Classe moyenne + : vache ŕ lait et bouc émissaire
par Eric F
mardi 8 janvier 2019
Le motif initial du mouvement protestataire des Gilets Jaune était la hausse des taxes sur les carburants et de la CSG alors qu’ « en même temps » les prélèvements sur les capitaux et revenus financiers ont été réduits au bénéfice des très riches (suppression ISF, flat tax sur les revenus financiers, impôt sur les profits…) (ref 5)
Le président et son gouvernement « amis des banques » ne veulent absolument pas remettre en cause ces réductions d’impôts sur la finance, mais cherchent une diversion pour boucher les trous du budget et désigner un bouc émissaire à livrer en pâture lors du débat national.. Les deux ministres en charges des finances publiques -transfuges de la droite- ont émis l’idée de rétablir la taxe d’habitation (ref 6) sur les 20 % de ménages pour lesquels il n’y a pas de réduction progressive jusqu’en 2020 mais dont la taxe devait être supprimée en 2021 (ref 1 et 1 bis), suite notamment à l’avis du Conseil Constitutionnel et aux débats parlementaires (ref 2). Emmanuel Macron lui-même avait reconnu devant l’assemblée des maires de France que maintenir cet impôt pour seulement 20 % des foyers était injuste (réf 3).
Or parmi d’une part l’essentiel de cette catégorie est constitué de classes moyennes+ (ref 4) , cadres, commerçants, etc. dont l’essentiel des revenus sont ceux du travail (ce qui inclus les retraites, que le système de répartition restitue en tant que salaire différé), et non pas des revenus financiers. Ils n’ont donc bénéficié d’aucune remise fiscale, mais au contraire se sont ramassé l’ensemble des hausses -dont la CSG-. Dans notre pays où moins de 43 % des ménages paient l’impôt sur les revenus (quoiqu’il n’y ait pas 57 % sous le seuil de pauvreté), la concentration de l’impôt est plus forte que nulle part ailleurs, ce serait donc une totale aberration qu’au titre de la justice fiscale cette concentration soit encore accentués sur les avant-derniers barreaux de l’échelle alors que le barreau supérieur a bénéficié de remises fiscales conséquentes (le dernier 1% a l’essentiel de ses revenus sous forme financière, donc la progressivité de l’impôt est contournée par la flat tax à 30%).
Soit dit en passant, ce gouvernement, comme certains qui l’ont précédé, se tire électoralement une balle dans le pied en visant son coeur de cible sociologique.
Alors peut-être s’agit-il d’un « ballon d’essai » ou d’un effet d’annonce démagogique Sinon, nous verrons ce que les élus en pensent, et aussi quelle sera la réaction du Conseil Constitutionnel au titre de l’universalité de l’impôt, mais c’est une malhonnête diversion pour préserver les avantages des revenus du capital faisant l’objet des protestations populaires. Insistons sur le fait que les 1 % les plus riches tirent essentiellement leurs revenus du « capital », et grâce à la flat tax ont un taux de 30 % incluant la CSG etc (17,5%), au lieu de 30+17,5 %, 41+17,5 % ou 45+17,5 % sur les tranches supérieures d’impôt, c’est à dire moins que s’il s’agissait de salaires ou autres.
Ref 1bis https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/impots-locaux-imbroglio-204443
Ref 2 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/reforme-fiscale-electoralisme-197414
Ref 3 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/macron-reconnait-que-le-maintien-199013
Ref 4 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/revisiter-le-concept-de-classe-210840
Ref 5 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/reforme-fiscale-objectifs-197340
Ref 6 http://www.leparisien.fr/economie/le-casse-tete-de-la-taxe-d-habitation-07-01-2019-7982943.php