CIASE : pas de miroirs Photoshop
par Rémy Mahoudeaux
mardi 5 octobre 2021
Non, le célèbre éditeur de logiciel Adobe, ne se lance pas dans la production et la vente de miroirs. Il a su imposer son logiciel de retouche photographique comme le standard du marché, au point que son nom devienne un verbe, un brin péjoratif, pour désigner l’amélioration des clichés avant publication. Sic transit le bourrelet disgracieux d’un président qui avait fait couler de l’encre et du pixel. Notre époque, elle, succombe au narcissisme et voudrait que notre reflet dépasse la réalité que nous renvoie ce miroir. Les réseaux sociaux sont un piège pour ce travers humain. Pourtant, la fonction du miroir est de nous renvoyer une image sincère et fidèle, comme diraient les auditeurs, et surtout des défauts qu’il constate. Le désordre de la coiffure, le teint fatigué, le rasage parfois approximatif, le nœud de cravate noué à la va-vite, et les outrages du temps1. Le miroir nous dit ce qu’il faut corriger, et ce qui est intangible.
Le 5 Octobre 2021 sera publié le rapport de la CIASE, Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église. L’étude de 70 ans de pédophilie dans l’Église de France. Nous savons déjà que le miroir nous renverra une image laide, salie, d’une institution qui a préféré dans bien des cas camoufler le péché sans trop se soucier des victimes.
Il y a des écueils.
Le premier serait de dire que c’est peut-être ou sans doute pire ailleurs, au sein de l’Éducation Nationale, des structures associatives ou sportives, dans les huis-clos des familles. Quand bien même ce serait vrai, les fautes commises au sein de l’Église sont plus graves en raison de la nature de sa mission.
De même, le courage de l’Église de (peut-être) se regarder sans ciller dans ce miroir n’oblige en rien les autres institutions à se livrer à la même introspection, et donc à les dénigrer de ne pas le faire. Même si, bien sûr, la justice des hommes doit instruire et sanctionner dès qu’elle a connaissance de faits délictueux ou criminels partout où ils sont commis.
Comme dans tout rapport, il est probable que des erreurs de diagnostic ponctuelles s’y soient noyées : faux positif, faux négatif, jongler entre respect de la présomption d’innocence et protection des enfants. Souhaitons que cela n’altère pas la fiabilité de l’image globale, mais ne prenons pas prétexte de ces possibles erreurs pour jeter le bébé avec l’eau du bain, et refuser de regarder ce miroir.
N’éludons pas les responsabilités. Elles sont toujours collectives, même s’il y a des degrés.
Que l’Église agisse pour que cessent ces scandales trop souvent mis sous le boisseau. Elle a déjà commencé, heureusement. Il faut poursuivre, inlassablement.
Conclusion pour les catholiques. Surtout, gardons-nous du désespoir. L’Église de France fait partie de celle du Christ. Je suis un pécheur qui n’a de leçon à donner à personne, nous sommes tous des pécheurs, et nous sommes tous lâches devant le péché. Le nôtre, celui de notre frère, celui de notre pasteur, celui de notre Église. Regardons-le, et prions le Miserere, ce psaume composé par David assailli de remords d’avoir fait tuer Urie le hittite pour s’approprier Bethsabée.
Conclusion pour tous les citoyens. De tout temps, l’enfant a été instrumentalisé par et pour l’adulte. Des sacrifices du fils à Baal à la pédophilie, que ce soit celle de l’Église catholique ou celle de l’intelligentsia de gauche ou libérale-libertaire, triomphante dans les années 70, plus hypocrite aujourd’hui. Souhaitons que nous sachions identifier à temps toutes les maltraitances dont sont victimes les enfants. Il y en a beaucoup : les obliger à porter des masques à l’école, ou à se faire vacciner, ou souscrire à une sexualisation trop précoce, ou aux lubies des transitions de genre, ou les obliger à de prétendues thérapies de conversion. Et sanctionner les adultes qui cautionnent ou profitent de ces maltraitances.
(Précédement publié chez Boulevard Voltaire - Cliché Milliped CC BY 3.0 )
1Mesdames remplaceront rasage et cravate par ce qui leur importe. Les obsédés du genre me voueront aux Gémonies une fois de plus pour une nouvelle assignation transphobe.