COP COP COP KOPECK
par alinea
lundi 9 novembre 2015
Nous allons rentrer d'ici une quinzaine de jours dans l'époque du grand gala des bienveillants. À certains d'entre nous, cela rappelle un Grenelle dans lequel sont tombés pêle-mêle les faux ou sincères mandataires de notre environnement.
Mais là, nous passons au stade supérieur : le monde entier est concerné.
Le Crédit Agricole qui, comme chacun sait, est un mécène en matière d'écologie, y est engagé ; lui et d'autres banques déclarent : « nous devons aller vers un mode de développement sans carbone ». À la bonne heure. Mais soudain l'on se souvient que les mêmes sont très engagés aussi dans le nucléaire.
C'est une affaire d'État ; contrôle strict aux frontières pendant la grand-messe, sécurité accrue.
La publicité et toutes les belles idées fleurissent : des pommes, oui des pommes, ont été marquées par de joyeux génies du marketing en Moselle, à l'effigie de notre Président : si le climat se réchauffe, y aura-t-il encore des pommes en France ?
Telle est la question.
Question électricité hydraulique – et on ne parlera pas ici de qui la possède- on a fait le plein : 15% de notre production.
L'éolien, si on se bouge et si on amadoue les esthètes, on pourra atteindre les 18%, au gré d'Éole.
Le solaire plafonnera à 6% ; Râ n'étant pas pingre mais l'homme si, qui ne cherche pas sans salaire.
Tout cela d'ici une quinzaine d'années.
Ceci pourrait aller si on ne gaspillait pas et si on réduisait drastiquement notre consommation, suivez mon regard sur le convecteur dans votre bureau, ou la clim qui vous empêche d'étouffer les jours d'été derrière vos façades vitrées.
(Aux dernières nouvelles, Nexcis va s'acoquiner avec une petite boîte dans son genre, et il se peut que d'ici 2030, une bonne partie de ces vitres de façades se recouvrent de panneaux souples qui peuvent rendre les « buildings » autonomes. Mais cela n'est pas mentionné, on en reste au solaire gourmand d'espace).
Calmez-vous, on ne vous demandera pas cela. Vos besoins, vos désirs, vos caprices sont la base solide de toute notre société, cela est une affaire entendue ; du reste, on vous distille des petits communiqués pour vous diriger.
On se pose le problème du stockage... on se pose le problème du stockage. C'est vrai qu'on a mille guerres à faire avant de s'y intéresser de plus près, avec peu de moyens.
Parce que reste... le nucléaire.
En voyant le fol espoir et la touchante confiance de nombreux de mes concitoyens en cette initiative, je me suis replongée dans le « Qui a tué l'écologie » de Fabrice Nicolino. Un vrai polard ce bouquin, que je vous conseille de lire pour dessiller vos illusions.
C'est clair que nous n'avons pas passé le cap de la pulsion à maîtriser la planète ; je m'attarde au regret que nous ne n'ayons pas eu, par chance, les étapes de la crainte à la curiosité, de la curiosité à la rencontre et de la rencontre à l'amour ; nous avons tracé direct de la crainte à la maîtrise. Et on en est fier.
Il y a quarante ans, on parlait de l'ozone et son trou au dessus de l'arctique, problème que « nous » avions résolu d'un seul coup d'un seul en changeant le gaz des aérosols, ces bombes de mousse à raser, de laques, et autres indispensables petits conforts pour notre beauté.
Exit l'ozone, ou plutôt son manque.
Et puis ce fut la mode de l'effet de serre : nous faisions tant de foin ici bas que nous en construisions un mur, à l'insu de notre plein gré, invisible et pourtant aussi efficace que les plastiques de nos serres, celles qui font pousser les tomates en hiver et autres indispensables nourritures sans terre.
Maintenant, on glisse dans la conversations, les GES.
Qu'il est difficile de synthétiser un texte qui est déjà une synthèse, mais je vous glisse, allez, un extrait de ce livre :
« En 1993, il ( Chambolle, ingénieur des Ponts, directeur de l'Eau, de la Préventions des pollutions et des risques)... va animer un groupe de travail sur la dioxine, dont sortira le 20 septembre 1994 un stupéfiant rapport appelé : la Dioxine et ses analogues. S'il est stupéfiant c'est qu'il exonère la dioxine de pratiquement tous les problèmes qu'elle pose pourtant... ».
Les conseils qui suivent ce rapport sont qu'il est souhaitable que soit évitée une réglementation excessivement contraignante pour les émissions de dioxine dans les incinérateurs d'ordures ménagères.
