Coming Out sur Arte : « Ce n’est pas ce que je veux, c’est ce que je suis »

par hommelibre
jeudi 24 juin 2021

Arte diffusait hier Coming Out. Ce documentaire réalisé par Denis Parrot est constitué de séquences vidéos reprises d’internet où des filles et des garçons annoncent leur homosexualité.

Conformisme

Je trouve la parole télévisuelle de moins en moins intéressante en général. On parle au présent comme si la chose dont on parle se déroulait maintenant. Cela introduit un léger suspens mais au prix de phrases tarabiscotées et de ton peu naturel.

On répond à des questions souvent orientées dans lesquelles la réponse est déjà contenue. Ou bien le témoignage est fragile comme un oeuf tant les mots doivent contenir les injonctions morales du moment.

De nombreuses émissions, de nombreuses paroles télévisuelles, sont devenues insignifiantes. Elles débitent un discours pré-pensé, sans risque, où les bons et les méchants sont catalogués dans des schémas simplistes.

Même les émissions de faits divers deviennent un spectacle télé, avec les émotions de rigueur, les tons misérables calculés au millimètre, l’odeur de victime sprayée à grands coups de questions bateau. La télé objétise ses proies.

Une mère a perdu son fils ? On peut presque écrire son texte avant qu’elle ne parle, et son émotion est soit boostée pour faire pleurer, soit insignifiante par le conformisme émotionnel et langagier stérile. Les moments d’émotion ou de parole authentique, non formatée, sont rares.

 

Étrange attraction

Alors j’ai été touché par Coming Out. Je n’ai pas tout vu, j’ai pris en route et cela finissait trop tard pour moi. De plus cette collection de témoignages devenait fastidieuse à mes yeux.

Mais les témoignages que j’ai vus et entendus m’ont touché par l’authenticité de leur parole. On voit en direct la difficulté à avouer son attraction pour le même sexe. On comprend la souffrance de nombre d’ados dans cette situation inconfortable et parfois dramatique.

L’homosexualité dérange depuis toujours. Elle dérange les hétéros. Et cela se comprend. Il n’est ni anormal, ni homophobe de questionner cette orientation. Pourquoi est-on attiré par le même sexe ? Il y a probablement des raisons inconscientes et des problématiques individuelles. Mais pas seulement.

Il reste cette étrange attraction – étrange en comparaison de l’hétérosexualité, qui demeure la norme, la référence, par sa capacité naturelle à procréer et donc à reproduire l’espèce, et par le nombre. La statistique plaide en faveur des hétéros, ce qui favorise le sentiment d’être une référence. C’est ainsi.

 

Trans

Dans Coming Out on est loin des banalités et des clichés sur les personnes homosexuelles. Ce sont de vraies personnes, vibrantes, avec leurs doutes, leurs espoirs, et une parole que la difficulté de leur situation rend plus authentique.

Ce qui est très appréciable : le docu, du moins ce que j’en ai vu, est exempt d’idéologie, de revendication, de discours politique LGBT, de culpabilisation. Ce sont juste de jeunes personnes qui parlent d’elles.

J’ai coupé au moment d’une séquence sur un jeune trans, car c’est autre chose. Les trans ne revendiquent d’ailleurs pas forcément une homosexualité, mais prétendent être nés dans le mauvais corps. Je ne reviens pas sur ce débat que j’ai déjà traité ici.

Le documentaire valide d’ailleurs cette distinction :

« Autre point primordial : l’orientation sexuelle n’a rien à voir avec l’identité de genre. Denis Parrot intègre ainsi à l’ensemble plusieurs coming out trans : des garçons nés dans des corps de filles, qui revendiquent leur appartenance à un genre (masculin en l’occurrence) et non une attirance érotique pour tel ou tel sexe. »

 

Choix

Par contre une petite séquence devrait nous faire réfléchir :

« Même les parents les mieux intentionnés se laissent déborder par des idées et des réponses inadéquates. La mère d’un ado qui confie être gay lui dit : « Si c’est ce que tu veux… » Il répond : « Ce n’est pas ce que je veux, mais ce que je suis. »

La mère veut faire copine, sans évoquer ce qui pourrait la troubler. Elle ne montre aucun chemin de pensée. Cette tolérance de principe n’est peut-être que du déni ou de l’évitement de ses propres sentiments, en accord avec le politiquement correct. Comment une telle annonce peut-être être résumée par ce presque cynique Si c’est ce que tu veux… ? 

La réponse du garçon, Ce n’est pas ce que je veux, mais ce que je suis, me dit que l’homosexualité reste un mystère. Mais une autre question est également posée :

« Et vous, quand avez-vous choisi d’être hétérosexuel ? »

J’ai choisi, et je choisi tous les jours, même sans y penser, d’être hétérosexuel. J’ai parfois de la peine à comprendre quand on me dit qu’il n’y a pas le choix. Nos comportements ne sont-ils pas toujours, en partie, un choix ? Et pourquoi les militants états-uniens incitent-ils les hétéros à devenir gender fluid, donc à essayer autre chose ? N’est-ce pas un choix ?

 

Déchirement

Il semble qu’ici les avis divergent. Je ne sais comment j’évoluerai sur le sujet, mais je pense que n’irai pas jusqu’à considérer toutes les orientations sexuelles comme d’égale valeur pour la société.

La reproduction naturelle fait la différence. La biologie, l’économie reproductive, restent des marqueurs majeurs. La mise en cause des hétéros par les LGBT est de l’hétérophobie.

Hétérophobie et androphobie, ou misandrie, c’est ce que fait par exemple l’élue lesbienne parisienne Alice Coffin, quand elle déclare : 

« Ne pas avoir de mari, ça m’expose à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée. »

C’est une psychose (lire le billet de Pierre Béguin) !

Par contre je ne fais pas de distinction au niveau des individus. Et grâce à ce documentaire j’ai un peu mieux compris le déchirement, ou le malaise, que vit une jeune personne homosexuelle dans un monde qui ne lui ressemble pas tout-à-fait.

 

(Images 2 et 4 extraites du docu).

 


Lire l'article complet, et les commentaires