Communisme=100 millions de morts, ou l’arnaque idéologique de ce nouveau millénaire

par Euripide_320
jeudi 25 juin 2015

"Le communisme a fait 100 millions de morts ; c'est l'idéologie la plus criminelle de tous les temps avec le nazisme. Et après ça, il y a encore des communistes en France !". Tout le monde a déjà entendu cette phrase au moins une fois dans sa vie. Rares ont été les arguments aussi souvent martelés par les libéraux depuis la Chute du Mur de Berlin, de BHL à Sarkozy. Rares sont les arguments aussi illégitimes, à condition d'éviter les oublis historiques et les raisonnements trompeurs.

Le but de cet article n'est pas de convertir ses lecteurs au communisme : son auteur ne l'est même pas. Il n'est pas non plus d'excuser les crimes des staliniens, des maoïstes ou des Khmers ; j'accepterai ici le chiffre contesté et contestable de 100 millions de morts. Le but de cet article est de combattre l'anticommunisme, c'est-à-dire l'équation "Communisme=Staline+Mao=100 millions de morts=Pire système du XXème siècle avec le nazisme".

J'ai pu constater avec tristesse que l'anticommunisme s'est à peu près généralisé, même chez ceux qui s'opposent au néolibéralisme : chez les socialistes (je parle des non solfériniens), souverainistes, progressistes, patriotes, gaullistes, etc...même chez eux, l'anticommunisme est souvent majoritaire, et il empêche des dialogues, des rapprochements, des unions.

L'anticommunisme, tel qu'il est distillé par nos médias, programmes scolaires et partis politiques, défend quatre thèses, que je crois fausses :

1) La thèse du totalitarisme : avec l'Allemagne nazie, les régimes communistes sont les seuls à avoir pratiqué le massacre de masse, le génocide, la famine, la guerre impériale... Ils ont été anormalement autoritaires et répressifs.

2) La thèse de l'exception communiste : les crimes du "communisme" ont été les pires du XXème siècle avec ceux du nazisme.

3) La thèse du lien naturel, structurel, entre communisme et dictature : toute réforme communiste est un pas vers la dictature.

4) La thèse du lien naturel, structurel, entre libéralisme et liberté : toute atteinte au libéralisme économique, est une atteinte à la liberté politique, à la démocratie. (la thèse la plus inquiétante à mon sens).

Examinons ces quatre thèses les unes après les autres.

 

1) La thèse du "totalitarisme" : deux poids, deux mesures.

Aux yeux des anticommunistes, les "totalitarismes" communistes sont les seuls gouvernements, avec le régime nazi, qui ont connu les massacres de masse, les famines, les génocides, les guerres responsables de millions de morts... En réalité, ces pratiques sont très bien connues des régimes anti-communistes ou libéraux.

Deux poids, deux mesures. On a érigé les goulags, famines, invasions des régimes communistes en symboles de la barbarie marxiste ; on a systématiquement occulté les goulags, famines, invasions des régimes pro-occidentaux.

La majorité des lecteurs éprouvera un frisson d'horreur en observant les hommes politiques ci-dessous :

Staline, symbole de la nature meurtrière et concentrationnaire de l'URSS. Mao, célèbre pour les famines qui ont ravagé la Chine. Pol-Pot, responsable du génocide mené par les Khmers Rouges. Khrouchtchev, principalement connu en Occident pour avoir maintenu l'Europe de l'Est sous le joug de l'URSS.

 

La majorité des lecteurs ne saura probablement pas qui sont ces personnes :

Pourtant, elles sont responsables de crimes aussi sanglants que les dirigeants représentés plus haut. Seulement, elles ont eu le bonheur d'appartenir au camp capitaliste, occidental : au camp du bien, autrement dit.

Deux poids, deux mesures. Détaillons ces quatre cas d'amnésie historique.

 

- Indonésie, 1965 : le stalinisme pro-américain

N'importe quel collégien a entendu parler des "grands procès de Moscou" ; de même, la Grande Terreur stalinienne (1936-1938) et ses purges qui ont tuées entre un et deux millions de Russes sont largement connues. Un phénomène semblable s'est produit en Indonésie, en 1965, date du coup d'Etat qui a propulsé le général Soeharto au pouvoir.

De gauche à droite : Staline. Les victimes des purges soviétiques. Soeharto. Les victimes des purges indonésiennes.

Celui-ci, soutenu par les multinationales et les gouvernements occidentaux, entame une purge. Il interdit le Parti Communiste d'Indonésie, les syndicats et journaux opposés au pouvoir. Il persécute les opposants à la dictature, qu'ils soient communistes, démocrates ou paysans pauvres : en moins de six mois, Soeharto est parvenu à exterminer la résistance indonésienne. Selon la presse occidentale (par ailleurs très favorable à cette épuration), entre 500.000 et un million de communistes ont été massacrés. Les estimations des historiens indonésiens varient entre 1 et 3 millions de victimes [1]. 1,8 millions de résistants ont également été emprisonnés, parfois pendant des décennies, et souvent torturés, frappés à mort ou exécutés[2].

