Comment se sentir à gauche aujourd’hui quand on est républicain ?
par MarcA75
samedi 15 mars 2025
Je suis de gauche. Aucun doute là-dessus. Pourtant, sur un tas de sujets, je sens que le clivage gauche / droite n'a plus de sens. Suis-je un oublié des politiques ? Est-ce que je représente une majorité silencieuse ? Au vu de l'abstention et du sentiment de résignation en France, je crois que j'illustre le méprisé par l'élite.
Je ne trouve plus de chaussure politique à mes pieds, et c'est un problème. Car je vote. Je ne fais pas la morale aux abstentionnistes, je les comprends. Pour ma part, quoi qu'il arrive, je me rends aux urnes, quitte à voter blanc. Évidemment, j'entends déjà les quolibets : "Pourquoi tu votes ? Cela ne sert plus à rien !" ; "Voter blanc, cela ne sert à rien et tu cautionnes le système." Dites que je suis naïf, mais je crois toujours au vote. J'ai toujours l'espoir d'un sursaut politique bien que les illusions s'effondrent les unes après les autres, après chaque élection.
Comme je l'ai exprimé dans l'accroche de cet article, ne plus se sentir représenté ou incarné politiquement est pour moi un problème. Je me situe politiquement à gauche. Je revendique le fait que le salarié et le citoyen se doivent d'acquérir davantage d'acquis sociaux au fur et à mesure que le temps passe. Or, c'est exactement l'inverse qui se passe depuis plus de quarante ans, y compris avec des gouvernements dits de "gauche". Le plus effroyable a été le quinquennat de François Hollande où toutes les premières mesures macroniennes ont été à l'oeuvre, à l'instar de la loi travail El-Khomri ou de la loi retraites de Marisol Touraine. La gauche au pouvoir a assimilé le discours des néolibéraux : "Il n'y a pas d'alternative." Il n'y a pas d'alternative quant à notre abandon de souveraineté au profit de l'Union européenne ou des Etats-Unis, il n'y a pas d'alternative à l'austérité, il n'y a pas d'alternative sur les réformes régressives telles les réformes de retraites ou contre les chômeurs, il n'y a pas d'alternative sur les mesures punitives au nom de l'écologie, etc.
La gauche valide de surcroît les logiques wokistes pro-communautaristes, qu'elles soient religieuses, racialistes ou sexuelles avec la validation de théories d'activistes. Cette gauche assure parfois le SAV des délires islamistes (présentés comme des éternelles victimes de la société). Elle propage le vocabulaire des communautaristes, comme ceux visant à identifier une personne d'abord par sa couleur de peau ou les fantasmes d'une humanité qui pourrait se différencier par de multiples genres que l'on pourrait changer en cours de route comme on pourrait changer de chemise. Une gauche qui a aussi abandonné toute volonté de réfléchir sur le sujet de la délinquance, de peur d'être rapprochée de l'"extrême droite".
Voter RN ? Séduisant mais trompeur
Sur ces questions, je peux être séduit par le Rassemblement national (RN) comme par certains discours d'une partie de la droite. Ecouter le député Jean-Philippe Tanguy me plaît davantage qu'une logorrhée émanant de Mathilde Panot ou de Rima Hassan. Je ne suis pas non plus dupe. Le discours social du RN et de certains proches (ou ex-proches) dudit parti est souvent creux ou purement électoraliste. Je crois fortement dans le rôle des corps intermédiaires pour rassembler une nation. Le discours antisyndical du RN me dérange. D'autant plus que dans les entreprises, les syndicalistes sont loin d'être des révolutionnaires, ils servent bien souvent à protéger les quelques acquis des salariés. En revanche, je ne tombe pas dans le piège : le RN n'est pas le nazisme d'hier. Son programme est assez lisse pour me convaincre que, face aux mondialisateurs néolibéraux tels qu'Emmanuel Macron, Edouard Philippe ou Gabriel Attal, on ne risque pas grand-chose à tenter le coup avec cette (fausse) alternative.
Quel est donc mon choix ? Je ne le vois pas. Je vois bel et bien que la droite et la gauche au pouvoir ont contribué à la destruction de la France. Que les centristes n'ont fait que l'aggraver en reprenant tous les mauvais logiciels des deux courants. Une Sahra Wagenknecht (députée de gauche en Allemagne) en France serait potentiellement satisfaisant pour enrichir l'offre politique. Pour l'heure, je me considère toujours de gauche, mais sans aucun espoir.