Chateaux de cartes (Epilogue 1/4) : Dix de pique

par Mmarvinbear
jeudi 22 avril 2010

Le 11 septembre n’a plus de secret pour personne. Tous les éléments, toutes les preuves, tous les témoignages montrent clairement ce qui s’est passé. Un groupe de musulmans extrémistes a planifié le détournement de 4 avions de lignes afin d’en faire de véritables missiles. Les Twin towers et le Pentagone ont été leur destination finale. Pour des raisons inconnues, le quatrième appareil, en route sans doute pour Washington, s’est écrasé en Pennsylvanie.

Plus de secret pour personne ?

Non !

Un petit groupe d’irréductibles résiste encore et toujours à la pression de la vérité. Qu’ils soient nommés truthers, réopenistes ou conspirationnistes, ces personnes sont liées par deux certitudes absolues : le 11 septembre a été l’occasion d’un mensonge planétaire, et eux seuls se battent pour la vérité. Estimant que les médias traditionnels leurs sont fermés car inféodés aux pouvoirs en place, ils se sont servi du Net pour diffuser leurs thèses.

Les sites abondent et sont facilement accessibles, au vu et au su de tous. On peut déjà donc se demander ce que fait la Censure qui est censée paralyser les médias traditionnels sur le sujet. Si son but était d’étouffer la réalité par tous les moyens, elle fait preuve d’une incroyable inefficacité ou d’un laxisme criminel. Ce ne sont pas les moyens (attaques informatiques, éliminations physiques) qui manquent pourtant.

En regardant de plus près tous les sites en question, on remarque vite d’une série de noms revient très souvent. On se rend vite compte en fait que tout le mouvement repose sur un très petit nombre de personnes : l’apparent foisonnement d’articles et de posts ne sont dus qu’à la reprise en masse d’un argumentaire très succin à la base.

Entre 2001 et maintenant, ces personnalités ont tenté de convaincre un monde incrédule que tout leur a été caché ou presque. Ils répètent à l’envi leurs argumentaires qui ne trouve l’écho dans quasiment aucun média d’importance. Sans Internet, leurs voix ne seraient audibles que d’eux-même.

Pourtant depuis 2001, un noyau dur de 5 personnes clament leurs convictions, arguments à l’appui.

Thierry Meyssan, le duo Steven Jones - Niels Harrit, Richard Gage, David Griffin et Dylan Avery avertissent un monde sourd et incrédule que l’invasion de leurs esprits a déjà commencé.

Ils ne sont pas les seuls, loin de là, mais ces noms sont ceux qui reviennent le plus souvent dans la littérature truthiste, et nous allons nous attacher à voir de quoi il retourne de chacun d’entre-eux.

Le pécheur originel ?

Chronologiquement parlant, Thierry Meyssan fut le premier intervenant.

Si des questions ont été posées dès les attentats, il a été le premier à donner des réponses qui ne cadraient pas avec la version médiatique donnée jusque là. Dans son ouvrage « L’effroyable imposture » paru dès mars 2002, Meyssan y affirme que le Pentagone n’a pas été frappé par un avion, aucune carcasse n’y ayant été retrouvé.

 

 

Un débris de l’appareil. Les pièces retrouvées du train et du moteur ont été identifiées comme appartenant à un boeing 757.

Dès le départ, il affirme que le Pentagone a été endommagé par les Services Secrets américains eux-même afin de justifier d’une intervention militaire en Irak.

Pour soutenir cette conclusion, Meyssan a dû ignorer bien des éléments comme une centaine de témoignages directs identifiant un avion de ligne comme moyen de frappe, les débris retrouvés, les restes de passagers étant identifiés comme étant bien les clients du vol 77 de cette journée. Cela ne l’empêchera pas deux ans après de sortir le « Pentagate », ou il y affirme qu’un missile de l’armée américaine a été utilisé.

Ces ouvrages sont très sévèrement critiqués par la presse et les politiques. Il lui est reproché d’avoir mené une enquête courte, bâclée, sans même se déplacer pour son premier ouvrage.

Meyssan s’appuie sur les dégâts matériels causés au bâtiment pour démontrer sa thèse, quitte à tricher quel peu sur les éléments : il s’appuie sur un trou de cinq mètres de diamètres pour « prouver » sa thèse. Mais il oublie opportunément les traces d’impact des ailes, compatibles avec un boeing 757.

