Confinés jusqu’en juillet ? Il va falloir prendre des décisions graves

par Bernard Dugué
jeudi 10 décembre 2020

 1) La difficulté à gérer l’épidémie de Covid-19 tient à l’imprévisibilité de la cinétique épidémique causée par un virus qui n’a aucun précédent dans l’histoire de l’épidémiologie et qui refuse de se plier aux règles des virus grippaux ou bien des coronavirus bénins, modèles de référence pour les épidémies causées par un tropisme respiratoire. La première vague a donné l’impression d’un virus saisonnier, pouvant disparaître et effectivement, une accalmie s’est produite en Europe avant l’arrivée de la seconde vague qu’un scénario optimiste pouvait placer en niveau 1 sur le PSI mais qui maintenant, se situe au niveau 2. Nous pouvions espérer une décrue rapide comme si le virus allait s’atténuer tel son homologue grippal sévissant sur une période de deux à trois mois. Ce n’est pas ce scénario qui prévaut et dans de nombreux pays, l’épidémie a pris le cours d’une stabilisation durable, autrement dit, un niveau moyen modulé par des marées conférant à la courbe des décès une allure de montagnes russes avec des creux et des bosses. Cette fois, je rejoins l’avis des épidémiologistes encartés mais sans pour autant dramatiser. Un long plateau est prévisible. Le pessimiste dit que le plateau est très haut, l’optimiste dit que le plateau est relativement haut.

 2) Le virus circulera tant qu’il aura une part de marché à exploiter. Le problème étant qu’avec l’inconnue sur le chiffre des asymptomatiques, nous ne savons pas quel est le nombre de Français ayant connu la contagion ni le nombre de réfractaire. L’issue de l’épidémie d’ici six mois ne peut qu’être un pari sur l’immunité collective. En supposant 50 % de réfractaires, il faudrait atteindre 35% de contaminés et donc, un peu plus de 20 millions de contagions, en incluant les asymptomatiques qu’il est néanmoins délicat de classer. Un asymptomatique est-il un infecté chanceux ou un réfractaire ? L’immunité collective est atteignable mais nul ne sait exactement quand et comment, autrement dit avec combien de décès supplémentaires, 10 000 ou 30 000 ?

 3) La configuration plateau indique que le nombre de cas ne descendra pas en dessous des 5000, surtout si les autorités utilisent la nouvelle comptabilité assez contestable puisqu’elle additionne tests PCR et antigéniques. Le changement du mode de calcul a fait baisser la positivité de 11 % à 6 %, générant une augmentation des cas de 40 % environ. S’il s’avère que le plateau est durable, le nombre de cas ne baissera pas d’ici quatre à huit mois. Il durera d’autant plus longtemps que les mesures de ralentissement seront en place. Un tel scénario laisse supposer le maintien des mesures actuelles jusqu’en mai 2021 voire juillet. Le tournoi de tennis de Bordeaux prévu en mai 2021 a été annulé, idem pour le salon du Bourget en juin 2021. Les JO de Tokyo seront maintenus mais nul ne sait dans quelles conditions, sans doute des stades vides de spectateurs.

 4) Les autorités ne peuvent pas dire la vérité sur ce qu’elles préparent, cela ne ferait que paniquer les Français qui pour ne pas désespérer, imaginent un déconfinement appuyé après la fin janvier. Cet article a pour objectif de faire prendre conscience de la réalité et de la nécessité de débattre de toute urgence sur les choix à faire. Il va falloir arbitrer entre deux options mauvaises, pour ne pas dire tragiques. Ne comptez pas sur la science et les vaccins, ni les traitements. De plus, le virus apparaît plus compliqué que prévu sans que l’on ne puisse projeter une issue clinique et épidémique favorable. C’est possible mais cela se verra d’ici des mois. On ne peut pas imaginer maintenir le pays sous cloche jusqu’en juin. Il va falloir prendre une décision. Entre la peur et le courage. La décision du courage, c’est la voie à la Churchill, affronter le virus, la maladie, l’épidémie, et faire de la vie une aventure humaine où la société et l’homme en sortiront grandis. Confiner jusqu’en juin affaiblira la société, les hommes, et le pays n’aura épuisé beaucoup de forces pour repartir. C’est à la nation, à la république de trancher cette question et non pas à un cercle de dirigeant et experts secondé par le clergé médiatique fidèle à une religion scientifique sans rien connaître de la Science, à l’image du clergé catholique d’autant instruisant les fidèles en méconnaissance de la théologie. L’enjeu de la guérison, ce n’est pas le Covid-19 mais la république, devenue malade et que les citoyens peuvent sauver car ils en ont les moyens intellectuels et moraux. Un grand et puissant sursaut peut nous conduire vers un monde d’avenir. Une seule décision, rester couché ou se mettre debout et être habité par le courage et la liberté.

Un oeil sur les décès en Iran incite néanmoins à l'optimisme. Une décrue s'amorce sans que l'on ne sache si elle est naturelle ou liée aux mesures sanitaires prises dans ce pays.


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