Ces messieurs avec leurs longues robes …

par C’est Nabum
samedi 25 février 2012

La judériciarisation de la société.

Une récente contrariété professionnelle m'interroge sur le penchant de notre société vers une dérive procédurale qui n'est qu'une illusion de protection de tous contre la loi, pour au contraire devenir progressivement le paravent des puissants contre les règles communes. La rengaine : « Que l'on soit puissant ou bien misérable ... » vaut bien plus encore par ce recourt systématique à ces gens de robe qui défendent moins les principes que les fripouilles, la loi que ses exceptions.

Il n'est pas innocent de constater qu'il n'y a jamais eu autant d'avocats dans un gouvernement et d'affaires tordues mettant en cause quelques membres de cette noble cour. Il faut, pour leur défense, reconnaître que pour l'essentiel, ce sont des avocats d'affaires, catégorie boutiquière de la profession plus soucieuse de l'intérêt particulier des possédants que de la cause nationale, surtout quand elle est fiscale !

Il est vrai que leur président en chef fut un roi de la corporation même si ses titres sont douteux et ses talents bien maigres. Mais laissons ces pratiques de haute-cour pour se préoccuper des conséquences de cette épidémie dans la basse-cour où nous évoluons. J'ai accompagné un jeune à un conseil de discipline, il avait tenté d'étrangler un camarade qui ne fut sauvé que grâce à une intervention énergique et très physique de votre serviteur.(cf*)

Lors de la séance disciplinaire, j'ai eu le malheur d'évoquer mes craintes si jamais il revenait en classe, le risque que j'avais encouru à m'interposer. Je conclus mon intervention par la confession sincère : « S'il reste, je pense exercer mon droit de retrait afin de ne pas risquer de perdre mon emploi ! »

Bien mal m'en pris. J'avais par cet aveu tenté d'influencer la décision du conseil de discipline et les parents de ce garçon saisirent un avocat et firent appel de la décision. Qu'il se trouve un avocat pour défendre un étrangleur afin qu'il soit réintégré sur les lieux de son forfait me semble tout à fait ahurissant, qu'il soit lui même père de famille m'interroge sur sa conscience paternelle !

Ainsi, la procédure prime les actes, il faudrait maintenant venir en classe avec un code civil, maitriser en toutes circonstances, ses propos et ses remarques pour éviter la correctionnelle ou les demandes de réparation. Nous travaillons sur le vivant, je sais que la frontière est tenue et que parfois, des dérapages peuvent blesser durablement un enfant. Mais mettre le judiciaire dans l'école, c'est interdire toute intervention spontanée, c'est laisser place seulement à des robots incolores qui ne s'occuperont plus que de débiter des cours sans jamais intervenir sur ce qui se passe dans les classes.

Je devine bien là une vision volontariste des rapports humains qui veut privilégier le droit sur le devoir, donner place exclusivement à la forme sans jamais se soucier du fond, évacuer les subtilités des relations humaines pour gérer les élèves comme des pions interchangeables. Pire que tout, cette façon de considérer l'école la vide réellement de toute autorité et il n'est pas rare de voir des parents se conduire comme des client mécontents, qui tancent, qui grondent, qui exigent de professeurs qui ne sont que leurs valets.

Les gens de robe ont tué le tissu social, il ont introduit la terrible idée que l'on pouvait gagner de l'argent par la procédure, que tout était monnayable, que rien n'avait plus de légitimité en dehors de l'argent et de la force injuste de la loi. Car, contrairement à ce qu'on peut croire bien naïvement, la loi n'est pas faite pour protéger les simples, elle est faite par des puissants qui glissent astucieusement des alinéas, des astérisques) ou des dérogations pour continuer à maintenir leur domination et celle de leurs clients sur cette société.

Je crains fort que la cause soit entendue, que les grandes robes aient durablement pris le pouvoir et brisent ainsi les règles tacites au détriment de leurs lois scabreuses et avantageuses aux plus forts.

Judiciairement leur.


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