COP 21 : mystification ou nouveau départ ?
par Elliot
jeudi 14 janvier 2016
Les quatre cavaliers de l'Apocalypse, gravure sur bois par Albrecht Dürer
La COP 21 qui fut un succès médiatique, c'est indéniable même si c'était sans doute pour beaucoup de dirigeants moins le souci du climat en mutation que la gestion de leur propre temps poltique qui importait, marqué par le désinvolte " après moi les mouches "
On a dressé un catalogue de bonnes intentions suffisamment nimbé d'abstractionphilosophico-sociologique pour que chacun pût y apporter son eau au moulin de ses ambiguïtés.
La prise de conscience des défis de l'avenir a ressemblé à une grand messe concélébrée par les puissants de ce monde avec tralalas, fanfares et grosse caisse médiatique.
Cependant si sacrifier à des rites offre une grande force symbolique, ce qui n'est pas négligeable, on est encore loin de la parole aux actes.
Car si le verbe est plus ou moins libre devant un auditoire distingué et préparé à la recevoir , les actes sont eux fortement inhibés d'égoïsmes nationaux et d'intérêts catégoriels.
En un mot, la ploutocratie mondiale veut bien adhérer du bout des lèvres à tout et surtout n'importe quoi du moment que tinte le tiroir-caisse, ce qui exclut jusqu'à la perspective de politiques volontaristes menées par des états aux ordres à la fois de leurs opinions publiques et des groupes financiers que le gaspillage enrichit.
Les cataclysmes annoncés restent fort théoriques pour les 9/10 des habitants de la planète tandis que d'autres sous des cieux moins cléments sont accoutumés de longue date aux catastrophes naturelle, en tout cas avant que ne fissent débat la récurrence d'accidents climatiques sur nos terres à nous.
Dans nos contrées, le Club de Rome a bien exposé en 1972 la problématique des limites à apporter à la croissance mais sa voix a longtemps chanté dans le désert et René Dumont qui s'en fit l'écho et fut candidat aux Présidentielles de 1974 fut crédité d'un maigre résultat malgré un programme visionnaire ; on ne peut pourtant pas dire que son utopie mourut avec lui puisque, en dépit de tout, les plus grands de ce monde sont bien contraints aujourd'hui d'avaler quelques couleuvres qu'il leur avaient mitonnées.
Une certaine perplexité plus généralisée s'est fait jour en occident depuis que nous sommes nous-mêmes frappés par des aberrations climatologiques auxquelles les experts apportent parfois des réponses trop alambiquées pour convaincre.
Le principe d'un retour à une vison plus ascétique de l'exploitation des ressources ,l'adhésion au principe d'un frein mis à la soif de consommer n'est cependant qu'un réflexe de nantis, blasés, qui projettent dans un mode de vie frugal la nausée consécutive à leur goinfrerie.
C'est un luxe de riche quand les 3/4 de la planète ne rêvent que de rejoindre les rivages de l'île enchantée ou règne l'abondance mais où rode menaçante la peste.
Il sera déjà difficile de faire accepter à ceux qui n'ont rien qu'ils doivent se contenter d'en jouir par séries américaines interposées mais encore faudra-t-il imposer des sacrifices à ceux qui , dans les pays développés, devraient sacrifier le peu qu'ils ont acquis quand ils voient croître et embellir chez eux les inégalités.Ils savent que c'est sur eux que va peser l'essentiel du financement des défis environnementaux : ils restent les soutiers taillables et corvéables du pari !
Ce n'est pas le tout de partir d'un constat difficilement contestable, la finitude des ressources – qu'elle soit prévue à un quart, un demi ou un siècle n'a que peu d'importance car les chiffres émanent soit de cabinets de consultance orientés soit d'officines clairement marquées par le pessimisme – encore faudrait-il en tirer les conséquences autrement que par des complaintes obligées à l'air du temps.
La juste répartition des produits de la terre – seule condition de réussite des bonnes résolutions de Paris 2015 – restera un vœu pieux tant que la pusillanimité des dirigeants conduira les affaires du monde.
La gestion par une ministre de l'environnement des fameux portiques de Bretagne, une mesure de bon sens du gouvernement précédent, que des intérêts catégoriels ont abattue montre la difficulté de sortir de l'ambiguïté mais aussi qu'on n'en sort qu'à son détriment.
Plutôt que de marquer les esprits par sa fermeté, Madame Royal a préféré assurer la continuité de sa carrière.
Sous le bel alibi ( bel dans le sens où il fallait la trouver celle-là ! ) qu'il ne faudrait pas d'écologie punitive, lui reste à définir ce que serait une écologie qui ne l'est pas , celle de la politique du chien crevé au fil de l'eau peut-être ?
Pourquoi les quatre cavaliers de l'apocalypse ?
Il n'est pas inutile de rappeler le mythe des quatre cavaliers de l'apocalypse quand des docteurs Frankenstein jouent avec l'avenir de la planète :
- le chevalier blanc symbolise la conquête, mais aussi l'esprit de conquête ou encore l'appropriation des ressources, des moyens de production, le dépassement des connaissances par le développement des sciences ;
- le chevalier rouge symbolise la guerre : celle qui conduit à donner au chevalier blanc les moyens d'assurer sa mission…mais il préfigure aussi l'apprenti sorcier, l'apologie du mal par sa négation ;
- le cheval noir apporte la famine, par pillage des ressources, irrespect de l'équilibre millénaire des lois naturelles, par la guerre comme en Syrie ou au Biafra dans les années 70, il est l'indispensable mauvais génie des deux autres
Et le chevalier pâle, symbole du visage cireux de la mort qui fait se rejoindre dans la mort tous ceux qui se sont dressés contre l'esprit de conquête mais aussi ceux qui en ont été les instigateurs.