Ces chers radars fixes : ce qu’en pensent certains parlementaires

par Cyprien
mardi 9 mai 2006

Tout le monde accepte les radars fixes, car personne n’a envie d’être tué ou blessé sur la route. Mais il ne faut pas exagérer. Il faut cesser de traiter les automobilistes plus durement que les voyous. Je recopie des extraits des questions écrites (et une ou deux interventions orales) des députés et sénateurs qui vont dans le sens de ma pensée. Je suis certain que vous apprécierez aussi de lire que des parlementaires s’expriment et pensent comme la France d’en bas.

Des limitations de vitesse et des emplacements de radars à revoir :

« Il apparaît nécessaire de remettre à plat les questions de signalisation et de limitation de vitesse sur nos routes. En effet, il existe des portions de route où la circulation est dense et qui, en cas de conditions météorologiques mauvaises, restent dangereuses avec les limitations actuelles de vitesse. Par contre, certaines autres portions ont une limitation trop basse et inadaptée par rapport à leur configuration. Le respect des limitations de vitesse est alors un calvaire pour l’automobiliste qui ne comprend pas pourquoi les règles ne sont plus adaptées aux réalités concrètes » (Nadine Morano, députée UMP de Meurthe-et-Moselle).

« Il est très difficile de savoir, lorsqu’un radar automatique est signalé, quelle est la vitesse autorisée : 30, 50, 70, 90, 110 ou 130 Km/h. » (Lucien Degauchy, député UMP de l’Oise).

« De nombreux tronçons sont entrecoupés de zones où la vitesse est réduite, pour limiter des nuisances sonores ou en raison d’un danger. Ces multiples limitations adaptées à chaque situation conduisent les conducteurs à la confusion et au doute. Il n’est pas rare de constater que des conducteurs dans le doute freinent brusquement au niveau du radar automatique alors même qu’ils respectent la limitation de vitesse à cet endroit. Cette réaction peut même être dangereuse dans le cas où le trafic est dense » (Damien Meslot, député UMP du Territoire de Belfort).

« Il n’est pas rare, sur une distance de deux kilomètres, de trouver trois à quatre panneaux de limitation de vitesse différents (exemple : sur la voie à grande circulation allant de Rambouillet à Paris, à proximité de Saint-Cyr-l’Ecole : limitation à 90 kilomètres, puis 110 kilomètres, puis 130 kilomètres, puis 110 kilomètres, cette soudaine limitation étant à proximité d’un radar automatique et n’étant pas motivée par une raison apparente) » (Jean-Pierre Cantegrit, sénateur UMP des Français établis hors de France)

« Ce sont les secteurs où il y a le plus d’accidents de la route qui doivent être privilégiés » (Francis Falala, député UMP de la Marne).

Trop de minuscules excès de vitesse sanctionnés :

« La tolérance ou marge technique par rapport à la limite supérieure de vitesse à ne pas dépasser a été fortement réduite, passant de 10 à 2 %. De nombreux conducteurs ont été particulièrement décontenancés de recevoir une contravention de 90 euros et d’apprendre le retrait de 1 point sur leur permis de conduire pour un excès de vitesse inférieur à 10 %, voire 5 %, de la vitesse autorisée. La plupart des voitures n’ont pas de régulateur ou de limiteur de vitesse, et les conducteurs peuvent commettre sans le savoir un "léger" excès de vitesse, à moins de garder les yeux fixés sur le compteur. Cette quasi-absence de marge est un véritable problème pour l’ensemble des professionnels de la route. En effet, ils seront nombreux à ne plus pouvoir conduire en raison du retrait de 12 fois 1 point » (Robert Lamy, député UMP du Rhône).

« S’il est effectivement indispensable de sanctionner les automobilistes qui roulent à des vitesses manifestement excessives, il est malgré tout nécessaire d’observer une certaine progressivité dans la sanction. Ainsi, une personne contrôlée en excès de vitesse à six reprises, au même endroit, dans un laps de temps relativement court et pour des dépassements allant de 1 à 6 km/h se trouve être débitrice de six amendes forfaitaires et se voit retirer six points de son permis de conduire. Cette double peine paraît irrationnelle dans ce cas d’espèce, puisque, d’une part, le contrevenant n’a pas été informé dès sa première infraction, ce qui prive la sanction de son aspect pédagogique et dissuasif et qui, d’autre part, rend cette situation ubuesque. Malheureusement, ce cas d’espèce a tendance à se multiplier » Étienne Mourrut, député UMP du Gard).

« On peut légitimement se demander si conduire les yeux fixés sur son compteur kilométrique pour ne pas dépasser la vitesse de 50 km/h n’est pas aussi dangereux que de rouler en dépassant légèrement cette limite. Lorsque le radar est situé au bord d’une large chaussée et que la visibilité est bonne, il apparaît en effet difficile d’assimiler ces infractions à de la violence routière » (Michel Terrot, député UMP du Rhône).

