Coke en stock (XLVI) : le volet très français de l’affaire
par morice
jeudi 6 octobre 2011
Comme je vous l'annonçais, il y a deux volets aux découvertes survenues depuis mars dernier à propos de cette extraordinaire affaire du Boeing rempli de coke qui s'était posé en novembre 2009 en plein désert malien, ou plus exactement à la mi-octobre, comme l'enquête le démontre aujourd'hui. Le volet américain, avec un pilote russe, condamné récemment à vingt années d'emprisonnement, l'implication toujours voilée de Viktor Bout, avec ses achats de quadriréacteurs aidé par des banques US, et un volet... français, car le coup de tonnerre qui est apparu en mars, c'est bien la découverte d'un responsable français, Eric Vernay, ou plutôt de plusieurs comme nous allons le voir. Aujourd'hui où résonne le bruit d'une police défaillante sinon complice supposée de truands, il va sans dire que ses accusations portant sur des français laissent une impression étrange, tant on s'aperçoit aujourd'hui des gesticulations diplomatiques purement françaises qui ont suivi l'incendie de l'appareil censé avoir traversé l'Atlantique avec plus de 6 tonnes de cocaïne à bord. Que savait-on ici en France de cette expédition pour y prêter une telle attention avant même qu'elle n'échoue, d'une certaine manière, voilà qui est passionnant à étudier en détail, à vrai dire.
Et effectivement, lorsqu'on la retrouve, cette épave, on a bien pris un malin plaisir à effacer tout ce qu'on pouvait... les pièces numérotées ont disparu, l'épave, calcinée ne révèle aucune immatriculation... etc, etc : du bon boulot en effet !!! Du très bon boulot, et pas que sur place, car on ne disposera jamais plus, en tout et pour tout, de trois malheureuses photos seulement sur cet appareil détruit : son nez retourné, une portion centrale de l'aile avec son train d'atterrissage et la queue, qui permet de déterminer sans coup férir qu'il s'agissait bien d'un Boeing 727 tri-réacteur ! Mais du bon boulot fait par qui ? Par les maliens ou par les français déboulés sur place ? De lourds soupçons pèsent, depuis que Wikileaks a révélé qui avait freiné l'enquête, en définitive ! Pas un seul journaliste (sauf l'envoyé de RFI !) ne s'est rendu sur place depuis pour aller vérifier ces vestiges, dont il ne doit plus rester grand chose à cette date. Oh, je sais, on m'objectera que c'est "trop dangereux" car les "terroristes rôdent". Ils ont à nouveau bon dos, ceux-là !
Un bimoteur peut-être aperçu plus tard encore : "le 25 janvier 2010, sur la piste de Mema, près de la localité de Kita, à 76 km seulement de Tombouctou (Mali). Un avion décrit comme un « cargo » cette fois, peut-être un bimoteur Antonov 26 (comme celui des forces maliennes) ou un Fokker Friendship, permettant plus de 6 tonnes d’emport, à moins que ce ne soit un Dash 800, avec à bord pas moins de 250 bidons de cocaïne, selon les témoins locaux." avais-je écrit ici-même . "Il aurait fallut quatre trajets de 6 gros véhicules 4×4 pour décharger tout le chargement, sous une forte escorte armée, avant de disparaître. A ce stade, avec un tel nombre de fûts, on est en droit de se demander si on a pas affaire à plus gros encore, genre quadrimoteur Antonov 12 : si chaque fût fait ne fait que 50 kilos, on en a pour 12,5 tonnes ! L’avion, resté toute la nuit sur place ne repartant que le 26 janvier sans que la police ou l’armée maliennes ne visite l’appareil ! Une chose confirmée par plusieurs témoignages locaux, et mis en ligne par des journalistes différents. Si ce n’est pas une compromission gouvernementale…" celle du Mali, s'entend bien cette fois ! à Kita, où s'entraînaient les militaires maliens sous la direction des gens de Blackwater portant uniformes de soldats US ! Et ils n'auraient rien vu ?
