loin pour comprendre les raisons pour lesquelles les zadistes alertaient ainsi les média, et essayaient de bloquer les travaux, comme pour le barrage de Sivens ou l’aéroport de Notre Dame des Landes, en installant une zone à défendre. En effet, ce projet aurait dû leur convenir puisque les cottages sont HQE, les gens circulent à vélo, et l’impact environnemental parait minime pour un rendu économique important tant en terme d’emplois que de tourisme.

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un center parc ? Un immense parc de loisirs, en bordure d’une forêt ou d’un lac. Les touristes circulent à vélo, et pratiquent des activités sportives et de bien être intéressantes : tir à l’arc, tennis, pédalo, voile, équitation, vélo, bowling, natation, sauna, massages…. On y trouve effectivement des cottages, à Roybon, ils veulent en construire plus de 1000, aux normes HQE, des boutiques, une forêt, un grand dôme dans lequel se trouvent de grandes piscines. On peut aller sur le site de center parcs pour se rendre compte de quoi il retourne : center parcs. Au total, le centre pourra accueillir 5600 personnes.

Les tarifs d’une semaine passée dans un center parc est d’environ 499 euros en basse saison à plus de 1600 euros en pleine saison pour une famille de 5 personnes. Tarifs choisis au mois de janvier pour la basse saison et au début juillet pour la haute saison.

Alors devant cette vision un peu paradisiaque et idyllique, quelles sont les raisons avancées par les zadistes pour oser venir interrompre le chantier, obligeant pierre et Vacances à embaucher des vigiles pour surveiller les travaux et assurer leur bon déroulement. 

Réflexion éthique sur le concept : proposer un centre de loisirs où sont regroupées toutes ces activités, peut paraitre intéressant, mais, ces activités-là je peux les faire à côté de mon domicile tout au long de l’année en participant aux associations locales et en faisant travailler les centres d’équitation, les moniteurs, les instructeurs de chaque sport. J’ai même à proximité, une belle piscine qui permet de faire la natation que je souhaite et m’amuser. Si je le souhaite, je peux arpenter les Chambaran et la Bièvre à vélo… Je ne paye pas plus cher… Mais, cette soif de tourisme clef en main apparait être comme la solution de bien être et de bonheur de mes amis, qui ne jurent que par ce mode de repos. Cela me fait penser au club méditerranée qui permettait de s’expatrier sans toutefois sortir du cocon que l’on avait forgé pour eux, à l’étranger, proposant juste quelques sorties encadrées. Est-ce à dire que nous avons une telle soif de vacances sécurisées et sécuritaires, que nous sommes obligés de partir dans des endroits où le tourisme est prémâché, installé à la chaine, qui ne nous permet pas de réfléchir ?

Les Center parcs sont-ils réellement ce qu’ils veulent paraitre ? Ne sont-ils pas de grands groupes financiers qui usent et abusent des subventions publiques pour construire leur mégapole de loisirs ?

En effectuant des recherches, premier problème qui me saute aux yeux, pour construire ce centre, il faut détruire une zone humide.

Une enquête publique lancé au printemps, qui a duré 45 jours comme le prévoit la loi a rendu un avis défavorable en ce qui concerne l’eau. Cette enquête publique est visible sur le site de la Préfecture de l’Isère Les différents points soulevés sont :

  1. L’ABSENCE DE DELIMITATION ET DE CARACTERISATION DE LA ZONE HUMIDE AU DROIT DU SITE PROJETE

Cela met en cause la fiabilité et la crédibilité de la surface de zone humide retenue dans l’emprise du projet. Il en résulte qu’il convient de reconsidérer la surface de la zone humide réellement détruite et, plus largement, impactée. Et, partant, les surfaces compensatoires à retenir.

