Coke en stock (LI) : les hélicos (corses) du Maroc

par morice
jeudi 13 octobre 2011

Il n'y a pas que le Sénégal ni le Maroc a être malades de la drogue et de son trafic, qui mine tous les pays où elle apparaît. La France n'y échappe pas, comme va vous le démontrer l'épisode qui va suivre, où certes, on ne parlera pas coke proprement dite, mais plutôt résine de cannabis, et de Corse. Mais si l'on regarde attentivement cette superbe affaire de trafiquants et de politiques mêlés, on se dit qu'en effet l'Europe elle aussi est atteinte par ses livraisons massives qui nécessitent toute une infrastructure. L'histoire de l'hélicoptère corse que je vais vous raconter implique autre chose encore que le trafic seul : obligatoirement, dans cette affaire, des gens de pouvoir sont intervenus pour que le trafic, dans un premier temps, continue matériellement parlant, et dans un deuxième qu'il soit fait durant l'enquête pour qu'on ne remonte pas davantage que l'endroit déterminé au départ. Cette histoire sent très mauvais, en réalité, tant elle nous fait comprendre que même si un jugement a été rendu, une partie d'ombre, la plus importante, demeure.

Commençons tout d'abord par la société au centre de cette enquête. Celle-ci avait déjà fait parler d'elle auparavant, dans des circonstances incroyables. En août 2006, une déflagration secoue la nuit en Corse. Mais cette fois-là, elle est plutôt inhabituelle et l'on retrouve à côté de l'endroit où elle a eu lieu deux corps déchiquetés, ceux d'Antoine Schinto, 44 ans, et de Stéphane Amati, 34 ans, qui étaient semble-t-il venus poser une bombe dans les locaux de la société Yankee Lima, propriétaire de deux hélicoptères. Celle-ci venait juste de remporter le marché corse des hélicoptères bombardiers d'eau (ou HBE). Très vite on découvre qu'ils sont envoyés par la société concurrente, Corseus, à qui vient d'échapper le marché ! L'opération ratée fait un survivant, le troisième larron des poseurs de bombes qui ot explosé trop tôt :"légèrement en retrait, Antoine Peraldi est sérieusement blessé par des éclats. Il prétend s'être évanoui pour se réveiller deux heures plus tard à Ajaccio. Qui l'a récupéré ? L'enquête n'a jamais permis de le savoir. Hospitalisé la nuit même, Antoine Peraldi, lequel a entre-temps changé de vêtements, raconte qu'il a eu un accident de moto. Ce mensonge ajouté au silence de tous ceux qui se doutaient de quelque chose dans son entourage ne permettra pas de retrouver immédiatement les corps de Stéphane Amati et Antoine Schinto dont les cadavres déchiquetés et en décomposition seront découverts quatre jours plus tard. Revendiquée quelques semaines plus tard par le FLNC du 22 octobre, cette action manquée visait une société du continent qui avait ravi un marché à une entreprise corse." Le troisième larron, héritier d'une mouvance autonomiste poseuse de bombes : "Jo Peraldi, le père, a en effet été condamné à quinze ans de réclusion pour des attentats commis en 1999 contre la DDE et l'Urssaf d'Ajaccio". Bref, on s'enfonce de suite dans le marigot corse.

Le patron de Corseus, à la grande surprise de tout le monde, nie les faits qui lui sont reprochés : "le gérant de la société Corseus Hélicoptères a démenti qu'elle ait été "partie prenante" dans la tentative d'attentat qui visait l'entreprise lui ayant ravi le marché des hélicoptères bombardiers d'eau, et qui a coûté la vie à deux poseurs de bombes à Corte (Haute-Corse), selon un communiqué publié lundi dans Corse Matin. "S'il est exact que la société a été écartée du marché feux dans des conditions qu'elle conteste (devant la justice, ndlr), ce n'est pas pour autant qu'elle ait pu être partie prenante dans la tentative d'attentat contre sa concurrente ; ordinairement ce n'est pas la voie suivie si l'on veut utiliser des moyens illégaux", a fait valoir Jean-Pierre Bernardini." On veut bien le croire, et comme la justice n'a rien trouvé pour lui nuire, il est effectivement blanchi : en somme ses employés ont cherché à l'aider, ce brave patron, sans même l'en avertir ! Braves garçons, dont deux ont été volatilisés par leur grandeur d'âme !