L'historiographie dominante traite deux événements à peu près semblables (massacre de millions d'opposants politiques en un laps de temps très court), de manière totalement disproportionnée. Tout le monde a entendu parler des purges staliniennes, beaucoup ignorent jusqu'au nom de Soeharto.

 

- Brésil, 1964 et Zimbabwe, 1991 : l'hécatombe maoïste version FMI

Aucun citoyen ne peut ignorer les grandes famines provoquées par Mao, suite à la collectivisation des terres en Chine. Elles ont tué entre 15 et 36 millions de Chinois. On a pris cette catastrophe comme prétexte pour assimiler toute idée de collectivisation à un désastre humanitaire. On ignore bien souvent qu'un drame de cette ampleur a eu lieu au Brésil, plus particulièrement de 1964 à 2002...à cause des mesures capitalistes autoritaires puis néolibérales du gouvernement.

Au Brésil, le Président populiste Joao Goulart, au pouvoir depuis 1961, avait entrepris de réformer les structures sociales extrêmement inégalitaires de ce pays, où les paysans étaient traités comme des esclaves par les latifundistes, et les habitants des bidonvilles sous-payés par les grands patrons. Mais une réforme agraire ou la multiplication par deux des salaires étaient des mesures que l'oligarchie brésilienne ne pouvait accepter. Aussi, en 1964, le gouvernement populiste est renversé par un coup d'Etat militaire mené par le général Castelo Branco, qui met fin à ce processus de réformes. Une fois au pouvoir, celui-ci réprime brutalement et systématiquement les grèves ouvrières et paysannes. Les grands possédants peuvent ainsi faire travailler leurs paysans et salariés sans aucune norme sociale. La misère des classes populaires, déjà considérable, s'aggrave. Des centaines de milliers de Brésiliens périssent chaque année à cause de la misère[3], d'accidents du travail, de maladies comme l'anémie ou le kwashiorkor. Alors qu'une épidémie de choléra se répand, le FMI contraint le gouvernement à stopper l'aide aux malades dispensée par le gouvernement précédent ; en échange, il lui prête des milliards de dollars qui permettent à l'Etat brésilien de renforcer son système de répression[3]. Des dizaines de milliers de Brésiliens succombent, victimes d'une maladie qu'autrefois les hopitaux prenaient en charge. Parmi les victimes de cette extrême pauvreté, la première épouse du futur Président Lula, morte dans ses bras devant la porte d'un hôpital fermé aux pauvres. à partir de 1985, le gouvernement prend une pente néolibérale. La misère continue à s'étendre.

Au total, dans la seule campagne brésilienne, entre 8 et 20 millions de Brésiliens ont péri durant les quarante années de dictature capitaliste puis de néolibéralisme (1964-2002) entamées par le putsch de Castelo Branco [3].

De gauche à droite : Mao ; une victime des grandes famines chinoises ; Castelo Branco, premier dirigeant de la dictature militaire brésilienne ; Robert Mugabe, président du Zimbabwe ; une victime de la faim au Zimbabwe.

Autre exemple stupéfiant, celui du Zimbabwe. Jusqu'en 1990, le Président Robert Mugabe avait mené des réformes socialistes efficaces : l'espérance de vie du Zimbabwe avait atteint 64 ans en 1990 (contre 56 ans en 1980). Mais après la Chute du Mur de Berlin, il décide de céder aux pressions de l'Occident et d'obéir au FMI ; Mugabe applique brutalement la recette néolibérale au Zimbabwe : il privatise intégralement le système de santé, cesse de dispenser de l'aide aux petits agriculteurs et ouvre son pays au libre-échange. La misère explose et l'espérance de vie chute. De 64 ans, elle passe à...37 ans [4].

Vous avez bien lu : l'espérance de vie moyenne au Zimbabawe est passée de 64 ans à 37 ans en une décennie ; le néolibéralisme a pratiquement divisé par deux la longévité des habitants du Zimbabwe.

L'idéologie dominante se sert des famines chinoises pour établir l'équation collectivisation=famine. Mais elle n'évoque jamais les millions ou dizaines de millions de Brésiliens tués par la misère sous la dictature capitaliste. De même, elle cache soigneusement le fait que le néolibéralisme, prôné par nos dirigeants en Europe, est le même qui a a divisé par deux l'espérance de vie au Zimbabwe.

 

- Timor Oriental, 1975 : les Khmers Rouges armés par Washington

Tout le monde est horrifié par le génocide des Khmers Rouges au Cambodge, mené par le terrible Pol Pot. Mais comme le remarquait Noam Chomsky [5], tout le monde ignore superbement le génocide qui a eu lieu au Timor Oriental, à peu près à la même période. Et pour cause, il a été commis par les hommes de Soeharto (le même), et soutenu militairement par les gouvernements occidentaux.

De gauche à droite : Pol Pot, responsable du génocide khmer rouge au Cambodge. Des victimes du massacre. Soeharto, instigateur du génocide au Timor Oriental ; des victimes du massacre.

