CICE, exonération de charges et efficacité économique
par Christophe Bugeau
mercredi 15 janvier 2014
Le gouvernement a officiellement amorcé un virage libéral en lançant une grande offensive vers le patronat et l’entreprise : les vœux du Président ont été clairs. D’abord la rigueur et la baisse des dépenses publiques et ensuite un pacte d’entraide avec les entreprises. Dans son intervention du 14 janvier, le Président va jusqu'à proposer 30 milliards d’exonération de charges. Mais pour quelle efficacité économique réelle ?
Le dispositif du CICE qui doit entrer pleinement en vigueur cette année en est la démonstration. D’après les modélisations de l’OFCE, ce dispositif qui doit permettre de créer 150 000 emplois au bout de 5 ans coutera au budget de l’Etat en année pleine 20 milliards d’Euros (dont 25 % pour l’industrie et le BTP et 75 % pour le secteur tertiaire).
Ce dispositif qui coute 1 % du PIB reviendrait donc par emploi à 133 000 euros ! (chaque année de surcroît !).
L’on peut donc s’interroger sur la pertinence du CICE ! Un système de TVA sociale aurait certainement été plus utile et efficace pour redonner de la compétitivité au pays et relancer la croissance et l’emploi.
En effet, le CICE étant un crédit d’impôt venant a posteriori et sans contrôle, il servira essentiellement à augmenter les profits des grandes entreprises tertiaires et non à relancer l’économie. De surcroit, l’effet sur la compétitivité à l’international ne peut qu’être faible : la baisse du coût du travail serait de 2,8 % pour l’industrie !
Si l’on veut baisser efficacement le coût du travail et donc augmenter notre compétitivité face aux autres pays (à défaut de dévaluer puisque nous sommes bloqués dans l’euro), nous devons trouver des dispositions efficaces !
Le Président lors de sa conférence de presse a proposé une baisse de charges de 30 milliards d’euros (sans préciser comment elle serait financée) portant sur les cotisations de la branche famille. Là-encore se pose la question de la pertinence de la mesure.
Pour relocaliser nos productions, il faudrait surtout commencer par diminuer le coût du travail de manière sensible dans les secteurs en concurrence avec l’international (industrie et désormais BTP avec les travailleurs détachés).
Une baisse des charges devrait donc surtout porter sur l’industrie : le CICE coutant 4,4 milliards pour cette dernière pour une baisse de 2,8 % du coût du travail, 30 milliards permettrait de baisser le coût de 19 % ! Et il est évident qu’une baisse de charges doit se traduire par une baisse des prix !
Un tel montant peut se financer par une hausse de la TVA (car le dispositif ne se financera pas tout seul !) qui porterait sur les produits français et les produits importés. Ceci aiderait grandement notre industrie et permettrait de réellement relancer la croissance et la création d’emploi.
Une telle mesure a déjà été prise en Allemagne depuis quelques années avec un succès certain. Dans un système de change bloqué comme celui de l’Euro, c’est l’une des seules méthodes permettant de regagner des parts de marché à l’interne et à l’international.