Certains échappent toujours aux punitions :

« Les automobilistes étrangers qui paraissent échapper aux sanctions pour excès de vitesse. Ces automobilistes sont nombreux pendant toute la période estivale. Mais ils le sont aussi toute l’année sur nos routes dans les régions frontalières. Dans ces régions, ce sont aussi des Français travailleurs frontaliers qui utilisent des véhicules immatriculés à l’étranger qui peuvent ainsi échapper à la sanction de leurs excès de vitesse » (François Grosdidier, député UMP de Moselle).

« Les véhicules les plus dangereux, notamment sur autoroutes, sont les camions, lesquels sont tenus de respecter en général des vitesses de 80 kilomètres/heure. Or, les radars étant réglés sur 130 kilomètres/heure, les poids lourds en excès de vitesse peuvent ainsi échapper à tout contrôle alors même qu’eu égard à leur volume et à leur masse, il conviendrait d’avoir à leur égard une réelle vigilance » (Marie-Jo Zimmermann, députée UMP de Moselle).

« Ce constat est d’ailleurs également vrai pour les contrôles mobiles de vitesse sur routes, les appareils de la police étant alors réglés sur 90 km/heure et ne prenant donc pas en compte les excès de vitesse des poids lourds par rapport à leur réglementation propre » (Jean Louis Masson, sénateur non-inscrit de Moselle.)

« Si les automobilistes roulent moins vite, il en va autrement des poids lourds qui, normalement limités à quatre-vingts kilomètres à l’heure sur les routes départementales, ont plus souvent une vitesse de quatre-vingt-dix kilomètres à l’heure qui échappe aux radars fixes. Ces excès, bien que modérés, peuvent s’avérer dangereux dans la mesure où les camions, roulant de conserve avec les véhicules de tourisme, serrent ces derniers de trop près et augmentent les risques de collision en cas de ralentissement » (Jean-Marc Roubaud, député UMP du Gard).

« La mise en place de radars fixes a déjà révélé que de nombreux véhicules circulent avec de fausses plaques d’immatriculation. Par ailleurs, il est avéré que certaines cartes grises ont été établies par les services administratifs au bénéfice de particuliers mentionnant de fausses adresses. Ainsi, tant en matière de responsabilités civiles qu’en termes de recouvrement d’amendes, les délinquants sont impunis dans la mesure où ces documents leur garantissent l’anonymat » (Bruno Le Roux député PS de Seine-Saint-Denis).

La répression des excès de vitesse n’est pas la seule solution :

« Quand on sait que le montant des amendes est de 45 ou de 90 euros, le calcul est simple. Cela rapporte ! Cet argent devrait servir non pas à combler les déficits de l’État - il faudrait pour cela installer un radar approximativement tous les 100 mètres ! - mais à améliorer la sécurité des usagers, pour financer des campagnes de prévention et d’information à destination des usagers de la route, notamment des jeunes conducteurs de deux roues » (Jean-Pierre Demerliat, sénateur PS de Haute-Vienne).

« Les infractions dangereuses ne sont pas essentiellement cantonnées aux excès de vitesse mais peuvent revêtir d’autres formes. Un cycliste qui n’est pas allumé, la nuit tombante, s’il est en plus habillé de couleur sombre, est excessivement dangereux pour un automobiliste » (Jean-Claude Thomas, député UMP de la Marne).

« La poursuite d’une politique de sécurité routière efficace devrait entrer dans une seconde phase plus élaborée : radars mobiles mieux placés aux endroits réellement dangereux, prévention et traitement de l’alcoolisme, effort sur l’insertion des deux-roues dans le trafic, encore trop meurtriers pour les jeunes conducteurs » (Éric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis).

« Il y a trop de radars sur les routes ! » (René-Pierre Signé, sénateur PS de la Nièvre).

« Si le durcissement des sanctions, le renforcement des contrôles et l’augmentation du nombre de radars fixes et mobiles ont permis d’obtenir de bons résultats, certaines associations souhaitent que, parallèlement à la répression, des mesures soient également prises en matière d’éducation, avec une formation adaptée du conducteur tout au long de sa vie, et dès le plus jeune âge. De même, une adaptation des infrastructures routières à l’évolution du trafic est-elle préconisée » (Christian Ménard, député UMP du Finitère).

« Le développement durable de la sécurité routière doit nécessairement passer par une meilleure éducation et par l’actualisation des connaissances dans le cadre de formation continue ainsi que par l’adaptation des infrastructures routières à l’évolution du trafic. Cette amélioration concerne non seulement la suppression des points noirs, mais aussi la qualité des revêtements et le bon état d’une signalisation adéquate » (Jean-Pierre Nicolas, député UMP de l’Eure & Yannick Favennec, député UMP de Mayenne).


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