En 1975, les troupes indonésiennes envahissent l'île du Timor Oriental, qui exigeait l'indépendance vis-à-vis de l'Indonésie. L'armée de Soeharto entame une campagne "d'encerclement et d'annihilation" de la résistance timoraise, présentée comme une armée de sauvages et de dangereux communistes. L'armée indonésienne bombarde les troupes du Timor avec des explosifs chimiques et du napalm, puis descend à terre ; les atrocités se multiplient : les soldats indonésiens brûlent des villages entiers, massacrent civils et militaires sans distinctions, violent les timoraises en masse, fracassant la tête des enfants timorais contre des rochers. Les survivants sont enfermés dans des camps de concentration, torturés et privés de nourriture ; des dizaines de milliers d'entre eux meurent de faim [6]. Pour vaincre les derniers résistants, l'armée indonésienne brûle les récoltes et empoisonne les sources d'eau.

à un témoin qui s'inquiétait de l'ampleur du massacre, un officier indonésien répond :

"lorsque vous nettoyez un champ, est-ce que vous ne tuez pas tous les serpents, qu'ils soient petits ou grands ?"

Des Timorais affamés par l'armée de Soeharto.

En 1975, 600.000 indigènes vivent sur cet îlot. Quelques années plus tard, il n'en reste plus que 400.000. Les troupes de Soeharto, selon Amnesty International et la Croix-Rouge, ont massacré 200.000 indigènes, soit un tiers de la population. On estime que Pol Pot aurait massacré entre 700.000 et 1.7 millions de Cambodgiens, soit entre 10% et un quart de la population cambodgienne.

Toujours le même phénomène. Selon l'idéologie dominante, un communiste doit assumer le génocide de Pol Pot ; en revanche, un partisan du capitalisme n'a pas à assumer celui de Soeharto.

 

- Le communisme, l'impérialisme, le libéralisme

Les programmes scolaires font de l'URSS le principal danger pour la paix durant la Guerre Froide. On parle aussi, heureusement, de la guerre du Viet-Nâm et de la guerre d'Irak ; mais ce ne sont que de regrettables erreurs commises par des Présidents impérialistes (Nixon, Bush), rattrapées par les efforts des présidents pacifistes (Eisenhower, Kennedy, Carter, Obama).

Les travaux de l'historien William Blum [7] font voler en éclat cette distinction. Ils démontrent que plus de 60 interventions militaires et ingérences américaines (financement et armement de groupes para-militaires...) ont eu lieu de 1947 à 1990, quel que soit le gouvernement. Bien entendu, elles n'ont pas cessé avec la Chute du Mur de Berlin, bien au contraire. Entre les présidents impérialistes et les présidents dits "pacifistes", il y a continuité, et non pas rupture.

Toutes ces guerres coloniales ou néo-coloniales sont presque systématiquement éludées des programmes scolaires, et bien entendu des médias. Tout le monde a entendu parler du terrible Khrouchtchev et de la répression des insurgés hongrois par les chars soviétiques en 1956. Mais beaucoup ignorent jusqu'au nom de Kissinger. Conseiller du Président Nixon puis du Président Ford, il approuve l'invasion du Timor Oriental par Soeharto ; avant cela, en 1973, il conseille à Nixon de bombarder le Cambodge dans le cadre de la Guerre du Viet-Nâm. 700.000 civils Cambodgiens sont tués par les bombes américaines [8][9].

De gauche à droite : Khrouchtchev. Un char soviétique en Hongrie, symbole archétypal de la répression soviétique. Kissinger. Des Cambodgiens victimes des bombardements américains.

On rapproche souvent le communisme et le nazisme, comme deux "totalitarismes". Dans le langage courant, "totalitarisme" signifie un régime exceptionnellement répressif et meurtrier, qui pratique la torture, la guerre, la famine... nous avons vu que de nombreux régimes libéraux correspondent à cette définition.

D'un point de vue plus conceptuel, la philosophe Hannah Arendt, très influente dans le camp occidental, définit le régime totalitaire comme celui qui cherche à tout contrôler, jusqu'à la conscience et la pensée de la population, pour la soumettre à une idéologie (nazisme ou marxisme selon elle), quelles que soient les conséquences humaines. Elle rapproche ainsi "communisme" et nazisme. Le régime de Soeharto, qui soumettait sa population à un lavage de cerveau par la propagande[1] et cherchait à contrôler de manière très stricte l'orthodoxie politique de chaque individu (celui qui écrivait "classe ouvrière" quelque part était emprisonné pendant douze ans), peut pourtant lui aussi être rangé dans cette catégorie. Autrement dit, le fait que certaines dictatures pro-occidentales de la Guerre Froide ne soient pas considérées comme "totalitaires" semble injustifié.

Hannah Arendt, philosophe juive allemande qui a consacré une partie de son oeuvre au concept de "totalitarisme". Ses thèses philosophiques ne manquent pas d'intérêt. En revanche, ses travaux ont été critiqués d'un point de vue historique ; elle ignore ou minimise par exemple l'influence du colonialisme, du racisme colonial, du capitalisme industriel et du fascisme sur le nazisme[10]. Elle ignore manifestement la vraie nature de certains régimes pro-occidentaux durant la Guerre Froide.