Une compagnie qui avait déjà eu maille à partir avec les autorités sénégalaises, avant même le crash du Boeing. "En 2009 cependant, Africa Air Assistance, avec une autre entreprise (Derishbourg-Atis), est interdite d’exercice par les autorités aéroportuaires qui leur reprochaient de « squatter » carrément le hangar de maintenance de l’aéroport international de Dakar. « Sans autorisation, ni agrément » ! Le journal sénégalais qui relate l’affaire est formel : « au moins 3 avions, dont un Boeing 727/230 d’Africa Air Assistance destiné au fret, et deux autres petits avions, dont un appartenant à la Guinée-Bissau, ont été évacués du hangar ». Un feuilleton judiciaire oppose alors Karim Wade, le ministre des Transports, à Ibrahima Gueye, le patron de AAA qui réclame 600 millions CFA de dommages et intérêts. En juillet 2009, le verdict tombe : AAA doit quitter les lieux sans un kopeck de dédommagement." Derishbourg-Atis a t-on pu lire ??? "acteur majeur des services aéroportuaires dans le monde" ? Que vient faire-là la société "squatteuse" qui possède à son conseil d'administration Mathieu Pigasse ou bien qui a été à un moment propriétaire du club de Rugby de Brive (et propriétaire des "Inrocks") ?
L'auteur du site pose juste après la bonne question : "Qu’est devenu Ibrahima Gueye ces derniers temps est une bonne question, car personne ne sait vraiment. Il n’est plus venu au Mali depuis plusieurs mois. Ce qui lui est reproché est d’avoir affrété au moins le boeing de Tarkint et d’avoir en partenariat avec Eric Vernay et Ben Hako, inculpés depuis mars dernier, d’avoir fait poser des avions sans autorisation au Mali. En particulier, un petit bimoteur de 6 à 10 places, un Cessna 402 C, immatriculé J5-GTA que la presse donne pour familier au Mali. Rien d’étonnant sauf que les célèbres « spotters » que sont Tiago Palla et Jaoo Mellim ont plusieurs fois photographié le même coucou avec le même numéro à l’aérodrome d’Evora, au Portugal en septembre 2009." Un Cessna 402 ? Le type d'avion le plus employé par les "Mermoz du trafic de coke" ??? Voilà qui est extrêmement intéressant ! Un Boeing d'un côté, du même modèle que celui retrouvé en miettes, et de l'autre le prototype même des petits avions ayant traversé l'Atlantique ses dernières années pour amener la cocaïne : serait-on tombé sur le "client parfait", celui capable de tout expliquer à cette déferlante de drogue ?
En tout cas à défaut, avec ce bimoteur Cessna faisant la navette régulière Sénégal-Portugal, on a là le cheminement de la remontée du contenu de la drogue extraite du 727, avec cette liaison vers le continent européen. "La grosse affaire reprochée au Sénégalais, c’est Air cocaïne pourtant. Mais les immatriculations et spécifications des avions concordent-elles ? Pour plusieurs experts, le boeing échoué à Tarkint est un 727-200, il n’est pas sûr du tout que ce soit le fameux J5-GGU immatriculé en Guinée Bissau. Celui-ci, fabriqué en 1967 est un 707-321C, numéro de série 19372/655 qui avait eu un accident à l’atterrissage à l’Aéroport Kenyatta début octobre 2009 et il est aujourd’hui exposé à Sharjah aux Emirats Arabes Unis. Beaucoup de mystères sauf si l’avion de Tarkint n’est pas un 727-200 mais un 727-230. Exactement le même type d’avion dont la presse sénégalaise avait parlé. Il porte le numéro 21619 et Gueye qui devait exécuter la décision de justice contre AAA était sur le point d’amener cet avion à Rio en Juillet selon la presse brésilienne. Il se trouve qu’au même moment un cargo, le 727-200 justement, numéro 22644, opéré par Dhl sous immatriculation saoudienne HZ-SNE (exactement l’immatriculation donnée dans le câble fuité par Wikileaks) était détruit dans un accident à Lagos, selon un limier américain qui s’en est ouvert à la presse à l’époque. Le reste n’était alors qu’un jeu d’enfant : les papiers du boeing accidenté à Lagos serviront pour celui qui se sera posé à Tarkint – qui pourrait bien être originellement le J5-GCU, un avion volé d’après nombre d’experts. Pour ce qui est de l’immatriculation bissau-guinéenne J5, les mêmes experts pensent que ce ne devait pas être excessivement difficile pour Ibrahima Gueye de l’avoir. Quels que soient les schémas, le Sénégalais doit savoir un rayon sur l’affaire." précise notre fin limier. Lui, et Eric Vernay, un homme particulièrement... protégé par l'ambassade de France comme nous allons le découvrir avec effarement !
