Ces « miasmes » qui théorisent la campagne de l’élection présidentielle

par Daniel MARTIN
mardi 8 février 2022

Disparue au XIXe siècle par la découverte des microbes, autrefois la théorie des « miasmes » était une émanation de gaz putride provenant de substances en décomposition, censée causer maladies et épidémies. Appliquer ce mot aujourd’hui à un temps politique peut paraître surprenant, mais n’est-ce pas toutefois réaliste ?

 

 

On ne peut pas dire que la campagne électorale soit évocatrice et porteuse de réponses à des problématiques fondamentales qui affectent notre présent et notre futur

Alors même que l’ancien président de la république Nicolas Sarkozy s’inquiète avec force de la question démographique (dommage qu’il n’est ait pas pris conscience quand il était en fonction) il semble « prêcher dans le désert », car aucun(e) candidat(e) n’aborde cette problématique. Il est vrai que c’est plus confortable de faire des politiques natalistes, avec les promesses alléchantes qui vont avec, que de les stopper en prenant dès lors des mesures adaptées et équitables, même si certaines ne seraient guère appréciées par les familles de 3 enfants et plus …

Sans compter la nouvelle révolution numérique, où c’est le silence total du coté des aspirant(e)s présidentiables. Excepté Jean-Luc Mélenchon qui l’évoque lors d’un meeting. Mais là encore, au-delà des avantages que peut offrir le numérique et dont il en souligne certains, son optimisme lui fait oublier que les terres rares dont sont issus les métaux rares indispensables à la diversité technologique numérique et aux énergies solaires sont une ressource fossile, donc épuisable…

Il convient de ne pas faire n’importe quoi et d’économiser cette ressource, notamment en évitant une surconsommation d’objets domestiques interconnectés inutiles ou la voiture électrique qui est une aberration, surtout avec de gros « crossovers ». Ces gros véhicule, dont le seul poids de la batterie peut dépasser les 400 kg. Actuellement, pour une voiture électrique moyenne, afin d’obtenir la même autonomie qu’avec une voiture thermique, le poids de la batterie devrait faire pas moins de 1 300 kg, ce qui n’est évidemment pas possible. Certes, la recherche peut améliorer cette situation, mais la loi du nombre croissant de ce type de véhicule rendra globalement caduque les performances économiques réalisées.

Faut-il rappeler qu’aujourd’hui l’on sait construire des voitures thermique consommant moins de 2 L au 100 Km. Déjà en 1980, Renault avait expérimenté une automobile 4/5 places, la Vesta, dont la consommation moyenne sur, autoroute avait été réalisé un record mondial de consommation sur l'autoroute de Bordeaux-Paris : 9,447 litres avait été consommés pour ce trajet, soit 1,94 l/100 km à 100,9 km/h de moyenne. À son bord à l’époque, le journaliste auto Jean-Pierre Gosselin au volant et une huissière à la place du passager avant. La vitesse maxi mesurée par les journalistes en était de 138,2 km/h. Et puis plus rien, le véhicule n’est resté qu’au stade du prototype. https://fr.wikipedia.org/wiki/Renault_VESTA_2

Entre altération de l’environnement, impact défavorable sur le climat et explosion des prix des terres rares

Ne pas oublier que l’extraction des terres rares et ensuite des métaux rares altère gravement l’environnement, la santé des salariés, des riverains et ne contribue pas à améliorer le climat… Mais il est vrai que c’est loin là bas en Chine, Amérique latine, Afrique …

Détenus à plus de 90 % par la Chine, entre septembre 2020 et septembre 2021, les prix des métaux rares ont explosé et pour des raisons géopolitiques, c’est loin d’être terminé. Quelques exemples : le Carbonate de lithium qui sert pour les batteries, céramiques, appareils mobiles, énergie nucléaire, aérospatial, sous-marins c’est plus 150 %. le Praséodyme, alliage de néodyme, Ingrédients essentiels pour les aimants NdFeB des batteries, haut-parleurs, moteurs, éoliennes, munition à guidage de précision, etc. plus 73,7 %. l’Oxyde de terbium pour LEDs, écrans, piles à combustibles haute température, lasers et sonars, plus 60,4 %. Et que dire de l’Etain servant pour le conditionnement de semi conducteurs, montage des puces et composants, plus 81,8 %. Où encore le Cuivre, indispensable pour tous composants électroniques, pièces mécaniques et câblages, plus 37,3 %, alors que les prix étaient déjà élevés… Mais là encore, tout cela ne semble guère préoccuper nos candidat(e)s présidentiel(le)s

Le retour à la théorie des « miasmes » illustre bien une maladie par émanation de gaz putride, qui affecte largement cette campagne présidentielle

l’émanation de gaz putride provenant de substances en décomposition qui définissait la théorie des « miasmes », censée causer maladies et épidémies, peut s’appliquer sans détours au niveau des débats et échanges en cours par les divers candidat(e)s présidentiables. Par exemple, pour le duo de droite extrême avec Marine Le Pen et d’extrême droite avec Zemmour, on ne peut pas dire qu’en dehors des sempiternels discours sur la sécurité et l’immigration et leurs surenchères réciproques ( Mme. Pécresse n’hésitant pas à leur emboîter le pas) voire sur le pouvoir d’achat il y ait du nouveau…