 

Mais, tout de même, rétorquent les libéraux, "le communisme a fait 100 millions de morts"...

 

2) La thèse de "l'exception communiste" : la paille et la poutre

Le "communisme" et ses 100 millions de morts, avec le nazisme, constituerait une sorte d'exception, une idéologie tellement meurtrière qu'elle serait incomparable aux autres en termes de nombre de victimes.

Il est exact que les victimes du communisme se comptent en dizaines de millions. Mais celles du capitalisme, depuis 1945, se comptent en centaines de millions.

Dans l'Evangile selon Saint Luc, le Christ déclare :

"Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, alors que tu ignores la poutre qui est dans le tien ?"

 

Tel est à peu près ce qu'un communiste pourrait rétorquer à un libéral qui l'accable avec les "100 millions de morts du communisme". Il n'y a aucun doute : les crimes des maoïstes et des Khmers Rouges furent effroyables ; mais pourquoi systématiquement occulter les crimes des libéraux, pourtant bien plus massifs ?

Jugez par vous-même.

Depuis 1945, les guerres menées par les pays occidentaux contre les pays du Tiers-Monde (de l'Indochine à l'Irak) ont tué entre 50 et 55 millions de personnes, selon les calculs de Noam Chomsky [11]. La plupart d'entre elles avaient pour but d'instaurer des régimes néo-coloniaux, puis néolibéraux, qui furent et sont toujours désastreux pour les peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Les chiffres des victimes de la pauvreté et de la faim dépassent l'entendement.

Selon les estimations les plus basses, 9 millions de personnes meurent de faim chaque année dans les pays du Sud [12]. Jean Ziegler, sociologue qui travaille avec l'ONU dans le cadre du droit à l'alimentaion, prend en compte les victimes des conséquences indirectes de la faim (vulnérabilité aux maladies, fragilité au travail, etc) ; il estime que chaque année, 36 millions de personnes meurent de faim et de ses conséquences[13]. Si l'on ajoute les victimes des maladies facilement soignées en Occident, des accidents du travail, des infections dues à l'eau polluée, toutes les victimes de la pauvreté au sens large, ce nombre s'élèverait à 58 millions de victimes annuelles [14]. Dans une grande majorité des cas, ces hécatombes ont lieu sous des gouvernements néolibéraux, proches du FMI, dont les ressources sont exploitées par les multinationales. Ces statistiques, dignes d'une dystopie qui aurait fait de la sélection naturelle le principe de l'ordre social, sont malheureusement celles du monde contemporain.

Victimes de l'impérialisme et du néolibéralisme. Des Cambodgiens bombardés par l'armée américaine ; une vietnamienne brûlée par le napalm (photos de Philip Jones Griffiths) ; un enfant congolais affamé. Bien souvent, ces deux phénomènes ne sont pas séparables : le néolibéralisme est une conséquence de l'impérialisme. Par exemple, c'est par l'impérialisme que les Occidentaux ont imposé au Congo un régime néolibéral.

Que l'on retienne le chiffre de 9 millions ou de 58 millions, si on le multiplie par le nombre d'années qui ont suivies la Chute du Mur de Berlin, on obtient un bilan bien supérieur aux "100 millions de morts du communisme".

Les programmes scolaires et les médias dominants font du nazisme et du "communisme" les deux idéologies les plus meurtrières du siècle. Acceptons, ce qui est très loin de faire consensus, que l'on puisse mettre sur le même plan nazisme, stalinisme et maoïsme. Pourquoi l'impérialisme occidental et le néolibéralisme ne figurent-ils pas parmi les idéologies les plus meurtrières du XXème siècle ? Il y a eu un Livre Noir du Communisme. à quand un Livre Noir de l'Impérialisme et un Livre Noir du Néolibéralisme, qui détaillent les centaines de millions de victimes de ces sinistres idéologies ?

Si un communiste doit assumer les "100 millions de morts", pourquoi un pro-capitaliste ne devrait-il pas assumer les centaines de millions de morts provoquées par l'impérialisme et le néolibéralisme ?

Si Staline suffit à jeter Marx aux ordures, pourquoi, après Mugabe et le néolibéralisme brésilien, conserve-t-on toujours Adam Smith ?

Les libéraux ont une réponse toute prête : il s'agit de la troisième thèse de l'anticommunisme.

 

3) La thèse du lien naturel, structurel, entre communisme et dictature. Une aberration historique.

Cette thèse soutient que Soeharto est un accident du capitalisme, tandis que Staline incarne l'essence même du communisme. On peut penser un libéralisme sans dictature, tandis qu'un communisme sans goulags n'est même pas concevable. L'histoire le prouve !

L'histoire prouve surtout que l'argument ci-dessus est faux. L'idéologie dominante confond, à dessein, corrélation et causalité : la plupart des régimes communistes ont été des dictatures ; donc, selon elle, les régimes communistes sont forcément dictatoriaux. Raisonnement absurde.