  1. LA SOUS-EVALUATION DE LA SURFACE DE LA ZONE HUMIDE DETRUITE, ET, PLUS LARGEMENT, IMPACTEE

Il résulte de tous ces points une évaluation largement sous-estimée de surfaces de zones humides détruites ou fortement altérées, et, plus globalement, impactées3

. Avec le concours de son expert, la commission a pu estimer la surface détruite ou profondément altérée de l’ordre de 90 à 100 ha, soit une surface un peu supérieure à la surface de défrichement.

Au total, en intégrant les pertes de fonctionnalité des portions résiduelles, les surfaces détruites et impactées de zone humide représentent une partie substantielle de la zone d’emprise du projet au sein du périmètre clôturé : environ 110 à 120 ha.

Cette estimation ne tient pas compte de l’altération de la fonctionnalité du restant de la zone humide, qui se trouve au pourtour du site d’emprise, du fait de la rupture de continuité. Le dossier d’enquête ignore son existence, comme si la zone d’emprise du projet pouvait être dissociée des écosystèmes contigus, dont elle dépend pourtant étroitement et auxquels elle contribue à son tour. Il en résulte qu’on ignore les incidences indirectes portées à la zone humide adjacente, tout comme aux espaces fonctionnels qui sont en continuité du site détruit4

. Ce sont potentiellement des dizaines d’hectares supplémentaires qui sont concernées.

 

  1. L’INSUFFISANCE DES MESURES COMPENSATOIRES, AINSI QUE L’ABSENCE DE GARANTIE DE LEUR EFFECTIVITE ET PERENNITE

La commission considère donc que la destruction ou la dégradation de 110 à 120 ha de zone humide sur le seul site d’emprise (et non pas seulement 71 ha comme le dossier d’enquête le présente), en tête de bassin versant, dans un milieu à enjeu patrimonial, ne peut pas être compensée par la valorisation de milieux fonctionnels existants, répartis dans la région Rhône-Alpes. De surcroît, pour un gain surfacique estimé à moins de 40 ha.

En outre, les conventions et les notices techniques associées ne permettent aucunement d’assurer l’effectivité et la pérennité des mesures compensatoires proposées.

 

  1. LE SOUS-DIMENSIONNEMENT DES AMENAGEMENTS HYDRAULIQUES : RISQUES DE CRUES, D’EROSION ET PROBLEMES D’ETIAGE

Il s’agit là d’une des déficiences majeures du projet : le dossier, s’il prend en compte les risques d’inondation, ne se fonde, malgré 6 années d’élaboration, sur pratiquement aucune donnée de terrain…

Le dossier ne prend nullement en compte l’éventualité d’une perturbation climatique pendant la phase chantier, telle que le secteur l’a connue en 1999, 2008 puis 2013. Quelles en seraient les conséquences ? Le maître d’ouvrage ne l’établit nullement.

L'imperméabilisation et le défrichement de près de 100 ha de terrain pour le projet de Center Parcs sur la partie nord-est en tête du sous-bassin versant peuvent, de manière tout à fait réaliste, participer dans une telle situation à l'accroissement significatif du risque de crue et de catastrophe naturelle. Y compris lors de l’exploitation.

Si des mesures sont prévues par le maître d’ouvrage, l’interrogation n’en demeure pas moins sur l’absence de risque ne pas générer d’impacts significatifs sur le milieu récepteur, y compris pour les personnes et les biens situés en aval.

  1.  L’INSUFFISANTE CARACTERISATION DE L’ETAT INITIALAbsence d’étude caractérisée sur l’impact d’un tel projet sur la faune et la flore vivant dans ce milieu.

