Côté cour, côté jardin et pour le PC côté coulisses, rayon des accessoires

par Elliot
mardi 8 novembre 2016

En refusant de se ranger derrière Mélenchon lors de son dernier conseil national, le PCF a décidé de sortir de l’Histoire.

C’était sa liberté.

La majorité n’était pas stalinienne ( 55 contre 45 ) mais elle ne souffre aucune contestation.

Depuis pas mal de temps déjà, l’opportunisme de certains élus du PC les mettait en porte-à-faux avec les idéaux portés par les pères fondateurs du congrès de Tours..

La virulence anti-gouvernementale au Parlement contrastait avec les sinuosités politiciennes sur le terrain et, s’il fut un temps où ces circonvolutions pouvaient encore faire croire à un ballet bien réglé, l’irruption sur la scène d’un nouvel acteur, le FN, les rend de moins en moins acceptables.

A et égard, le FN fait office de purgatif.

Les cadres communistes gardaient leur bréviaire bien en main dont ils psalmodiaient mécaniquement quelques passages devant des assistances choisies mais qu’ils s’empressaient d’oublier pour s’asseoir à la Sainte Table de la particratie triomphante.

 

Mélenchon leur avait ouvert la porte de sa " France insoumise ". 

La " France insoumise " ! c’est beau, ça claque comme du Jules Vallès ! 

Sans doute, l'ex-figure dominante du FdG n’avait-il pas l’esprit libre de toute arrière-pensée mais qui n’en n’a pas en politique dont c’est le mode de fonctionnement et que Machiavel a si bien théorisé ?

 

La majorité crépusculaire du Conseil National a donc décidé que le PC passerait son chemin en espérant susciter l’illustre équipage de l’aveugle communiste et du paralytique socialiste chargé de créer la surprise aux Présidentielles.
L’espoir fait vivre et, après avoir désespéré le peuple, Montenlau et Rambourg se feraient une joie de le réenchanter, sans doute forts du secours de l’enchanteur Merlin made in France.

 

Bon vent à eux quand, dans une Union de la Gauche qui appartient déjà à la mythologie, ils se trouveront moralement forcés de soutenir le vainqueur des primaires ( dont je ne suis toujours pas sûr qu’elles auront lieu ).
Ils devront alors répondre du bilan de Hollande aux gens excédés qui daigneront encore leur adresser la parole plutôt que de leur cacher au visage.

Toutes les ressources de la dialectique ne seront pas de trop pour expliquer leur ralliement à ce qu’ils auront combattu.

Ceci étant, les " insoumis " veraient bien se passer de ceux qui auraient fait chez eux figures de contre-exemples.

 

Pour Mélenchon, c’est un coup assurément mais sa violence est très relative : la collecte des signatures se complique mais des solutions existent que justifie le simple respect de la démocratie et l’on subodore que la Droite républicaine verrait d’un bon œil sa participation au scrutin présidentiel et s'arrangerait du pouce pour l'aider..

 

Mélenchon, ayant été le premier à affirmer sa candidature, le reproche de diviser la Gauche serait irrecevable surtout venant de ceux qui n’ont eu de cesse de donner des coups de canif dans le contrat passé en 2012.

 

A chaque chose malheur est bon : on peut considérer que Mélenchon est maintenant libéré d’un boulet communiste qui posait problème en terme de ligne politique par ses continuels zigzags entre le prêchi-prêcha destiné à ses maigres troupes, dernier carré des obstinés, et l’opportunisme indécent qui maintient quelques élus en équilibre instable.

 

Rendons-leur cette justice, les militants communistes sont dévoués, portés par la foi qui soulèvent les montagnes, ils paient volontiers de leur temps et de leur personne pour sillonner les marchés et tenter de convaincre : ce sont de vrais apôtres pour qui je suis le premier à demander respect et considération. Beaucoup qui vivent cette déchéance comme un drame vont manquer à la campagne de Mélenchon.

Si la primaire socialiste a lieu, Montebourg pourra compter sur le soutien formel du PC mais combien de militants communistes sont-ils prêts à mettre un Euro de leur poche pour participer à l’élection : quelques centaines ou quelques milliers  ?

Ils seraient peut-être décisifs pour assurer le victoire de Montebourg au premier tour mais bien insuffisants pour lui permettre de sortir vainqueur du second.

Les sondages escomptent une participation à ces Primaires assez modeste d’un peu plus d’un million de personnes.

Comme Montebourg s’est engagé à soutenir le vainqueur de la primaire et que ce sera un social-libéral comme Valls ou Hollande himself, le PC se retrouvera entre deux eaux, obligé de se soumettre et donc de se démettre.
Reste le plan B, courir derrière Mélenchon en négociant d’étiques contre-parties que " sa grandeur " consentira à leur assurer.

 

Probablement, par fidélité aveugle, beaucoup de militants communistes ( mais leur nombre diminue en peau de chagrin ) s’engageraient-ils pour leur candidat si le PC avait l’idée suicidaire d’en présenter un avec comme résultat probable un score qui risquerait, avanie suprême, de le faire passer derrière le NPA ou LO.

 

Pour Mélenchon, le retrait du PC de son potentiel de campagne est un peu fâcheux mais les dégâts sont somme toute limités.

Je ne pense pas non plus que sa cote de popularité en souffrira ni son potentiel électoral...

Le dommage, comme je l’ai écrit, pourrait ne pas être grand car on peut se poser aujourd’hui la question de l’impact réel de toutes ces distributions de tracts qui finissent au caniveau et que les équipes municipales ramassent à la pelle.

D’un côté le tract est de moins en moins lu mais de l’autre celui qui le distribue affirme tout de même une présence : cependant devant les résultats du PCF on pourrait s'imaginer qu’elle est plutôt répulsive.

 

Il me semble que la " France insoumise " ne devrait de toute manière pas avoir trop de difficultés à s’afficher sur les lieux publics d’une manière peut-être plus originale et à sillonner systématiquement la France en grande attente d’être interrogée sur ses aspirations et prise en compte.

Les grands bataillons militants ne sont non plus si utiles maintenant qu’existent les réseaux sociaux où la campagne peut aussi se jouer et se gagner : ce n’est pas la présence de ses militants qui assure aujourd’hui la notoriété de Mélenchon, c’est probablement devantage le Net et les médias.

Dans ce domaine, Mélenchon n’a donc rien à craindre de ses adversaires. Il a en plus des ambitions qui ne sont pas extravagantes : il entend bien que son mouvement incarne la première force à Gauche et sait qu’à l’heure actuelle toute autre ambition n’est pas réaliste.

 

Rappelons-nous comment le FN a su tirer argument de la maigreur de ses troupes pour hurler au complot et on mesure le résultat aujourd'hui.

 

En tout état de cause, on sait aussi que la porte de " la France insoumise " restera ouverte en permanence, prête a accueillir tous ceux qui se sentent en harmonie plus ou moins profonde avec l’idée d’élaborer un programme de Gauche de manière collective.

Aussi bien n’est-il pas du tout exclu que ces Communistes qui avaient voté le soutien à Mélenchon se maintiennent en dehors d’une mécanique qui, pour le moment ( mais l’avenir n’est jamais sûr ) a l’air de fonctionner et qu’ils entrent en dissidence pour monter dans le train en marche.

 

 


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