 

 

Une photo du « trou laissé par un missile ». En effet, aucun avion ne pourrait passer par là.

 

 

Cette photo est une mosaique réalisée à partir de tous les clichés pris avant l’effondrement. Cela permet de voir qu’en effet le rez-de-chaussée a bien été marqué par les ailes d’un avion. Curieusement, les truthers ignorent ce document.

 

 

Une vue rare : le même endroit vu un peu avant l’effondrement. L’impact du rez-de-chaussée est bien visible et anéantit la thèse du missile. Là encore, les sites truthistes ignorent ce document.

 

Pour comprendre la démarche de Meyssan, il faut avant connaître un peu mieux l’homme.

Meyssan est un polémiste né. S’il a passé ses premières années dans une famille traditionnelle et si ses premières positions étaient celles d’un catholique très traditionnaliste, il s’en est affranchi en étant exclu du « Renouveau Charismatique » (pour homosexualité ?). Membre par la suite de « Gays pour les libertés », il est exclu du mouvement pour abus de fonction : il s’est présenté à un poste de l’IGLA (une organisation gay internationale) sans l’aval du bureau des GPL. Il sera ensuite exclu de l’IGLA pour les mêmes raisons : il s’était présenté dans les médias comme étant secrétaire du mouvement alors qu’il n’avait pas ce titre. Elève à Sciences-Po, il est aussi exclu pour des raisons inconnues.

En 1994, il fonde le Réseau Voltaire. Une association de lutte contre l’extrême droite et la défense de la laïcité. Les premières années du mouvement sont pour lui un succès, car d’éminentes signatures émargent à l’association. Pourtant les choses se gâtent vite. Sa prise de position en 2001 gêne les Verts et d’autres personnalités. D’autant plus que Meyssan fait entrer à l’ assemblée des personnes plus douteuses quant à leurs positions politiques. La crise éclate en 2004 et en février 2005 la rupture est consommée. Le réseau s’oriente résolument vers une position anti-américaine de principe et se lie avec des médias extrémistes : l’entrée de Issa El Ayoubi et de Jean Claude Ramos au conseil symbolisent le changement. Ayoubi est un leader d’un parti libainais pro-syrien, et un ardent défenseur de la chaine Al-Manar, exclue des retransmissions françaises pour ses nombreuses émissions antisémites. Ramos, lui, est accusé par d’ancien conseillers d’avoir tenu à de nombreuses reprises des propos antisémites lors de conseils d’administration. L’entrée au conseil de Bruno Drewski, qui soutient des thèses négationnistes, est également révélatrice de la dérive brune du Réseau.

http://www.amnistia.net/news/articles/voltaire/voltaire_552.htm

De façon plus générale, ses contradicteurs reprochent aussi à Meyssan d’user de la calomnie à outrance, affirmant, mais ne prouvant jamais.

On peut lire quelques affirmations Meyssianiques ici :

http://www.voltairenet.org/article157210.html

Avertissement : n’y cherchez pas de preuve que ce que Meyssan y affirme...

Ses attaques répétées contre la politique américaine ont fini par le rendre indésirable sur le sol américain. Actuellement, Thierry Meyssan vit au Liban. Il a déclaré être sous la menace d’un contrat lancé par la CIA, avec le gouvernement Sarkozy comme complice. Il intervient régulièrement à la télé iranienne ( Sahar TV, une chaine qui nie explicitement la Shoah) ou il soutient sans ambiguité le pouvoir islamique (un comble pour un anticlérical féroce...) :

« La révolution islamique d’Iran a une nation qui inspire, automatiquement, les valeurs auxquelles aspirent les nations du monde. »

http://french.irib.ir/index.php/interview/31167-thierry-meyssan-ecrivain-et-journaliste-francais

Les écrits de Meyssan ont eu beaucoup de retentissement en Amérique latine et dans le monde arabe.

L’ anti-américanisme primaire y est très apprécié. Ses paroles séduisent également outre-atlantique ou il a l’oreille bienveillante de Cynthia McKinney, une ancienne élue démocrate passée au Green Party après deux défaites consécutives, et sa prise de position en faveur du truthisme : mais nous y reviendrons plus tard.

