Chalon-sur-Saône et le troisième temple des Juifs

par Emile Mourey
mercredi 28 décembre 2016

À Madame le Maire de Saint-Rémy, Vice-Présidente du Grand Chalon, bonjour.

J'ai bien reçu votre lettre en date du 15.12.2016. L'intérêt que vous portez à mes recherches concernant l'histoire de la tour de Taisey est-il un encouragement ? Importante station sur la voie de l'étain, fondation d'Héraklès et métropole des Gaules selon Diodore de Sicile, cité du peuple éduen selon Strabon, oppidum où siégeait le conseil de la ville d'après César (avant la fondation de la ville des bords de Saône) château fort des comtes de Chalon et du roi Gontran, les fouilles archéologiques qui ont été demandées à Monsieur le Préfet d'exécuter sur le site devraient enfin marquer le retour au bon sens des services de l'État.

En tant que Vice-Présidente du Grand Chalon, vous ne pouvez, également, qu'être intéressée par l'histoire de l'agglomération, et plus particulièrement par celle de sa cathédrale, car tout cela forme un tout.

Je ne comprends pas que M. le Maire de Chalon, pourtant ancien président de la Société d'Histoire et d'Archéologie, laisse se propager les explications extraordinairement compliquées et complètement farfelues que l'on trouve actuellement sur l'internet et ailleurs concernant la fondation de notre cathédrale. Je veux bien croire que, pour se prononcer, il ait attendu le résultat des fouilles archéologiques qui ont été faites au pied du monument, mais, comme il fallait s'y attendre, ces fouilles confirment ce que nous savons déjà par le témoignage des évêques, à savoir que des maisons y étaient accolées. Or, si ces dites fouilles font remonter les traces d'occupation au IIIème siècle, cela va dans le sens d'une cathédrale existante dès cette époque, comme je l'affirme depuis de nombreuses années en m'appuyant sur des documents incontestables.

Premier document, III ème siècle : il s'agit d'une plaque de cheminée en fer moulé ancien qui ne rouille pas (technologie ancienne perdue d'où l'intérêt d'en retrouver le secret de fabrication). Le jeune empereur Salonin est représenté à l'image de ses médailles, portant la même couronne caractéristique. Le palais de La Vigne aux saules se reconnaît, en bas, dans les vestiges mis au jour au siècle dernier. Les lions des accoudoirs du siège se retrouvent dans les sculptures d'une porte latérale de la cathédrale. La présence d'une tour de Taisey en projet d'embellissement indique l'endroit d'où l'on a vue sur la ville des bords de Saône, et, au-delà, dans l'infini lointain, sur les murailles de Jérusalem reconnaissables à ses deux tours. La colonne de Jupiter évoquée par les Actes de saint Marcel est indiquée à côté, en bas, à droite. 

Deuxième document, III ème siècle : il s'agit de deux médaillons sculptés sur marbre : "Apocalypse sur la forteresse de Taisey" et "Apocalypse sur le temple de Chalon". Tableaux polémiques hostiles à la colonie juive de l'époque. L'empereur Postumus et son César Victorinus y sont stigmatisés (le rétable sculpté de Mont-Saint-Vincent évoque l'alliance qui a été conclue entre eux). Suivant la tradition, les nouvelles vierges d'Israël dansent dans le temple mais c'est une danse lubrique. Contrôle de virginité et feu perpétuel, balayeuse en vue, le symbole est clair. La forme rectangulaire des colonnes, l'entablement caractéristique des chapiteaux centraux, la forme de la voûte, tout cela se retrouve dans les nefs latérales de l'actuelle cathédrale.

Troisième document, III ème siècle : Extrait d'une sculpture sur ivoire évoquant la prise de Jérusalem par Titus. On y voit le temple qu'Hérode a fait construire à Jérusalem, deuxième temple des Juifs après le temple de Salomon (sans compter celui d'Esdras). Titus, tout à fait reconnaissable, est jeté en bas de son cheval en voyant apparaître le Christ du ciel dans le ciel. Unique évocation - scandaleusement ignorée - de Jérusalem avant sa destruction. Dans leurs enceintes respectives, la ville de David, à Sion, côtoie celle des Jébouséens. Le temple d'Hérode est représenté en semi-profil dans la perspective qu'on en avait, entre le porche de l'esplanade et la forteresse Antonia, et donc sur le mont du temple. La plaque de cheminée, précédemment citée, indique clairement qu'il s'agit, après la destruction du temple d'Hérode, de le reconstruire, non pas à Jérusalem, mais à Chalon-sur-Saône. En façade, au-dessus d'une ouverture en plein cintre, il semble n'y avoir qu'un oculus.