Le plus étonnant de l'histoire, au Sénégal, c'est que dès que le fils Wade (présenté par son père comme le futur dauphin) avait hérité de la charge des transports, muni de son idée de créer une société de transports sénégalaise munie de deux gros porteurs (Airbus), la première chose qu'il avait fait avait été d'expulser Africa Air Assistance de son hangar. Pendant que son père rachètait à la France l'ancien avion du chef d'Etat, un Airbus A319, pour 32 millions de dollars (20 milliards de francs CFA), ce qui avait provoqué un tollé général dans le pays. Tout le monde se demandant alors où était passé l'ancien avion présidentiel.... un Boeing 727, tiens, encore un, appellé "la Pointe de Sangomar" qui, en 2007, qui avait été déjà retapé... en France, à Perpignan. En août 2010, la presse locale s'en inquiète encore : "de sources sûres, l’avion, qui est abandonné depuis des lustres par les officiels sénégalais, a quitté Dakar il y a de cela quelques mois, pour on ne sait quelle destination. « Tout ce qu’on sait, c’est que l’avion présidentiel n’est plus au Sénégal. Mais il serait hasardeux de dire avec exactitude qu’il est à tel ou tel endroit de la planète », confie une source digne de foi qui ajoute ? : « beaucoup l’annoncent à Perpignan, où elle serait envoyée pour une révision générale, mais ça reste à vérifier »". L'avion était particulièrement vétuste en effet : "si c’est un secret de polichinelle que l’avion de commandement n’est plus utilisé par le chef de l’Etat, depuis qu’il a failli prendre feu dans le ciel espagnol suite à des ennuis du hublot de son cockpit, il y a aussi le fait que ses moteurs restés longtemps sans tourner, inquiétait bon nombre d’observateurs".
Un avion même en sérieuses difficultés, même après sa première réfection perpignanaise : "Pour rappel, c’est le 30 Octobre 2007 que l’avion de commandement était de retour à Dakar, après avoir passé sept longs mois à Perpignan, dans le cadre d’une visite technique. Ce, après que l’appareil a failli sombrer en plein vol, le 14 Avril de la même année, suite à une fissure du hublot du cockpit. Ce jour-là, les pilotes étaient obligés de faire un atterrissage forcé à l’aéroport de Palma de Majorque, en Espagne. Mais une demi-heure après avoir quitté le tarmac dudit aéroport, la partie avant de l’appareil s’était fissurée, occasionnant des frissons et des sueurs froids aux membres de la délégation de Wade, dont plusieurs ministres du gouvernement de l’ex-Premier ministre Macky Sall." Un avion qui avait certes pas mal volé : mis en service au mois de novembre 1976, il totalisait déjà au 31 Décembre 2000, 9516 heures de vol et près de 5082 cycles de décollage. En 2009, le 727 de Wade avait été "prêté" à la Guinée, alors présidée par Moussa Dadis Camara et aussi pays en pleine tourmente, avec des émeutes qui feront 157 morts, : "Nos sources indiquent que la pointe de sangomar est à la disposition du vice-président de la junte en l’occurrence Mamadou Ba Camara dit Toto. D’ailleurs il a effectué des voyages dans la sous région, plus précisément en sierra Leone, au Liberia et au Mali. Ce geste de du président du Sénégal confirme son soutien annoncé aussitôt après son entretien avec Daddis Camara le numéro 1 de la junte." Depuis, on ne savait ce qu'était devenu l'avion, jusqu'à une photo en date de février 2011 nous le montrait... à nouveau stocké à Perpignan-Rivesaltes (mais cette fois de façon définitive, à le voir s'étioler rapidement). Pourquoi être revenu à nouveau là, quatre ans après sa dernière révision, au même endroit, mystère... il y était au moins depuis juillet 2010... et même en juin !