Cela date me direz-vous, mais cela nous indique la haute fiabilité des experts de l'État, ceux qui mènent la danse. Et cet expert-ci, précisément, est alors patron de la Lyonnaise... qui fabrique des incinérateurs. Cela n'a rien à voir avec notre COP me direz-vous, avec les kopecks non plus d'ailleurs, il nous faut sérier les problèmes pour être efficaces.
Si, si, regardez bien ; les poids-lourds, les portiques, les bonnets rouges... mais rien à voir non plus ! Tu mélanges tout !
Trois ans plus tôt, en 1991 avait pourtant été créé l'Ifen ( Institut français de l'environnement) qui avait ( comme l'écrit Nicolino) pris la fâcheuse habitude de l'honnêteté. En 2002, l'Ifen publiait une remarquable synthèse qui aura sans aucun doute déclenché son torpillage.
« Non, il fallait réellement casser le thermomètre et faire taire les importuns. La communication, oui, l'information, non. »
En 2004 le statut de L'Ifen change et devient un service du ministère. En 2008, en plein grenelle, l'Ifen est supprimé d'un coup de paraphe ministériel, celui de Borloo.
On se souvient tous de Nicole Bricq, qui était sincère elle, et qui avait mis son veto aux fouilles à des kilomètres de profondeur, au large de la Guyane. Elle a fait long feu : 33 jours. Les fouilles ont été abandonnées pour cause de non rentabilité ; les journalistes ont eu la décence prudente de nous épargner les dégâts pourtant faits à la richesse sous-marine du lieu. ( On me souffle qu'il ne s'agit pas de fouilles, mais de prospections, voilà qui change tout.)
Alors, le COP 21, vous en attendez quoi ? Que le gouvernement annonce :
On annule tous les vols, les importations du bout du monde de ce qu'on peut produire ici, on n'importe plus de pétrole, on ne brûle plus de charbon, on ne roule plus sur les routes... ? puisqu'il ne s'agit plus que de CO2 ; adieux les pesticides, les nitrates, les eaux polluées, les sols morts, les OGM, l'assassinat de la biodiversité, le brevetage du vivant, la chimie !! Adieu le bétonnage, le goudronnage, la construction à tout va. Adieu les élevages concentrationnaires, les algues vertes, les boues.. : ceci est entendu, ce n'est plus une question, une interrogation, un problème, c'est patrimoine de notre civilisation.
Reste le CO2.
Ils interdiront les feux en Indonésie, aux États-Unis, et ceux allumés par nos amis et protégés mercenaires djihadistes ; on interdit bien les feux de bois dans la cheminée. Et on priera les volcans de se retenir tant qu'il y a une humanité sur terre, car l'homme qui adore étudier le passé, n'a pas eu le temps de vivre les grands chamboulements dont notre planète est coutumière, aussi, aimerait-il que ça dure.
Je veux bien me faire couper les deux mains, l'une si les accords signés ne parlent pas de fric mais de changement de mœurs, de paradigmes ; l'autre si les accords signés sont suivis d'effet. Je veux dire si les pollueurs sont interdits de polluer. Et si au passage, cette interdiction s'applique à leur pollution africaine, et, rêvons, leur exploitation des autochtones.
Qu'on me coupe les deux pieds si l'on parle d'agriculture et d'un changement radical : bio, partout et définitivement. Car ici, il peut s'agir aussi de CO2 ! Et peut-être de méthane, quoique celui qui nous aura occis avant qu'on ait le temps de se retourner, est bien celui qui est enfoui sous les mers et qui se libère. Les pets de vaches sont des pets de lapin en comparaison.
J'espère que vous avez conscience que sans cela, rien ne sert à rien ; les pauvres pataugeront dans les eaux boueuses et bouillonnantes de leurs inondations, certains quitteront leurs îles et s'aggloméreront aux réfugiés de nos guerres indispensables. Et nous nous offusquerons des chiffres de la pollution des voitures diesel qui participent autant au dérèglement climatique que ne trouaient l'ozone les bombes de mousse à raser. Sans compter que l'augmentation tant désirée du prix du gasoil réduira de manière drastique la circulation en France, ce qui se ressentira sur les températures en Inde.
Notre gala nous coûtera quelques cent soixante dix millions d'euros, ce qui est donné, disent les ministres, vue la quantité de conférences auxquelles ils auront droit. Sans compter que comme on l'a vu, il y a de généreux donateurs.
Question subsidiaire : a-t-on calculé le taux de gaz toxiques,- CO2, méthane, dioxine ?- des émissions de l'enfumage que nous subissons sans compter, depuis déjà plusieurs décennies ?