Cour des Comptes, ou Cour des contes ?

par Politic Angel
mercredi 5 juillet 2017

Le compte est bon... Sûrement. Mais la Cour des Comptes ? Est elle aussi exacte et précise que ses propres calculs ? 

Cette vénérable institution, qui abrite la crème des hauts fonctionnaires produits par nos hautes écoles, est toujours à la manoeuvre pour auditer les finances des organismes publics, même aux moments les plus délicats comme un début de quinquennat. 

Et pourtant, on a souvent l'impression qu'elle bégaie, refaisant sans cesse ses constats précédents. Et, quand on y pénètre, on découvrre parfois des erreurs de calcul, ou des vérités bien vite enterrées, avant même d'être dites.

Alors, Cour des Comptes ou Cour des contes ? Le temps est-il venu de la remettre En Marche ? 

Voilà, un quinquennat commence et, comme il faut être sérieux avec les comptes publics, on fait faire un audit. L’auditeur, sans le moindre doute, est cette vénérable institution répondant au nom officiel de Cour des Comptes.

 

Des fonctionnaires rompus à l’exercice de lecture des comptes publics en tout genre, ceux des collectivités ou des ministères, des agences publiques (plus de 1200 en France !) , des entreprises publiques comme la SNCF, des politiques publiques comme celles du logement ou de la lutte contre le chômage. Bref, la Cour des Comptes, c’est LA référence pour juger si une chose publique est bien gérée ou non.

 

C’est une institution abritant environ 735 magistrats, au budget de fonctionnement annuel d’environ 200 millions d’euros. Jusqu’ici tout va bien, ou disons rien ne va mal.

 

Première petite question de citoyen curieux, cependant : le recrutement. Il est quasiment exclusivement fait chez les énarques, pour qui la sortIe DE L’ENA dans la Cour des Comptes es une belle performance, un peu après toutefois l’Inspection générale des Finances. Pourquoi petite question ? Parce qu’en termes de diversité culturelle on n’y est pas vraiment. Au moment où le pouvoir semble vouloir donner au pays la chance d’être mieux représenté dans les lieux influents, serait ce une bonne idée d’amener à la Cour des Comptes des gestionnaires venus du privé, ayant vécu des transformations d’organisation qui jouaient leur survie,

 

Mais que font en pratique ces magistrats galonnés ? Des rapports.... Des synthèses d’analyses brillantes et fouillées, Des rapports qui, ce n’est pas rien, contiennent des points de vue louangeurs ou critiques qui sont rendus publics. Une transparence d’avant garde, qui honore l’institution, même si en pratique ces rapports ne sont lus que par quelques happy few. Mais, comme dans presque toutes les institutions de contrôle, les avis et recommandations sont juste indicatifs. Ils ne s’imposent pas aux entités évaluées, et sot e fait souvent suivis de peu d’effets.

 

Innovation toutefois, depuis quelques années, le rapports font l’objet d’un suivi d’évaluation, histoire de vérifier si certaines choses se sont améliorées. Le nouveau président semble avoir fait de cette approche un modèle qu’il souhaiterait voir le parlement adopter. Moins légiférer pour plus évaluer. Belle idée, certainement, mais il va certainement falloir former ces nouveaux députés aux pratiques complexes de l’évaluation des choses publiques, où la rentabilité ne peut être l’alpha et l’omega de la performance. Alors, peut on compter sur la Cour des Comptes pour être les formateurs à ce bel objectif ?

 

Hélas ma modeste expérience directe avec cette institution me fait craindre que non. Car sous les apparences du contrôle détaillé il y a comme partout dans l’administration le principe premier du « surtout pas de vagues » et celui du « temps long, laissé aux traditions ». En voici deux exemples, assez hallucinants, tout de mon cru :

 

Alors oui, le temps est venu de choisir.

 

Soit la vieille dame de la rue Cambon conserve encore son nom, et il est temps alors de relever les compteurs, d’arrêter le théâtre et les robes d’hermine, de passer du comique de répétition de rapports identiques tous les trois ou cinq ans à des avis qu’enfin, il faudra prendre en compte, à des comptes rendus par les choses contrôlées, tous les ans, des améliorations, en y conditionnant une partie du budget de la chose contrôlée et des primes des juges de la Cour elle-même.

 

Soit rebaptisons-la, simplement, Cour ces contes, et laissons nous couler.  

 

 

F. Lainée

Fondateur des Politic Angels


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