Le patron de Corseus étant lavé de tout soupçon dans cet attentat (on se demande toujours comment !) son hélicoptère jaune colibri, continue son travail. Et recommence ses activités habituelles : baptêmes de l'air, transport de VIPs sur la côte, manifestations de la Jet Set de la côte d'Azur, festival de musique Country, photographie aérienne, etc. Et parfois même quelques traversées de la Méditerranée, pour mettre on suppose, au tarif de l'heure de vol, du beurre dans les épinards de la société. Avec un peu trop de zèle, d'ailleurs, dans la région de Béziers, ou d'aucuns se plaignent de son boucan, dont des chasseurs, qui ont remarqué un drôle de manège en pleine nature : "au mois d'octobre 2007, les habitants de Saint-Nazaire-de Ladarez en ont assez du va-et-vient d'hélicoptères et de voitures dans les collines proches du village. Dans cette petite commune de 300 habitants, proche de Béziers, les chasseurs, les promeneurs, les ramasseurs de champignons ont tous vu au moins une fois l'appareil de la société Corseus au cours des deux dernières années. Un hélicoptère qui se pose le week-end parce qu'il passe inaperçu dans un trafic aérien accru. Mais qui devient, dès lors, particulièrement repérable pour les amoureux de la nature. On évoque des hommes armés, des cargaisons qui transitent de l'aéronef au coffre d'une citroën C5. Des photos sont mêmes prises par un téléphone portable. Et les gendarmes sont avisés..." Des chasseurs curieux, qui ont noté les aller-retours au même endroit et le manège qui en suivait, à savoir le débarquement de ballots vite fourgués dans de grosses cylindrées. Mieux encore : ils ont noté que les gens qui tournaient autour de l'appareil (jaune) avaient tous l'accent corse... 

Grâce à ces renseignements de première main, photos de portables à l'appui, les policiers arrêtent tout une bande, dont le manège sera décrit à leur procès : tout était huilé, tout été codifié : " C’était une sorte de rituel " résume le président Ardid. " Un hélicoptère de la société Corseus part d’Ajaccio, rejoint le continent à Béziers-Vias, puis prend la direction de l’Espagne, avec deux arrêts à Valence et Almeria, pour y faire le plein, avant de rejoindre le Maroc." A terre aussi, ça bouge : " Des individus quittent la région parisienne avec une C5 et une autre voiture ouvreuse, arrivent au petit matin à Roquebrun, où ils laissent la C5 et partent avec l’autre dormir à l’hôtel." Troisième équipe : " Un groupe arrive de Corse avec une voiture de location, prend possession de la C5 et montent à l’Ortet. " Ce sont les Corses qui déchargent l’hélicoptère, " en quatre ou cinq minutes " avant de descendre garer la C5 sur le parking du supermarché Champion de Cazoul-les-Béziers". Après, on remonte en voiture jusqu'aux portes de Paris, à bord des "go-fast" terrestres cette fois : "les Parisiens, qui sortent d’une bonne nuit de sommeil, reprennent la C5, et filent, via l’A 75, avec leur cargaison estimée à plus de 200 000 €. Corses ou Parisiens, tous utilisent des puces téléphoniques achetées dans le même magasin de Saint-Ouen. " C’est les puces de Saint-Ouen " blague le procureur Gouton. L'autonomie de l'Ecureuil oblige en effet à cette halte espagnole, où il y a donc des complices d'installés, précise un spécialiste. Tout le monde a noté la couleur de l'appareil virevoltant à Béziers : il est jaune canari et les chasseurs ont même transmis aux gendarmes sont numéro : c'est le F-GKMR. Un hélicoptère qui ce jour-là se fait pincer avec 560 kg de résine de cannabis à bord. Les policiers font leurs comptes : le trafic durait depuis 2006, donc au moment même ou l'on faisait sauter les hélicoptères de la concurrence, et les trajets avaient lieu environ deux fois par mois en moyenne. On en est donc à plusieurs milliers de kg de transvasés entre le Maroc et la France, sans oublier que parfois c'est de la cocaïne qui traverse.