Surenchères sécuritaires en passant à coté de l’essentiel

Certes, ces problèmes sont bien réels, toutefois, excepté qu’au-delà des surenchères répressives sur la sécurité, il faut bien avoir à l’esprit que toutes les mesures prises par la répression pour éradiquer la violence et les trafics illicites dans ces quartiers, peut-être efficaces dans l’immédiat, mais rapidement le fléau réapparaîtra si l’on ne s’attaque pas au problème majeur : surpopulation-espace territorial. Exclure la question de la densification excessive des populations les plus modestes sur des espaces réduits dans un amoncellement de tours HLM, avec des bâtiments qui ont très souvent plusieurs dizaines d’étages et sont concentrés sur un territoire restreint, rejetés à l’extérieur des centres urbains, aujourd’hui, cela n’est plus acceptable. Mais repenser une nouvelle organisation fondée sur des rapports population-territoire ne semble pas imaginable pour les pour tous les aspirant(e)s présidentiables, y compris pour Yannick Jadot, le candidat des Verts, alors qu’il se définit comme « écologiste »...

Il est évident que la théorie des « miasmes » d’autrefois par rapport aux maladies qui affecte cette campagne présidentielle, dont le niveau est incontestablement la plus bas de toutes celles qui l’ont précédé. L’entrée en campagne des équipes « Macronistes » changera-t-elle la donne, on peut en douter...

Cette campagne présidentielle, avec des discours classiques et souvent passéistes, ne traduit-elle pas pas au fond le reflet d’une grande partie de la société française  ?

On ne peut pas nier que certain(e)s de nos concitoyen(ne)s ne sont plus inscrit(e)s sur les listes électorales et expriment crûment un dégoût de la politique. Mis volontairement en retrait de la vie politique la plupart « de ceux qui ne sont rien » (dixit Macron), pour donner un peu de sens à leur vie se retrouvent les samedis avec un gilet jaune en « braillant contre le passe vaccinal. D’autres, plus nombreux, ne savent pas s’ils voteront ou s’ils prévoient de s’abstenir après avoir perdu le fil avec le niveau de débats « ras le sol », les polémiques peu constructives qui agrémentent cette élection présidentielle et donc leurs déceptions.

Certains observateurs estiment que le destin du premier tour se jouera probablement dans les heures d’avant-scrutin où ces électeurs décideront s’ils participent ou pas. D’autres encore ont déjà choisi de voter Marine Le Pen ou Eric Zemmour parce que les deux candidats de droite extrême et d’extrême droite proposent un programme radical sur l’immigration, l’école, la société et qu’ils présentent cet avantage concurrentiel paradoxal : ne jamais avoir gouverné et donc n’avoir pas encore déçu dans l’exercice du pouvoir. Avec l’espoir, pour leurs partisans, de vivre ce que le « peuple de gauche » avait vécu le 10 mai 1981, lorsque François Mitterrand fut élu Président.

Entre désespoir et crainte de l’avenir

On peut déplorer que pour un grand nombre de nos concitoyens, le désespoir prend le dessus et ils considèrent que la France se délite, selon eux, il n’y aurait plus d’espoir et une crainte, voire une certaine peur de l’avenir. Ils se définissent eux même comme des perdants ou des laisser pour compte, car ils se tiennent juste au-dessus de la ligne de flottaison, ces Français considèrent que leur destin est écrit à l’avance, ils sont persuadés que pour eux, comme pour leurs enfants, l’ascension sociale reste une illusion inaccessible.

Souvent le désespoir domine, la peur de perdre leur place modeste prend le dessus, confondant les brisures éventuelles de leur histoire personnelle avec tout ce qui va mal dans le pays. Pour eux, les moindres signes sont des preuves du délitement de la société et qu’ils sont eux-mêmes menacés par le monde tel qu’il évolue. Il pistent les moindres signes ou indices reposant, ici sur la fermeture des petits commerces traditionnels, remplacés par l’ouverture d’un kebab. Un fait divers grave à quelques dizaines de kilomètres de leur domicile ou un cambriolage chez un voisin ou un proche. Lorsqu’ils ouvrent la radio ou la télé c’est une avalanche d’infos sur le Covid qui sape leur moral, déjà mis mal en point, quand ce n’est pas une série de faits divers et assassinat et fond de trafics de drogue, etc. Souvent c’est après les immigrés qu’ils en ont, convaincus « ...qu’il y en a plus pour les immigrés que pour nous. Pour les maisons, pour les appartements, ils sont prioritaires... » Ce qui est faux, car il y a des règles précises applicables à tous, dont aux « immigrés ». Et que dire des « réseaux sociaux » internet qui amplifient le phénomène...

C’est d’ailleurs, essentiellement parmi cette population qu’Eric Zemmour ou Marine Le Pen, mais aussi les populistes de gauche, vont puiser leur électorat.

Pour conclure

Il est évident que cette campagne électorale présidentielle n’est guère évocatrice et porteuse de réponses à des problématiques fondamentales qui affectent dangereusement notre présent et notre futur. Entre des surenchère, notamment sur la sécurité qui passe à coté de l’essentiel, une population qui oscille entre désintéressement total de la vie politique et désespoir, une campagne électorale présidentielle qui est la pire de toutes celles qui l’on précédé par rapport au niveau, cela augure mal de la suite…

 


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