Conte à rester éveillé debout pour grands et petits

par Jean Keim
mercredi 24 décembre 2014

Il est une contrée étrange et secrète oubliée des hommes depuis des centaines de lustres où la vie se déroule dans un équilibre naturel et harmonieux.
Sous ces cieux, les fleurs volent de papillons en papillons.
Les orvets font des bulles en se lavant les dents que les flèches ardentes du soleil font exploser.
Des souris primesautières voyagent en renard-stop.
Les chats s'adonnent à la sieste dans les arbres-villes des oiseaux qui leurs chantent doucement des berceuses.
Les cerfs majestueux prêtent leurs bois aux lutines qui y accrochent leurs lessives bariolées.


Des mantes religieuses, juchées sur la tête d’une oie, jouent de l’ocarina et de la viole de bras en suivant des partitions musicales écrites avec des mouches posées délicatement comme des notes sur des toiles d’araignées librettistes.
Les loups dirigés par un maestro héron, les jours de pleine lune, reforment la manécanterie de leur jeunesse.
Des serpents versicolores s’enroulent comme des colliers autour des cous des hérissonnes élégantes.
Des escargots altruistes parfois prêtent leur coquille à des limaces frileuses.
Des grenouilles font le poirier sur des feuilles de nénuphars.
Des lézards sportifs pratiquent le ski nautique tirés par de véloces brochets.
Les écureuils archivistes organisent des apéritifs avec noisettes et pommes de pains salées.
Les jours de grandes liesses, la patrouilles des buses et des milans exécutent d’incroyables acrobaties aériennes nimbées d'arcs-en-ciel sous le regard admiratif des gallinacés.
Le bouquet final est un feu d’artifice craché par le premier des dragon qui en profite pour déclarer sa flamme à la dernière licorne.
Tout ce petit monde - et biens d’autres encore - est placé sous l'indulgence du corbeau sagace, du sanglier gardien du temps et du sage blaireau.
 
Mais le plus extraordinaire est l’arbre antenne, l’arbre roi, l’arbre de vie. 
Il réside dans une lumineuse clairière dont la clarté émane de sa conscience bienveillante, à la limite d’une allée bordée comme un hommage lige par des chênes, des hêtres, des frênes et des cèdres bleus millénaires formant une cathédrale de verdure, semblable à la voûte d'un vaisseau gothique. Les branches du monarque montent à l’assaut du ciel comme une prière avant de redescendre doucement vers la terre nourricière en une caresse protectrice, le vent dans ses feuilles chantent comme des harpes éoliennes et furtivement des ondes lumineuses irisées jaillissent comme des promesses magiques au plus profond de ses frondaisons et s’évanouissent tout aussitôt. Chacun de ses fruits est différent et unique, celui qui a le privilège d’être désigné par leur chute opportune, peut en goûter et retrouve vigueur et santé. Malheur à celui qui en mange sans y être invité, ses peurs les plus enfouies resurgiront, jusqu’à ce qu’il puisse en dénouer la trame.
Il a engendré chacune des consciences collectives qui ont donné forme à toutes les espèces vivantes passées, présentes et futures, son fût recèle la mémoire du monde et sa sève éternelle cache l’atome primordial, père de tous les possibles. Il donne la direction de l’axe de l’univers et attend patiemment que les êtres humains accomplissent leur destin.
Il connaît notre mystérieux secret primordial « l’être humain ne peut-être que ce qu’il est ici et maintenant ».
A l’origine du monde, tous les êtres vivants percevaient clairement ce géant immémorial mais au fur et à mesure que les êtres humains se sont mentalisés, la vision est devenue de plus en plus floue jusqu’à presque disparaître. Le temps est proche pour qu'elle redevienne nette dans un espace temps unifié relayé par le sylvestre colosse, chaque être humain comprendra qu’il est un avec l'univers de possibles et qu’il est l’univers qui s’observe lui-même.


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