Cette « première gorgée » d’une bière à 8 euros qui ne passe pas le gosier !

par Paul Villach
vendredi 8 octobre 2010

 Devra-t-on, au train où vont les choses, se mettre à l’eau claire au café ou au restaurant ? On a déjà dû renoncer au vin devenu hors de prix, sauf à boire du tord-boyaux. La bière connaît, à qualité comparable entre les variétés, un même renchérissement dont on ne s’explique pas les raisons.

De Vienne à Rome et à Capri
 
 Un verre de 50 cl de bière Hirter ou Trumer à Vienne, la capitale autrichienne, oscillait cet été, selon les lieux plus ou moins huppés, des environs du Rathaus à la très sélecte Kärtnerstrasse ou sur le prestigieux Graben, entre 3,50 et 4,50 euros. À Venise, où qu’on allât - la Piazza San Marco et ses alentours étant mis hors compétition pour leurs prix extravagants - , il fallait s’attendre pour 40 cl de Nastro Azzuro, Moretti ou Forst, que les Italiens appellent une « media », à 6 euros et plus. À Rome, la même mesure pouvait être facturée tantôt 6,50, voire 7 euros ; et parfois, dans la même rue, entre la piazza Farnese, le Campo dei Fiori et le corso Vittorio Emmanuele, à 30 mètres de distance ou cent mètres plus loin, via dei Ballauri, pourtant au pied du Palazzo della Farnesina, le coût descendait progressivement de 7 à 5,50 puis à 4,50 euros. La piazza Umberto à Capri battait le record : la « media » était offerte, si on ose dire, à 8 euros ! Mais c’était Capri !
 
Dans les rues de Paris et de Bruges
 
Ce n’est pourtant rien par rapport aux tarifs français. Ce même été à Paris, les bières les plus insipides se vendaient à des prix invraisemblables. Qu’on fût en haut du Boul’Mich, face au Parc du Luxembourg, ou en bas, Place Saint-Michel, les 25 cl d’une Kronenbourg, culminaient à 5,50 euros. On a bien dit les 25 cl ! Si on la compare aux bières viennoises d’une tout autre saveur, la Kronenbourg bien de chez nous se montait donc le col à quantité égale aux alentours de 10 ou 11 euros, qui était le prix d’une Leffe, soit près de trois fois plus cher qu’à Vienne.
 
Il est vrai, cependant, que sur la même place Saint-Michel, dans le restaurant italien d’en face, les 50 cl retombaient à 6,50 euros. Sur les Champs-Élysées, on s’en doute, ils coûtaient comme à Capri, pas moins de 8 euros.
 
 Et la Belgique n’était pas en reste : sur le Markt, la grande place de Bruges, on atteignait pour le même verre 7,20 euros. Et comble de désagrément, le niveau de mesure indiqué sur le verre n’était parfois atteint que par la mousse.
 
 Le résultat d’une TVA à 5,5 % ?
 
On veut bien que le cadre et le paysage offerts entrent dans le prix d’un verre de bière pendant qu’assoiffé par 35 degrés, on le déguste à l’ombre. Mais comment justifier de tels écarts de prix, du simple au double sinon au triple ? Heureusement encore que cafetiers et restaurateurs français ont vu baisser leur TVA de 19,6 à 5,5 % !
 
Philippe Delerm a célébré la saveur de « la première gorgée de bière  ». Il est à craindre qu’ à coûter si cher, elle en vienne bientôt à ne plus passer le gosier. Paul Villach

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