L'idéologie dominante, nous l'avons vu, dissimule l'existence des dictatures capitalistes, de telle sorte que le citoyen est porté à croire que le communisme a eu le monopole de la dictature (et des génocides, et des famines, etc...) pendant la Guerre Froide. Mais elle dissimule aussi, et c'est peut-être le plus important, l'existence de démocraties communistes ou socialistes ; le citoyen qui ignore leur existence est porté à croire que le communisme est structurellement incompatible avec la démocratie : habile stratagème.

Or il y a bel et bien eu, on l'ignore souvent, des démocraties communistes et socialistes. Pas dans le sens où un Etat démocratique aurait réalisé l'utopie socialiste, mais dans le sens où un gouvernement a tenté d'abolir le capitalisme dans un cadre démocratique.

De gauche à droite : Salvador Allende, président socialiste du Chili de 1971 à 1973. Daniel Ortega, leader du gouvernement marxiste-léniniste du Nicaragua de 1984 à 1990. Hugo Chavez, président du Venezuela de 1999 à 2013 (ouvertement socialiste à partir de 2006).

Chili, 1971. Le Front Populaire remporte les élections. Dirigé par Salvador Allende, son but affiché est d'abolir le capitalisme au Chili. L'oligarchie chilienne s'insurge. Aidée par la CIA, elle finance des assassinats politiques[15], une campagne de presse haineuse, des partis fascisants. Allende refusa toujours, malgré ces atteintes à la démocratie, malgré les rumeurs de coup d'Etat, de restreindre la démocratie libérale[16]. Après deux ans de pouvoir, Allende fut assassiné par l'aile droite de l'armée et remplacé par une dicature militaire.

Nicaragua, 1984. Les Sandinistes accèdent démocratiquement au pouvoir avec 60% des voix. Daniel Ortega, leur candidat, défend un programme "marxiste-léniniste" (nationalisations, sécurité sociale, etc...). Même scénario : l'oligarchie locale sabote l'action du gouvernement[17]. Les Contras, des terroristes massivement armés et financés par la CIA, assassinent des membres du gouvernement et brûlent des terres et des réserves pour créer un chaos social. Comme au Chili, malgré les agissements très peu démocratiques de la bourgeoisie, le gouvernement marxiste-léniniste n'a pas renié la démocratie. En 1990, les Sandinistes, battus par la droite aux élections, acceptent leur défaite.

Venezuela, 2006. Hugo Chavez, président depuis 1999, est élu avec 63% des voix en défendant un programme socialiste. Les médias occidentaux présentent le Venezuela comme une dictature. Pourtant, aucun doute n'est permis : les chaînes de télévisions sont inégralement privées (à 96%, contre 63% dans le cas de la France)[18] ; les élections sont transparentes et démocratiques : c'est ce qu'affirment toutes les commissions internationales[19]. De 1999 à aujourd'hui, le gouvernement venezuélien a appliqué des mesures socialistes (nationalisations, multiplication des salaires par quatre...), non seulement en respectant la démocratie libérale, mais en faisant progresser celle-ci vers un système de démocratie directe. L'opposition de droite, en revanche, ne respecte pas les scrutins démocratiques. Deux exemples : en 2002, l'armée renverse Hugo Chavez pendant 48 heures et place à la tête du gouvernement le patron du "MEDEF" venezuélien (Pedro Carmona) : un putsch soutenu et applaudi par 80% des médias privés, les partis libéraux et les Etats-Unis[20]. En 2015, l'armée tente d'assassiner Nicolas Maduro, successeur d'Hugo Chavez[21] ; un événement à peu près ignoré par la presse occidentale.

Ces trois exemples montrent qu'il n'y a aucun lien de cause à effet entre restriction des libertés économiques et restriction des libertés politiques. Autrement dit, qu'entamer des réformes socialistes ou communistes ne mène pas mécaniquement à la dictature.

Les libéraux, dans leur argumentaire, confondent volontairement corrélation et causalité.

Il est exact qu'il y a eu une corrélation, durant le XXème siècle, entre communisme et dictature : les états communistes ont la plupart du temps été dictatoriaux.

Il est faux qu'il ait eu un lien de causalité entre communisme et dictature : ce n'est pas l'adoption de réformes communistes qui a été la cause des mesures dictatoriales. Des gouvernements, une fois avoir pris le pouvoir par la force et instauré une dictature, ont imposé des lois socialistes :

- 1917 : Lénine prend le pouvoir, et dans le contexte de la guerre civile, interdit les partis et la presse non communiste ; ensuite, le Parti Communiste impose le collectivisme.

- 1945 : après la Seconde Guerre mondiale, des putsch pro-URSS ont lieu partout dans l'Est de l'Europe. Les partisans de l'URSS suppriment les institutions démocratiques, et imposent ensuite des mesures communistes

Ces deux exemples sont là pour démontrer que ce n'est pas "le communisme" qui a causé la dictature, la censure, le goulag, etc... ce sont à chaque fois des dictatures qui pratiquaient déjà la censure et la répression, qui ont ensuite imposé des mesures communistes. Cette différence est fondamentale. En effet, elle montre que le communisme n'est pas, par nature, une idéologie dictatoriale. Pourquoi, dans ce cas, les journalistes, hommes politiques libéraux, etc.. font-ils comme si le communisme avait été la cause des horreurs des régimes communistes ?