Les policiers arrêtent donc ce 22 juin 2008 au lieu-dit Champ-de-l’Ortet, près de Béziers, une bande de malfrats, dont cette fois le dirigeant de Corseus peut difficillement nier les activités illicites. Car parmi les 9 personnes arrêtées, il y a du beau linge, et pour le capturer, la police et le GIGN en renfort ont mis les grands moyens, puisque le trajet de l'hélicoptère avait été suivi de bout en bout par un Awacs, survolant la Méditerranée : "selon les autorités françaises, de gros moyens ont été mis en œuvre pour démanteler ce réseau. Un avion Awacs de l’armée de l’air a été déployé et un Mirage 2000 placé en alerte, tandis que plusieurs gendarmes, dont une équipe du GGIN orchestraient l’opération. Neuf personnes ont été arrêtées lors de cette opération. Une première en France. Il s’agit des chefs présumés de la filière, Gilbert Casanova et Jean-Pierre Bernardini, familiers de la police corse, deux Corses et cinq habitants du nord de la région parisienne. Ils ont été placés en garde à vue dimanche. La presse française rappelle que Casanova est un ancien dirigeant du Mouvement pour l’autodétermination (MPA) et a été condamné en 2005 à trois ans de prison pour avoir été coupable, en qualité de président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio, de « banqueroute et abus de biens sociaux » dans un dossier portant sur le détournement de 2,4 millions d’euros. Bernardini, lui, est présenté comme le gérant de la société de transport Corseus, qui gère l’appareil saisi dimanche à Béziers". Un a élu déjà condamné pour banqueroute et un dirigeant d'entreprise ayant traversé déjà les mailles du filet de la justice, la pêche à été bonne !

Pour ce qui est de l'appareil, un surprise va arriver lors de l'instruction, avec un phénomène plutôt inattendu : on s'attendait à ce que l'appareil soit versé au domaine, comme prise de guerre policière en quelque sorte. C'est ce que l'on fait désormais avec les puissantes voitures qui sont saisies et reversées à la Police ou à la Gendarmerie. En fait ça ne va pas se passer du tout comme prévu : l'engin pretendu appartenir a la société Corseus est en fait loué à "une société parisienne" , apprend-t-on après du propriétaire initialement visé. Après de multiples demandes de restitution formulées par le véritable possesseur de l’engin, le juge d’instruction chargé du dossier finit par lever les scellés et par rendre le F-GKMR, le 10 octobre 2008. En prétextant un "gardiennage difficile", ce qui pour le moins est étonnant. Les scellés sont brisés, et l'engin, toujours tout jaune, qui vaut 900 000 euros encore, est rendu à son propriétaire : qui a donc pu faire autant pression sur le juge pour obtenir cette décision pour le moins affligeante ? le gag supplémentaire étant que l'engin reprend ses vols "touristiques" chez Corseus dans les semaines qui suivent. L'hélicoptère à été rendu à "Héli Industrie", qui le louait à Corseus : le même schéma recommence. Logique, le nom du gérant à l'époque de "la société parisienne" et celle de Corseus est le même : le juge ne s'en serait pas aperçu ?

