Cinéma : l’exemple américain ou le courage politique

par Arturo Bandito
vendredi 15 décembre 2006

Les USA donnent à la France une leçon de cinéma engagée que nous serions bien inspirés de suivre.

Qu’ont en commun des films aussi divers que Syriana, Team America, Borat, Les infiltrés ou encore le documentaire Enron ?

Ils sont nés aux USA en 2005 et 2006, et leurs réalisateurs ont fait preuve d’un courage politique dont sont incapables leurs confrères et autres humoristes français. Alors que Borat ou Team America s’attaquent de front aux maux qui rongent leur pays (racisme, ignorance, propagande gouvernementale, etc.) que se permettent un Michael Youn ou un Karl Zéro dans le même temps ? Bien peu, vous en conviendrez.

Le Français, si prompt à toiser les oeuvres américaines et à ironiser sur leur démarche commerciale, devrait contempler son triste nombril et orienter son ironie à meilleur escient. Le seul courage politique que l’on se permette dans notre pays est de piétiner un homme à terre (Jacques Chirac, pour ne pas le nommer) et encore sans titiller là où cela fait vraiment mal. N’est-ce pas, Messieurs Zéro, FOG (c’est un livre, mais quand même) ou Rotman ?

Pendant ce temps-là des sociétés de production comme Participant (Clooney), des artistes comme Sacha Baron Cohen, ou des maîtres comme Martin Scorcese regardent la société américaine dans les yeux et lui disent les quatre vérités qu’elle voudrait ne pas entendre, à grand renfort de 24 et autres Lost. Le cinéma reprend ses droits, et montre son statut que prétendent lui contester les séries TV, aux dires de certains.

Le Français se plaît à croire à son impertinence ; que dire d’un dcocumentaire comme Enron : the smartest guys in the room, alors ? Le système politico-économique en ressort bouleversé dans ses fondations mêmes. Quelles traces en revanche laissera le catalogue de banalités et de pseudo-révélations de M. Rotman ? A quand un regard pertinent sur une affaire Clearstream, pour parler du plus récent ? Je me laisse sûrement emporter ici par mon enthousiasme en évoquant une société qui vient juste de reconnaître l’apport des peuples colonisés à ses guerres mondiales.

En ces temps de présidentielles, le courage de nos hommes de cinéma semble se limiter à prendre parti pour tel ou telle candidat fédérateur, ou au mieux pour une cause humanitaire. Que ne commencent-ils donc par faire leur travail d’une manière responsable ?

Il est temps que nos artistes, producteurs et réalisateurs aient le courage de se détacher d’un pouvoir politique qui menace de leur reprendre d’une main ce qu’il leur a donné de l’autre. Bien souvent, ce courage politique a été récompensé par les entrées en salle et les ventes en DVD pour les oeuvres américaines, pourquoi en serait-il autrement ici ? Les Français sont d’ailleurs de grands amateurs de ces oeuvres US critiques, ils auraient probablement le même enthousiasme pour des équivalents français. Pour paraphraser Jack Nicholson dans Les infiltrés, le cinéma français semble se dire : « Gauche ou droite ? Quand tu fais face à un flingue chargé, quelle est la différence ? ».


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