Et notre Boeing incendié dans tout ça ? Et bien c'est simple, il va aussi nous conduire lui aussi au Sénégal, jusqu'ici plutôt épargné par notre enquête. C'est un gendarme malien, plus curieux que les autres, ou plus infaillible et non corrompu qui va permettre de remonter jusqu'à lui. Le 6 septembre 2009, avant même donc que le B-727 ne se pose, un petit bimoteur, immatriculé J5-GTA, un Cessna 402C Utililiner présenté comme malien mais enregistré en Guinée-Bissau, atterrit sur aéroport international de Bamako-Sénou, de retour certainement d'un vol de vérification de l'état de la piste qui devrait être utilisé (certains pensent que c'est plutôt le Beech 200 d'AAA qui a joué ce rôle). Jusque là rien de spécial, sauf que le lieutenant Salif Keïta de la Compagnie de Transport Aérien de la gendarmerie (CTA) remarque que l'avion n'a aucune autorisation d'atterrissage à fournir : son pilote, Eric Vernay, qui est français, n'avait pu montrer aux autorités qu'une demande de permis provisoire mal rédigée et fabriquée à la hâte par Africa Air Assistance, située... au Sénégal. Or l'appareil habituel d'Aero Services Mali, sous lequel s'est d'abord présenté Vernay, est un Piper PA-31-350 Chieftain ! L'appareil arrivé à la place a beau être connu sur place, et avoir été vu à plusieurs reprises par des "spotters" au Portugal, car ce n'est pas sa première visite au Mali, le lieutenant n'en démord pas : il n'a pas ses papiers en règle. Ce lieutenant zélé remet aussitôt un rapport circonstancié aux autorités aéroportuaires du Mali, qui au lieu de classer l'affaire, décident de remonter plus haut, et même carrément de demander la suspension de permis d'exploitation aérienne d'AAA. Ce qui va leur prendre plusieurs mois, bien entendu. La raison peut paraître surprenante mais en fait l'administration malienne avait tout de suite "bloqué" sur le nom du responsable d'AAA : Ibrahim Gueye, réputé mêlé, déjà, depuis longtemps à un trafic de drogue en Guinée-Bissau. AAA est en effet une entreprise possédant à la direction triangulaire, où figurent le français Eric Vernay, Ibrahim Gueye et le directeur local de Go-Voyages, Ben Hacko. Le voyagiste Go Voyages, "classé n°1 en France avec plus de 2,7 millions de voyageurs", et ayant à sa tête Axa Private Equity (du groupe Arnault) qui a racheté depuis 58% des parts . Bref, dans ce dossier, on va de surprise en surprise.
En cherchant un peu plus loin, les autorités découvrent d'autres documents, cette fois en provenance de la Guinée-Bissau, à propos de l'immatriculation supposée du Boeing incendié, donnée cette fois comme étant le J5-GCU. Un lecteur, Apalco, en fait part aux lecteurs d'Agoravox le 20 janvier dernier. Parmi les cinq documents une série de lettres sous le nom de l'Agence de l'aviation civile de Guinée-Bissau (AACGB). L'une d'entre elles est adressée à Ibrahima Gueye, identifié comme étantl'administrateur de "Africa Air Assistance" (...) la lettre informe M. Guèye que le Boeing B727-200F de Guinée-Bissau, sous l'inscription J5-GCU n'est plus considéré comme en état de navigabilité, et demande des informations concernant la localisation de l'aéronef , qui doit être identifié dans les 24 heures". La lettre est datée du 5 novembre 2009 (la traversée du B-727 a eu lieu le 16 octobre). À la même date, l'AACGB a envoyé deux lettres aux autorités de ses homologues de l'aviation civile, au Nigeria et au Venezuela. "L'AACGB a déclaré qu'il avait été informé que l'avion J5-CUU opérait sous un contrat de location venezuelien avec un équipage nigérien. Les autres lettres demandaient que les autorités nigérianes et vénézuéliennes de l'aviation civile devraient interdire de vol l'appareil". La lettre finale est de l'AACGB à la Civil Aviation Authority du Mali (ANAC) en date du 1er décembre 2009. Dans cette lettre, l'AACGB informe ANAC qu'il a appris que "l'appareil J5-GCU a effectué des vols de la Colombie vers le Mali" (en somme on vient d'apprendre que ce n'est donc pas le premier trajet du genre !) L'AACGB demande l'assistance de l'ANAC pour le contraindre au sol en raison de sa certification de navigabilité qui a expiré. Mais il est déjà trop tard. Les autorités ont pourtant fait leur travail, mais la machine était déjà en marche avant qu'elle ne réagisse. Personnellement, j'indiquais ici qu'en effet "qu'un Boeing 727 « immatriculé J5-GCU de Guinée-Bissau« , a bien été vu en train d’atterrrir à l’aéroport international de La Chinita, à Maracaibo, à 11h heures du matin, le 16 octobre, en provenance de Panama, où il n’est resté qu’une heure, le temps de faire le plein. Son équipage a présenté aux autorités un plan vol à destination de Bamako..." Si l'atterrissage a eu lieu comme on le sait aujourd'hui le même jour, cela laisse davantage que trois semaines encore pour effacer ces traces : selon le gouvernement malien, il aurait eu lieu aux alentours du 5 novembre, et les autorités n'auraient pas réagi avant début décembre.... freinées, on l'a vu, par les ordres de la DGSE française. Un mois à peu près avant son périple, pourtant, un gendarme malien plus curieux et plus probe que d'autres avait tout découvert. Mais le temps de faire toutes les paperasseries...