Sarkozy : "Le drapeau rouge, qui a été l'étendard de tant de tyrannies à travers le monde...".

Patrick Balkany : "La politique à l'Est du Rideau de Fer est celle que souhaitent les communistes [français]".

Inutile d'accumuler les citations : vous connaissez la chanson.

 

4) La thèse du lien naturel entre libéralisme et liberté

Ces oligarques sont, sans le savoir, les héritiers de Friedrich Hayek. Selon ce philosophe ultra-libéral, la restriction de la liberté politique est la conséquence nécessaire de la réduction de la liberté économique. Autrement dit, augmenter la sécurité sociale a pour conséquence de réduire les libertés démocratiques ; faire du collectivisme équivaut à leur suppression. Absurde. Mais c'est pourtant la thèse que défend la philosophe libéral, dans la Route vers la Servitude, lorsqu'il évoque ce "planisme" du Parti Travailliste anglais qui "constitue une menace pour notre liberté".

Friedrich Hayek. La "route vers la servitude" est la route vers le totalitarisme communiste qu'empruntent, selon lui, les gouvernements progressistes.

Il est très important de comprendre le raisonnement ci-dessus. En effet, Hayek ne s'attaque pas seulement au communisme : il s'attaque à l'idée d'Etat-providence, de redistribution des richesses, d'interventionnisme économique. Ce n'est plus seulement la vieille rengaine : "Communisme=100 millions de morts=Nazisme". C'est désormais "anti-libéralisme économique=dictature=Communisme=100 millions de morts=Nazisme".

Le philosophe préféré de Thatcher et de Reagan a fait un carton aux Etats-Unis ; ses analyses figuraient dans mon manuel d'histoire de Première. C'est dire l'influence qu'il a eu sur la pensée occidentale. Cette notoriété me terrifie, car elle équivaut à une marginalisation a priori de toutes les voix qui s'opposeraient au néolibéralisme. On peut pourtant remarquer qu'elle imprègne notre oligarchie médiatique et politique ; selon elle, s'opposer au néolibéralisme, c'est s'opposer à la liberté politique ; s'opposer à la liberté politique, c'est être le partisan de toutes les horreurs des "totalitarismes" nazis et communistes. Toutes les formes d'anti-libéralisme mènent donc au totalitarisme : le communisme, le socialisme, mais aussi le gaullisme, le souverainisme, l'Etat-providence, la social-démocratie (au sens historique du terme)...

Quelques exemples :

- Alexandre Adler, géopoliticien ultramédiatisé, sur le référendum de 2005 : "La bataille pour le “oui” sera (...) la défaite de tous ces altermondialistes qui ont tout à la fois la candeur et l'impudence de se déclarer "antilibéraux", disons simplement ennemis de la liberté".

- François Bayrou (à un militant qui lui parle du Conseil National de la Résistance) : "vous voulez mettre l'ensemble de l'économie sous le contrôle de l'Etat, c'est une entreprise totalitaire".

- Jacques Attali, au sujet de l'annulation de la dette : "vous voulez transformer la France en Corée du Nord".

 - Et le meilleur pour la fin, notre préféré, Bernard-Henri Levy. Il évoque Hugo Chavez, dont "la rhétorique antilibérale rappelle celle des régimes fascistes et nazis" (on appréciera la subtilité, et l'originalité de l'argumentation).

L'anticommunisme est devenu l'élément structurant d'une idéologie qui cherche à nous faire accepter l'équation "libéralisme économique=liberté politique"..

 

"La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature" (Noam Chomsky)

Cette phrase illustre, à mon sens, l'évolution qui s'est produite au XIXème siècle en France. L'oligarchie capitaliste se maintenait au pouvoir par la force de la matraque. Puis, avec la mise en place de la République (1875 en France), elle a compris qu'elle ne pourrait régner éternellement par la seule force brute ; c'est pourquoi elle a troqué la matraque contre la propagande. Autrefois, il était interdit de réclamer l'égalité ; avec la mise en place de la République, il fallait rendre impossible la pensée même de l'égalité, comme une aberration contre-nature. Grâce aux programmes scolaires imposés par l'Etat et aux journaux financés par les grands intérêts, l'oligarchie française a cherché à imposer une vision du monde que l'on peut résumer par l'équation "inégalité=ordre naturel des choses".

"Il n'est pas plus possible de changer la propriété comme pivot du monde social qu'il n'est possible de changer le soleil comme pivot du monde cosmique" (Jules Ferry)

Aujourd'hui, nous savons que le soleil n'est pas le pivot du monde cosmique, et que la propriété telle que la concevait Ferry (le monopole de quelques grandes familles sur les moyens de production) n'est pas non plus nécessairement le pivot du monde social.

C'est pourquoi les libéraux ont dû ruser : l'URSS, la Chine maoïste et la Corée du Nord tombaient à pic. Ces dictatures ont permis aux libéraux d'identifier communisme et dictature, comme si le fait qu'une dictature fasse du communisme rendait le communisme dictatorial par essence. Aujourd'hui, les libéraux vont plus loin : ils identifient dirigisme économique ou Etat-providence à dictature.

