Copé collé sur l’affaire Woerth-Bettencourt !

par Marianne
mercredi 23 juin 2010

Hier matin, l’invité de la matinale de France Inter était Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, député-maire de Meaux et de surcroît exerçant encore la profession d’avocat pour arrondir les fins de mois. L’essentiel de son temps de parole fut consacré à prendre la défense d’Eric Woerth, dénonçant un complot construit sur des amalgames en vue de s’attaquer à une personnalité politique. En effet, toute cette polémique est basée sur des extraits d’écoutes téléphoniques douteuses et illégales et le montage, visant à démontrer par amalgame des liens entre la fonction d’Eric Woerth ministre du budget et celle de son épouse employée à la gestion de fortune de Mme Bettencourt (sans preuve qu’elle s’appliquait à des biens gérés dans des paradis fiscaux), est tout simplement fallacieux.

Monsieur Copé est certainement un bon avocat en exerçant ici sa compétence mais fait malheureusement abstraction de toute une vérité à laquelle se doit un parlementaire soucieux du bon exercice de la république et de la démocratie, notamment de la séparation des pouvoirs, de l’interdiction de conflits d’intérêt évidents entre la sphère privée et la sphère publique, comme l’a rappelé François Bayrou hier sur RTL.

En effet, même si ces écoutes n’avaient pas eu lieu, ont été tolérées de graves anomalies qui d’évidence démontrent un conflit d’intérêt majeur dans l’exercice des fonctions de Eric Woerth et de son épouse :

Nous attendions donc pour le moins un minimum de discernement et de vérité de la part du parlementaire Jean-François Copé, et non une telle mauvaise foi, une telle complaisance, masquées derrière une sombre théorie du complot ! Et je regrette que l’excellent journaliste Nicolas Demorand n’ait pas relevé ces évidences là dans son entretien.

D’ailleurs, Jean-François Copé n’a-t-il pas été imprudent lui-même en cumulant la fonction d’avocat d’affaires et de député ? C’est lui qui a fait voter en 2007 lorsqu’il était ministre du budget une loi exonérant les sociétés d’impôt sur plus-values lors de la vente de leurs filiales, à condition de les avoir détenues au moins deux ans. Or, cette exonération - appelée « niche Copé » - a généré un manque à gagner pour l’État de 3,4 milliards en 2007, 12,5 milliards en 2008 et 6,1 milliards en 2009, selon les chiffres de Bercy (environ 10 milliards par an hors effet crise). Cette niche a bénéficié à la clientèle d’entreprise qui est aussi cliente de l’avocat d’affaires Jean-François Copé ... Même mélange des genres entre la sphère publique et la sphère privée que dans le cas Woerth !

Ceux qui pensent que je m’acharne sur Copé (un billet lui était déjà consacré hier mais vient curieusement d’être déréférencé de Google aujourd’hui !) se trompent. Je répugne aux atteintes à la république et aux donneurs de leçons sophistes de mauvaise foi. Mais à ce rythme là je vais être de plus en plus adepte du "Copé-collé" !


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