En cherchant dans les documents de la société, les gendarmes maliens et sénégalais sont tombés sur un autre document essentiel : Un "Aircraft Air Worthiness Certificate", un certificat de vol en provenance d'Arabie Saoudite fait par le Saudi Arabian General Authority of Civil Aviation, pour un... Boeing B727-200 de type cargo, immatriculé HZ-SNE. Un avion du Bahrain, de type 727-223 ADV. Or l'avion que désignait jusqu'ici les autorités maliennes en J5-GCU n'existait plus : il s'était écrasé il y a peu à Lagos. Seuls deux types d'avions s'amusent à jouer ainsi avec leur immatriculation : ceux qui transportent des armes... ou de la drogue. Et ça, les gendarmes de tous les pays le savent. Pourquoi donc la presse n'avait-elle pas donné dès le départ ce N°HZ-SNE ? Pourquoi avoir avalé le bobard du J5-GCU qui s'était crashé à Lagos ? Visiblement, on a fait d'énormes pressions dès le début pour ne pas révéler d'où venait exactement cet appareil ! Le temps de protéger qui ? Aujourd'hui, bizarrement, alors que l'on a pas encore spécifié officiellement que c'était bien lui, le registre mondial des enregistrements d'appareils le confirme : en fait il y a eu deux Boeing 727 ayant porté ce numéro : un B.727‑277(F) qui a fini sa carrière en Afrique du Sud, chez DHL, et qui a été détruit lors d'un accident. Son numéro de construction étant le 22644 chez Boeing. C'était lui aussi un ancien Swiftair de Bahrein, sous le numéro EC-HHU. Celui qui a traversé l'Atlantique avec la drogue est donc un autre HZ-SNE, le numéro 21619 de chez Boeing, un B.727‑230(F) qui a volé en Turquie à ses débuts. Annoncé aujourd'hui comme étant "destroyed"... alors qu'il appartenait à des "Private users in Guinea Bissau" et que sa dernière compagnie était... "Africa Air Assistance" !
Voilà qui sidère et inquiète : car il aussi, qu'en dehors de la mise en branle de l'administration malienne, il semble bien qu'on ait assisté à un ballet diplomatique forcené du côté français depuis l'incendie du 727. Dès l'annonce de l'arrestation d'Eric Vernay, à Torokorobougou, où il résidait, comme pilote du Boeing crashé au Mali, l'ambassade de France faisait savoir qu'elle lui apportait son aide et sa protection diplomatique. "Selon Bernard Valero, porte-parole du Quai D’Orsay, Bernard Valero "le dossier d'Eric Vernay, qui réside depuis plusieurs années au Mali, était suivi par le consulat de France à Bamako dans le cadre de l'exercice normal de la protection consulaire ". Le contenu de cette protection consulaire ferait actuellement l'objet de discussions de haut niveau entre les autorités françaises et maliennes", pouvait-on lire le 14 mars dernier.. Le pouvoir malien ne semble donc pas avoir été le seul à vouloir étouffer l'affaire. On a en effet beaucoup gesticulé autour de cet avion perdu en plein désert, du côté français. Au Sénégal, également, pivot de l'affaire, ce que nous verrons demain plus en détail encore si vous le voulez bien.