Covid : 150017 morts !

par touriste
mercredi 13 juillet 2022

Le chiffre rond des morts du Covid (150000) est l'occasion de faire le point sur la stratégie adoptée par la bourgeoisie française lors de cette crise sanitaire.

Comme pour toutes les crises sanitaires que nous vivons depuis les débuts du capitalisme industriel (la silicose du mineur, les maladies de l'amiante, les irradiations, les empoisonnements par l'eau et l'air, liste non exhaustive...) l'attitude de la bourgeoisie se résume facilement dans un seul mot :

                                               Le déni !

1 - Dans une première phase, et tant que la crise sanitaire n'est pas trop voyante, les politiciens et les médias sont aimablement priés de fermer leur gueule, euh pardon "d'adopter une attitude responsable" afin de ne pas déclencher "une panique injustifiée".

Et donc de ne pas informer les victimes potentielles pour éviter des réactions qui pourraient nuire à la production et faire baisser chiffres d'affaires et profits. Ce qui est le mal ultime en régime capitaliste où la "croissance" est une religion.

Etonnamment cette méthode, pousser la poussière sous le tapis, donne souvent toute satisfaction. La liste des crises sanitaires étouffées est longue comme un jour sans pain. L'amiante bien sur mais pas seulement.

Qui a entendu parler de l'eau contaminée aux nitrates et produits phytosanitaires qui nous fabrique des générations de beaux bébés qui grandiront cancéreux par exemple.

Qui se soucie de l'absence de contrôles sérieux sur les productions agro alimentaires, ce qui nous apporte régulièrement des "incidents" plus ou moins graves.

Combien d'automobilistes urbains sont sensibilisés au gazage toxique qu'ils fabriquent quotidiennement en toute inconscience, et dont ils sont à la fois les auteurs et les victimes.

Et qui même imagine les agressions dues aux polluants toxiques ou radioactifs des installations industrielles au dessus de tous soupçons.

Il est vrai que le gouvernement et les grands médias ne négligent aucun effort pour dissimuler tout cela. Jusqu'à créer des lois pour maintenir le "secret des affaires" et même une division policière dédiée à la traque des témoins qui dénonceraient ces crimes !

Néanmoins les crises sanitaires les plus graves ne peuvent pas être durablement niées.

2 - Dans une seconde phase la bourgeoisie essaye de temporiser et de minimiser les faits. L'exemple du Covid illustre parfaitement cet enchainement pervers. Informées d'une épidémie en Chine, les autorités françaises ont d'abord gardé le silence puis ont tenté de mentir.

A ce sujet le rôle des scientifiques doit être souligné. Ceux qui savaient que le risque de grave pandémie était réel ont été marginalisés. Tandis que les scientifiques à la morale élastique ($) se sont mobilisés - ou l'on été - pour désinformer l'opinion publique.

Le cas de l'inénarrable Raoult est typique. Il lance d'abord une désinformation très médiatisée, enchainant mensonges sur mensonges : le Covid est une "grippette" qui "tue moins que la grippe". Puis devant l'évidence, sa désinformation change de cap : certes la "grippette" tue un petit peu, mais nous avons le remède miracle, l'hydrochloroquine. Circulez il n'y a rien à voir !

On notera que la droite et l'extrême droite ont mobilisé toute leur force de frappe médiatique, qui utilise désormais les réseaux sociaux, pour propager ces mensonges. Jusqu'à Macron faisant une visite de courtoisie au désinformateur.

Leur objectif était clair et précis : les intérêts des capitalistes, du patronat, doivent être préservés à tout prix.

On retrouve cette caractéristique dans la plupart des crises sanitaires. A l'époque de la "vache folle" un ministre anglais faisait filmer sa fille mangeant du steak, afin d'enrayer la chute des ventes de bœuf. Ainsi en France lorsqu'une intoxication est détectée les autorités attendent toujours le dernier moment pour imposer un arrêt des ventes. Parfois même ils dissimulent la marque fautive pour ne pas lui nuire commercialement, au risque de tuer des consommateurs.

C'est toujours le même principe, entre la santé publique et les intérêts du patronat, le patronat passe d'abord.

Hélas il se trouve que les mensonges et la désinformation sont insuffisants pour enrayer une pandémie.

3 - Dans une troisième phase, les autorités - sous le contrôle du patronat - sont obligées de réagir. L'épidémie frappe le pays de plein fouet. L'hôpital public, qui est en voie de démantèlement depuis une vingtaine d'années, ne peut plus soigner la population. Et les entreprises de santé privées - surtout de scrupules - n'ont pas vocation à distribuer des soins à des masses de personnes peu solvables.

La situation sanitaire est donc bloquée. Les hôpitaux débordent, le nombre des malades graves et des morts augmente. Les "zentreprises" voient leur activité menacée par le nombre des salariés malades. Heureusement la réponse du gouvernement sera à la hauteur de leurs attentes !

