Chômage des jeunes, le fléau décrypté | Par le Collectif Marianne

par Collectif Marianne
lundi 21 avril 2014

     Le taux de chômage des 15-25 ans est sans conteste l’un des plus grands maux qui touche les jeunes actifs. Tous les pays ne sont cependant pas concernés. Certains connaissent un chômage des jeunes structurellement élevé, et d’autres plus faible. La démographie joue là un rôle essentiel, cela va de soi.

  En effet, on retrouve des pays comme l’Allemagne ou le Japon, à la population vieillissante, parmi ceux qui en souffrent le moins (inférieur à 10%).

En revanche, la France doit « absorber » sur le marché de l’emploi 150 000 nouveaux arrivants (net, c’est-à-dire 800 000 jeunes contre 650 000 séniors qui partent en retraite) chaque année.

La crise et les politiques d’austérité ont fait exploser le chômage des jeunes en Union Européenne, et particulièrement en Grèce, en Espagne, en Italie, au Portugal… L’Allemagne fut quant à elle relativement épargnée, ce qui témoigne d’une zone euro qui tourne à son bénéfice, et surtout d’une asymétrie des cycles économiques avec le reste de la zone.

Il est courant d’entendre que le coût du travail et en particulier un salaire minimum trop élevé serait à l’origine du chômage, en particulier pour les jeunes actifs n’ayant pas acquis toute l’expérience de leurs ainés. Ce qui a pu conduire certains gouvernements ("Balladur") à penser un « SMIC jeune » dévalué pour permettre leur insertion sur le marché du travail.

Cependant, lorsque l’on compare la situation des différents pays ayant un salaire minimum, on constate que ce dernier joue très peu sur le chômage. Il n’y a pas de véritable corrélation entre taux de chômage des jeunes, et salaire minimum élevé.

En outre, les rustines gouvernementales, et autres aides publiques pour la formation (35 milliards qui servent à diviser par 2 les chances de trouver un emploi après formation …) sont tout aussi inefficaces. Ainsi, la comparaison internationale montre également qu’il n’existe aucun lien entre ces dépenses actives et le chômage des jeunes, ou le taux de chômage global (ce qui est une litote puisque d’après la base OCDE, 1 point de PIB d’augmentation des dépenses sur le marché du travail, augmenterait le chômage des jeunes de 0.06 point…).

Par ailleurs, si la forte protection de l’emploi a un impact négatif sur le chômage (il ne faut pas le nier), il s’agit de ne pas incriminer non plus une nécessaire protection des travailleurs dans un marché tournant à leur désavantage, mais au contraire de se poser la question de l’origine de la frilosité des entreprises. Les chefs d’entreprise n’embauchent pas pour licencier ! Ils doivent donc être sûrs que leur nouvel emploi soit rentable. Et pour qu’il le soit, leurs carnets de commandes doivent être garnis !

Selon les enquêtes réalisées par l’INSEE, les entreprises ne souffrent pas d’un problème d’offre (contrairement à ce que répète F.Hollande qui a décidé d’affirmer haut et fort son amour pour la loi de Say…), mais surtout de demande !

En effet, la demande intérieure a été comprimée par les politiques d’austérité, réduisant les débouchés des entreprises, qui n’ont pu se recentrer vers l’export puisque l’organisation de Bruxelles appliquait avec une même joie non dissimulée, la même austérité aux « canards boiteux » (les PIGS) de la zone euro.

Il est nécessaire de maintenir une certaine protection de l’emploi, (la « flexisécurité » n’a pas empêché le Danemark de connaitre une aggravation spectaculaire de son chômage).

Les problèmes se trouvent donc ailleurs.

Et principalement dans la qualité du système éducatif et la qualification. En comparant les enquêtes PISA réalisées dans différents pays de l’OCDE (indicateur certes perfectible, mais qui a le mérite d’exister …), on voit une nette corrélation entre le taux de chômage des jeunes, et le score PISA obtenu. Le Japon, l’Australie, le Canada, la Suède… dont les résultats PISA sont excellents, connaissent également un faible chômage des jeunes, contrairement à la Grèce, à l’Espagne, au Portugal, ou à l’Italie. Toutefois, ceci n’explique pas tout, la France a obtenu (sur une moyenne 2000-2009) les mêmes résultats PISA que le Danemark, et à un taux de chômage des jeunes différent (du simple au double).

La qualité du système éducatif touche en priorité l’ensemble de la population active dans l’accession à l’emploi. De même que la qualification. Il est évident qu’une proportion élevée des jeunes non qualifiés (ayant seulement une éducation primaire par exemple) conduit à une hausse du chômage des jeunes. Les fameux NEET (jeunes qui ne sont ni étudiant, ni en emploi, ni en formation) doivent être une priorité. De plus, la part des immigrés et enfants d’immigrés dans le groupe des élèves ayant le plus de difficulté (il suffit de regarder la dernière enquête PISA) doit pousser à s’interroger sur la politique d’intégration française…

Les dépenses d’éducation n’expliquent par ailleurs pas forcément l’écart de performance des systèmes éducatifs. Ce n’est donc pas dans les moyens, mais dans la méthode qu’il faut insister. L’école doit redevenir un lien de transmission de la culture, et d’instruction, et non pas un lieu « d’épanouissement ».

Le résultat est que le taux de chômage des jeunes pousse au découragement et à ce que l'on appelle l’effet de flexion (on retarde son entrée dans la vie active). C’est ainsi que le taux d’emploi des jeunes (part des 15-25 ans qui occupent un emploi) est 2 fois plus faible en France qu’au Danemark, Royaume-Uni, USA, Allemagne (30%) !

Bien entendu, Il ne faudrait pas non plus négliger les grandes inégalités qui existent à l’intérieur de la catégorie. Certains sont privilégiés, comme les jeunes ayant suivi un cursus dans une grande école et qui affichent un taux de chômage négligeable (4%). D’autres subissent la crise et les politiques néfastes misent en place depuis 20 ans, comme les détenteurs de BTS ou DUT, ainsi que certains titulaires de master, qui ne trouvent pas « preneur ». Un bac + 2 n’est parfois plus suffisant pour trouver un emploi, conséquence de la massification (« le bac pour tous ») et de la nouvelle « stratification » éducative qui s’est opérée.

Et ce ne sont pas les rustines gouvernementales (contrats aidés utilisés à tour de bras pour faire artificiellement baisser une courbe du chômage qui a décidément du mal à s’inverser) qui changeront les choses.

Les études économétriques montrent l’inefficacité patente des emplois aidés lorsqu’ils sont réalisés dans le secteur non-marchand (ils accroissent même les chances d’être au chômage par rapport à ceux qui n’en aurait pas bénéficié !). Tandis que les contrats aidés du secteur marchand donnent tout son sens à l’expression « effet d’aubaine », puisque les entreprises auraient de toute manière embauché ! ( cf graphique INSEE).

Il est impératif de repenser les politiques d’emploi et d’éducation qui ont montré toute leur inefficacité et sortir du cadre restreint imposé par l’organisation de Bruxelles, qui assume ici son rôle de fossoyeur d’une génération entière.

 

Par le Collectif Marianne, Porte-voix de la jeunesse patriote.

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