Christophe Raineteau : visage contemporain du mercenariat français en Afrique

par Patrice Bravo
mardi 15 octobre 2019

La France, en tant qu’Etat ayant une longue histoire coloniale et néocoloniale, dont une large partie en Afrique, est aussi connue pour ses tristement célèbres mercenaires, ayant opéré durant de longues années sur le continent africain, notamment dans le cadre du système communément appelé « Françafrique ».

Le plus connu d’entre eux est certainement Bob Denard, dont les activités au service du néocolonialisme de son pays s’étendirent à nombre de pays africains : Congo, Nigéria, Bénin, Gabon, Angola ou encore les Comores. Décédé en 2007, sa mort pour de nombreux observateurs signifiait une sorte de fin d’une longue page de mercenariat français en Afrique. Mais ce fut loin d’être le cas. Dans le refus d’accepter le respect de la souveraineté de ses anciennes colonies, Paris a aujourd’hui de nouveaux personnages sur qui il peut miser. L’un de ces mercenaires contemporains n’est autre qu’un certain Christophe Raineteau, surnommé Alpha.

Actif dans plusieurs pays africains, c’est en République centrafricaine que ses activités de déstabilisation feront particulièrement parler de lui, au point que Bangui accusera ledit citoyen français de terrorisme et lancera un mandat d’arrêt à son encontre, ainsi que de son compatriote Bernard Cousin.

Déjà fin mai 2018, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, dans un entretien à la chaine de télévision France 24, a fait mention de ces deux citoyens français en qualité de déstabilisateurs de son pays : « ils manipulent certains hommes politiques, des groupes armés et une partie de la société civile en Afrique centrale dans le seul but de déstabiliser le gouvernement démocratique de Bangui » https://youtu.be/jTQF42IIKVA

Les tentatives de déstabilisation françaises contre la Centrafrique, via notamment ces mercenaires, ne sont pas anodines. La RCA, longtemps considérée comme la chasse gardée de Paris, est rentrée depuis les dernières années en alliance avec la Russie, dont les instructeurs participent à la formation des Forces armées centrafricaines (FACA), sans oublier plusieurs projets bilatéraux en cours de développement entre les deux pays, sur une base légale et conformément à la souveraineté des deux nations.

Il n’est donc aucunement surprenant qu’un Raineteau soit utilisé par des cercles obscurs de l’Elysée dans des opérations visant à déstabiliser un Etat africain qui assume de plus en plus sa souveraineté, y compris dans le choix de ses partenaires extérieurs. Et ce malgré le fait que le président centrafricain Touadéra est connu pour être un intellectuel qui s’est fixé le ferme objectif d’apporter la paix et le développement pour son pays, après des années de chaos et d’affrontements, notamment inter-religieux. Et malgré aussi le fait d’avoir été élu dans un cadre démocratique. Mais peu importe la démocratie et la volonté réelle de sortir son pays des années sombres récentes, Paris et ses hommes de main n’ont que faire de la souveraineté de cet Etat.

A noter qu’un mandat d’arrêt a été émis par la RCA à l’encontre de ces deux personnages en décembre dernier, sur la base de dix paragraphes d’accusation, parmi lesquels les actes de terrorisme, les meurtres et la destruction de la sécurité intérieure de l’Etat. Christophe Raineteau se trouvant de passage au Madagascar sera même arrêté par les autorités malgaches en vue d’une extradition vers la Centrafrique pour y être jugé, mais sous pression des autorités françaises fut relâché et a pu regagner la métropole, au grand dam des autorités centrafricaines https://www.nofi.media/2019/03/christophe-raineteau-2/63723

Evidemment, Raineteau nie les accusations qui sont portées à son encontre depuis Bangui. Il se présente lui-même comme un « aventurier humaniste », et dont les activités sont avant tout liées au « consulting de géopolitique africaine » pour des entreprises clientes. Quoi qu’il en soit et malgré la poursuite vraisemblable de ses activités dans nombre de pays africains, il n’est pas prêt à remettre les pieds sur le sol centrafricain.

L’histoire de ce mercenaire français est en réalité bien plus qu’une nouvelle page de mercenariat occidental en Afrique. Elle est surtout l’image d’une politique qui prétend parler au nom des valeurs dites « universelles » et de promotion de la « démocratie », mais avec comme fond un néocolonialisme aujourd’hui pratiquement impossible à voiler. Qu’un chef d’Etat d’un pays souverain soit élu démocratiquement et ayant pour objectif de changer radicalement les choses, d’y apporter la paix, la sécurité et le développement – tout cela préoccupe bien peu l’Elysée, et plus généralement les élites politiques occidentales. Les objectifs de ces derniers restent les mêmes et ne sont pas prêts de changer : maintenir le contrôle des anciennes colonies sous le diktat politique, armé et économique, sans oublier le contrôle des ressources naturelles des pays en question. Et peu importe si pour cela il faille maintenir la souffrance des populations locales, qui à défaut d’être massacrés, n’auront d’autre choix que de prendre la voie de l’immigration. « L’humanisme » libéral-occidental dans toute sa splendeur.

