Covid-19 : incertitudes sur l’été

par yvesduc
samedi 17 avril 2021

Seuil des 100 000 décès, variant brésilien et tribunes zéro Covid : pot pourri d’actualités sur la Covid-19.

Souvenez-vous, il y a un an !

Il y a un an exactement, la circulation du virus chutait vertigineusement grâce au premier confinement. Les contaminations atterrissaient, quelques semaines plus tard, à un plancher de 300 cas par jour. Un an plus tard, la situation n’y ressemble en rien (1). Installée sur un plateau haut de 15 000 à 35 000 cas par jour (2), la courbe est globalement haussière. Les (demi-) mesures successives semblent impuissantes et la légère décrue observée très récemment, due au troisième confinement, joue à la marge. La saturation des hôpitaux est devenue la norme. Le choix de « vivre avec le virus » est passé par là.

Le variant brésilien arrivera-t-il cet été ?

Étant donnée la faible volonté du gouvernement d’en découdre avec le virus, le principal espoir d’amélioration résidait dans la hausse des températures due à l’arrivée de l’été. Ces températures feraient reculer le virus grâce à la vie en plein air et à une meilleure aération des bâtiments. Une actualité, hélas, vient doucher cet espoir. Selon des spécialistes, le variant brésilien pourrait prendre sa revanche. Habitué aux climats chauds, notamment à l’Amérique du Sud où il sème le chaos, ce variant pourrait remplacer cet été le variant anglais, plus adapté à la saison froide (3) (4). Le Brésil, d’où cette souche émane, connaît depuis des mois une situation apocalyptique (5). Les services funéraires, débordés, travaillent jour et nuit. Malgré une augmentation de la flotte de camions en janvier (6), des bus scolaires ont été réquisitionnés en avril pour transporter les corps (7). Par ailleurs, le variant brésilien semble doté d’une bonne capacité à ré-infecter (4).
Le variant brésilien est déjà présent en Europe mais ne présente pour l’heure que quelques pourcents des cas (sauf au Portugal). Il a fallu trois mois au variant anglais pour devenir majoritaire, ce qui nous amènerait en août si les températures montent à partir de juin.

Le cap des 100 000 décès est franchi

Selon Le Monde, le seuil des 100 000 décès a, en réalité, été franchi fin mars (8). On s’interrogera sur le faible impact médiatique de cette contre-performance. Le chiffre qui fâche ?

Confrontés aux chiffres “Rassuristes” et prenant en compte précisément la pyramide des âges, des scientifiques de l’Ined évaluent à au moins 42 000 la surmortalité en France en 2020. C’est beaucoup plus que la grippe saisonnière, dont le bilan se situe entre 8000 et 14 000 décès. (9)

Des scientifiques de plus en plus nombreux plaident pour le zéro Covid

Du côté de la communauté scientifique, les tribunes se suivent et se ressemblent. Le 6 avril, Antoine Flahault co-signait une tribune en faveur du zéro Covid (10). Le 5 avril, le groupe de travail Covid-19 du Lancet publiait une tribune réclamant une politique zéro Covid face à la menace constituée par les variants (11). Le vaccin ne suffira pas, précisaient les scientifiques. En mars, un collectif d’enseignants du supérieur et de chercheurs signaient une tribune demandant le zéro Covid (12). En décembre, des scientifiques allemands et européens signaient une tribune dans The Lancet, demandant le zéro Covid (12). En octobre 2020, le mémorandum John Snow demandait le zéro Covid (14). En février 2020, déjà, le scientifique Yaneer Bar-Yam rassemblait sur un site Internet les meilleures pratiques zéro Covid (15), démarche soutenue depuis par 4000 scientifiques (16). Il paraît qu’Épidémiologiste Premier lit des articles scientifiques : peut-être finira-t-il par tomber sur ces tribunes ? Deux hypothèses se présentent à nous : soit Emmanuel Macron est plus intelligent que tous les scientifiques du monde, soit c’est l’inverse. Pour une sortie rapide de ce cauchemar, souhaitons que la première hypothèse soit la bonne puisque les mesures prises ne sont pas celles recommandées par les scientifiques. Pour la bonne santé de la science, souhaitons que la deuxième hypothèse soit la bonne.

Yves Ducourneau, le samedi 17 avril 2021

Crédit image : Les Crises, voire note (1).

Notes :

(1) "Covid-19 : 100 000 morts et un nouvel échec de Macron", par Olivier Berruyer, Les Crises, 16/04/2021

(2) Covidtracker, consulté le 17/04/2021

(3) "Covid-19 : pourquoi le variant brésilien reste minoritaire en France ?", par Maxime Poul, Yahoo ! Actualités, 13/04/2021

(4) "Covid-19 : pourquoi le variant identifié au Brésil, plus contagieux, inquiète en France", France Télévisions, 13/04/2021

(5) "Brésil : à Manaus, du mirage de l'immunité collective au chaos", par Julien Lecot, Libération, 15/01/2021

(6) "Manaus, ville martyre du Covid-19, une nouvelle fois frappée", par Jean-Mathieu Albertini, Mediapart, 27/01/2021

(7) "Coronavirus : Avec plus de 4 000 décès par jour, les records macabres s’enchaînent au Brésil", 20 Minutes, 07/04/2021

(8) "Covid-19 : la barre des 100 000 morts en France est déjà franchie depuis des semaines", par Sandrine Cabut, Le Monde, 14/04/2021

(9) "Les personnes mortes du Covid seraient-elles de toute façon décédées ?", par Rozenn Le Saint, Mediapart, 14/04/2021

(10) "Covid-19 : la France piégée depuis trois mois par une stratégie en roue libre", par Laure Dasinieres et Antoine Flahault, Slate, 06/04/2021

(11) "New Covid variants have changed the game, and vaccines will not be enough. We need global ‘maximum suppression’", The Conversation, 05/04/2021

(12) "Zéro Covid : pour une stratégie sanitaire d’élimination du coronavirus", par collectif RogueESR, leur site, 15/02/2021

(12) "Calling for pan-European commitment for rapid and sustained reduction in SARS-CoV-2 infections", The Lancet, 18/12/2020

(14) "Le mémorandum John Snow", The Lancet, 31/10/2020

(15) https://www.endcoronavirus.org/

(16) "Yaneer Bar-Yam", Wikipedia


Lire l'article complet, et les commentaires