Confessions d’un candidat Vert aux municipales que le doute assaille
par Laurence Bonzani, Serge Guérin, Safia Lebdi et Jean-Marc Pasquet
lundi 10 mars 2008
Après une ultime « diff’ » avec les copains Verts, la sensation qui est celle de tous les candidats avant une élection me taraude.
Non, pas cette peur de ne pas pouvoir sauter l’obstacle, mais plutôt une interrogation, vaine, sur ce que nous n’avons pas pu, pas su ou aurions dû faire pour accueillir davantage l’assentiment de nos concitoyens.
Localement, il me semble que nous faisons du bon boulot. Le surinvestissement des édiles Verts est même une source de préoccupation de nos partenaires et des administrations. Sur mon arrondissement, le travail de nos élus de 2001 a débouché sur des réalisations concrètes. Ni tapageuses et encore moins extraordinaires : tout simplement, honnêtes. De celles qu’on attend d’élus embarqués dans le tourbillon de la vie politique, mêlé de violences sourdes, de vraies amitiés, de petites avancées et de grandes comédies humaines. Dimanche, les Parisiens voteront. Ils voteront avec le provincial débarqué à Paname, notre ville au mystère indéfectible et dans cet arrondissement, le onzième, que je redécouvre à chaque promenade électorale.
Que valent les projets, les nuits politiques sans fins, les renoncements professionnels et ceux, plus indélébiles, de nos vies intimes à côté des aventures faciles et des constructions médiatiques ? Peu, en réalité. Des années de travail peuvent être balayées en quelques articles faciles, quelques reportages de connivence et en quelques mois, au rythme des promesses et des déceptions liées aux formations politiques. La mienne n’a pas été en reste à ce niveau. Au niveau national, j’entends. Et à chaque coup de pinceau sur nos affiches se répète un autre comme si cela pouvait être le dernier. Un sourire, une main accueillante pour nos tracts et encore un espoir de continuer, une promesse - d’alcoolique ? - de ne plus recommencer nos conneries.
Il y a les donnes tactique et médiatique. Celles qui surdéterminent les comportements en politique. Par exemple, nous assisterions à l’émergence d’une force centriste censée être moins « sectaire », plus accommodante, qu’un partenaire Vert, certes, exigeant mais souvent brouillon. Il s’agit en réalité d’un préalable à la prochaine séquence présidentielle où les écuries des grands courants politiques testent des alliances et des positionnements « avantageux » pour le jour J. Les politiques locales sont bien éloignées de ces enjeux.
Nous votons pourtant pour des politiques municipales. Dans le vide idéologique qui frappe aujourd’hui l’ensemble du champ politique, c’est peut-être du « local » qu’on réinventera le « global ». Vieille démarche écologiste.
Khedidja, Laure, Hervé, Michelle, Jean-Charles, Delphine, El-Hadj, Anne, Lionel, Nathalie, Philippe, Alexandre, David, Florence, Denise, Alice, Cyril, Michel, Benjamin, Jean-Luc, Christophe, Julien et tant d’autres, partenaires de mes jours et de mes nuits depuis six mois. Lorsque nous présentions il y a quelques jours notre projet de réhabilitation de la place de la République, nous ne nous doutions pas de l’écho de nos travaux que nous avions peaufinés depuis des mois. A l’aide d’un peu de matière grise, d’huile de coude et de pas mal de débrouilles, derrière l’élargissement de quelques trottoirs et quelques croquis qui ne devaient ni au hasard ni au coup médiatique, nous faisions tout simplement de la politique.
Honnêtement.