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1178

 

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 EXERCICE DU DROIT DE REPONSE

Ou au sein de l'article « Christophe Raineteau : visage contemporain du mercenariat français en Afrique » sur le média AGORAVOX en date du mardi 15 octobre 2019. 

Monsieur RAINETEAU est présenté comme un mercenaire ayant participé à des opérations visant à tout le moins à déstabiliser un état africain, à savoir la Centrafrique, voire à participer à des actes de violence et de terrorisme. 

Comme ce dernier l'a indiqué avec force par le biais d'un communiqué de presse datant du 18 juin 2018, il conteste l'intégralité des accusations qui sont contenues dans ces articles de presse mais aussi dans l'acte d'accusation transmis par le Parquet Général de Bangui mentionnant « l'attentat commis à l'encontre de l'église Notre Dame de Fatima le 1er mai 2018 » ou lors d'interviews télévisuelles données par les plus hautes autorités de la République de Centrafrique. 

Dans ce cadre, Monsieur RAINETEAU rappelle qu'il n'a jamais été ni entendu ni même contacté au sujet de ce dossier par quelque autorité que ce soit et qu'il n'a donc jamais pu répondre à ces accusations dans un cadre juridique. 

De la même manière il n'a jamais pu prendre connaissance des soi-disant preuves irrefutables mentionnées maintenant depuis de nombreux mois par le Parquet de Bangui. 

Une fois de plus, il conteste vigoureusement tous les chefs d'accusation retenus à son encontre et atteste qu'il n'a aucunement, de près ou de loin, pris part à de telles atrocités. 

Il tient à rappeler à tous les journalistes traitant de ce sujet certains faits juridiques qui n'ont étonnamment jamais été mentionnés : 

 - Le mandat d'arrêt international sollicitant son extradition émis à son encontre a été considéré par les autorités malgaches nul et non avenu.
En effet, et de manière classique dans ce type de procédure, un tel document doit être accompagné de l'original ou de l'expédition authentique soit d'une décision de condamnation exécutoire soit d'un mandat d'arrêt ou de tout autre acte ayant la même force et décerné dans les formes prescrites par l'état centrafricain, ce qui n'a jamais été le cas en l'espèce.

De la même manière, les faits pour lesquels l'extradition est demandée, le temps, le lieu et les circonstances dans lesquelles ils ont été commis, la qualification et les références aux dispositions légales applicables doivent aussi être indiquées, aussi exactement que possible, avec une copie des différentes dispositions citées.
Ces dispositions n'ont pas non plus été transmises aux autorités malgaches. Dans ce cadre, et en dehors de toute intervention diplomatique ou politique, le mandat d'arrêt international dont il est fait état dans les médias ne pouvait être exécutoire. Il s'agit sans nul doute de la raison principale pur laquelle le Parquet malgache n'a pas fait droit à la demande centrafricaine.

- Par ailleurs il est particulièrement étonnant que pour des chefs d'accusation aussi graves portés à l'encontre de Monsieur Christophe RAINETEAU publiquement dans le cadre d'interviews télévisuelles de Monsieur TOUADERA mais aussi par le biais de différents médias écrits, le premier concerné n'ait jamais été contacté, directement ou indirectement, dans le cadre d'une telle procédure.
En effet, il a toujours indiqué qu'il se tenait à la disposition des autorités françaises notamment dans le cadre d'une commission rogatoire internationale afin de répondre à l'intégralité des chefs d'inculpation qu'il conteste avec véhémence.

- De la même manière, il semble fondamental de rappeler à ces différents médias que la présomption d'innocence est un droit de la défense fondamental en application de l'intégralité des pays concernés par le cas de Monsieur Christophe RAINETEAU, que ce soit en Centrafrique, à Madagascar ou bien entendu en France. 

 

Il est particulièrement affligeant de voir lesdits médias porter des accusations aussi graves que la réalisation d'un attentat aux fins de déstabilisation d'un pays et cela sans aucun commencement d'élément de preuve et sans même interroger le premier concerné, Monsieur Christophe RAINETEAU lui-même. 

Ainsi ce dernier réaffirme qu'il est à la disposition des autorités judiciaires en charge de ce dossier. 

Bien entendu il condamne fermement cet attentat.


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