Cohn Bendit mal à l’aise, nous aussi...

par Ramila Parks
jeudi 1er octobre 2009

Parmi tous ceux, nombreux quoi qu’on en dise, qui ont refusé de signer la pétition en faveur de Roman Polanski, il y a quelques célébrités comme Luc Besson, Gisèle Halimi et bien d’autres, discrets, qui s’abstiennent de le crier sur tous les toits, mais il y en a un qui est monté au créneau et qui a fait savoir dans les médias, toutes ouïes, son malaise devant l’affaire Polanski

On se rappelle les cris d’indignation télévisuelle du candidat vert aux européennes lorsqu’un "minable" avait osé ressortir les "vieux dossiers Cohn Bendit". On se rappelle combien le minable était encore plus petit, après que la Presse ait fait ses choux gras et le Net, son buzz, avec ce qui était proprement une "révélation scandaleuse". Bayrou accusant Cohn Bendit de "complaisance pédophile" en plein débat sur les européennes avait de quoi rendre fébriles les discussions électorales du moment, assez monotones il faut l’avouer, et réveiller l’intérêt du citoyen sur le sujet de la pédophilie, mais pas longtemps...

A grand coup de vomissures en jet, censées éclabousser son interlocuteur, Cohn Bendit accusé d’être l’auteur de propos choquants sur la sexualité juvénile, dans son livre publié en 1975 "Le Grand Bazar", ou à la télévision dans l’émission Apostrophe en 84, tailla sa défense avec véhémence et à grand renfort de comités de soutien médiatico-politique et citoyen, en méprisant littéralement son délateur. Cette dénonciation en direct, s’apparenta même, selon les observateurs les plus avisés et les plus crédibles, à un véritable guet-apens, une bassesse, une trahison, un geste petit petit...Minable quoi !
 
C’est vrai que cette petite mise à jour pouvait paraître inopportune, 30 ans après les faits, il y a prescription, et puis, à l’époque, on ne savait pas ce qu’on sait aujourd’hui, à propos de la pédophilie. Cohn Bendit a exprimé ses regrets et avoué qu’il n’écrirait plus la même chose aujourd’hui. Faute avouée, à moitié pardonnée...L’autre moitié étant à charge de notre indulgence, exhortée à croire en la bonne foi de cet homme et à ne plus jamais mettre en doute son honorabilité, en dépit de tout procès d’intention que les malveillants pourraient lui faire.
 
Quelle que fut l’opinion qu’on se fit sur le sujet, Cohn Bendit a finalement connu une réhabilitation "naturelle" grâce à ses brillants résultats électoraux et l’info pourrie le concernant, s’est diluée imperceptiblement dans le flux des informations quotidiennes encore plus dégueulasses, jusqu’à disparaître totalement.
 
Aujourd’hui Roman et sa veille casserole, font la Une de l’actualité, et tout le monde s’est exprimé sur le sujet, y compris Cohn Bendit.
 
"Je suis mal à l’aise (...)Parce qu’il y a une accusation grave(...)Même si cela date d’il y a trente ans, est-ce que ça doit se régler juridiquement ? Je n’en sais rien. Mais simplement s’il y a viol, ou abus sexuel d’une jeune fille de 13 ans, et que l’on puisse s’en sortir seulement parce que l’on peut payer sa caution (...), moi ça me met mal à l’aise"..
 
Nous aussi, on est mal à l’aise, rassurez vous monsieur Cohn Bendit, je dirais même que là, à cette heure, lorsque l’élite s’offusque, le peuple à carrément la nausée... Mais jusqu’à ce que Monsieur C-Bendit se soit exprimé sur "le viol", l’affaire Polanski, de mon humble point de vue, c’était une simple affaire de droit, que maître Eolas a remarquablement clarifiée dans son blog, avec le ton délicieusement ironique qu’on lui connait et ça suffisait à m’informer et clôturer le débat autour de toutes les afflictions des célébrités qui se sont exprimées publiquement sur l’affaire.
 
Aujourd’hui, lorsque l’écolo dit son "malaise médiatico-philosophique" à l’énoncé des antécédents privés de son collègue de renommée internationale, il le fait dans l’unique but de participer à la tartufferie générale, à n’importe quel prix, quitte à faire le grand écart entre des hésitations mièvres, indécentes, et l’usage hypocrite de la sentence, à peine déguisée, prononcé au détour d’une phrase, comme un lapsus, comme s’il était le juge suprême, un peu dépité de devoir livrer une "notoriété" au lynchage public, par devoir de morale, par souci d’honnêteté intellectuelle.
 
 Le dégoût est trop intense, et incoerciblement, je vomis tout vert...pour ne pas être en reste.
 
Sources
 

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