Clearstream et Charlie Hebdo : même avocat, même combat ?

par Erwin Act
lundi 30 juin 2008

Philippe Val, le PDG de Charlie, tente une sortie pour défendre Richard Malka, l’avocat de Clearstream et de Charlie Hebddo... Un dérapage écrit qui amalgame un ouvrage nazi et anti-sémite "Les Protocoles de Sion" avec un travail de journaliste sur le cœur de la finance.

Un dérapage de plus qui "agace" - restons sobre - jusqu’au cœur de la rédaction de Charlie et des propos qui tombent précisément au moment où Denis Robert décide de ne plus communiquer.

Ce n’est pas une blague. Charlie Hebdo, le magazine qui défend la liberté d’expression quand ça l’arrange, a définitivement cessé d’être drôle ce mercredi 25 juin le matin. Dans son édito, Philippe Val, le PDG, n’hésite pas un nouvel amalgame susceptible de poursuites en diffamation en comparant le travail de Denis Robert à l’ouvrage anti-sémite nazi Les Protocoles de Sion.

Il se trouve que l’avocat et ami de Philippe Val est Richard Malka, également l’avocat d’une des plus grosses banques au monde - Clearstream - un organisme bancaire opaque situé au Luxembourg et qui n’en finit pas de laisser les spécialistes perplexes.

La rédaction de Charlie Hebdo en a elle-même des hauts le cœur et des dessinateurs en interne ont fait part de leur dégoût, mais en se couchant quand même, un peu.

Philippe Val exécute Denis Robert au moment où justement celui-ci, acculé par plusieurs dizaines de poursuites judiciaires pour avoir enquêté sur la finance internationale, décide de "jeter l’éponge" pour des raisons économiques et de censure. Certains que Denis Robert ne réagira pas, Val et Malka semblent faire la fête et, puisqu’ils ont accès à la une de Charlie, y vont allègrement.

En agissant ainsi, Philippe Val excrète sur une mission d’information parlementaire dont le rapport est consultable gratuitement en suivant ce lien et dont les propos sont édifiants (non, non, Philippe, tu permets que je t’appelle Philippe, pas de complot).

Ce rapport confirme et entérine l’existence d’un système de dissimulation financier sans commune mesure. Les témoins ne sont jamais revenus sur leurs dépositions. La banque n’a jamais expliqué l’utilisation faite de comptes non publiés en expliquant qu’il s’agit de "plomberie interne". La mission d’enquête révèle qu’il s’agit surtout d’opacité organisée et de secret bancaire.

Et relançons une vidéo encore peu vue, il s’agit d’un no comment sur l’affaire...




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envoyé par erwinact

Cette manie de Malka et Val de parler de complot, à tout bout de champs, de s’en servir puis de le dénoncer. De défendre des dessinateurs parfois indéfendables (souvenez-vous, Philippe Val arrive même à défendre ce dessinateur hollandais qui avait dessiné un musulman qui sodomise une chèvre...).

Les montages simplistes et réactionnaires dignes de la belle époque des fanzines d’extrême droite, et tout cela au nom de la liberté de ton, finissent par agacer, même les plus assidus.

Peut-être devrions-nous commencer à réfléchir sur l’acharnement d’un magazine comme Charlie Hebdo sur Denis Robert ou sur des auteurs qui, dès qu’ils abordent l’extrémisme de droite, sont taxés au mieux de théoriciens du complot, voire plus minable et dangereux, d’antisémites. Ne devrions-nous pas, nous les cons, nous poser la question sur l’intérêt de Charlie Hebdo. Ne risquons-nous pas de glisser avec ses propos vers quelque chose que nous ne voudrions pas. La critique absolue, le racisme diffus, les atteintes personnelles, gratuites, ne risquons-nous pas de nous faire baiser par le petit avocat d’une des banques mondiales qui semble avoir son mot à dire dans l’éditorial de la semaine de notre magazine autrefois "préféré". Il y a un moment où le "pour de rire" atteint ses limites.

Val, qu’on pouvait imaginer plus instruit, profite également de son espace de diffusion pour insinuer que l’auteur juif Noam Chomsky est antisémite. Et boum, si on regarde le film de Chomsky, l’excellent Le Consentement fabriqué, on découvre un certain Bolkestein, le même que celui de la directive, et qui profitait déjà il y a vingt ans des mêmes arguments que Val à l’encontre de Chomsky... Les grands esprits se rencontrent.

Chomsky, pour ceux que ne connaissent pas, est un juif modéré, pas trop sioniste, le top de la lutte pour la liberté de parole, qui a eu le malheur de signer une pétition de soutien à un professeur d’université qui avançait des propos négationnistes. Chomsky s’est expliqué il y a vingt ans sur le sujet. Il explique qu’il s’est fait baiser, et il explique jusqu’à l’éreintement et à longueur d’interview qu’il n’est pas négationniste. Hélas, il n’est pas sioniste pur et dur ni d’extrême droite, et pour pas mal de monde, ça revient au même et c’est bien dommage.

Mais Chomsky ajoute un élément dont pourrait pour une fois s’inspirer Charlie Hebdo et l’appliquer pour de vrai. Chomsky dit ceci : "Je ne suis pas d’accord une seconde avec vos propos, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez tenir ces propos" rejoignant ainsi les principes de premier amendement américain qui consacre la liberté d’expression par-dessus tout.

C’est donc dans cette ambiance festive teintée d’humour le plus total, qu’un projet de construction d’une catapulte géante prend forme. L’objectif final est l’envoi par les airs d’une tarte à la crème gigantesque sur la façade du journal.

Val et Malka n’aiment pas internet. Un peu comme Sarkozy finalement. Sur internet, des tas de gens s’expriment, puis "on contrôle difficilement le buzz". Alors, pour rendre la vie un peu plus compliquée au champion de la liberté d’expression, un concours est lancé et un site web recueillera très prochainement les meilleurs plans, études des trajectoires, frottements de l’air, hauteur idéale de la couche de crème fouettée et enfin, un festival de vidéos de tests grandeur nature sera consultable sur le web jusqu’à la date de l’apothéose : le grand jour du lancement devant les locaux de Charlie Hebdo.

Le projet collectif ici : http://thecatapultproject.blogspot.com/

Quoi qu’il en soit, on peut rire de tout avec Charlie, mais pas de la finance, foi de Charlie Hebdo.

En attendant, un appel au boycott de ce journal est lancé. Disons, comme c’est à la mode, qu’il s’agit pour le coup de défendre la liberté d’expression. Sans Malka, sans Val, et sans Clearstream Clearing and Banking SA (Luxembourg).

Il fallait que vous le sachiez.

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