A l'autre bout, les marocains ont été avertis, et ont eux-même suivi les opérations de saisie ce sont eux qui confirment l'appartenance de l'hélicoptère. Et la dépêche MAP de poursuivre : "Les vérifications effectuées au niveau de l’aéroport Fès-Saiss ont permis d’établir que cet hélicoptère est arrivé à Fès le 21 juin 2008, après escale sur le territoire espagnol, et à Rabat. Etaient à bord de cet hélicoptère à son arrivée à Fès aussi bien qu’à son départ Jean Pierre Bernardini, gérant de la société Et la dépêche MAP de poursuivre : « Les vérifications effectuées au niveau de l’aéroport Fès-Saiss ont permis d’établir que cet hélicoptère est arrivé à Fès le 21 juin 2008, après escale sur le territoire espagnol, et à Rabat. Etaient à bord de cet hélicoptère à son arrivée à Fès aussi bien qu’à son départ Jean Pierre Bernardini, gérant de la société Heli industrie, ainsi que le ressortissant français Christian barbera, né le 30 août 1970 à Auberville, pilote, ayant bénéficié d’une autorisation pour vol privé dûment délivrée par la Direction de l’aviation civile, et valable du 16 au 26 juin 2008, ajoute-t-on de mêmes sources ». Barbera, ancien pilote de rallye, plutôt talentueux, reconverti en pilote d'hélico. Travaillant pour Heli Industrie, la société "parisienne" qui se cachait donc derrière le fameux F-GKMR, et qui est installée à Saint Ouen L''Aumone, près de Cergy Pontoise. Une société qui fait dans la "maintenance (jusqu'à GV), la reconstruction, et l'achat / vente d'hélicoptères, et qui est répertoriée dans le secteur de l'industrie de défense !

Les voitures, Gilbert Casanova, autonomiste convaincu, les connait aussi  : "un personnage flamboyant, ancien pilote de course automobile - il a participé aux rallyes de Monte-Carlo et de Corse - qui avait obtenu la concession exclusive Peugeot dans l'île de Beauté (il pilotait une "Samba"). Parallèlement, Casanova s'engage très tôt au sein du MPA. Au faîte de sa puissance économique, il devient en 1994 président de la chambre de commerce et d'industrie de Corse-du-Sud. Il participe alors au développement de l'île, en en faisant, par exemple, un point de passage pour les grandes croisières. Mais le personnage détonne. Grand amateur de plaisirs, il reçoit somptueusement dans sa demeure de Saleccia, située dans une baie de rêve. On le voit également, accompagné de jolies femmes, flamber dans les casinos de Cannes et de Monte-Carlo.  Ce qui ne correspond pas au profil habituel des dirigeants de chambre de commerce" nous dit l'Express. Comme Neyret ne correspond pas au profil du policier, serait-on fort tenté de dire aujourd'hui. Un personnage local, donc, qui s'est entouré de malfrats notoires : parmi les personnes arrêtées ce jour-là, il y a en effet Michael Ettori et André Bacchiolelli, que les policiers lient à la célèbre bande du Petit Bar, d'Ajaccio, groupe qui défraye la chronique depuis des mois en Corse car alors en train de régler des comptes sanglants avec ses rivaux. Stéphane Raybier et Pascal Arène sont les parisiens chargés de remonter la drogue à Paris, à bord de leur C5 Citroën transformée en "go-fast" terrestre. Le parrain de la bande, Francis Castola, se fera arrêter à la frontière espagnole le 27 septembre 2010, avec deux de ses hommes dont un qui portait 4 kilos de cocaïne dans son sac à dos de motard. Castola portant sur lui un 9 mm ! Les deux lascars arrêtés avec lui ne sont pas des inconnus, ce sont Eric Jourdan et « Krisna » Léger. "Leur casier judiciaire porte la trace de lourdes condamnations pour trafic de stupéfiants à 16 et 12 ans de réclusion criminelle" précise Corse-Matin. S'y ajoute Claude Lefèvre, lui aussi connu dans le milieu niçois.

