Consommation limitée : attention au dépassement

par Lucchesi Jacques
vendredi 28 août 2020

Comme chaque année le jour du dépassement vient nous rappeler que nous consommons trop vite les richesses de la terre. Mais, à l’aune de la démographie, ce processus est-il anormal ?

 Comme il y a, chaque année, la journée de la terre ou la journée de la gentillesse, il y a maintenant le jour du dépassement. Il fait désormais partie de notre calendrier éco-responsable, même si nous ne sommes pas à la fête avec lui. Car il vient nous rappeler que nous sommes une espèce trop vorace, que nous consommons plus que la terre peut produire en richesses naturelles. Et le présentateur chargé de cette redoutable mission d’en rajouter en nous disant que tous les indicateurs écologiques sont au rouge. Bon : en 2020 ça va un peu mieux malgré tout. Car nous n’avons atteint ce point de bascule vers le crédit généralisé que le dimanche 22 août. Rappelons qu’en 2019 la limite fatidique avait été atteinte le 29 juillet. Cela s’explique par la diète qu’a imposé la pandémie de Covid-19 à l’économie mondiale bien plus que par la multiplication des comportements vertueux. A quelque chose malheur est bon.

 

Reste que la situation est toujours critique. Car selon les experts – quels experts ? – il faudrait, pour satisfaire nos besoins énergétiques annuels, 1,6 planète. Ce processus est-il inexorable ? Sommes-nous condamnés à épuiser de plus en plus rapidement les ressources naturelles ? Pourtant, il y a eu dans l’histoire récente des moments de relatif équilibre. Ainsi, en 1970, le jour du dépassement n’a été atteint que le 29 décembre de cette année. Parfait, ou presque. Est-ce à dire que nos aînés – qui, pourtant, ne se refusaient rien - étaient plus sages que nous ? Qu’on me permette d’en douter.

 

Car ce que ces esprits chagrins se gardent bien de signaler dans leur funeste tableau, c’est le facteur démographique. Si on l‘intègre dans le calcul de ce fameux jour du dépassement, tout devient beaucoup plus clair. Car en 1970 – selon les sources de l’ONU -, il n’y avait sur la terre que 3 700 437 êtres humains. Alors qu’en 2020, la population mondiale atteint les 7 794 799 individus. Soit un différentiel positif de plus de quatre milliards de personnes (et cela malgré un indice d’accroissement inférieur de moitié à 1970). Point n’est besoin de multiplier les chiffres pour comprendre que les nouveaux arrivants veulent, tout autant que les anciens, prendre part au grand banquet de la vie – même si la plupart d’entre eux, dans le système actuel, n’en recueilleront que les miettes.

Cette consommation toujours à la hausse des fruits de la terre n’est que la conséquence logique de l’accroissement de la population humaine. Même en faisant le pari de la décroissance - quitte à imposer des mesures restrictives d’accès aux biens énergétiques - on ne peut espérer une diminution significative de notre consommation globale qu’en agissant rigoureusement sur notre démographie. Autrement dit, il s’agit de limiter, sur le plan mondial, les naissances avec tous les moyens dont la science dispose, de manière à compenser rationnellement le nombre annuel de décès. Sans l’adoption rapide d’une telle disposition, il se pourrait bien qu’en 2100, le jour du dépassement arrivât guère après Pâques.

 

Jacques LUCCHESI


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