Commissariat du 17e : combien de « brebis galeuses » ?

par Fergus
lundi 30 novembre 2020

La révoltante agression dont a été victime Michel Zecler a donné lieu dimanche à un point de presse tenu par le procureur de Paris Rémy Heitz. Il ressort de cette prise de parole que le magistrat a requis contre les trois fonctionnaires de police incriminés des mises en examen au titre de quatre chefs de poursuites ainsi que la mise en détention provisoire. Mais quid des pratiques des policiers de ce commissariat ?

Avant que le procureur de Paris ne prenne la parole dimanche après-midi, c’est le directeur général de la Police nationale Frédéric Veaux qui s’était déclaré « scandalisé » dans les colonnes du JDD avant de qualifier de « comportements de délinquants » les hallucinants actes de violence perpétrés à l’encontre de Michel Zecler. Et, de fait, quiconque a visionné les effrayantes vidéos* de cette agression parvient à la même conclusion : le producteur de musique a, dans un local privé puis sur la voie publique, subi durant de longues minutes un tabassage gratuit d’une extrême violence, de surcroît aggravé par des insultes racistes proférées à plusieurs reprises à son encontre.

Dans ces conditions, la parole du procureur de Paris était très attendue. Après avoir décrit en détail le déroulement de cette affaire, énuméré la longue litanie des blessures infligées à Michel Zecler et confirmé que la plainte déposée par les policiers mis en cause avait été classée sans suite [eu égard à son caractère manifestement mensonger, nda], M. Rémy Heitz a informé les journalistes présents de ses réquisitions.

Comme l’on pouvait s’y attendre au vu du calvaire enduré par Michel Zecler, le procureur de Paris a requis la mise en examen de quatre fonctionnaires de police  : les trois auteurs du tabassage ainsi que le lanceur de grenade lacrymogène, ce dernier ayant été suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle judiciaire. Concernant les trois agresseurs, M. Rémy Heitz a indiqué que ses réquisitions concernent les chefs d’accusation suivants :

Violation de domicile en réunion et dégradation volontaire de biens privés en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique ;

Violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique avec circonstance aggravante de racisme ;

Faux en écritures publiques par personnes dépositaires de l’autorité publique.

Il appartient maintenant à un juge d’instruction de prononcer ces mises en examen et la mise en détention provisoire requise par le Parquet. Nul doute que, dans un contexte de graves menaces législatives sur la diffusion d’images de policiers, l’évolution de ce dossier sera suivie avec beaucoup d’attention dans un pays profondément choqué par les circonstances de cette ignoble agression et la personnalité des voyous qui l’ont perpétrée.

Des voyous en uniforme qui, tant dans nos frontières qu’à l’étranger, entachent l’image de notre police nationale et jettent la suspicion sur la profession. Certes, l’on peut raisonnablement penser – et c’est mon cas – que la grande majorité des policiers exercent leur métier dans le respect des personnes et des règles déontologiques comme l’affirment les responsables de la Police nationale et leur ministre de tutelle. 

Mais alors, comment doit-on interpréter le fait que sur les trois policiers qui s’en sont pris avec une violence inouïe à Michel Zecler, les trois aient été des voyous brutaux et racistes ?

Comment interpréter le fait que la dizaine de policiers arrivés en renfort aient assisté sans broncher à la poursuite du tabassage dans la rue ?

Comment interpréter le fait qu’ayant vu un voisin filmer, l’un des policiers ait mis ses collègues en garde ?

Comment, surtout, interpréter le propos du procureur de Paris informant les journalistes que les policiers mis en cause avaient de « bons, voire très bons, états de service » ? Loin de rassurer, cette révélation nous plonge dans un abîme d’interrogations glaçantes. Car si l’on a eu affaire avec ces « délinquants » violents à de « bons » fonctionnaires de police, que doit-on penser de ceux qui sont mal notés par leurs supérieurs ? Autrement dit, y a-t-il d’autres brebis galeuses au commissariat du 17e arrondissement de Paris ?

La première vidéo, issue d'une caméro implantée dans le studio d’enregistrement, montre l’agression perpétrée à l’intérieur du local : lien. La deuxième vidéo a été filmée par un voisin du local d’enregistrement : lien.


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