Chine communiste : quand l’Occident prend l’ombre pour la proie…

par Michel J. Cuny
vendredi 30 août 2019

Tandis qu’Alexandre Mirlicourtois continue à se mélanger un peu les pinceaux en ferraillant dur contre les prétendues manœuvres comptables d’un régime chinois auquel il accorde tout de même quelques résultats tangibles, nous allons constater qu’Olivier Passet – si la Chine se trouve largement moins présente dans ses vidéos que dans celles de son collègue – est bien moins réticent en face de l’empire du Milieu, mais pour des raisons qui ne sont peut-être pas les meilleures. En tout cas, arrivé à la date du 17 octobre 2018, il nous permet de mieux comprendre le désarroi de certains responsables du monde capitaliste en face de l’évolution récente de ce pays qui paraissait, jusqu’alors, être décidément à la botte de la finance internationale, et pouvoir servir à…

« organiser une complémentarité financière entre la cigale américaine et la fourmi chinoise ; financière et productive, avec la Chine en atelier des multinationales de l’Occident. »

Pourquoi, alors, ne pas lui attribuer la…
« vocation ultime de devenir un géant par la taille de son marché, mais de demeurer une puissance de second rang, sous contrôle des capitaux étrangers, sur le plan productif. » ?

Le parti communiste chinois en aura décidé autrement… Sans toutefois évoquer celui-ci, bien sûr, Olivier Passet fait un constat qui s’en rapproche autant que faire se peut :
« L’illusion a vécu. La planification chinoise a bien saisi le jeu de dupe de la vassalisation déguisée. »

Or, s’il faut effectivement remonter jusqu’à ces plans quinquennaux qui constituent, pour le parti communiste chinois, l’outil principal de gestion de l’ensemble de la Chine, et le moyen de déterminer sa place dans l’économie mondiale, il y a fort à parier que l’adhésion à l’OMC ne s’est pas faite à l’aveuglette, et que l’« atelier du monde » n’aura été qu’un piège tendu à l’Occident qui s’y est engouffré comme un seul homme : les conséquences plus lointaines de cette stratégie chinoise apparaissent au moment où nous nous trouvons en compagnie d’Olivier Passet.

Encore faut-il savoir les reconnaître… Ce dont Alexandre Mirlicourtois s’est avéré plus ou moins incapable, rangé qu’il aura été, sous l’influence, momentanée mais véritablement efficace, d’un Patrick Artus… Décalé dans le temps, Olivier Passet va-t-il s’en tirer un peu plus à son avantage ?

Manifestement, non.
Il croit pouvoir appliquer à la Chine les outils qui conviennent à l’économie libérale et à la prothèse keynésienne que celle-ci a pu accepter pour un temps donné, outils qui correspondent à toute cette époque au long de laquelle l’objectif aura été atteint de transformer Joseph Staline – et donc l’ensemble de ce qui pouvait s’intituler soviétique – en monstres assoiffés de sang…

Ainsi la Chine serait-elle soudainement devenue un véritable pays impérialiste dont on constate aussitôt qu’il aura pu prendre pour modèle les… Etats-Unis, Olivier Passet transformant en avantage chinois ce que Dwight Eisenhower avait eu l’audace, lui, de mettre en question, le 17 janvier 1961, à l’occasion de ce que l’on peut considérer comme son discours de fin de mandat à la présidence…

Nous retrouverions alors une Chine, arrivée là où elle est…
« Elle sait qu’elle possède deux atouts maîtres dans sa manche, similaires mais potentiellement plus puissants encore que ceux des États-Unis. Son complexe militaro-industriel, pour impulser la course technologique. Et surtout la taille de son marché, qui lui permet et surtout lui permettra à terme, de bénéficier d’économies d’échelle et de réseau d’une taille extraordinaire, sans équivalent au plan mondial. »

C’est donc la même chose, mais en plus grand…

Tandis qu’Alexandre Mirlicourtois boudait devant les chiffres chinois, Olivier Passet revit, à travers l’économie chinoise, un processus de développement tout à fait comparable à celui qu’ont connu les Etats-Unis, le système chinois ne se distanciant de son modèle que parce que, placé en miroir, il ne peut se poser qu’en s’opposant…
« Face à Google, Baidu ; face à Amazon, Alibaba ; face à Facebook, Tencent ; Face à Apple, Xiaomi. Sur tous les terrains, les entreprises chinoises sont passées à l’offensive, d’abord sur leur propre marché, puis maintenant à l’international. L’État chinois a fait ce qu’il fallait pour bâtir des effets de réseau, préserver sa souveraineté numérique et surtout son emprise sur l’information. »

Ne croit-on pas que la Chine puisse être elle-même très étonnée de découvrir à quel point les populations occidentales ignorent qu’elle est un pays d’exercice de la dictature du prolétariat ouvrier et paysan ?… Pour atteindre un tel résultat de non-savoir, tout en brandissant le drapeau de la « liberté d’expression », de quel niveau doit donc être l’ « emprise sur l’information » de ces pays qui sont, eux, placés sous la dictature inflexible de leurs bourgeoisies nationales et internationales, agrippées aux forces militaires du Pentagone ?…

De l’ignorance de tant de peuples, passons à la pleine suffisance de leurs prétendus critères moraux… Sachant à quel point l’Occident est un parangon de vertu, sachant ce qu’ont été les crimes innombrables gracieusement prêtés à Staline et à Mao par les admirateurs cachés d’Adolf Hitler, sans doute ne faut-il pas hésiter à prêter le pire de la démoralisation à ces Chinoises et à ces Chinois qui mettent tout leur souci du côté des valeurs d’usage – au sens où elles correspondent au meilleur de ce que l’humanité peut mettre en oeuvre dès maintenant et dans une perspective globale :
« Avec un atout considérable : l’éthique, les freins juridiques, et notamment la protection des données personnelles, ne viennent pas brider le mouvement. Et l’on pourrait parler encore des énergies renouvelables… »

Cependant que la Chine, elle, ne cesse de revivifier l’énergie dialecticienne de ce parti communiste chinois qui s’est manifestement lancé sur la voie de l’inaccessible étoile…, un pauvre pays tel que la France, désormais embrigadé à jamais dans l’Empire allemand, n’en a, pour l’heure, pas reçu la moindre nouvelle… celle qui lui aurait peut-être permis de se pencher un tout petit peu sur la Commune de Paris (1871), et puis encore un tout petit peu sur Jean Moulin (1899-1943)…

NB. Ainsi s'achève cette série de 145 textes qui n'ont été publiés ici qu'en petite partie, et qui constituent désormais l'ouvrage « L’Allemagne victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ? - Question posée à l'Europe du XXIème siècle » accessible ici


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