 

  1. LES DEFICIENCES EN MATIERE D’EVALUATION DES INCIDENCES SUR LE MILIEU

Enfin, le présent dossier d’enquête ne donne aucune évaluation globale de l’ensemble des incidences de toutes origines, directes et indirectes, qui vont affecter temporairement ou durablement l’ensemble des milieux aquatiques et leur biocénose. Or, les Chambaran viennent de voir confirmé dans le SRCE9 Rhône Alpes, adopté, leur caractère de « territoire à enjeux de maintien de la fonctionnalité écologique en secteur à dominante naturelle et agricole » 10 (p.136)

 

7) LE PROBLEME IRRESOLU DES VIDANGES DANS LE MILIEU NATUREL DE

L’AQUAMUNDO

une consommation des cottages et des équipements, hors Aquamundo, estimée par le maître d’ouvrage à un total de 613 m3/j. L’examen du tableau détaillé des consommations de l’Aquamundo12 met d’ailleurs clairement en évidence qu’aucune consommation d’eau correspondant au remplissage, à la suite des vidanges, n’est prévue. Il en résulte que :

- les modalités de vidanges des circuits A et B de l’Aquamundo sont confuses et peu crédibles,

- le temps de séjour des eaux de vidanges n’est pas vraiment argumenté, aussi bien en raison des températures des rejets à respecter que du temps de remplissage en eau propre des bassins après vidange,

- la fonction de réceptacle d’importants volumes d’eaux à 29° C est en complète contradiction avec la fonction « écologique » dévolue au bassin inférieur,

- la faible capacité du bassin inférieur apparaît comme un risque supplémentaire d’érosion en cas de simultanéité entre le long séjour des eaux de vidanges et une forte perturbation climatique,

- in fine, le maître d’ouvrage n’a nullement justifié de son expérience, ni de son savoir faire, en matière de gestion du rejet des eaux de vidange dans le milieu naturel.

8) LES MANQUES, OU REPORTS D’ETUDES ET DE MESURES UTILES

La commission ne peut pas considérer comme recevable un dossier qui fait fi de questions aussi importantes, et qui repose sur de telles incertitudes et suppositions pour justifier in fine, une absence d’impact, ou, plus exactement, une incidence « relativement » faible.

De ce fait, le public, mais aussi les autorités décisionnaires, n’ont pas été en mesure d’avoir eu connaissance, lors de l’enquête publique comme à son issue, de tous ces éléments d’appréciation.

 

9) LES DEFAUTS DE COMPATIBILITE AVEC LE SDAGE

10) L’INSUFFISANCE DU PERIMETRE D’ENQUETE

En conséquence, la commission considère que le périmètre de l’enquête, limité à la seule commune de Roybon, était trop restreint. Le public a ainsi été privé d’un accès essentiel à l’information, dont les avis de collectivités territoriales et de services administratifs (en particulier la DDT 26). De ce fait également, des éléments essentiels d’appréciation ont fait défaut à l’autorité décisionnaire.

11) L’ABSENCE DE BILAN DES PROCEDURES ANTERIEURES

La commission considère que le manque de bilan des procédures est préjudiciable à la complète information du public comme à la bonne appréciation des autorités, eu égard tant aux nombreuses procédures fractionnées et échelonnées au cours de plusieurs années qu’au défaut de vision d’ensemble que présente ce projet.

 

12) LE DEFAUT DE SAISINE DE LA CNDP EN VUE D’UN DEBAT PUBLIC

L’absence de Débat public, soulevée par certaines contributions du public, s’est fait jour au fil de l’enquête…Si l’on se réfère, en effet, au chiffrage du coût total des bâtiments et des infrastructures du Center Parcs, exposé dans le résumé non technique joint au dossier d’enquête, le seuil des 300 millions HT est déjà atteint (bâtiments cottages + bâtiments d’équipement + VRD, voiries, accès). Encore ne s’agit-il que du coût « des grandes composantes du projet »,

comme l’énonce le résumé.

Il convient en effet d’ajouter tous les autres coûts relatifs aux bâtiments ou infrastructures, soit uniquement dédiés au projet (chaufferies de forte puissance, réseau d’alimentation électrique de 20 000 V, réseau d’alimentation en gaz, sur près de 20 km), soit indissociables du projet. A savoir : le réseau d’eau potable et ouvrages connexes, dont le nouveau château d’eau (1 200 m3 dédiés au Center Parcs sur les 2 000 m3), le réseau d’assainissement et station d’épuration, les voiries extérieures, le contournement routier de Roybon, etc.