En Europe, les dires de Meyssan séduisent aussi un certain Nafeez Mossadeq Ahmed, qui va nous servir de tremplin pour passer outre-atlantique.

Ahmed est un chercheur. Il est également directeur d’un institut politique anglais, l’ IPRD, fondé en Avril 2001.

Sur le plan pratique, Ahmed est un truther. Il ne croit pas à la thèse communément admise. Pour lui, tout s’explique si on prend pour base le fait que les USA ont pour objectif unique et ultime la main-mise sur le pétrole irakien et d’Asie centrale.

Il est difficile de prouver le contraire au sujet de l’Irak. Un des premiers bâtiments officiels investis par l’armée américaine à son entrée dans Bagdad fut le ministère de l’énergie.

La thèse d’Ahmed s’ appuie sur la poursuite du « Grand jeu », un affrontement diplomatique et militaire entre l’Angleterre et la Russie pour empêcher cette dernière d’accéder à l’Océan Indien. Lors de l’invasion de l’Afghanistan, la CIA a financé la formation et l’équipement de groupes de combattants locaux. C’est un fait avéré et connu de tous. Cette aide s’est tarie avec le retrait soviétique. L’indépendance des républiques d’ Asie centrale a cependant redonné de l’intérêt à l’Afghanistan : il faut bien sortir le pétrole et le gaz de ces pays. Et seules deux routes sont praticables : l’une passe par l’Iran, l’autre par l’Afghanistan et le Pakistan. La porte iranienne étant scellée politiquement, il fallait que l’Afghanistan se dote d’un régime stable afin d’assurer la construction et la bonne exploitation des oléoducs et des gazoducs.

Les talibans, après une courte guerre civile, prennent le pouvoir à l’exception du nord-est du pays, une région loin des tracés prévus. C’est la raison pour laquelle à cette époque que, même si le gouvernement américain ne reconnaît pas le régime taliban, les USA se montrent très pragmatiques quant au régime en place, et acceptent de fermer les yeux sur les nombreuses violations des droits de l’Homme et la tyrannie religieuse qui se met en place.

Le 11 septembre vient bouleverser le jeu de cartes. La CIA savait que l’Afghanistan servait de base arrière à Al-Qaida, mais elle n’en avait cure tant que les extrémistes se tenaient loin des intérêts américains. Les attentats de 1998 ont cependant fortement gêné la centrale américaine : intervenir sur le sol afghan, c’était mettre en péril les intérêts pétroliers américains. L’armée doit se contenter de frappes aériennes, ce qui renferme le régime afghan sur lui-même. Le 11 septembre met fin aux tergiversations américaines. Le refus taliban de livrer Ben Laden aux américains pour qu’il soit jugé aux USA condamne le régime (médiatiquement et politiquement, il était impossible au gouvernement US d’accepter l’offre de juger Ben Laden en Afghanistan).

C’est la première faiblesse de la thèse de Mossadeq : pour lui, le 11/9 était un inside job destiné à servir d’excuse pour l’invasion de l’Afghanistan, puis de l’Irak.

Mais agir ainsi, c’était prendre le risque de déstabiliser le régime afghan au point de fermer la porte du pétrole de l’Asie Centrale. Le gouvernement US de l’époque, très au fait des intérêts des pétroliers, ne pouvait pas l’accepter.

La seconde faiblesse de la thèse de Mossadeq est ce dernier : pour lui, Al Qaida n’est rien d’autre qu’une émanation directe de la CIA. Il l’affirme en traduisant le nom « Al Qaida maloomat » par « base de donnée des combattants ». Ce qui, selon lui, rattache Ben Laden directement à la CIA. Cela est visible dans le film « Zéro ».

Malheureusement pour lui, l’organisation de Ben Laden n’a jamais porté ce nom. Ben Laden lui-même en a donné l’origine dans une vidéo : « The name ’al-Qaeda’ was established a long time ago by mere chance. The late Abu Ebeida El-Banashiri established the training camps for our mujahedeen against Russia’s terrorism. We used to call the training camp al-Qaeda. The name stayed. ». Quelle crédibilité accorder dès lors à ses thèses

Ce point de vue ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, et l’on retrouve cette théorie assez rapidement dans les écrits d’un des plus grands pontes (et vendeurs...) du truthisme : David Griffin...

 


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