L'oeuvre entreprise par Jules Ferry est fidèlement achevée par nos gouvernements successifs. Un citoyen qui ne réfléchirait que d'après les programmes scolaires et les journaux mainstream ne pourrait penser le concept d'égalité, de révolution ou de dirigisme économique que comme des aberrations contre-nature. Tous ceux qui sont allés trop loin dans le dirigisme économique ont instauré les pires régimes de tous les temps : les programmes scolaires le disent ; il n'y a pas de liberté politique sans libéralisme économique, tous les journaux le répètent. Programmes scolaires et médias imposent aux citoyens une certaine lecture de l'histoire, une certaine vision du monde, présentée comme "objective" et "neutre" ; cette vision du monde structure leur pensée et les conduit à rejeter mécaniquement le communisme, le socialisme, et bientôt toute forme d'anti-capitalisme, comme des fantaisies monstrueuses parce que contraires aux lois de la nature.

Il est très important de combattre cette vision du monde et les arguments sur lesquels elle repose. En rappelant :

1) Que la thèse du "totalitarisme" communiste est fausse. La répression, la guerre, les famines et les génocides ont été régulièrement pratiqués par les régimes capitalistes au XXème siècle.

2) Que la thèse de "l'exception communiste" est fausse ; ce n'est pas l'idéologie la plus meurtrière du siècle avec le nazisme. Les crimes des régimes capitalistes excèdent largement ceux des régimes dits communistes.

3) Que la thèse du lien structurel entre communisme et dictature est fausse. Il y a eu des démocraties socialistes. Et ce n'est pas l'adoption de mesures communistes qui a poussé la Corée du Nord ou la Chine à devenir des dictatures. Les dictatures communistes ont été des dictatures avant de devenir communistes, et pas l'inverse.

4) Que la thèse du lien naturel entre capitalisme et liberté est fausse. Il n'existe aucun lien naturel entre libéralisme économique et liberté politique.

Le cinquième mensonge le plus grossier inculqué par nos programmes scolaires est sans doute celui qui consiste à nous faire croire que depuis 1875 nous vivons dans un système démocratique[22]. Mais ceci est une autre histoire...

 

Sources :

[1] Le gouvernement de Soeharto admet avoir exécuté 500.000 communistes. Amnesty International estime que durant la seule année 1966, "bien plus d'un million" d'Indonésiens ont été massacrés. Le Parti Communiste d'Indonésie (qui n'était pas le seul à avoir subi la répression) déclare que deux millions de ses membres ont été tués. Le journal indonésien Tempo, lui, évoque trois millions de victimes. Voire le documentaire mis en ligne à la toute fin de l'article du PRCF : http://www.initiative-communiste.fr/articles/international/300965-massacre-occulte/ . L'article, très sourcé et documenté, est par ailleurs intéressant.

[2] Les sources gouvernementales admettent l'emprisonnement d'entre 1.6 et 1.8 millions d'ennemis du régime.

[3] Jean Ziegler, l'Empire de la Honte, quatrième partie : "Brésil, les voies de la libération". Ce chapitre évoque magistralement l'histoire contemporaine du Brésil, de la dictature oligarchique des années 1960 à l'arrivée au pouvoir de Lula. à noter que les chiffres que donne Jean Ziegler (des centaines de milliers de Brésiliens annuellement victimes de la misère) ne touchent que la campagne ; si on y ajoutait les victimes de la misère en ville (où résidait tout de même 58% de la population en 2002), le bilan dépasserait certainement les 20 millions.

[4] Concernant le Zimbabawe et ses statistiques hallucinantes, en 1995, la Banque Mondiale elle-même (http://www-wds.worldbank.org/servlet/WDSContentServer/WDSP/IB/1995/04/21/000009265_3961019095856/Rendered/PDF/multi0page.pdf) reconnaît les progrès dûs aux mesures socialistes de Mugabe durant la décennie 1980, critique les coupes dans le secteur de la santé (qui a poussé les médecins à fuir le pays), et prédit une chute de l'espérance de vie. En 2004, l'espérance de vie avait chuté à 34 ans pour les femmes et 37 ans pour les hommes selon le World Health Organization : http://www.afro.who.int/index.php?option%3Dcom_docman%26task%3Ddoc_download%26gid%3D61%2BCountry+Health+System+Fact+Sheet+2006+Zimbabwe%22&gbv=2&&ct=clnk . Pour la petite histoire, dès 2002, Mugabe a renié sa néolibérale, renoué avec sa rhétorique socialiste d'antan, et est redevenu l'ennemi juré de l'Occident ; malgré quelques réformes sociales (réforme agraire, aide aux petits agriculteurs), le mal était fait : les infrastructures de santé ont été détruites durant la décennie 1991-2002, et l'espérance de vie est restée extraordinairement faible.

[5] "Timor Oriental, l'horreur et l'amnésie" de Noam Chomsky, excellent article publié dans le Monde Diplomatique et disponible ici en français : http://cabal.rezo.net/spip.php?rubrique226 .