Ces "fly-fast" finissent parfois par se faire prendre, donc. Pour ça, le sort apporte parfois aussi une aide précieuse, comme avec la présence des chasseurs, en l'occurrence ou parfois d'une avarie technique comme celle survenue à un appareil, de retour d'un chargement de cannabis du Maroc en Espagne, et qui, en difficulté, s'était posé en catastrophe, et était depuis resté entreposé discrètement dans une ferme d’Alcala de los Gazulez, un village situé près de Cadix et de Malaga. En attendant d'être réparé. Les policiers espagnols accourus le voir avaient vite découvert que l' hélicoptère Écureuil était bien français, et en avaient averti leurs collègues. Ils n'ont aucune difficulté à le faire. L'engin porte une superbe livrée noire, avec un filet jaune courant tout le long de sa carlingue. Et un numéro facilement reconnaissable : le F-GKMR. La presse du midi se fait parvenir le cliché, au moment même où se déroule le procès de Casanova et de ses livraisons par hélicoptère : elle constate que c'est exactement le même, qui a simplement été repeint : l'engin qui aurait dû être versé aux domaines était reparti chez des trafiquants qui l'utilisaient déjà sur un autre circuit ! 

 Pour les accusés, au procès, les affaires continuaient en quelque sorte ! dans le lot, on l'a dit, figure un personnage particulier, c'est Pascal Arène. Ce dernier nous fait remonter encore ailleurs comme il l'avoue au tribunal qui le jugera : "J’ai été payé 7.000 € pour ça », a raconté Pascal Arene, 40 ans, qui a fait une fois le voyage pour aider un ami d’enfance corse. A Paris, Arene est considéré comme un beau mec par la police. Ancien champion d’Europe de boxe, il tient à Villejuif (Val-de-Marne) une des plus grosses salles de France. Incarcéré dix-sept mois quand il fut soupçonné, à tort, d’avoir aidé son ami d’enfance Christophe Khider à s’évader en 2001, il a ensuite été arrêté par les gendarmes de Montpellier devant le palais de justice de Paris, le 30 mars 2009, où il était jugé pour sa participation à un autre trafic international de cocaïne." Un Arène qui faisait déjà dans l'hélico, mais avait été blanchi, et qui avait une autre corde à son arc : ancien champion de France de kick boxing en 1993 et en 1995, et champion d’Europe en 1997, il était "naturellement" devenu le président de la toute nouvelle "Fédération Française des Sports de Contact" dont la déclaration d'existence avait été publiée au Journal Officiel du 19 juin 2008. Une fédération mêlant les sports violents que sont le Muy Thai, le Kick boxing, la Boxe birmane, le Bando, le Muay Boran, nous apprend Bakchich, qui rappelle que dedans il peut aussi y avoir d'autres disciplines. "Plus raffinée encore est le MMA (Mixed Martial Arts) ou « combat libre », une discipline peu connue, et qui parfois se pratique dans une cage ( ! ). Autre spécificité, tous les coups sont permis entre les deux adversaires, les deux fauves. De tels combats existent déjà aux USA sous l’appellation d’ « Ultime Fight ». Sous la pression des plus importantes fédérations sportives (Judo, Karaté), le ministère de la Jeunesse et des Sports s’est jusqu’à présent refusé à délivrer un agrément au MMA ou à ses variantes". La notion de "combat en cage" venant récemment de défrayer la chronique avec ces combats entre enfants ayant eu lieu en Angleterre, sous le regard de la police, incapable selon les textes de lois de les empêcher... selon certains renseignements journalistiques, ce type de combats, interdits en France, aurait déjà lieu dans le Nord, patrie des combats de coqs, ou près de la frontière belge...