Une "stratégie restrictive" va d'abord frapper les salariés contraints de se confiner. Leur salaire sera diminué. En cas de maladie on leur déconseille d'appeler le 15 qui de toute façons, sauf pour les quasi mourants, se contente de recommander repos et comprimé de paracétamol. 

Ce misérabilisme sanitaire ira même jusqu'à mentir sur l'utilité des masques pour cacher l'indigence des stocks sanitaires. Tandis que les soignants sont équipés en sacs poubelle.

Toute autre sera la réponse gouvernementale pour le patronat. Une stratégie "open bar" sera mise en place. Pour les capitalistes, le patronat, l'Etat décide de déverser des centaines de milliards, "quoiqu'il en coute" !

Le système étant entièrement déclaratif, à peu près n'importe quelle entreprise peut se faire payer les salaires de ses employés confinés. Et comme les contrôles sérieux sont inexistants, certaines entreprises font tout de même travailler leurs salariés soit disant à l'arrêt.

Idem pour les compensations de chiffres d'affaires. Dans la plupart des secteurs économiques significatifs - économiquement ou politiquement - des milliards sont versés sur simple déclaration de perte de chiffres d'affaires. 

Dans les rares contrôles sérieux effectués récemment, il a même été trouvé des gros malins qui ont crée ou réactivé des sociétés fictives pour encaisser frauduleusement les versements du "quoi qu'il en coute".

Sachant qu'il faut une brouette de justificatifs pour toucher la moitié du RSA on mesure la différence de traitement qui existe entre salariés et patrons. Mais pourquoi se gêner, puisque de nos jours le patronat a tous les droits.

4 - La quatrième phase de cette grande saga économico-sanitaire sera celle du retour à la normale. L'invention d'un vaccin qui atténue la mortalité du Covid sera le début d'une grande campagne de normalisation. Les précautions sanitaires disparaissent peu à peu. Déjà le deuxième confinement de novembre 2021 n'était plus qu'une caricature de restrictions sanitaires.

Pour la France il est instructif d'examiner les grandes périodes de mortalité par Covid :

Ces chiffres sont tirés du fichier INED puis regroupés approximativement par période de forte mortalité. Ce qui permet de se représenter le résultat concret de la politique sanitaire du gouvernement.

Ainsi en pleine pandémie la vague de fin 2020 fait suite au grand relâchement qui a suivi l'été 2020. Ce qui a permis au virus, qui avait été quasiment éliminé du pays en avril-mai, de se refaire la cerise. Puis de frapper un grand coup en novembre décembre. Obligeant le gouvernement à faire semblant de rétablir le confinement.

De même pour la vague du début 2021 quand le vaccin arrivait à peine et que le discours "officiel" c'était le "retour des jours heureux". Le déni gouvernemental alors s'est traduit par un pic de mortalité de 35000. Davantage que lors de la première vague.

La faible amplitude de la vague de fin 2021 traduit certainement l'efficacité du vaccin, qui réduit fortement la mortalité. A ce moment le discours "officiel" est devenu le "vivre avec le virus". Mauvaise pioche. Ce nouveau déni gouvernemental nous vaut 25000 morts depuis le 1er janvier 2022.

Cette analyse ne prend en compte que le nombre des morts pour des raisons de simplicité. Il faudrait sans doute intégrer à ces chiffres le nombre des malades graves dont certains sur de longues durées.

Maintenant nous allons vivre avec le virus, faute de le combattre efficacement. Car sans aller jusqu'à prôner une politique paranoïaques d'isolement, il y a tout de même des mesures élémentaires qui sont efficaces. Se protéger dans les endroits clos, éviter les rassemblements massifs, etc. Le vaccin ne fait pas tout et surtout il ralentit à peine la contagion.

Mais la politique gouvernementale glisse de plus en plus vers le renoncement. Officiellement l'épidémie est terminée. Au nom de la primauté de "l'économie" sur la santé, le dispositif sanitaire - ou ce qui en tenait lieu - est abandonné.

Même l'information du public est réduite. Jusqu'à présent je suivais la progression du coronavirus dans les eaux usées de quelques villes, dont la mienne. C'était un outil très fiable pour suivre le développement de l'épidémie. Ces données étaient publiées sur data.gouv.fr. Mais le gouvernement, dans un réflexe à la Gribouille, a décidé de "casser le thermomètre". Obepine.

Désormais la population devra se contenter des informations délivrées par le porte parole du gouvernement. Ou par les chiffres incomplets et peu lisibles de Santé publique. Il s'agit de faire passer dans les esprits l'idée que c'est fini.

Pour autant il est probable que l'épidémie va se rappeler à notre bon souvenir. Avec un taux de reproduction de 1.5 selon Santé publique, l'été va être chaud dans les hôpitaux. Et pas seulement à cause du climat.

Ce long billet avait pour but de faire le point sur le traitement étatique - et néolibéral - de l'épidémie de Covid. Le bilan est lourd à tous points de vue. Mais telle est la loi du capitalisme : le profit avant toute chose.

Il y a bien quelque chose de pourri au royaume du néolibéralisme !


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