[6] East Timor Genocide : documentaire édifiant qui relate le génocide subi par les habitants du Timor Oriental. http://www.youtube.com/watch?v=WLKBiDz8mao

[7] Voir William Blum, Killing Hope. Un livre qui détaille les interventions militaires des USA, de 1947 à 1995. Très utile pour comprendre qui constituait un danger pour la paix durant la Guerre Froide...et pourquoi cette guerre n'a pas été "Froide" !

[8] Un rapport de la CIA, (qu'on n'accusera pas d'anti-américanisme primaire) estime qu'entre 600.000 et 700.000 Cambodgiens sont morts sous les bombes américaines : http://www.mekong.net/cambodia/demcat.htm

[9] Au passage, ce sont les bombardements de Kissinger qui permirent à la petite escouade de Pol Pot (10.000 hommes) de devenir une gigantesque armée (200.000 hommes) et de prendre le pouvoir. Noam Chomsky, évoque ici ce lien de cause à effet méconnu : http://www.chomsky.info/interviews/20101006.pdf

[10] Pour une critique marxiste du concept de totalitarisme tel qu'il est pensé par Hannah Arendt, voire les travaux de Domenico Losurdo. L'extraordinaire ouvrage de Johann Chapoutot, La loi du sang : penser et agir en nazi, permet aussi de saisir les filiations entre le capitalisme du XIXème siècle et le nazisme (selon l'auteur, le nazisme n'est qu'une fusion et une intensification de divers éléments idéologiques qui lui pré-existent).

[11] Noam Chomsky : L’Occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones. Sur le bilan des guerres coloniales et néo-coloniales.

[12] Le blog d'Olivier Berruyer (http://www.les-crises.fr/la-faim-dans-le-monde/), résume les estimations les plus basses des victimes de la faim dans le monde. Il rapporte les calculs du World Food Program, une branche de l'ONU spécialisée dans le droit à l'alimentation.

[13] Jean Ziegler, l'Empire de la Honte, chapitre "la faim", sur les victimes annuelles de la faim dans le monde et de ses conséquences indirectes. Le chiffre s'élèverait à 36 millions de victimes pour l'année 2006. Ziegler se base sur les chiffres de la FAO, un organe de l'ONU.

[14] Jean Ziegler, la Haine de l'Occident, épilogue, sur les victimes de la misère au sens large. Il se base sur les calculs de l'ensemble des institutions de l'ONU (OIT, FAO, OMS) spécialisées dans les conditions de travail, l'accès à l'alimentation, à l'eau potable, aux soins, etc... Il avance le chiffre de 58 millions de victimes annuelles.

[15] Salvador Allende, de Patricio Gùzman. Documentaire de deux heures qui retrace le parcours d'Allende et insiste sur les machinations de Nixon, de la CIA et de l'oligarchie chilienne.

[16] La bataille du Chili de Patricio Gùzman, documentaire de trois heures et demies qui retrace l'histoire du Chili, de l'élection d'Allende au putsch de Pinochet. https://www.youtube.com/watch?v=7f-4b9U02-M

[17] "Teaching Nicaragua a lesson", de Noam Chomsky ; très intéressant pour comprendre le Nicaragua sandiniste, et la manière dont la bourgeoisie et les USA ont mis un terme à une expérience démocratique et socialiste. http://www.chomsky.info/books/unclesam08.htm.

[18] "Médias et Venezuela : qui étouffe qui", article du Monde Diplomatique, qui révèle que 96% des médias sont privés au Venezuela. Crucial pour comprendre à quel point le mensonge est institutionnalisé dans nos médias. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-14-Medias-et-Venezuela

[19] "50 vérités sur Hugo Chavez et la Révolution bolivarienne", de Salim Lamrani. Article qui permet de comprendre que puisque toutes les institutions internationales (l'UE comprise, pas franchement favorable à Chavez) reconnaissent que les élections venezueliennes sont démocratiques et transparentes, les seuls à affirmer le contraire sont...nos médias privés. http://www.legrandsoir.info/50-verites-sur-hugo-chavez-et-la-revolution-bolivarienne.html

[20] La Révolution ne sera pas télévisée, de Kim Bartley et Donnacha O'Brien, qui retrace le coup d'Etat de 2002. à voir absolument, pour comprendre où sont les partisans et les ennemis de la démocratie. https://www.youtube.com/watch?v=P6DyrhhVLM8

[21] "La tentative de coup d'Etat contre le Venezuela", d'Ignacio Ramonet. http://www.medelu.org/La-tentative-de-coup-d-Etat-contre

[22] Je renvoie ceux qui ne le connaissent pas encore aux conférences d'Henri Guillemin, notamment L'autre avant-guerre (2) et le fascisme en France, dans lesquelles il développe cette thèse selon laquelle la IIIème république est une oligarchie travestie en démocratie, de l'aveu même de ses fondateurs : https://www.youtube.com/watch?v=giyAKxa4sKk . https://www.youtube.com/watch?v=W7OZWeZvUNU .


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