Jusqu'ici, en effet, on voyait mal ses sports passer la barrière du Ministère du même nom, et donc aussi des écoles...car ces sports violents sont aussi liés à des pratiques de paris et brassent des sommes considérables. Sauf si le ministre de l'époque, qui aime semble-t-il lui aussi les casinos, accorde son blanc-seing. Et ce ministre, à l'époque, c'est bien sûr Bernard Laporte, remercié depuis, après avoir fait entrer le loup dans la bergerie. A la tête de la fédération on retrouvait Denis-Marie Cintura, "qui n’est pas inconnu dans les couloirs du Palais de Justice et dans les rangs du RPR" souligne Bakchich, qui ajoute : "qu'en un temps record, la nouvelle fédé a obtenu l’agrément ministériel, et fait actuellement le forcing pour obtenir la « délégation du service publique », ce qui, dans le code du sport, marque la consécration absolue d’une association. S’ouvre alors la possibilité de recevoir des financements publics et celle d’organiser un championnat de France professionnel, (et d’en négocier les droits), de délivrer des diplômes, de participer à compétitions internationales avec le label « équipe de France ". Arène, lui, ayant déjà été l'objet d'une arrestation en 2007 : "ainsi, le Journal du Dimanche faisait-il état d’une nouvelle arrestation en avril 2007. Cette fois dans une affaire de stupéfiants. 35 kgs de cocaïne saisis par l’Office des stups en provenance de l’Ile de Saint-Martin.Toujours selon le JDD, l’enquête des flics aurait permis de remonter le fil d’un réseau soupconné d’être à l’origine de l’importation de plusieurs centaine de kilos de coke depuis les Antilles". Celle de la filière de Gilles Tepié ; dont le réseau est à l'origine de la découverte des 110 kg de coke à Neuilly ! Quand on vous dit que ce monde est petit ! Un ministre qui confie des responsabilités énormes à une personne elle-même en cheville avec quelqu'un accusé d'être mêlé à un trafic de drogue... avouez que ça paraît un peu... léger. Une accusation qui se transforme en certitude avec l'hélicoptère venu de Corse !

Car cette histoire d'hélicoptère bien trop vite rendu à ses utilisateurs gangsters, même jugée, reste entachée de lourdes suspicions. La presse locale, qui avait suivi les débats, en avait noté de superbes. Dont celle-ci, portant sur un commanditaire parisien dont on a clairement et sciemment oublié le rôle durant l'enquête : '"peut-être commencera-t-on à s'intéresser à des « détails » comme le numéro de portable activé dans la région parisienne dont la puce avait été vendue à Saint-Ouen. Ou au mystérieux M. Dangel évoqué par Jean-Pierre Bernardini. Car de toutes les puces achetées à Saint-Ouen, une seule n'a jamais été reliée à quiconque en deux années d'instruction. Alors qu'elle centralisait la plupart des appels..." Dangel aurait été un russe qu'aurait rencontré Bernardini, et qui aurait été à l'initiative selon lui du trafic : personne n'y croit. Mais ce n'est pas cela le plus important : c'est la découverte de la piste du téléphone de celui qui était véritablement à la tête du réseau, une piste que l'on a semble-t-il volontairement abandonnée. Pourquoi la police et la justice ne se sont-elles jamais intéressé au contenu de ce téléphone qui centralisait tous les appels des autres ? Aujourd'hui que l'on sait qu'un trafiquant, à Neuilly, avait réussi à éviter de se faire pincer grâce à un coup de fil judicieusement envoyé par un policier (Neyret), on reste songeur sur cette affaire qui sent la même organisation. Pour quelle raison, voilà bien tout le mystère... visiblement, il n'y a pas qu'au Sénégal que ça coince dès qu'on remonte un peu...

En décembre 2010 encore, on apprenait que "condamné à 8 ans de prison le 9 décembre dernier à Marseille, Gilbert Casanova, l'ancien président de la chambre de commerce d'Ajaccio et de la Corse-du-Sud a fait savoir par la voix de son avocat Me Pascal Garbarini qu'il ne ferait pas appel, espérant un aménagement de peine dès 2012". Ce qui laissait entendre qu'il reconnaissait aussi enfin totalement les faits, sans plus évoquer d'Angel lui aussi. Toujours aussi sûr de lui, malgré sa condamnation, le ... Gilbert le flamboyant croisait Michel Mercier en visite à Borgo et l'interpellait même sans hésiter, pour "évoquer la surpopulation qui gagne tout doucement l'établissement"... l'homme n'avait rien perdu de sa superbe, et il sait très bien, lui, qui était au bout du fil du principal téléphone du réseau démantelé. L'année prochaine il devrait sortir de prison, paraît-il : souhaitons qu'on songe au moins à aller lui poser la question.


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