Contamination radioactive au Tibet : Sun Xiaodi reçoit le prix de l’avenir sans nucléaire

par Tibet Libre
jeudi 14 décembre 2006

Sun Xiaodi est un ancien employé chinois de la mine d’uranium de la province chinoise de Gansu, appartenant à l’ancien Tibet. Il a été le témoin des graves contaminations radioactives dues à l’exploitation de cette mine d’uranium et a interpellé les autorités pendant plus de dix ans, recherchant notamment des soutiens par pétitions. La mine a été officiellement fermée en 2002, mais l’administration locale aurait continué à exploiter le minerai radioactif à des fins de profits personnels. Sun Xiaodi avait été arrêté en 2005 puis mis en résidence surveillée. En France, le Réseau « Sortir du nucléaire » a exprimé à plusieurs reprises son soutien à Sun Xiaodi, en particulier chaque fois que le chef de l’Etat français et les entreprises nucléaires EDF et Areva se rendaient en Chine. France-Tibet Ile-de-France a exprimé sa solidarité pour obtenir la liberté pour Sun Xiaodi. Espérons que cette récompense internationale attribuée à Sun Xiaodi pour ses efforts constants convaincra les autorités chinoises de remédier immédiatement aux graves dégâts environnementaux et à leurs conséquences sanitaires affectant les humains et les animaux dans cette région tibétaine à proximité de la Chine continentale.

Le militant Sun Xiaodi, de la province de Gansu, a passé plus de dix ans de sa vie à envoyer des pétitions aux autorités centrales chinoises pour protester contre la contamination radioactive due à la mine d’uranium N° 792, située dans la préfecture autonome tibétaine de Gannan, province de Gansu, (cf. article AgoraVox, 2e article AgoraVox). Il a reçu le 1er décembre 2006 le Prix de l’avenir sans nucléaire (Nuclear-Free Future Award), considéré comme le prix antinucléaire le plus prestigieux du monde.

Ce prix, qui honore Sun pour son "courage moral de pétitionner pour mettre fin à la pollution toxique engendrée par la mauvaise gestion de la production chinoise d’uranium », a été officiellement remis le soir du 1er décembre, dans le cadre du Sommetmondial des peuples indigènes sur l’uranium, que les Indiens Navajos ont accueilli à Window Rock, en Arizona, aux Etats-Unis. Sun restant sous étroite surveillance et ne pouvant sortir de Chine, c’est Feng Congde, un responsable de l’association pour la défense des Droits de l’homme en Chine, « Human Rights In China », qui s’est rendu au sommet pour recevoir le prix en son nom.

Sun a commencé par dénoncer, en 1988, alors qu’il travaillait comme responsable d’entrepôt à la mine 792, la revente illégale d’équipements contaminés, l’exploitation illégale de mines et le rejet sans précaution d’eau non retraitée. Cependant, ses requêtes répétées aux fonctionnaires des gouvernements provincial et central n’ont abouti à rien d’autre qu’à son licenciement en 1994, et au traitement discriminatoire de sa femme et de sa fille.

Soumis à des persécutions et des tracasseries permanentes, Sun a poursuivi sa campagne contre les pratiques illégales d’exploitation minière, qui ont continué même après la fermeture officielle de la mine en 2002, lorsque celle-ci, passée sous administration de la province de Gansu, est devenue une compagnie privée comptant de nombreux fonctionnaires locaux parmi ses actionnaires.

Sun a vu comment on transformait une région de champs verdoyants, d’eaux claires et de bois remplis de faune en une friche industrielle où les plantes flétrissent, où le bétail meurt et où les humains souffrent d’anomalies génétiques et de cancers en nombre anormalement croissant. Le corps médical tibétain a attribué près de la moitié des décès dans la région à une variété de cancers liés à la radioactivité et à des maladies du système immunitaire.

En avril 2005, Sun a disparu alors qu’il faisait circuler une pétition à Pékin, peu après avoir rencontré des journalistes étrangers pour leur parler de la dégradation de l’environnement au Gansu. Après avoir été secrètement transféré de lieu en lieu pendant huit mois, il a été finalement libéré de la prison de Lanzhou le 27 décembre 2005. En dépit des menaces et des restrictions de déplacement auxquelles les autorités le soumettaient, Sun a repris ses pétitions, et a été de nouveau arrêté en avril 2006. Il a été relâché peu après, mais il reste sous surveillance policière constante, et il n’a même plus le droit de parler au téléphone, encore moins de quitter la Chine pour se rendre à une remise de prix.

Le Prix de l’avenir sans nucléaire a été fondé à la suite de l’Assemblée mondiale sur l’uranium qui s’est tenue à Salzbourg (Autriche) en 1992, et depuis 1998, il a été remis à des personnes ou à des organisations ayant travaillé sans répit pour mettre un terme au cycle du combustible nucléaire. Le jury ayant attribué le prix de cette année comprenait des spécialistes de l’environnement, des militants, des intellectuels et des journalistes originaires des Etats-Unis, d’Allemagne et de France. Bien qu’empêché d’être présent à la cérémonie de remise du prix, Sun a fait parvenir à l’assemblée un message enregistré, diffusé en même temps qu’une vidéo préparée par HRIC. Le voici :

Monsieur le président, chers amis,

je regrette beaucoup de ne pas pouvoir être parmi vous pour recevoir ce prix personnellement. Depuis que je suis sorti de prison, j’ai été placé dans une situation d’extrême insécurité, menacé, intimidé et tracassé. J’ai été terriblement honoré et touché d’apprendre que j’avais été choisi pour recevoir cette année le Prix d’un avenir sans nucléaire, car je mesure toute l’importance du mouvement mondial pour la paix et le développement. En même temps, je ressens un profond chagrin d’avoir été le témoin impuissant des problèmes d’environnement causés par le fait de n’avoir ni limité ni réduit la contamination radioactive.

Vaincre la peur afin de lutter pour un environnement libéré du nucléaire exige d’une personne qu’elle emprunte un chemin de sueur, de sang et de larmes, qui peut fort bien conduire à la vie ou à la mort. Cependant, je crois fermement que si tous ceux qui aiment la paix, se soucient du destin de l’humanité et défendent la justice, se rassemblent pour passer à l’action le plus vite possible, des lendemains libérés du nucléaire peuvent devenir une réalité. Je souhaite plein succès à votre conférence ! Merci !

Sun Xiaodi, le 9 novembre 2006

La directrice générale de HRIC, Sharon Hom, a déclaré : "L’attribution de ce prix de militantisme à Sun Xiaodi envoie un important message de soutien international et de reconnaissance non seulement à Sun et à sa famille, mais à tous les courageux militants de base qui luttent actuellement en Chine dans un difficile climat de répression et de sévices."

- Pour en savoir plus sur le Prix de l’avenir sans nucléaire

- HRIC (Human Rights in China) est une organisation non gouvernementale de surveillance et de défense des droits de l’homme en Chine, ayant son siège social à New York et Hong Kong. Fondée en mars 1989 par des étudiants et des intellectuels chinois, elle mène des programmes de recherche, de formation et de terrain pour promouvoir les droits de l’homme reconnus universellement et faire progresser la protection de ces droits par les institutions de la République populaire de Chine.

Traduction Réseau Sortir du nucléaire


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