Coût de l’énergie
par annaba philippe
mardi 29 août 2023
Var-matin 26 août 2023 : « Quelque 100 000 clients lésé par le fournisseur Eni dans leurs factures ». Une cliente d’Eni dit qu’il y a quatre ans, après un coup de fil lui offrant un tarif du marché attractif, elle accepte. Eni devait s’occuper du transfert depuis EDF, mais ce ne fut pas si simple et elle s’est retrouvée deux jours sans électricité, avec toutes les conséquences désastreuses. Puis mi-juillet 2023 elle est averti d’une régularisation de 1654 euros. Elle croit à une arnaque, mais c’est la triste réalité. D’autres clients devront « régulariser jusqu’à 7000, voire 9000 euros ».
De 1946 à 1999, EDF a le monopole sur le marché de l'électricité.
Mais rappelons que l’UE a obligé les Etats membres dont la France en priorité, vu ses tarifs les plus bas grâce à ses centrales nucléaires, à s’aligner sur le marché européen de l’électricité et du gaz, ainsi que de supprimer son monopole en fournissant, à un tarif préférentiel des compagnies privées pour la revente.
C’est ainsi qu’à partir du 1er juillet 2007, le marché français de l'électricité est ouvert à la concurrence aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers.
De nouveaux producteurs et fournisseurs d'électricité alternatifs ont vu le jour et proposent des offres à des prix très concurrentiels.
Avec la loi 2000-108 du 10 février 2000, EDF voit s'annoncer vers 2007, la fin du monopole sur la production et la fourniture d'électricité et la filialisation des réseaux de distribution (ERDF) et de transport (RTE)
Cette libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz est très loin d’avoir répondu aux promesses d’un monde des affaires ne sachant plus comment éviter la « baisse tendancielle des taux de profits » prévue par Karl Marx.
La France tourne à 70 % au nucléaire, l’électricité la moins chère, or la facture des consommateurs français ne cesse d’augmenter. C’est la conséquence d’une directive européenne permettant aux concurrents d’EDF de proposer des prix compétitifs (!). Le dispositif « Arenh » impose à EDF de fournir à ses concurrents l’énergie bon marché issue du nucléaire, et de vendre à ses clients l’énergie au prix du marché, c’est-à-dire, bien sûr, plus chère.
Comment le citoyen peut-il s’y retrouver dans une situation si aberrante ?
Selon la CLCV (Association nationale de défense des consommateurs et usagers), les opérateurs alternatifs de l'électricité n'ont aucune raison d'être en France. L'association demande un retour au monopole de distribution pour 2025.
« La seule action tangible des opérateurs alternatifs est un recours puissant aux pratiques commerciales trompeuses et agressives. Le démarchage qui tourne à l’intimidation et au mensonge est pour partie la conséquence de l’ouverture du marché. Les opérateurs alternatifs utilisent en effet ce moyen car ils ne peuvent pas réellement se différencier dans le prix ou la qualité » François Carlier, directeur général de CLCV.
Philippe Annaba, auteur de "Homo sapiens", un animal dénaturé (Harmattan).