Il en ressort que le montant total de l’ensemble des infrastructures et des bâtiments s’élève largement au-delà du seuil de saisine de 300 millions d’euros. Cette somme est d’ailleurs cohérente avec le montant des investissements sur lequel Pierre et Vacances s’est engagé dans le protocole avec le CG 38 le 4 décembre 2009 : 387 millions d’euros. Sachant que de nombreuses infrastructures (internes comme externes au site) ne sont pas comprises dans ce décompte.

 

Alors petites petites questions aux élus qui se sont rendus à St Etienne St Geoirs :

Etaient-ils tous dument informés de tout le dossier pour se permettre de huer les élus, qui comme eux ont osé venir, et se sont élevés contre le projet. ?

[Il me semblait que le Président de Bièvre Valloire faisait valoir le droit à la démocratie, et aux échanges, le droit à la communication.]

Au-delà de cela ces élus ont voté sans connaitre le dossier en profondeur, car à la lecture de ce rapport quel élu pourrait prétendre voter pour l’investissement d’argent public pour la création d’une zone de loisirs qui au final ne rapportera pratiquement rien. ?

L’argent public ainsi dépensé permettra-t-il de rentrer dans les fonds ? Non, car comme un center parc c’est la vie quasi en autarcie dans un microcosme, les restaurants et boutiques seront suffisants pour le touriste lambda qui ne sortira pas de sa bulle…

Les emplois générés seront-ils réellement salvateurs pour cette région ? Nombre d’emplois proposés seront des emplois précaires, des CDD, des temps partiels. J’écoutais un élu dire mais même si l’emploi n’est que de quelques heures et que la personne ne touche que 380 euros par mois c’est toujours bon à prendre. Monsieur l’élu vous êtes capable de faire vivre votre famille avec 380 euros par mois ?

Je conçois que vous ayez des problèmes en ces temps de crise mais sincèrement ce chantage à l’emploi et ces mensonges par omission ne sont-ils pas une forme de manipulation ?

J’entendais monsieur le Président de Bièvre Valloire, indiquer qu’il ne voulait pas d’un référendum de la population lui qui prône la démocratie, arguant le fait que nous avons choisi au mois de mars dernier nos représentants. Mais réfléchissons un peu, certes nous avons choisi d’élire nos maires, nos conseillers municipaux, mais comme tout élu si on les manipule en faisant du chantage à l’emploi , si on indique les bénéfices mais pas les risques, le cœur des élus ne penchera que d’un côté.

Cette façon également de mépriser les personnes qui prennent de leur temps pour oser dire non au projet, de les traiter de zadistes ou d’anarchistes pour les discréditer est à la limite de la correction. "C’est connu ces écolos, ces gauchos, ces anarchistes, ces Zadistes sont juste des empêcheurs de tourner en rond, si on les écoutait on ne ferait rien !"

Vous n’avez messieurs et mesdames peut-être pas assez réfléchi aux conséquences en matière d’eau d’un tel projet. Comme ferez-vous lorsque vous devrez dire aux habitants du pays, ben nous sommes obligés de couper l’eau pour permettre aux touristes d’en avoir ?

Comment ferez-vous mesdames et messieurs lorsque l’assainissement prévu ne sera pas suffisant pour absorber tout ce que cet ensemble va générer ?

Comment ferez-vous finalement lorsque cela créera des inondations ? Savez-vous ce que cela représente des inondations ? Avez-vous envie de vivre ce que nos amis du Sud de la France vivent parce que la majorité des élus n’ont pas tenu compte des alertes qui avaient été émises ? 

Connaissez-vous la détresse dans laquelle les habitants sont plongés ? A croire que non quand je vous entends huer les personnes qui osent s’opposer à vous !

Il y a des moments où on ne comprend pas les élus… Et pas besoin de faire de la propagande, il suffit de lire l’enquête publique sur le site de la Préfecture de l’Isère pour comprendre les dangers de ce genre de projet…

Bien à vous mesdames et messieurs les élus. 


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