Quatrième document, IV ème siècle  : cette médaille de Constantin représente manifestement la cathédrale, évidemment sans les deux tours qui y ont été collées en façade aux siècles derniers. Temple d'Apollon pour le rhéteur Eumène, il y voyait le temple le plus beau de tout l'univers. Normalement plus à droite, le pont est représenté devant mais, curieusement, avec les colonnes qui décorent le pont actuel. Il ne se trouve, en façade, qu'un seul grand oculus.

Cinquième document, III ème siècle : chapiteau du choeur de la cathédrale, placé à la place d'honneur, longtemps considéré comme une évocation du repas d'Emmaüs, il représente, en fait, l'espoir en la venue d'un messie essénien.

Sixième document, IV ème siècle  : Erreur également quant à l'interprétation du tympan de la cathédrale d'Autun. On y voit une étonnante évocation patriotique des anciens monuments sacrés de la cité éduenne. À droite, le temple de Bibracte de Mont-Saint-Vincent et la tour de Taisey ; à gauche, l'église d'Étienne, actuelle cathédrale de Chalon, mais en architecture inversée. 

Septième document, IV ème siècle, chapiteau de Vézelay  : l'empereur Julien prête serment devant le messie christ essénien de la cathédrale de Chalon. Photo www.art-roman.net/ Il est sculpté de profil, dans une couronne de lauriers, sous le balcon de la cure de la cathédrale de Chalon.

Pour mémoire, vers 1435 : projet de restauration de la cathédrale par Van Eck, dans son tableau intitulé "La Vierge du chancelier Rolin", une seule tour est visible. 

Voici, Madame le Maire, la première raison de ma réponse : un devoir de vérité. La deuxième raison serait qu'on arrête de dire n'importe quoi sur les origines de notre histoire locale, voire nationale. La troisième raison serait que vous et autres élus invitiez madame la Ministre de la Culture à bien vouloir informer les dirigeants d'Israël que le troisième temple des Juifs a bel et bien déjà été construit, mais à Chalon-sur-Saône et que, s'ils ont l'intention d'en construire un nouveau sur le mont du temple, il ne faudra pas lui attribuer le nom de troisième mais de quatrième http://fr.timesofisrael.com/le-grand-rabbin-disrael-pour-la-reconstruction-du-temple-de-jerusalem/. (1)

Je vous présente mes meilleurs voeux pour l'année 2017.

Emile Mourey, 26.12.2016, extraits en partie de mes ouvrages. www.bibracte.com

Copie à M. le Préfet ...

Renvoi 1. Dans mes ouvrages et dans mes articles, j'essaie d'expliquer que la Gaule a connu une première immigration cananéenne qui a influencé sa culture, puis une deuxiième vague au Ier siècle avant J.C.. La poussée démographique grecque dans le nord de la Palestine, accompagnée de la fondation de villes grecques nombreuses, semble avoir déstabilisé la région et, par voie de conséquence, expliqué cela. La persécution de Dèce de 250 trouve son explication dans un pouvoir romain qui essaie de reprendre une autorité qui lui échappe. La fondation de l'église d'Étienne, actuelle cathédrale de Chalon, est manifestement un hommage que ces Juifs esséniens immigrés, leurs descendants, mais aussi les convertis, ont voulu rendre à leurs martyrs sous le nom collectif d'Étienne. Construction décidée au temps de l'empereur Salonin, donc entre 258 et 260, donc huit à dix ans après la persécution, les dates concordent. Très certainement présenté comme le troisième temple après la destruction du temple de Salomon et de celui d'Hérode, nul doute qu'il a dû bénéficier du soutien financier de toute la communauté juive, nationale, voire internationale. La scission des empereurs gaulois, en l'occurence de Postumus, peut s'expliquer dans ce contexte. Le retour à l'empire romain peut s'expliquer de même, par une déception et une volonté de revenir à l'ordre romain.

Tristement assis à l'entrée de la tour de Taisey, derrière les fossés comblés de défense où l'eau n'arrive plus, j'attends patiemment depuis plus de 40 ans... Chapiteau de la cathédrale d'Autun www.art-roman.net/


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